Photosensibilisation
Attention aux médicaments
Marie-Odile souffre d’une si-
nusite depuis quelques
jours lorsqu’elle se décide à
consulter son médecin. Ce dernier
lui prescrit deux comprimés par
jour de Ciflox®500 pendant
10 jours. Mais, au beau milieu
de l’hiver, elle part se reposer aux
Caraïbes. Y a-t-il un risque quel-
conque ? Certainement. Un risque
même conséquent, pour elle, de
faire une photosensibilisation.
intervenir le système immunitaire,
noatmment les lymphocytes T.
Mise en mémoire, cette réaction se
reproduit alors à chaque exposi-
tion solaire avec plus d’intensité.
Les lésions
La destruction des cellules cuta-
nées par phototoxicité peut por-
ter sur les ongles, avec décolle-
ment de ceux-ci : débutant par le
bord, elle peut atteindre toute la
surface, réalisant une onycholyse.
Rarement isolée la lésion peut
s’accompagner de lésions bul-
leuses de type pseudoporphyries
localisées au niveau du visage et
des extrémités. Mais ce peut être
aussi une pigmentation persis-
tante de certaines zones de peau.
Quant à la photosensibilisation,
elle entraîne des lésions de type
allergique comme un eczéma. Ce
peut être le cas lors de l’utilisa-
tion de tous les produits à usage
local comme certains colorants –
éosine, fluorescéine – mais aussi
de celle de certains produits phy-
tothérapiques comme la berga-
mote. En cas de prise de médi-
cament par voie générale, les
phénomènes peuvent être longs
à disparaître, voire même se pour-
suivre de manière récurrente,
même après l’arrêt de l’agent cau-
sal. Les lésions d’eczéma peuvent
alors se modifier en lichénifica-
tion par exemple, et empêcher,
sous peine de réactivation immé-
diate, toute exposition solaire.
Les coupables
De nombreux antiseptiques lo-
caux ou pommades peuvent être
en cause comme les anti-ac-
néiques : Differine®, Cutacnyl®,
Panoxyl®... ; les AINS : Kétum®;
Profenid®, Geldène®... ; les anes-
thésiques locaux et antihistami-
niques : Bufix®, Nestosyl®; les
antibiotiques : Auréomycine®,
Flammazine®... ; les antisepti-
ques : chlorhexidine, éosine,
fluorescéine, Solubacter®, Bisep-
tine®, Mercryl®... Par voie géné-
rale, toutes les classes thérapeu-
tiques peuvent être regroupées
dans la liste des agents respon-
sables que ce soient les antidé-
presseurs, les antibiotiques, les
diurétiques, les inhibiteurs clas-
siques, les anti-arythmiques, les
hypolipémiants, les inhibiteurs
de l’enzyme de conversion ou
les anxiolytiques, les anti-épilep-
tiques, les anticancéreux...
Prévention
Un principe : si on risque de s’ex-
poser au soleil, il faut éviter de
prendre tout médicament non
absolument indispensable.
Si cette mesure est impossible,
mieux vaut alors ne pas s’expo-
ser. L’application de crèmes à très
fort indice de protection (50 ou
60), le port permanent de vête-
ments, mais aussi d’un chapeau,
peuvent protéger. L’application de
crème devra être renouvelée sou-
vent, surtout après un bain ou en
cas de transpiration abondante.
Attention au parasol et aux nua-
ges qui laissent passer les UV.
Si la prévention n’a pas été effi-
cace, le traitement repose alors
sur l’application de crèmes hy-
dratantes : Biafine®, Lipiderm®,
éventuellement de corticoïdes
locaux. Un antihistaminique peut
être associé per os.
Lorsque la pigmentation est ins-
tallée on peut utiliser Depigmen-
ten®ou Depiderm®Uriage. Mais
les résultats sont souvent longs à
obtenir d’où l’importance d’une
bonne connaissance du phéno-
mène et donc de sa prévention.
Dr Jacques Bidart
10
Le soleil et les médicaments ne font pas souvent bon
ménage. Pourtant les conseils médicaux manquent
parfois lors de la prescription. Attention donc à des
effets secondaires qui peuvent se révéler sinon graves
du moins fort ennuyeux.
©Goodshoot®
Qu’est-ce que
la photosensibilisation ?
Le médicament, qu’il soit appli-
qué localement ou ingéré, rend
l’organisme plus sensible aux
effets du soleil par les substances
photosensibilisantes qu’il ren-
ferme. Il peut alors provoquer
une photodermatose de contact,
si l’agent est appliqué sur la peau,
ou systémique, si la prise se fait
par voie générale.
Le mécanisme d’action s’exerce
selon deux modes : la phototoxi-
cité et la photoallergie.
La phototoxicité est la réaction
entre les agents photosensibili-
sants et les photons solaires. De
cette réaction naît une atteinte
des cellules cutanées à court
terme mais aussi à long terme,
avec risque de cancérogenèse par
mutation génétique.
La réaction photoallergique fait
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