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Les lucites
Ces états relèvent de la présence dans la peau de l'individu de chromophores (molécules
capables d'absorber et d'être activées par la lumière) anormaux, identifiés ou non. Ces
chromophores, qualifiés dans les cadres qui nous concernent présentement de
photosensibilisants, peuvent être dans des cas très rares, car liés à une anomalie métabolique
génétique, endogènes et clairement identifiés, on parle alors lucites par troubles du
métabolisme ou photosensibilisation endogène. Ils peuvent être aussi, et c'est la situation la
plus habituelle, d'origine exogène, arrivant à la peau par voie interne (médicaments) ou après
application locale (topiques, cosmétiques, végétaux) ; c'est le cadre des photosensibilisations
exogènes.A l'inverse, dans certains cas le patient va réagir anormalement lors d'exposition
solaire mais les molécules photosensibilisantes à l'origine de cette réaction anormale ne sont
pas identifiables dans l'état actuel des connaissances on parle de lucite idiopathique.
Le diagnostic de lucites est souvent facile, fait par le patient lui-même devant une éruption
cutanée survenant après une exposition solaire et localisée sur les parties qui étaient
découvertes au moment de cette exposition. Il faut cependant éviter les pièges ! Beaucoup de
photosensilisants externes ont une spectre d'absorption dans les ultraviolets (UV) A qui
traversent le verre de vitre et ainsi on peut être victime d'un accident de photosensibilisation en
étant resté à lire dans son salon derrière la baie vitrée ou bien après un long trajet sa voiture (le
pare-brise n'arrêtant par les radiations lumineuses impliquées) , ou encore un jour où
l'atmosphère est nuageuse, car un voile nuageux laisse filtrer largement assez d'UV pour que
se déclenche une réaction de photosensibilisation, ou enfin après être resté tout l'après-midi
sous un parasol car les UV se réfléchissent de manière importante sur le sable.
La photosensibilisation externe se manifeste le plus souvent par un coup de soleil dont
l'intensité est sans commune mesure avec la durée d'exposition, plus rarement par un
eczéma des parties découvertes .
De très nombreuses molécules sont photosensibilisantes, elles se retrouvent dans des
substances aussi variées que des produits d'usage local (cosmétiques, antisolaires), des
végétaux ou des médicaments, ce qui explique la diversité des modes de photosensibilisation.
La liste s'allonge chaque jour et ne peut être exhaustive.
Les végétaux sont responsables de photophytodermatoses tel est le cas pour le frullania,
les composées et les lichens appartenant à la famille des cladoniaceae, dont le risque est lié
au contact direct lors du jardinage, mais aussi avec leurs extraits présents dans de nombreux
cosmétiques (parfums et lotions après-rasage), des shampooings, des crèmes à base de
végétaux, de phytothérapies, et toutes les plantes contenant des furocoumarines.
Parmi les médicaments à usage local, citons les dérivés de l'acide propionique,
responsables de réactions photoallergiques extrêmement sévères en particulier le
kétoprofène (gel Ketum®) qui déclenche en même temps, chez le même patient, une réaction
de sensibilisation de contact et de photoallergie, avec des phénomènes intenses se pérennisant
souvent pendant plusieurs semaines.
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Pour les cosmétiques, outre les produits parfumés, il faut citer les filtres solaires ; les
benzophénones sont imputées dans de nombreuses photoallergies car, en dehors de leur très
large utilisation dans les produits de protection solaire ( incorporation aujourd'hui interdite), elles
sont toujours présentes dans la fabrication des cosmétiques, des matières plastiques, des
textiles, des caoutchoucs, des encres, des teintures, des parfums, des vernis, des peintures.
D'autres filtres sont aussi responsables, en particulier récemment l'octocryléne.
Pour les médicaments pris par voie générale, les plus souvent impliqués sont certains
antibiotiques comme les dérivés des quinolones, les psychotropes, les normolipémiants,
les anti-inflammatoires, certains antihypertenseurs, certains antidiabétiques, certains
anti-arythmiques cardiaques. La liste est donc particulièrement longue et il est impératif de
prévenir son médecin en cas de projet de séjour imminent en lieu ensoleillé lors de prescription
nouvelle pour une pathologie aiguë et pour les traitements pris au long de s'enquérir d'un risque
potentiel auprès de son médecin ou de son pharmacien pour que celui-ci précise le risque
éventuel avec le traitement pris.
Enfin certains sujets vont spontanément déclencher une dermatose lors d'exposition
solaire.
La plus commune de ces éruptions est la lucite estivale bénigne, atteignant électivement la
jeune femme. Elle apparaît de manière caractéristique au printemps ou au début de l'été, à la
suite des premières expositions au soleil et se manifeste par un prurit suivi par un érythème
diffus et finalement émergence de lésions (plaques, petites papules, ou vésicules) qui vont
durer quelques heures à plusieurs jours et disparaître spontanément sans laisser la moindre
cicatrice. Les localisations électives sont le décolleté, les avant-bras, le dos des pieds alors que
le visage est épargné. Au fur et à mesure des expositions solaires dans l'été, les éruptions
tendent typiquement à devenir moins sévères jusqu'à qu'à l'acquisition d'une tolérance
solaire. Après plusieurs années de survenue annuelle, la maladie finit toujours par se résoudre
spontanément.
Le traitement de l'épisode aigu passe par l'application locale de dermocorticoïdes ; la
prévention de la survenue de l'éruption par les produits de protection solaire de très haut
indice de protection, la prise d'antipaludéens de synthèse et dans les cas les plus
sévères la photothérapie, à l'inverse les antioxydants sont inopérants.
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