2Champs électromagnétiques ED 4206 ED 4206 Champs électromagnétiques 3
stimulateurs fonctionnaient en mode asyn-
chrone (impulsions à fréquence fixe de
façon permanente). Maintenant, tous sont
programmables avec des fonctions de plus
en plus complexes ; ainsi la fréquence de
stimulation augmente lorsque le patient
fait un effort (« mode asservi » du stimula-
teur).
La plupart des stimulateurs sont double-
chambre (sondes dans le ventricule et l'o-
reillette droite), d'autres sont mono-
chambre (sonde dans l'oreillette ou le ven-
tricule droit).
LES MODES D’INTERFÉRENCES
DES CHAMPS
ÉLECTROMAGNÉTIQUES
Les effets sur le stimulateur
et son porteur
Les champs électromagnétiques externes
peuvent interférer avec les circuits de détec-
tion et de stimulation de l’appareil selon dif-
férents modes, qui sont :
■Les perturbations conduites
Il y a contact physique entre la personne et
l’élément de conduction de la source d’inter-
férence.
Un courant se crée à l’intérieur du corps. Il
induit un champ magnétique, ainsi qu’un
champ électrique, et donc une différence de
potentiel entre les deux électrodes du sti-
mulateur. Par exemple : contact direct avec
un conducteur sous-tension tel qu’un
bistouri électrique.
■Les perturbations induites
Un champ magnétique variable extérieur à
la personne, induit des champs électriques
internes qui induisent une tension à l’inté-
rieur de la boucle formée par le générateur
et sa sonde (essentiellement vrai pour une
sonde unipolaire). Par exemple :
●l’antenne formée par la sonde peut égale-
ment capter le rayonnement électroma-
gnétique dans le cas d’émission à hautes
fréquences,
●un champ magnétique statique agit sur
l’interrupteur à lame souple (ILS) permet-
tant en usage normal, l’accès par télé-
métrie aux informations stockées en
mémoire.
Les principales conséquences pour le stimu-
lateur sont :
●le risque de détection de signaux élec-
triques extra cardiaques, conséquence des
champs externes et qui vont jouer le rôle
de leurre; dans ce cas, le stimulateur peut
ne pas se déclencher ; ce phénomène est
encore appelé « inhibition inappropriée» ;
●le risque de déclencher une stimulation à
fréquence maximale;
●la reprogrammation ou la déprogramma-
tion du stimulateur : par exemple, en cas
de fermeture de l’ILS, le stimulateur passe
en mode repli ou mode réversion (pro-
grammation de secours) ; ce mode réver-
sion est le plus souvent équivalent à un
mode asynchrone.
À la fréquence de 50 Hz, les stimulateurs
munis de sondes bipolaires sont moins vul-
nérables que des stimulateurs équipés
de sondes unipolaires. De plus, le risque
de dysfonctionnement est d’autant plus
important que le réglage de sensibilité de
l’appareil est élevé.
■Les conséquences pour le porteur de
stimulateur
La plupart du temps les phénomènes res-
tent transitoires et cessent lorsque le
patient s’éloigne de la source d’interféren-
ces. Néanmoins, l’inhibition prolongée peut
être très dangereuse pour un porteur de sti-
mulateur asynchrone.
LA RÉGLEMENTATION
Aucun texte réglementaire et aucune
norme française ne traitent de l’exposition
aux champs électromagnétiques des tra-
vailleurs implantés.
Les stimulateurs cardiaques sont conformes
à la norme EN 50061 amendée en 1996,
mais cela ne garantit pas une immunité aux
champs rencontrés dans l’industrie.
Les conséquences d’une défaillance
du stimulateur due à l'action de
champs électromagnétiques peu-
vent être aggravées si l’individu se
trouve en situation de travail dan-
gereuse au moment de l’interfé-
rence.
LES POSTES DE TRAVAIL
À RISQUE DANS L’ENTREPRISE
Les principaux postes de travail à risque
sont présentés dans la fiche thématique
« Champs électromagnétiques » ED 4202,
Les sources de rayonnements non ionisants
(jusqu’à 300 GHz).
LES MESURES APPLICABLES
EN ENTREPRISE
Une évaluation des risques au sein de l’en-
treprise est tout d’abord nécessaire. C’est au
chef d’entreprise, responsable de la sécurité
de ses salariés, de l’effectuer.
Il s’agira :
■d’identifier les postes de travail à risque en
s’aidant de la fiche précédemment citée,
■d’évaluer l’exposition du salarié en carac-
térisant par des mesures les champs
électromagnétiques au(x) poste(s) de travail
(intensité, type, fréquence…). L’entreprise
peut dans ce cas se faire aider par les
Centres de mesures physiques des services
Prévention des CRAM.
Une collaboration étroite doit alors s’enga-
ger entre :
■le médecin du travail qui a la connaissance
du poste de travail, des caractéristiques
techniques du stimulateur implanté et qui
doit se prononcer sur l’aptitude du salarié,
■le cardiologue qui a implanté le stimula-
teur,
■le fournisseur du stimulateur cardiaque
qui connaît les performances techniques du
stimulateur,
■le chef d’entreprise aidé par les Centres de
mesures physiques des CRAM pour la quan-
tification des niveaux de champs électroma-
gnétiques au(x) poste(s) de travail.
En alliant compétences techniques et médi-
cales, ce partenariat doit permettre de
se prononcer sur l’aptitude d’un salarié
implanté à retrouver son poste de travail, ou
sur les mesures à adopter afin qu’il puisse
réintégrer son poste.
Une mise en situation réelle au poste de tra-
vail du porteur de stimulateur cardiaque,
peut également aider à vérifier la compati-
bilité du stimulateur par rapport à l’environ-
nement de travail du salarié (enregistre-
ment Holter par exemple). Cette mise en
situation doit absolument être réalisée
sous surveillance médicale.
Les mesures de prévention à adopter peu-
vent être :
■le remplacement des sources d’émission
existantes par des sources plus faibles,
■l’atténuation du flux de rayonnement :
blindage des machines, entretien régulier,
■l’éloignement du salarié implanté par rap-
port à la source émettrice,
■la délimitation de zones à accès limité ou
interdit aux porteurs de stimulateurs car-
diaques,
■la sensibilisation (information et forma-
tion) du chef d’entreprise et de son person-
nel utilisateur ainsi que de son personnel de
maintenance,
■la signalisation du risque électromagné-
tique.
À ce jour, quelques études ont porté sur l’in-
fluence des champs électromagnétiques sur
le salarié implanté :
■une étude EDF a montré qu’à la fréquence
de 50 Hz, aucune perturbation des stimula-
teurs testés n’était apparue pour des
valeurs de champ magnétique en deçà de
45 μT,
■l’ICNIRP (Commission internationale de
protection contre les rayonnements non
ionisants) indique que lors d’émission de
champ magnétique statique, la densité de
flux magnétique maximale (B) admissible
pour un porteur de stimulateur cardiaque
est de 500 μT,
■la plupart des constructeurs de stimula-
teurs conseille aux porteurs de stimulateur
d’éviter d’approcher leur téléphone porta-
ble à moins de 15 cm du stimulateur.
Exemples de pictogrammes à apposer près des zones à risque.
Entrée interdite aux porteurs
d'implant actif
Champ magnétique Rayonnement non ionisant
POUR EN SAVOIR PLUS
Publications
■Champs électriques, champs magné-
tiques, ondes électromagnétiques. Guide
à l'usage du médecin du travail et du pré-
venteur. INRS, ED 785, 1995.
■Champs électromagnétiques. Les sour-
ces de rayonnements non ionisants (jus-
qu’à 60 GHz). INRS, ED 4202, 2004.
■Stimulateurs cardiaques en milieu pro-
fessionnel (p. 55-63). INRS, ND 2014, 1996.
■Guide pour l'établissement de limites
d'exposition aux champs magnétiques
statiques.Traduction d'un article de
Health Physics, vol. 66, 1994. INRS,
ND 2184, 2003.
■Norme EN 50061 (C74-346). Sécurité
des stimulateurs cardiaques implanta-
bles. UTE, 1988.
■M. Souques, R. Frank et coll. Effets
des champs magnétiques de 50, 60 Hz
et de 20 à 50 kHz sur le fonctionnement
des cardiostimulateurs implantés.
Environnement, risques & santé,vol. 1,
n° 2, 2002.
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