ECONOTE | N°17 – MAI 2013
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En résumé, la croissance potentiellement plus lente de
la demande et la croissance plus rapide de l'offre
pourraient peser sur les prix du pétrole et ralentir
l'évolution du secteur pétrolier américain.
Du côté du gaz, un grand nombre de recherches ont
conclu qu'un prix plancher de 4 USD/MBtu était
nécessaire pour assurer la profitabilité des
producteurs. Bien évidemment, des événements
inattendus peuvent provoquer des écarts à court
terme, mais les réactions du marché devraient, en règle
générale, ramener les prix vers leur niveau d'équilibre
de long terme.
I
NFRASTRUCTURES
Malgré la hausse du potentiel de production de pétrole,
les infrastructures permettant de les acheminer vers les
raffineries dans la région du golfe du Mexique
demeurent insuffisantes. Pour régler cette question, le
déploiement d'une capacité de plus de 2m b/j est prévu
d’ici 2015, mais ces mesures resteront toutefois
insuffisantes au regard des hausses de production
prévues.
Par ailleurs, les infrastructures pétrolières américaines
sont plutôt déconnectées. En effet, la Californie, le
Midwest et la côte Est sont de facto des marchés
séparés puisqu'il n'existe aucun oléoduc est-ouest pour
relier ces régions.
Outre les embuches reliées au transport terrestre du
pétrole, le transport par voie navigable est également
problématique. Par exemple, la loi Jones complique
l’acheminement par bateau de pétrole de la région du
golfe du Mexique vers la côte Est
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.
Contrairement au pétrole, le réseau américain de
distribution de gaz est hautement intégré et permet le
transport du gaz à destination ou en provenance de
n'importe quel site dans le pays. Cependant, avec une
croissance rapide attendue de la production, le réseau
de gaz pourrait être fragilisé.
O
BJECTIONS SUR LE PLAN ENVIRONNEMENTAL
En plus des inquiétudes quant aux infrastructures et au
prix, les objections environnementales croissantes sont
sujettes à freiner la croissance de la production
d’hydrocarbures.
La fracturation hydraulique utilisée pour la production
d'énergie non-conventionnelle requiert d'importantes
quantités d'eau et utilise des additifs potentiellement
nocifs. L'utilisation de l'eau dans la fracturation est
suspectée de pouvoir contaminer les eaux souterraines
et de surface.
L'EPA (Agence américaine de protection de
l'environnement) réalise actuellement une étude sur les
effets de la fracturation hydraulique sur les ressources
en eau potable, dont les conclusions sont attendues en
2014, tandis que l'industrie a mené des études visant à
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La Loi Jones exige que le transport entre des ports américains se
fasse par des navires battant pavillon américain, construits aux États-
Unis et servis principalement par des équipages américains, ce qui
accroît considérablement les coûts de transport.
promouvoir la sécurité de la fracturation hydraulique.
Or, certains États ont déjà décidé d’en limiter l'usage
alors que d’autres, comme le Vermont, l’ont même
banni de leur territoire.
EFFETS MACROECONOMIQUES :
REDRESSEMENT DU SECTEUR
MANUFACTURIER ET BAISSE DU DÉFICIT
DU COMPTE COURANT
En 2011, les États-Unis et la zone euro ont consacré
plus de 2 % de leur PIB aux importations de pétrole
brut et autres produits pétroliers, contre plus de 3 %
pour le Japon et plus de 3,5 % pour le reste de l'Asie.
Le boom énergétique aux États-Unis pourrait donner
lieu à une divergence des balances commerciales entre
les États-Unis, l'Europe et l'Asie.
U
NE BAISSE DES IMPORTATIONS D
'
ÉNERGIE
...
L'envolée de la production de gaz s'est traduite par une
baisse des importations aux États-Unis qui, comme
nous l'avons mentionné, sont considérés comme un
exportateur potentiel de GNL. La situation américaine
s'inscrit en contraste avec celle de l'Europe qui importe
aujourd'hui plus de 40 % de son gaz, la Russie
conservant sa position de principal fournisseur. Quant à
la Chine, elle est passée du statut d'exportateur à celui
d'importateur au cours des dix dernières années. Dans
les deux cas, leur dépendance vis-à-vis du gaz importé
est appelée à augmenter dans les années à venir.
IMPORTATIONS DE GAZ
-20
-10
0
10
20
30
40
50
60
70
80
2001 2004 2007 2010 2013 2016 2019
É.-U. Europe Chine
Sources : BP, AIE, SG
(P)
En % de la consommation
Du côté du pétrole, les importations américaines n'ont
cessé de baisser depuis 2005. De plus, si l'on exclut
les importations canadiennes et mexicaines, les États-
Unis n’importeraient pas plus de 10 % de leur
consommation d'ici à fin 2020. Si tel est le cas, cette
tendance aura des incidences géopolitiques que nous
évoquerons dans la prochaine section.