
 
d’apprentissage.  C’est  d’ailleurs  pour  cette  raison  que,  dès  la  fin  du  XIXe  siècle,  les 
instructions officielles incitaient les enseignants d’histoire à parler moins en classe et à faire 
travailler davantage les élèves sur des documents (Héry, 1999).  
 
Un modèle d’apprentissage de l’histoire  
Même  en  l’absence  d’un  paradigme  dominant,  il  existe  un  consensus  autour  du 
« modèle  intermédiaire  d’apprentissage  de  l’histoire »  construit  par  Nicole  Lautier  (1997) 
dans le cadre de la psychologie sociale et de la théorie des représentations sociales de S. 
Moscovici (1976). Ce modèle, fondé sur la continuité des démarches de pensée historienne et 
du raisonnement naturel, établit que les élèves, placés en situation de construction du savoir, 
transforment dans un premier temps le savoir historique en un savoir du sens commun. Ils lui 
donnent du sens en l’intégrant à leur univers de pensée habituel par un  rapprochement avec 
des savoirs déjà-là : des savoirs scolaires assimilés, une psychologie et une sociologie naïves 
sur le comportement habituel des hommes en sociétés, des représentations sociales. Suivant la 
tendance  du  raisonnement  naturel  à  comparer  sans  cesse  pour  comprendre  une  situation 
nouvelle à l’aune d’une situation déjà vécue ou déjà connue, ce rapprochement peut s’opérer 
par le moyen de raisonnements par analogie (Cariou, 2004). Les rapprochements spontanés 
sont souvent anachroniques ou abusifs : en raison des modalités de son exercice du pouvoir, 
Louis  XIV  est  parfois  assimilé  à  Hitler.  Les  concepts  historiques  sont  construits  par  ces 
rapprochements qui produisent des typologies car la conceptualisation en histoire n’opère ni 
par induction ni par déduction mais par « généralisation successives » : les caractéristiques 
communes  à  des  faits  analogues  ou  regroupés  dans  une  même  typologie  constituent  les 
propriétés  du  concept  qui  les  subsume  (Prost,  1996).  Les  concepts  historiques  sont  des 
« concepts empiriques » et des « semi noms propres » qui résument l’observation de différents 
faits analogues (Passeron 2006). A la différence des concepts scientifiques, ils doivent être 
contextualisés et longuement déployés pour être compréhensibles.  
Le  modèle  d’apprentissage  de  Serge  Moscovici  permet  d’analyser  finement  les 
modalités de transformation du savoir historique en un savoir du sens, dans les productions 
écrites des élèves. Il s’agit des processus d’objectivation - pris au sens de « réification » - des 
représentations  sociales  par  lesquels  les  profanes  se  représentent  les  concepts  en  rendant 
concret l’abstrait, en associant une image à un concept, une chose à un mot, etc. (Moscovici, 
1976 ; Moscovici et Hewstone, 1984). Par exemple, la personnification associe une théorie ou 
un savoir à un individu symbolique qui lui donne une existence concrète : Louis XIV incarne 
la monarchie absolue. La personnification est un procédé d’écriture courant des historiens et