durant le repos ou le sommeil (Schwartz et al., 2001). La sur-
venue des symptômes dépend de l’âge et du sexe. L’âge de sur-
venue du premier événement clinique est plus précoce chez les
garçons que chez les filles, mais, après l’âge de 15 ans, les fem-
mes sont plus symptomatiques que les hommes. Les syncopes
sont souvent associées à des convulsions qui sont parfois au
premier plan. Il reste très difficile d’évaluer le pronostic de
cette maladie pour un patient donné. L’incidence des événe-
ments cardiaques est plus importante dans les groupes QTL1
et QTL2 que dans le groupe QTL3, et augmente avec la valeur
de l’espace QTc, indépendamment du génotype. La mortalité
cardiaque est comparable dans les trois groupes, mais la létalité
des événements est plus élevée dans le groupe QTL3. Ainsi,
dans les formes QTLl et QTL2, les patients sont plus souvent
symptomatiques mais en meurent peu, alors que, dans la
forme QTL3, les patients sont moins symptomatiques, mais le
risque mortel à chaque syncope est plus important (Zareba et
Cygankiewcz, 2008)
Prise en charge thérapeutique
Le traitement de référence dans la prévention des syncopes
et de la MS sont les bêtabloquants, qui doivent être prescrits à
tous les patients symptomatiques. En effet, il y a une vingtaine
d’années, la mortalité rythmique spontanée était considérable :
de l’ordre de 70 % à 10 ans, survenant habituellement dans les
deux ou trois premières décennies. L’utilisation du traitement
bêtabloquant à partir des années 1975-1980 a permis de dimi-
nuer d’un facteur 10 cette mortalité. Dans notre expérience le
pourcentage de récidives sous traitement par nadolol, à une
posologie de 50 mg/m
2
, est nettement plus faible. Cette effica-
cité remarquable des bêtabloquants dans la prévention de la
MS est probablement à moduler en fonction du génotype.
L’effet bénéfique des bêtabloquants en monothérapie s’adresse
avant tout aux patients QTL1 et à certains patients QTL2 –
souvent associé à une stimulation cardiaque définitive –, mais
il est probablement peu adapté à certains patients QTL3, pour
lesquels un défibrillateur automatique implantable (DAI) est
plus indiqué. Ainsi, le traitement envisagé avant la connais-
sance du diagnostic génétique doit être rediscuté au vu du
génotype (Vincent et al., 2009). Dans tous les cas de QTL
confirmé ou supposé, des mesures de prévention doivent être
prises:
–dépistage et mise en route d’un traitement bêtabloquant chez
tous les sujets atteints, symptomatiques ou non, a fortiori chez
les enfants ;
–prévention des circonstances favorisant la survenue des TDP
(hypokaliémie, entre autres) ;
–contre-indication aux sports de compétition, hormis les
sports de classe 1A (Pelliccia et al., 2008), et pratique du sport
de loisir restreinte selon les recommandations (Maron et al.,
2004) ;
–remise d’une liste de médicaments contre-indiqués, car
connus pour allonger l’intervalle QT
1
.
Tachycardies ventriculaires catécholergiques
Les tachycardies ventriculaires catécholergiques sont carac-
térisées par des arythmies ventriculaires polymorphes de
déclenchement adrénergique. Elles surviennent essentielle-
ment chez des enfants et des adolescents, et sont responsables
de syncope et de MS, en l’absence de toute anomalie morpho-
logique cardiaque. Les accidents cardiologiques surviennent
dans un contexte émotionnel et/ou à l’effort, ou au cours de
noyade. Dans plus d’un tiers des cas, les syncopes à l’effort
s’accompagnent de convulsions, expliquant ainsi le retard au
diagnostic, car le traitement initial est souvent un traitement
antiépileptique initié par les neurologues. L’ECG initial en
dehors de tout épisode syncopal et de tout traitement montre
un intervalle QTc normal sur fond de rythme sinusal un peu
lent pour l’âge. Il est peu contributif. C’est l’épreuve d’effort,
qui est l’examen clé du diagnostic. Au cours de l’effort, il existe
un seuil d’apparition des troubles du rythme ventriculaire qui
est reproductible et spécifique à chaque patient. On observe
une progression caractéristique, avec des ESV isolées, mono-
morphes puis polymorphes, un bigéminisme, puis des salves
bidirectionnelles et, enfin, des salves ventriculaires polymor-
phes (figure 2). La biologie moléculaire trouve dans 70 % des
cas une mutation transmise de façon autosomique dominante
dans le gène codant pour le récepteur à la Ryanodine de type 2
(RyR2), intervenant dans la régulation du calcium cytoplas-
mique (Denjoy et al., 2005). La mortalité des TVC en l’absence
de traitement est très élevée : elle atteint 30 à 50 % à l’âge de
30 ans. De plus, il existe une corrélation entre l’âge de
survenue de la première syncope et la sévérité de la maladie,
avec un pronostic très péjoratif lorsque les pertes de connais-
sance surviennent très jeune. Les bêtabloquants réduisent
de façon significative les syncopes et la MS. Néanmoins, les
posologies de bêtabloquants utilisées dans la prévention des
syncopes pour les TVC sont élevées, souvent le double de celles
utilisées dans le SQTL. L’indication du DAI chez l’adolescent
avec TVC incomplètement contrôlée par une posologie élevée
de bêtabloquants doit être envisagée plus largement (Hayashi
et al., 2009). Compte tenu du risque de mort subite, qui peut
être inaugurale, il est recommandé de traiter par bêtabloquants
tous les sujets génétiquement identifiés et les sujets asympto-
matiques ayant des arythmies ventriculaires à l’effort. Toute
activité sportive sera contre-indiquée, y compris chez les
patients traités par bêtabloquants (Maron et al., 2004 ; Pelliccia
et al., 2008).
Syndrome de Brugada
Le syndrome de Brugada associe un retard de conduction
intraventriculaire droite et une anomalie de la repolarisation
sous la forme d’un sus-décalage du segment ST dans les précor-
diales droites (figure 3), pouvant se compliquer de fibrillation
ventriculaire et de MS. On estime la prévalence du syndrome
entre 4 et 12 % des morts subites, toutes étiologies confondues.
1
www.qtdrugs.org.
I. Denjoy, et al.
Épilepsies, vol. 22, n° 3, juillet-août-septembre 2010 232
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