206 | La Lettre du Neurologue • Vol. XVI - n° 6 - juin 2012
Sclérose en plaques et hormones sexuelles
DOSSIER THÉMATIQUE
Neuro-gynécologie
des lymphocytes Th1, responsables de la sécrétion
d’interleukines pro-inflammatoires, prédomine,
tandis que la réponse immune de type humoral Th2
est inhibée, avec une diminution des sécrétions d’anti-
corps et de cytokines anti-inammatoires. Il en résulte
une réponse inammatoire chronique aboutissant à
un processus de démyélinisation.
La progestérone et les estrogènes pourraient
exercer un effet bénéque en modulant les excès
du système immunitaire, qui s’est emballé pour
attaquer le SNC de ces patientes : diminution
de l’activation des lymphocytes T de type Th1 et
augmentation des réponses anti-inammatoires
de type Th2.
◆Rôle sur le SNC
Les estrogènes et la progestérone pourraient avoir
un effet direct trophique sur le SNC : réparation des
zones de démyélinisation permettant la récupération
de vitesses de conduction satisfaisantes de l’inux
nerveux.
Conclusion
Il semble donc exister cliniquement une relation
entre les hormones sexuelles et la SEP. La prédo-
minance féminine, la variabilité clinique selon le
cycle menstruel ou les cycles sous contraception
et, surtout, l’inuence de la grossesse conrment
cette relation.
Certaines stratégies thérapeutiques utilisant les
hormones sexuelles sont déjà en cours.
Un essai clinique multicentrique européen visant à
prévenir les poussées du post-partum immédiat par
l’administration d’un traitement estroprogestatif
dès l’accouchement est actuellement en cours. Cet
essai, dont les résultats seront connus en 2014, est
conduit dans plusieurs centres à travers l’Europe et
coordonné grâce au réseau européen EDMUS sur la
SEP (European Database for multiple Sclerosis). Il
prévoit d’inclure 300 femmes atteintes de SEP, qui,
après consentement éclairé, recevront un traitement
continu par des hormones ou par un placebo pendant
les 3 mois suivant leur accouchement, suivi d’une
période d’observation sans traitement de 3 mois.
Ce traitement associe un progestatif, l’acétate de
nomégestrol, avec du 17 β-estradiol cutané. Une
surveillance clinique et une IRM cérébrale sont
prévues à intervalles réguliers (figure, p. 205) [7].
Une réexion sur le type et le mode d’administration
des contraceptifs oraux, éventuellement sur un mode
continu pour éviter les uctuations des symptômes,
pourrait être également envisagée. ■
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Références bibliographiques