Métabolisme énergétique cellulaire du tissu cérébral

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abc
revue générale
Ann Biol Clin 2008 ; 66 (2) : 131-41
Métabolisme énergétique cellulaire
du tissu cérébral : spécificités métaboliques
des tumeurs gliales
Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 88.99.165.207 le 24/05/2017.
Cellular energetic metabolism of cerebral tissue:
metabolic characteristics of glial tumours
R. La Schiazza1
F. Lamari1
M.-J. Foglietti2
B. Hainque1,2
M. Bernard1,2
J.-L. Beaudeux1,2
1
Service de biochimie métabolique,
Hôpital de la Pitié Salpêtrière,
Assistance Publique Hôpitaux de Paris
2
Département de biochimie,
Faculté des sciences pharmaceutiques et
biologiques, Université Paris Descartes,
Paris
<[email protected]>
Résumé. Cette revue rapporte les résultats obtenus sur divers modèles expérimentaux concernant les spécificités physiologiques du métabolisme énergétique cellulaire du tissu cérébral, permettant de mieux comprendre le métabolisme énergétique des tumeurs gliales ainsi que les relations entre les
modifications métaboliques observées dans les gliomes et l’agressivité de ces
tumeurs. L’analyse de la littérature permet de constater que les caractéristiques
majeures du métabolisme tumoral sont sa relative indépendance vis-à-vis de
l’oxygénation et de l’apport de substrats énergétiques par voie vasculaire et la
coopération métabolique des cellules au sein d’une même tumeur. Cette autonomie est rendue possible grâce à l’existence d’un effet Warburg, qui pourrait
être favorisé par des mutations génétiques qui ont été observées dans les
gliomes. Ces modifications métaboliques spécifiques peuvent ouvrir la voie à
de nouvelles approches thérapeutiques des gliomes.
Mots clés : métabolisme énergétique, tissu cérébral, gliomes, coopération
cellulaire, effet Warburg
Abstract. This review reports recent observations concerning specificities of
the cellular energy metabolism in cerebral tissues that highlight on characteristics of that of glial tumours, such as the association of metabolic alterations
aggressiveness of these tumours. Compared to normal cerebral tissue, glial
tissue exhibits both a relative independence towards oxygen and substrate
furnitures and thus vascularization, as well as the metabolic co-operation of
neurons and glial cells within the tumour. Occurrence of a Warburg effect
could explain such metabolic autonomy that might be associated to genetic
changes observed in gliomas. Characteristics of the glycolytic metabolism
within glioma tissue therefore may be novel land therapeutic approaches for
the treatment of these tumours.
doi: 10.1684/abc.2008.0205
Article reçu le 20 juillet 2007,
accepté le 28 décembre 2007
Key words: energetic metabolism,
co-operation, Warburg effect
Le cerveau humain est constitué d’environ 1011 neurones
et environ dix fois plus de cellules gliales. Le réseau neuronal, dont le rôle est la conduction des influx nerveux, est
soutenu par les cellules gliales qui assurent les échanges
entre les neurones, leur environnement et le sang à des fins
Tirés à part : J.-L. Beaudeux
Ann Biol Clin, vol. 66, n° 2, mars-avril 2008
brain
tissue,
gliomas,
cellular
énergétiques, de synthèse et de recyclage moléculaires. La
névroglie est indispensable à la vie du neurone et à son
fonctionnement, ce qui explique son rôle essentiel dans la
pathologie nerveuse centrale et périphérique. La physiologie métabolique du cerveau et les interrelations métaboliques entre glie et neurone ne sont aujourd’hui que partiellement élucidées. Au début des années 1980, grâce au
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développement des techniques d’imagerie cérébrale,
notamment la tomodensitométrie par émission de positrons (TEP), puis l’imagerie par résonance magnétique
(IRM), la spectroscopie par résonance magnétique (SRM)
et l’IRM fonctionnelle (RMf), les premières études du
métabolisme cérébral in vivo sur l’homme ont été possibles, et cela de manière non invasive et éthiquement
acceptable. Dans les années 1990, l’amélioration des techniques de culture in vitro et la réalisation du clonage
cellulaire ont permis de produire des modèles expérimentaux intéressants et donc un rapprochement par rapport
aux mécanismes cellulaires, génétiques et biochimiques
de l’état physiologique ou pathologique. L’objet de cette
revue est de faire le point des données actuelles sur le
métabolisme énergétique cérébral et ses dysfonctionnements au cours de la tumorisation gliale.
Les substrats énergétiques du cerveau
Les réserves intracellulaires sous forme de glycogène sont
faibles et ne permettent pas le maintien prolongé de l’activité cérébrale, ce qui impose un apport de substrats énergétiques via la circulation systémique. La barrière
hémato-encéphalique (BHE), formée par les cellules
endothéliales des capillaires cérébraux, constitue le site
principal d’échange entre le sang et le SNC.
Le glucose
Apport du glucose au tissu cérébral
Au repos, le cerveau qui ne représente que 2 % du poids
corporel consomme 25 % du glucose (environ 120 g/jour)
et 20 % de l’oxygène apportés par l’organisme. Le glucose est transporté à travers la BHE par diffusion facilitée
en utilisant des transporteurs stéréo-sélectifs et bidirectionnels, les GLUT. Au niveau cérébral, il existe plusieurs
isoformes de transporteurs GLUT. GLUT1 est un transporteur ubiquitaire, très abondant dans les cellules endothéliales des microvaisseaux cérébraux. Les astrocytes,
dont les pseudopodes entourent la quasi-totalité de la
BHE, exprimeraient GLUT1, GLUT2 et GLUT4. GLUT3
est le principal transporteur des neurones, mais ces derniers expriment également GLUT4 et GLUT8 [1].
La régulation de l’accès du glucose au cerveau reste
encore hypothétique. Pour une glycémie normale
(~ 5 mM), le système de transport est saturé à moins de
40 %, alors que l’hexokinase (HK) est saturée à 95 % à la
concentration intracérébrale d’environ 1 mM [2]. L’affinité de l’HK pour le glucose (Km = 40-65 lM) est plus
importante que l’affinité apparente du système de transport. Ce serait donc l’activité de l’HK qui constituerait
l’étape limitante de l’accès du glucose au cerveau [1, 2].
Cependant, dans des conditions d’hypoglycémie sévère ou
132
lorsque la glycolyse excède la capacité de transport (stimulation, anoxie, épilepsie, glycolyse tumorale...), le système de transport peut devenir limitant [3]. Une redistribution des GLUT1 du cytosol vers la membrane ainsi qu’une
augmentation de la traduction des ARNm des GLUT interviendraient dans la régulation à court terme du transport
du glucose à travers la BHE [3]. Lors d’une stimulation, il
existerait une activation du système de transport immédiate ou légèrement décalée par rapport au stimulus, selon
la structure cérébrale concernée [2].
Les capillaires cérébraux possèdent des récepteurs à
l’insuline particuliers, comportant une sous-unité a plus
petite. L’insuline n’a cependant pas d’effet sur le transport
du glucose à travers la BHE. Le métabolisme des cellules
gliales peut être modifié par l’insuline in vitro, mais son
rôle in vivo reste méconnu [3].
Réserves en glucose
La microscopie électronique a montré qu’il existe des
granules de glycogène surtout dans les astrocytes localisés
à proximité des régions synaptiques. Les neurones
contiennent également du glycogène au niveau du synaptosome, ainsi que tout l’équipement enzymatique nécessaire à sa synthèse et à sa dégradation. Il existe un équilibre dynamique entre catabolisme et synthèse de glycogène
(19 mmol/kg/min), ce qui représente environ 2 % du flux
glycolytique cérébral. Ceci suggère que les réserves locales en glycogène jouent un rôle important dans la fonction
cérébrale [4, 5]. Les propriétés cinétiques des enzymes
catalysant la synthèse et la dégradation du glycogène semblent différentes des autres tissus et leur régulation est
contrôlée à un niveau local. Le métabolisme du glycogène
cérébral reste à l’abri des régulateurs systémiques, hormis
les corticostéroïdes circulants [5].
Le lactate
Au repos et dans les conditions physiologiques de lactacidémie, le passage du lactate à travers la BHE est négligeable. En revanche, lors d’un exercice physique intense
induisant une augmentation du taux circulant de lactate le
passage du lactate à travers la BHE est anormalement
augmenté. Les caractéristiques cinétiques des transporteurs des acides monocarbolyliques (MCT) permettent le
passage du lactate dans le cerveau dans les mêmes proportions que le glucose [6].
En se basant sur différentes observations expérimentales,
plusieurs équipes ont défendu l’hypothèse d’une production de lactate généré et libéré par l’astrocyte, puis capturé
spécifiquement par les neurones via un transporteur de
type MCT (figure 1) [7-10]. Bouzier-Sore et al. [11], puis
Pellerin et Magistretti [12], ont également proposé que le
lactate astrocytaire serait le substrat préférentiel par rapport au glucose pour le neurone activé. Les besoins en
énergie du neurone activé se trouvent dans des proportions
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95 : 5 respectivement, par rapport à l’astrocyte, alors que
le glucose ne respecte pas cette distribution. Leur hypothèse est confortée par l’analyse de la distribution des
isoenzymes de la lactate déshydrogénase (LDH, E.C.
1.1.1.27) dans les différentes cellules du cerveau. Les
astrocytes sont enrichis en LDH5 tandis que les neurones
contiennent majoritairement la LDH1 [13], ce qui suggère
que le lactate astrocytaire serait converti en pyruvate dans
le neurone, puis oxydé dans la mitochondrie neuronale.
Cette hypothèse reste cependant controversée [14].
Les acides monocarboxyliques
En cas de carence en glucose, les corps cétoniques d’origine hépatique (b-hydroxybutyrate, acétoacétate) franchissent la BHE par les MCT et peuvent être métabolisés
en acétyl-CoA dans la mitochondrie pour rejoindre le
cycle de Krebs. Ils permettent ainsi le maintien de la fonction neuronale en fournissant de l’adénosine triphosphate
(ATP) et protègent le cerveau de la protéolyse.
Neurone
Les voies cataboliques du métabolisme
énergétique cérébral
Spécificités de la glycolyse cérébrale
La glycolyse est une étape métabolique qui se déroule
dans le cytoplasme et au contact de la membrane externe
des mitochondries. Le flux glycolytique est régulé par
trois enzymes régulatrices – l’hexokinase (HK, E.C.
2.7.1.1) la phosphofructokinase (PFK, E.C. 2.7.1.11) et la
pyruvate kinase (PK, EC 2.7.1.40) – en fonction de l’équilibre énergétique de la cellule. Les caractéristiques des
isoenzymes glycolytiques gliales favorisent des taux glycolytiques plus importants par rapport au neurone.
Au niveau du cerveau sain on retrouve essentiellement
l’isoenzyme HK I. Elle apparaît à la fois sous forme libre,
soluble dans le cytoplasme, et sous forme liée aux canaux
anioniques voltage-dépendants (VDAC) de la mitochondrie. Ces VDAC sont au contact des translocases des
nucléotides adénylés (ANT), qui permettent l’entrée de
l’adénosine diphosphate (ADP) et la sortie de l’ATP de la
Astrocyte
Glucose
Glut
I
Glut
I
MCT2
Glucose
Lactate
Glucose
Glycogène
Glycolyse
2 ATP
Pyruvate
LDH 1
Glycolyse
2 ATP
MCT2
Lactate
LDH 5
Pyruvate
Acétyl-CoA
Acétyl-CoA
Cycle des
acides
tricarboxyliques
30 ATP
MCT1
MCT4
MCT2
Lactate
Cycle des
acides
tricarboxyliques
30 ATP
Espace
intercellulaire
Figure 1. Représentation hypothétique des échanges métaboliques entre l’astrocyte et le neurone « astrocyte-neuron lactate shuttle ».
Dans cette hypothèse le lactate produit par l’astrocyte (riche en LDH5) est excrété dans l’espace intercellulaire grâce au transporteur
MCT1 ou il est capté par le neurone activé grâce au transporteur MCT2. Le lactate est transformé en pyruvate par le neurone riche en
LDH1 et utilisé comme substrat énergétique [12].
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mitochondrie, aux endroits où la membrane externe est
rapprochée de la membrane interne. L’HK s’organise en
tétramère au contact du complexe VDAC-ANT, qui est
stabilisé grâce à l’ADP (figure 2). L’HK ainsi fixée à la
mitochondrie est très peu sensible à la protéolyse cytoplasmique et présente donc une demi-vie allongée par rapport à la forme soluble [15]. Son inhibition par les produits de sa réaction, en particulier par le glucose
6-phosphate, est quasiment abolie. Le pH intracellulaire
(pHi) régule le degré de liaison : l’acidose favorise la
forme soluble et diminue de cette manière le flux glycolytique [16].
L’activité de la PFK est stimulée par une chute de la
charge énergétique. Une baisse du pH, résultant d’une
surproduction de lactate, ralentit la glycolyse par inhibition de la PFK, ce qui évite l’acidose intracellulaire. La
glycolyse augmente seulement à partir du moment où les
modulateurs positifs de la PFK (ADP, adénosine monophosphate (AMP), AMP cyclique et fructose 1,6bisphosphate) excèdent leurs concentrations critiques dans
le milieu [4]. Les neurones expriment essentiellement la
PFK1 alors que les astrocytes expriment également la
PFK2 et surtout l’isoenzyme PFK2.3, qui possède un rapport d’activité kinase/bisphosphatase le plus élevé [14,
17]. Cette isoenzyme astrocytaire favorise donc la synthèse d’un des plus puissants activateurs de la PFK1 dans
l’astrocyte, le fructose 2,6-bisphosphate.
La synthèse du pyruvate cérébral est catalysée par la PK,
dont la forme M est largement majoritaire dans le cerveau
par rapport à la forme L (forme modulable par les
hormones). Elle est activée allostériquement par le fructose 1,6-bisphosphate et inhibée par l’ATP et l’alanine,
ATP
ADP
PCr
HK
cytosol
VDAC
PCr
CK
ATP ADP
ANT
ATP
ADP
F0F1 ATP
synthase
mais aussi par phosphorylation par la protéine kinase A
dépendante de l’AMP cyclique.
Devenir du pyruvate
La transformation du pyruvate en lactate est catalysée par
la LDH et s’accompagne de l’oxydation cytosolique du
NADH,H+. Dans les conditions physiologiques, 13 % du
pyruvate cérébral est transformé en lactate [18]. Dans des
conditions d’anaérobiose ou lorsque le rapport NADH,H+/
NAD+ est élevé, quand la glycolyse excède l’utilisation
des métabolites par le cycle de Krebs, le pyruvate produit
est converti en lactate. Cette réaction permet de continuer
à faire fonctionner la glycolyse en permettant l’oxydation
du glycéraldéhyde 3-phosphate par le NAD+. Ceci est uniquement possible lorsque le lactate ne s’accumule pas,
étant donné son effet inhibiteur de la glycolyse.
La pyruvate déshydrogénase (PDH, EC 1.2.1.51) détermine
le flux du pyruvate vers la voie oxydative sous la dépendance du potentiel rédox et de l’équilibre entre richesse et
besoin énergétiques. Au niveau cérébral, 50 % de l’enzyme
se trouve sous forme activée. Le pyruvate protège l’enzyme
de son inactivation par phosphorylation [4].
Particularités métaboliques des mitochondries
Les mitochondries du cerveau ont une affinité plus importante pour l’oxygène que les mitochondries hépatiques.
Elles se distinguent aussi de celles des autres tissus par
leur teneur plus élevée en enzymes non mitochondriales,
comme l’HK, la créatine kinase (CK, EC 2.7.3.2), et peutêtre la LDH. La CK est liée aux ANT du côté de l’espace
intermembranaire et l’HK du côté cytosolique [19].
L’HK et la CK fonctionnent pour maintenir des niveaux
d’ADP élevés à proximité de la mitochondrie en transférant un groupement phosphoryle à partir de l’ATP sur la
créatine ou le glucose, assurant ainsi la stimulation de
l’activité respiratoire. Les taux élevés de la respiration
mitochondriale à l’équilibre sont liés à la disponibilité
locale des substrats et au rapport ADP/ATP qui est élevé à
proximité de la mitochondrie, grâce à la formation des
complexes ANT-enzyme. Cette importante synthèse locale
de l’ADP n’est pas forcément reflétée par les dosages
effectués sur des homogénats de tissu cérébral, qui indiquent des rapports ATP/ADP globalement élevés [20].
Maintien de la charge énergétique cérébrale –
Rôle des astrocytes
Figure 2. Organisation de l’hexokinase I (HK I) au contact de la
membrane mitochondriale : l’HK I est liée aux canaux anioniques
voltage dépendants mitochondriaux (VDAC), eux-mêmes au
contact des translocases des nucléotides adénylés (ANT). Le
complexe VDAC-ANT-HK I est stabilisé grâce à l’ADP et l’HK I se
trouve ainsi protégée de la protéolyse [18].
134
La charge énergétique du cerveau à l’état physiologique
est globalement élevée mais variable en fonction de la
spécialisation métabolique de l’astrocyte, qui elle est liée
à la localisation anatomique, ainsi qu’au microenvironnement au contact de la cellule. Les niveaux globalement
élevés d’ATP cérébral sont conservés lors d’une augmenAnn Biol Clin, vol. 66, n° 2, mars-avril 2008
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Métabolisme énergétique du tissu cérébral
tation modérée de l’utilisation des réserves énergétiques
grâce aux réactions faisant intervenir l’adénylate kinase et
la CK-BB, qui sont en équilibre avec les réactions
cataboliques.
Les astrocytes sont considérés comme des cellules à fort
potentiel glycolytique et donc énergétique. En effet, il a
été observé que l’inhibition de la respiration mitochondriale stimule fortement la glycolyse dans les astrocytes,
mais pas dans les neurones. Ces derniers sont considérés
comme des cellules qui basent leur production d’énergie
essentiellement sur la phosphorylation oxydative [21].
Environ un tiers de l’ATP astrocytaire serait d’origine glycolytique. Les astrocytes seraient responsables d’au moins
15 % du métabolisme oxydatif du cerveau, soit 50 % de
celui des neurones [14].
Les tumeurs gliales
Les gliomes sont des tumeurs issues des différentes
lignées cellulaires de la névroglie épithéliale, de la macroglie et de l’oligodendroglie ou leurs précurseurs. Une
composante microgliale est souvent présente au sein des
gliomes, réalisant un infiltrat inflammatoire de la tumeur.
Les caractéristiques métaboliques des cellules tumorales
des gliomes dépendent entre autre de la structure cellulaire
et anatomique ainsi que du rôle des différentes cellules
gliales en physiologie.
Les tumeurs cérébrales représentent 5 % des cancers
humains [22] et constituent une source importante de morbidité et de mortalité liée aux cancers. Le diagnostic de
tumeur cérébrale primaire est posé chez 11 à
12 pour 100 000 personnes par an, et on considère que
dans la population générale 1 enfant sur 1 300 développera une tumeur cérébrale primaire avant l’âge de 20 ans.
Les gliomes représentent 49 % des tumeurs primaires
cérébrales dont 15 % chez l’adulte et 25 % chez l’enfant
sont des gliomes de bas grade [23]. Les gliomes sont des
cancers différents des autres néoplasmes sous de nombreux aspects. La classification de l’OMS distingue quatre
grades de gliomes basés sur l’aspect histologique du tissu.
Les grades I et II correspondent au bas grade, les grades
III et IV correspondent aux gliomes de haut grade (gliomes malins). Le degré de malignité des gliomes est variable. Cependant, même les gliomes de bas grade restent
redoutables en raison de leur tendance fréquente à la transformation maligne au cours du temps et de leur haut
potentiel d’infiltration. La moitié des gliomes de bas grade
subit une transformation maligne dans les 5 ans.
Données actuelles sur le métabolisme des gliomes
Comme dans les autres cancers, de profondes modifications du métabolisme énergétique ont été décrites dans les
Ann Biol Clin, vol. 66, n° 2, mars-avril 2008
gliomes [18]. La majorité des études actuellement
publiées concernent l’exploration in vivo, grâce aux différentes méthodes d’imagerie médicale. Les travaux effectués sur des cultures de différentes lignées de cellules de
gliomes, sur des xénogreffes de tumeurs ou des gliomes
induits chez l’animal ont permis de préciser certains
aspects spécifiques de la physiopathologie biochimique et
moléculaire de ces tumeurs. Ces travaux ont ouvert la
recherche sur de nouvelles cibles thérapeutiques avec le
souci de mieux prendre en charge les patients atteints de
cette pathologie tumorale complexe. Des mutations ont été
observées dans certains gliomes, en particulier la perte du
bras long du chromosome 10 [24], qui porte les loci de
certains gènes suppresseurs de tumeur, comme celui qui
code pour la protéine PTEN (phosphatase and tensin
homolog), une phosphatase, qui déphosphoryle le phosphatidylinositol 3,4,5-phosphate. La perte de fonction ou
l’absence de la protéine PTEN ainsi que cette activation
des récepteurs à activité tyrosine kinase (RTK) observées
dans un grand nombre de gliomes, induit une augmentation de l’activité de la phosphatidylinositol 3-kinase
(PI3K, EC 2.7.1.137) qui est responsable de l’activation
de Akt, qui joue un rôle important dans le développement
et la progression des gliomes, et du HIF-1 (hypoxia
inducible factor 1) [25-27]. La mutation de PTEN provoque également la perte de son contrôle inhibiteur sur
l’activité transcriptionnelle régulée par HIF-1 [25]. Par
ailleurs, la perte ou l’inactivation de la protéine p53, qui
est un événement précoce dans la genèse des gliomes [28],
stabilise la sous-unité HIF-1a [25]. Or, on sait aujourd’hui
que HIF-1 est responsable de l’augmentation de l’expression des gènes codant pour certaines enzymes de la glycolyse comme la PFK, la phosphoglycérate kinase, l’aldolase, l’énolase, l’isoenzyme PK-M, la LDH5, ainsi que
ceux codant pour les transporteurs du glucose GLUT1 et
GLUT3 [29-31]. La glycolyse ainsi stimulée permet de
maintenir des concentrations élevées en ATP et de résister
à l’hypoxie. Des anomalies de l’expression des transporteurs membranaires du glucose ont également été rapportées. Les gliomes humains expriment les ARNm de
GLUT1, mais sans expression de la protéine correspondante. La présence de ces ARNm serait inversement corrélée à l’agressivité de ces tumeurs [32]. Bien que certains
auteurs aient décrit une augmentation de l’expression des
transporteurs GLUT1 dans les cellules bordant les régions
nécrotiques de gliomes de rats xénogreffés à partir de cellules C6, ce serait l’hypoxie, par l’intermédiaire de HIF-1,
ainsi que l’acidose au niveau de ces régions, qui induit
l’augmentation du nombre de ces transporteurs [29].
Il a été rapporté que l’abondance des ARNm de GLUT3
était corrélée au grade de la tumeur. La glycoprotéine
GLUT3 a été mise en évidence dans les gliomes les plus
agressifs, les glioblastomes (GBM), mais pas dans les
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revue générale
gliomes de grades I-III. GLUT3 serait donc l’isoforme
majeure dans les gliomes malins [32, 33]. Le faible Km de
GLUT3 pour le glucose peut assurer un apport constant de
glucose à la cellule tumorale, même en cas de diminution
de la concentration extracellulaire. L’étude de l’étape
limitante du transport du glucose sur des cultures de cellules de gliomes a montré que pour des concentrations extracellulaires inférieures à 3 mM, ce serait le système de
transport membranaire qui serait limitant, alors que pour
les concentrations supérieures à 3 mM, la phosphorylation
par l’HK deviendrait limitante [34]. Enfin, les jonctions
gap semblent également jouer un rôle dans la consommation du glucose dans les gliomes [35].
Consommation gliale du glucose
et formation de lactate
Les faibles concentrations en glucose du tissu glial tumoral par rapport au cerveau sain reflètent la forte activité
glycolytique des gliomes [36]. Cependant, il existe de fortes variations inter-tumorales qui n’ont pas permis d’établir des normes de concentrations en glucose caractéristiques dans les gliomes par rapport au tissu cérébral sain
[34]. L’augmentation de la glycolyse observée dans les
gliomes est liée à la fois au type cellulaire constituant la
tumeur – les cellules gliales étant décrites comme ayant
une plus forte capacité glycolytique par rapport aux neurones – et à des modifications de la régulation de cette voie
métabolique. L’apport d’une quantité suffisante de glucose aux cellules du gliome est indispensable pour assurer
leur prolifération et leur survie. Des expériences chez le
rat ont montré que la consommation de glucose commence à diminuer en dessous d’une valeur seuil de débit
de perfusion. Ce seuil est plus élevé pour les gliomes que
pour le tissu cérébral sain. Ceci peut refléter une vascularisation moins efficace et/ou un transport moins efficace du
glucose vers le gliome [37].
De nombreuses publications plaident en faveur de l’existence dans les gliomes d’une glycolyse dite « aérobie » ou
effet Warburg. Des taux de glycolyse supérieurs au tissu
cérébral sain, objectivés par des rapports lactate/pyruvate
et des concentrations en ATP élevés, ont été observés dans
les GHG (gliomes de haut grade) [38-40]. Les rapports
lactate/pyruvate sont corrélés aux concentrations en ATP
dans ces tumeurs [38]. Bien qu’une tumeur plus agressive
produise plus de lactate [41, 42], la concentration en lactate n’est pas corrélée au degré d’hypoxie des cellules
[36]. La destinée du lactate dans les gliomes est controversée. Les études récentes des gliomes par SRM (spectroscopie par résonance magnétique), suggèrent qu’il existe
une distribution homogène du lactate dans la tumeur. Des
concentrations importantes en lactate ont été observées et
dans les régions normalement perfusées et dans les
régions faiblement perfusées [36]. Dans les tumeurs normalement perfusées, la clairance du lactate pourrait
136
s’effectuer par voie sanguine. Une nouvelle hypothèse
concernant le recyclage intracellulaire du lactate via la
néoglucogenèse et la glycogénogenèse a été proposée
récemment [30].
Activité des enzymes glycolytiques
L’activité HK varie énormément selon les tumeurs, mais
elle est globalement plus faible dans les gliomes que dans
le tissu cérébral sain. Cette baisse d’activité serait plus
marquée dans les GHG que dans les GBG (gliomes de bas
grade) [38-40, 43]. Ceci peut s’expliquer en partie par la
perte du chromosome 10, observée dans certains GHG, le
locus du gène codant pour l’HK I étant situé sur ce chromosome. En effet, Oudard et al. ont observé que les
ARNm de l’HK I étaient diminués par rapport au tissu
cérébral sain et davantage dans les gliomes présentant une
perte du chromosome 10 [40]. Cependant, cette activité
HK diminuée, mesurée ex vivo dans les gliomes humains,
ne semblait pas limiter la glycolyse aérobie in vivo,
laquelle demeurait plus importante par rapport au cerveau
sain [38]. La présence de l’isoenzyme fœtale HK II a été
observée de façon plus abondante dans les astrocytomes
de haut grade par rapport aux astrocytomes de bas grade
[44, 45]. Il n’existe pas de données dans la littérature sur
l’isoenzyme HK II liée à la mitochondrie et le comportement cinétique de cette isoenzyme mitochondriale est peu
connu [46]. L’hypothèse d’une augmentation de l’efficacité de la glycolyse grâce à la liaison de l’HK II à la
mitochondrie n’est pas à rejeter en l’état actuel des
connaissances (figure 3).
L’activité de la PFK mesurée sur des gliomes humains
malins est également apparue diminuée par rapport au
tissu cérébral sain [43, 44, 47, 48]. Les gliomes présentent
une tendance à sur-exprimer la sous-unité L et diminuer
l’expression de la sous-unité M de la PFK, tandis que
l’expression de la sous-unité C, la moins sensible à la
régulation allostérique, est similaire au cerveau sain.
L’hypothèse que le moteur de la glycolyse in vivo ne soit
pas la quantité d’enzyme présente, mais son comportement vis-à-vis des inhibiteurs allostériques est donc également valable pour la PFK.
Enfin, la vitesse maximale d’activité enzymatique de la
PK dans les prélèvements de gliomes humains a été trouvée proche des activités PK mesurées sur des échantillons
de cerveau sain. Dans les gliomes malins il a été observé
une production largement prédominante de l’isoenzyme
PK-K, dont le degré d’expression serait corrélé à la malignité tumorale [44, 45, 48]. L’isoenzyme de type K présente une moindre affinité pour le PEP et est plus sensible
à l’inhibition par l’alanine que le type M. Dans les gliomes, l’expression de l’isoenzyme K serait accompagnée
de sa phosphorylation, dont les répercussions métaboliques sont incertaines. Il a été décrit que le degré de phosAnn Biol Clin, vol. 66, n° 2, mars-avril 2008
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Métabolisme énergétique du tissu cérébral
phorylation est corrélé à la production de lactate d’origine
glycolytique [45].
Comme pour la PK, la vitesse maximale de l’activité
enzymatique de la LDH dans les gliomes est similaire à
celle mesurée dans le tissu cérébral sain [39, 40, 49].
Aucune corrélation n’a pu être établie entre l’activité de la
LDH et les concentrations élevées en lactate. Cependant,
la teneur en LDH5 apparaît beaucoup plus élevée que dans
le tissu sain [44, 50] et une plus importante proportion de
l’isoenzyme LDH5 a été retrouvée dans les astrocytomes
haut grade, alors que les astrocytomes de bas grade et les
oligodendrogliomes expriment préférentiellement l’isoenzyme LDH1 [44, 45, 51]. Certains auteurs ont donc proposé l’analyse des isoenzymes de la LDH pour la définition biochimique du grade des gliomes [51].
Métabolisme énergétique mitochondrial
et charge énergétique des cellules gliales tumorales
L’activité respiratoire apparaît diminuée aussi bien dans
les GHG que dans les GBG. Le rapport consommation en
oxygène/consommation en glucose est environ 3 fois plus
faible par rapport au cerveau sain [37, 52]. Une diminution des activités de certaines enzymes du cycle de Krebs
et de la chaîne respiratoire a été observée [47-49, 52]. Ces
activités semblent plus basses dans les astrocytomes que
dans les oligodendrogliomes [47]. Le dosage des ARNm
du génome mitochondrial sur des GBM a montré une
expression diminuée de tous les gènes mitochondriaux par
rapport à un tissu cérébral sain d’adulte [53]. Ces observations pourraient expliquer en partie la raison pour laquelle
les cellules de gliome doivent tirer leur énergie de la voie
glycolytique.
Dans la grande majorité des gliomes humains, les concentrations en ATP et la charge énergétique sont maintenues
aussi élevées, voire plus élevées que dans le cerveau sain,
et ce, de façon indépendante de l’état de vascularisation de
la tumeur. De même, les concentrations en métabolites
représentant la charge énergétique restent également élevées par rapport au tissu cérébral sain dans ces conditions
[40, 48]. L’activité de l’adénylate kinase, qui assure la
formation d’ATP à partir d’ADP, est également significativement plus élevée dans les gliomes malins par rapport au
cerveau sain [48, 49]. Une corrélation inverse entre l’activité ATPasique et le grade du gliome a par ailleurs été
décrite. Cette activité ATPasique n’augmente pas lorsque
les concentrations locales en oxygène augmentent [44], ce
qui souligne l’indépendance relative du métabolisme énergétique des gliomes par rapport à l’oxygène. Le facteur
limitant la synthèse des protéines, la viabilité et la prolifération de ces tumeurs est la disponibilité en glucose [37].
Il est connu que l’ATP extracellulaire favorise la prolifération des cellules d’astrocytome humain et que les
5’-nucléotidases jouent un rôle important dans la régulation de la signalisation liée aux purines extracellulaires.
Ann Biol Clin, vol. 66, n° 2, mars-avril 2008
La libération d’ATP dans le milieu extracellulaire a des
effets stimulateurs, voire cytotoxiques sur les cellules
environnantes grâce à son interaction avec les récepteurs
P2Y et P2X. Les lignées cellulaires de gliomes présentent
une capacité extrêmement réduite à hydrolyser les
nucléosides tri- et di-phosphates. Leurs activités 5’-nucléotidasiques se trouvent diminuées par rapport aux astrocytes sains. Les gliomes, ainsi que les interfaces avec le tissu
sain, présentent des concentrations élevées en nucléotides
extracellulaires par rapport aux astrocytes sains. Ces derniers joueraient un rôle dans la prolifération et la transformation maligne [54].
Hypothèses de l’adaptation métabolique
des cellules gliales tumorales
Les observations expérimentales que nous venons de
décrire, qui définissent un comportement métabolique
énergétique spécifique des cellules gliales tumorales, ont
A
CO2
+H2O
Hexokinase
Glucose
ATP
Glucose 6-P
AMP
ADP+Pi
Fructose 6-P
Fructose 1,6
bisphosphatase
Acétyl-CoA
O2
6-Phosphofructo 1-kinase
Fructose 1, 6-P2
AMP
Phosphoenolpyruvate
Pyruvate kinase
type L, M, R
Pyruvate
B
CO2
Hexokinase
+H2O
ATP
Glucose
ATP
Glucose 6-P
Fructose 6-P
Glutamate
Glutamine
O2
6-Phosphofructo 1-kinase
Fructose 1, 6-P2
Phosphoenolpyruvate
Pyruvate kinase
type M2
Pyruvate
Glutamate
Lactate
Figure 3. Métabolisme glycolytique et énergétique dans une cellule différenciée (A) et dans une cellule tumorale (B). Dans la
cellule gliale tumorale il y a surexpression de la forme liée de
l’hexokinase, l’isoenzyme 2.3 phoshofructokinase et de la frome
M de la pyruvate kinase [62].
137
revue générale
permis de proposer différents mécanismes d’adaptation du
métabolisme glycolytique et de la contribution énergétique des cellules gliales au métabolisme énergétique du
tissu cérébral tumoral. Parmi ces mécanismes hypothétiques, nous détaillerons plus particulièrement la participation du métabolisme du glycogène au recyclage du lactate,
et la coopération énergétique intercellulaire caractéristique des cellules gliales tumorales.
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Participation du métabolisme du glycogène
au recyclage du lactate
L’activité de la glycogène synthase (GS) et son substrat,
l’UDP-glucose et ses précurseurs, sont augmentés dans les
gliomes, alors que l’activité de la glycogène phosphorylase (GP) est diminuée [31, 48], avec un rapport GS/GP
jusqu’à 13 fois supérieur par rapport au tissu sain [44].
Cependant, les concentrations en glycogène sont similaires à celles d’un cerveau sain [48], voire diminuées [31,
39]. Une étude récente de Beckner et al. a permis de
proposer l’hypothèse suivante [55] : le lactate produit par
la glycolyse pourrait être converti en glucose puis en glycogène. Ce recyclage intracellulaire du lactate permettrait
d’éviter l’acidification intracellulaire et ses effets métaboliques délétères. Le maintien d’un équilibre dynamique
entre synthèse et dégradation du glycogène permettrait
ainsi à la glycolyse de continuer à produire de l’ATP et du
lactate, en régénérant parallèlement le NAD+, même lorsque la tumeur est faiblement vascularisée. L’activation de
la GS permet au lactate d’intégrer le glycogène, dans les
cellules dotées d’un potentiel de néoglucogenèse, dont les
astrocytes font partie [30]. La glycogène synthase kinase 3
(GSK3) est la voie majoritaire constitutive de l’inhibition
de la GS. La GSK3 est inactivée par phosphorylation
grâce à l’hyperactivité de Akt, lorsque la protéine PTEN
est mutée (figure 2) [56]. Or, cette mutation est retrouvée
dans une grande majorité des gliomes, et contribue à un
équilibre en faveur de l’activation, par déphosphorylation,
de la GS. L’effet inhibiteur du lactate vis-à-vis de la PFK
serait ainsi limité par son stockage sous forme de glycogène dans des compartiments ou des régions cellulaires à
part. Cette hypothèse permettrait donc d’expliquer
l’observation d’un potentiel invasif plus important des
gliomes présentant des mutations de PTEN.
Mise en place d’une coopération métabolique
intercellulaire
Les études menées sur des cellules de gliomes en culture
ont permis d’identifier l’existence de populations cellulaires avec des profils métaboliques différents, capables de
former des entités à coopérativité intercellulaire propice à
138
l’homéostasie et à l’autonomie métabolique des gliomes.
Ainsi, Griguer et al. [50] ont observé que les cellules de
gliome humain peuvent être classées en 2 phénotypes
métaboliques : un phénotype métabolique dépendant de la
phosphorylation oxydative (lignée D-54MG) et un phénotype dépendant de la glycolyse (lignée U-251MG). Les
cellules de la lignée D-54MG ont une survie prolongée
lors d’une carence en glucose et sont sensibles aux inhibiteurs de la chaîne respiratoire mitochondriale. Ces cellules
ne peuvent cependant pas utiliser le pyruvate comme
substrat énergétique. L’analyse des isoenzymes de la LDH
de cette lignée a montré qu’elle exprime la LDH1 et la
LDH5. La lignée U-251 MG est sensible à la carence en
glucose mais résiste aux inhibiteurs de la chaîne respiratoire. L’addition de lacatate ou du pyruvate dans le milieu
de culture prolonge leur survie en cas de carence en glucose. L’analyse des isoenzymes de la LDH a montré que
cette lignée exprime la LDH1 uniquement. Ces résultats
obtenus sur des cultures cellulaires montrent l’existence
possible d’une coopération métabolique entre populations
cellulaire au sein de la tumeur. Le lactate, produit et libéré
par des cellules de métabolisme « D-54MG – like », pourrait donc être utilisé en tant que substrat énergétique par
les cellules de métabolisme « U-251MG – like » au sein
de la même tumeur (figure 3). Cette hypothèse permettrait
d’expliquer, d’une part, l’absence d’accumulation de lactate et, d’autre part, une hétérogénéité métabolique qui
serait à l’origine de la variabilité des paramètres métaboliques rapportée dans différentes publications.
Oude Weernink et al. [45] ont étudié la production de
lactate sur trois lignées de cellules de gliomes en présence
de concentrations variables en glucose. Dans deux lignées,
la concentration en lactate extracellulaire a augmenté de
façon linéaire et proportionnellement aux concentrations
en glucose du milieu de culture. En revanche, pour une
lignée de GBM, la production de lactate est apparue déjà
maximale pour la plus faible concentration en glucose.
Pour une concentration faible de glucose, cette lignée a
produit du lactate à des concentrations environ doubles de
celles des autres lignées cellulaires pour de fortes concentrations de glucose. Cette étude suggère qu’il puisse exister au sein d’un gliome in vivo des populations cellulaires
« de secours » pouvant maintenir une glycolyse même en
présence de faibles concentrations en glucose.
Les informations fournies par ces études confirment une
fois de plus que les cellules de gliomes humains sont
globalement dépendantes de la glycolyse pour proliférer,
mais que la tumeur s’adapte pour continuer d’évoluer
d’une manière autonome, même dans des conditions
considérées comme défavorables pour une cellule saine.
Ann Biol Clin, vol. 66, n° 2, mars-avril 2008
Métabolisme énergétique du tissu cérébral
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Étude métabolique de la tumeur gliale
et classification des gliomes
La classification de l’OMS, qui se base sur des critères
exclusivement histologiques, tente d’appréhender des processus hautement complexes de la dynamique biologique
dans un cadre empirique. En effet, Il existe une hétérogénéité moléculaire d’origine multifactorielle marquée entre
gliomes de même grade histologique, ainsi qu’une variation des microenvironnements régionaux au sein d’une
même tumeur [57], et entre les tumeurs de différents
patients [45, 48, 50, 57]. L’analyse moléculaire des gliomes prend donc de plus en plus d’importance, afin de
mieux comprendre les aspects physiopathologiques, et
rechercher de nouvelles cibles thérapeutiques permettant
d’améliorer le pronostic des patients.
Dans ce contexte, il apparaît nécessaire de chercher des
relations entre modifications métaboliques non avec le
grade histologique mais avec des arguments plus objectifs,
tels que les dérégulations génétiques, d’une part (gènes
PTEN, EGFR, EGF, TP53) et, d’autre part, avec l’évolution
d’un point de vue clinique dans le cadre d’études prospectives. Ainsi, des études par TEP ont pu montrer que le rapport
« captation du 18-fluoro-déoxyglucose (18F-DG) par le
tissu tumoral / captation de 18F-DG par le tissu sain » aurait
une valeur pronostique en termes de survie : lorsqu’il est
inférieur à 1,4, la médiane de survie serait de trois à quatre
fois supérieure [58]. Une approche quantitative de la
consommation de glucose par la région cérébrale explorée
est théoriquement possible en considérant la compétition
du 18F-DG avec le glucose [42, 59]. Il faut cependant
rester critique face à toute extrapolation du métabolisme
du 18F-DG tumoral à celui du glucose de la tumeur, car il
existe des interférences : le 18F-DG peut être capté par les
cellules inflammatoires de la matrice extracellulaire [60],
par du tissu sain dans les tumeurs infiltrantes ou par des
cellules endothéliales, métaboliquement très actives,
comme dans le cas des astrocytomes pilocytiques [42].
L’expression modifiée et variable des transporteurs GLUT
[61] et des isoenzymes de l’HK, ainsi que le degré variable de liaison de l’HK à la mitochondrie dans les gliomes,
modifient en effet la cinétique du traceur [59]. De plus, le
Km et la Vmax de l’HK II pour le 18F-DG ont été très peu
étudiés. Le Km pour le 18F-DG serait environ 3 à 4 fois
plus élevé [59], alors qu’il est 10 fois plus élevé pour le
glucose [46] par rapport à celui de l’HK I. La Vmax de
l’HKII pour le 18F-DG serait environ 40 % inférieure à
celle du glucose, alors que la Vmax de l’HK I est similaire
pour les deux substrats. De plus, le Km de l’HK II liée au
complexe VDAC-ANT augmente de 8 fois pour le 18F-DG
alors qu’il diminue pour le glucose [59]. Certains auteurs
avancent que la captation du glucose, extrapolée à partir
de la cinétique de captation du18F-DG, serait corrélée
Ann Biol Clin, vol. 66, n° 2, mars-avril 2008
positivement au grade et à l’agressivité de la tumeur, à la
densité cellulaire et à la survie des malades [42].
Conclusion
Les travaux menés jusqu’à présent permettent de supposer
que plus une tumeur est agressive, plus son métabolisme
semble dépendant de la glycolyse aérobie, productrice de
lactate, métabolite essentiel à la survie de la tumeur. Ces
modifications semblent être orchestrées par une activation
de voies de signalisation spécifiques liées aux RTK ;
l’hyperactivité de la protéine Akt et de HIF-1 dans les
tumeurs agressives étant déterminante. Cette observation
permet d’identifier des nouvelles cibles thérapeutiques
potentielles et justifie les études précliniques entreprises
surtout pour les GHG, et qui visent à découpler l’HK de
ses récepteurs mitochondriaux [41] ou à diminuer
l’expression de Akt [62]. Les études publiées jusqu’à
l’heure actuelle concernent principalement des modèles
expérimentaux de GHG. De telles investigations pourraient être utiles pour des GBG afin d’envisager des cibles
spécifiques pour limiter l’invasion tumorale et empêcher
leur progression vers le haut grade.
Remerciements. Les auteurs remercient V. Amoros pour
son aide secrétariale.
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