tation modérée de l’utilisation des réserves énergétiques
grâce aux réactions faisant intervenir l’adénylate kinase et
la CK-BB, qui sont en équilibre avec les réactions
cataboliques.
Les astrocytes sont considérés comme des cellules à fort
potentiel glycolytique et donc énergétique. En effet, il a
été observé que l’inhibition de la respiration mitochon-
driale stimule fortement la glycolyse dans les astrocytes,
mais pas dans les neurones. Ces derniers sont considérés
comme des cellules qui basent leur production d’énergie
essentiellement sur la phosphorylation oxydative [21].
Environ un tiers de l’ATP astrocytaire serait d’origine gly-
colytique. Les astrocytes seraient responsables d’au moins
15 % du métabolisme oxydatif du cerveau, soit 50 % de
celui des neurones [14].
Les tumeurs gliales
Les gliomes sont des tumeurs issues des différentes
lignées cellulaires de la névroglie épithéliale, de la macro-
glie et de l’oligodendroglie ou leurs précurseurs. Une
composante microgliale est souvent présente au sein des
gliomes, réalisant un infiltrat inflammatoire de la tumeur.
Les caractéristiques métaboliques des cellules tumorales
des gliomes dépendent entre autre de la structure cellulaire
et anatomique ainsi que du rôle des différentes cellules
gliales en physiologie.
Les tumeurs cérébrales représentent 5 % des cancers
humains [22] et constituent une source importante de mor-
bidité et de mortalité liée aux cancers. Le diagnostic de
tumeur cérébrale primaire est posé chez 11 à
12 pour 100 000 personnes par an, et on considère que
dans la population générale 1 enfant sur 1 300 dévelop-
pera une tumeur cérébrale primaire avant l’âge de 20 ans.
Les gliomes représentent 49 % des tumeurs primaires
cérébrales dont 15 % chez l’adulte et 25 % chez l’enfant
sont des gliomes de bas grade [23]. Les gliomes sont des
cancers différents des autres néoplasmes sous de nom-
breux aspects. La classification de l’OMS distingue quatre
grades de gliomes basés sur l’aspect histologique du tissu.
Les grades I et II correspondent au bas grade, les grades
III et IV correspondent aux gliomes de haut grade (glio-
mes malins). Le degré de malignité des gliomes est varia-
ble. Cependant, même les gliomes de bas grade restent
redoutables en raison de leur tendance fréquente à la trans-
formation maligne au cours du temps et de leur haut
potentiel d’infiltration. La moitié des gliomes de bas grade
subit une transformation maligne dans les 5 ans.
Données actuelles sur le métabolisme des gliomes
Comme dans les autres cancers, de profondes modifica-
tions du métabolisme énergétique ont été décrites dans les
gliomes [18]. La majorité des études actuellement
publiées concernent l’exploration in vivo, grâce aux diffé-
rentes méthodes d’imagerie médicale. Les travaux effec-
tués sur des cultures de différentes lignées de cellules de
gliomes, sur des xénogreffes de tumeurs ou des gliomes
induits chez l’animal ont permis de préciser certains
aspects spécifiques de la physiopathologie biochimique et
moléculaire de ces tumeurs. Ces travaux ont ouvert la
recherche sur de nouvelles cibles thérapeutiques avec le
souci de mieux prendre en charge les patients atteints de
cette pathologie tumorale complexe. Des mutations ont été
observées dans certains gliomes, en particulier la perte du
bras long du chromosome 10 [24], qui porte les loci de
certains gènes suppresseurs de tumeur, comme celui qui
code pour la protéine PTEN (phosphatase and tensin
homolog), une phosphatase, qui déphosphoryle le phos-
phatidylinositol 3,4,5-phosphate. La perte de fonction ou
l’absence de la protéine PTEN ainsi que cette activation
des récepteurs à activité tyrosine kinase (RTK) observées
dans un grand nombre de gliomes, induit une augmenta-
tion de l’activité de la phosphatidylinositol 3-kinase
(PI3K, EC 2.7.1.137) qui est responsable de l’activation
de Akt, qui joue un rôle important dans le développement
et la progression des gliomes, et du HIF-1 (hypoxia
inducible factor 1) [25-27]. La mutation de PTEN provo-
que également la perte de son contrôle inhibiteur sur
l’activité transcriptionnelle régulée par HIF-1 [25]. Par
ailleurs, la perte ou l’inactivation de la protéine p53, qui
est un événement précoce dans la genèse des gliomes [28],
stabilise la sous-unité HIF-1a[25]. Or, on sait aujourd’hui
que HIF-1 est responsable de l’augmentation de l’expres-
sion des gènes codant pour certaines enzymes de la glyco-
lyse comme la PFK, la phosphoglycérate kinase, l’aldo-
lase, l’énolase, l’isoenzyme PK-M, la LDH5, ainsi que
ceux codant pour les transporteurs du glucose GLUT1 et
GLUT3 [29-31]. La glycolyse ainsi stimulée permet de
maintenir des concentrations élevées en ATP et de résister
à l’hypoxie. Des anomalies de l’expression des transpor-
teurs membranaires du glucose ont également été rappor-
tées. Les gliomes humains expriment les ARNm de
GLUT1, mais sans expression de la protéine correspon-
dante. La présence de ces ARNm serait inversement corré-
lée à l’agressivité de ces tumeurs [32]. Bien que certains
auteurs aient décrit une augmentation de l’expression des
transporteurs GLUT1 dans les cellules bordant les régions
nécrotiques de gliomes de rats xénogreffés à partir de cellu-
les C6, ce serait l’hypoxie, par l’intermédiaire de HIF-1,
ainsi que l’acidose au niveau de ces régions, qui induit
l’augmentation du nombre de ces transporteurs [29]
.
Il a été rapporté que l’abondance des ARNm de GLUT3
était corrélée au grade de la tumeur. La glycoprotéine
GLUT3 a été mise en évidence dans les gliomes les plus
agressifs, les glioblastomes (GBM), mais pas dans les
Métabolisme énergétique du tissu cérébral
Ann Biol Clin, vol. 66, n° 2, mars-avril 2008 135
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