■Le management d’aujourd’hui
de l’écoute, mais bien une attention à l’activité, au travail et les moyens
pour eux et pour leur équipe de bien faire ce travail. Il faut retrouver du
temps de délibération, de la confrontation sur le travail suivant le niveau
de chacun. Il est important de redonner une dimension collaborative sur
les conditions d’exercice de la responsabilité. C’est une responsabilité
RH, mais aussi une responsabilité du syndicaliste.
Face aux défis posés par les nouvelles organisations du travail,
comment la formation des managers doit-elle évoluer?
M.Y. Les formations ressources humaines des grandes écoles et des uni-
versités ont bien évolué. Le manager, au sens classique du terme, a pour
fonction d’organiser le management. Aujourd’hui les managers doivent être,
selon moi, des «RH partners». Les personnes qui ne sont pas nécessaire-
ment dans le domaine des ressources humaines opérationnelles, comme les
directeurs d’usine, les directeurs financiers ou marketing doivent avoir un
bagage. Les formations supérieures d’ingénieur système sont bonnes mais
ne forment pas au management d’équipe, aux relations avec les syndi-
cats. L’apprentissage du management devrait devenir partie intégrante
de toute formation supérieure.
Dans les programmes scolaires, quand prononce-t-on le
mot « entreprise» ou « syndicat» ? Le système élitiste français
privilégie les filières mathématiques comme Maths Sup,
Maths Spé et les écoles d’ingénieurs. Il ne permet pas d’ou-
verture sur l’entreprise et le management, sur la vie sociale.
La compréhension des ressorts managériaux ne se sous-traite
pas. L’ANDRH a fait tout un travail pour discuter de la pluri-
disciplinarité nécessaire des enseignants. Nous avons regroupé
des sociologues, des psychologues, des syndicalistes, des DRH,
des historiens, des spécialistes des systèmes d’information qui
viennent parler de sujets concrets comme le recrutement des salariés
handicapés, l’égalité professionnelle, le dialogue social. Il s’agit de décloi-
sonner pour une fertilisation croisée.
J.-P.B. La formation des décideurs, managers, ingénieurs, laisse encore
peu de place à la partie RH, aux relations sociales, à la gestion des conflits.
Certes, la formation initiale ne peut pas tout en direction de publics man-
quant parfois cruellement de points de repères de situations profession-
nelles, mais elle doit mieux faire. Comment par exemple ignorer la prise en
compte des défis sociétaux d’un développement plus durable?
La formation continue est tout aussi interpellée sur ces questions. Les
évangélistes des modèles de management ne laissent guère plus de place à ces
questions fondamentales pour notre avenir et donc pour les décideurs de
demain. Le futur est à la co-construction des compromis durables. Le chan-
tier est colossal et le syndicalisme doit pouvoir y apporter sa contribution.
Propos recueillis par Fabienne Doutaut et Henri Forest.
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La Revue
de la CFDT
N°103
La formation des
décideurs, managers,
ingénieurs, laisse encore
peu de place à la partie
RH, aux relations sociales,
à la gestion des conflits.
Le futur est à
la co-construction
des compromis durables.
Le syndicalisme doit
pouvoir y apporter
sa contribution.