uc esnces l f n I en Influin flue nces Culture(s) et toxicomanies : l’apport de l’anthropologie Anthropological data about drug addictions Robert Berthelier* Sachant qu'il n'y pas de culture sans drogue(s), les anthropologues se sont de longue date intéressés à la consommation de substances psychoactives dans les différents types de sociétés, traditionnelles comme industrielles. Ils estiment, à tort ou à raison, que les problématiques qui les sous-tendent pourraient aider à comprendre l'essor des toxicomanies dans notre culture. Éclairage… A short review of some anthropological data about drug addictions shows that cultural or social factors implicated in these behaviours can give informations for preventive policies but not for individual therapies. However, they give prominence to importance of cultural changes and of lacerations of social fabric. UNE MACHINE À ORDONNER LA JOUISSANCE H. B.M. Murphy avait, en 1987, posé le cadre général de la question : "Bien qu’il soit généralement acquis que la toxicomanie résulte de la rencontre entre la possibilité de se procurer de la drogue et une attirance personnelle – ce qui rejoint l’aphorisme fameux de Claude Olivenstein, pour qui elle naît de la rencontre entre un produit, un sujet et un moment socio-culturel –, il existe de nombreuses sociétés dans lesquelles les drogues sont disponibles et dont les membres sont ni plus ni moins équilibrés qu’ailleurs, mais dans lesquelles l’abus des drogues présentes sur le marché est rare…. Les facteurs socio-culturels doivent donc être considérés comme jouant un rôle important dans la répartition mondiale de l’usage et de l’abus des drogues et, parmi les variables repérables, celles d’essence culturelle sont plus importantes que celles purement sociales". Un certain nombre de données semblent pouvoir être considérées comme acquises. Elles concernent essentiellement le but recherché à travers la consommation du produit et le choix de celui-ci. La plupart des toxicomanies actuelles ont une origine ancienne et ont été d’abord des moyens utilisés pour obtenir soit une "intoxication religieuse" dans les sociétés naguère qualifiées de primitives (kawa, haschich, peyotl, boissons fermentées et même le tabac dans une secte brésilienne et certaines tribus indiennes d’Amérique du Nord), soit des "ivresses divines" chez * Psychiatre, 5, allée des Cailles, 91210 Draveil. les peuples indo-européens (soma des Hindous, ivresse dionysiaque). Il en va ainsi du peyotl, utilisé au Mexique depuis des temps immémoriaux et, aujourd’hui encore, dans la religion qui porte son nom, chez certaines tribus amérindiennes. L’ethnologue Mario Benzi (1) l’a étudiée chez les Huichols en Amérique du Nord. Le peyotl est utilisé comme produit sacré et son principe actif, la mescaline, drogue hallucinogène, est censée procurer une expérience communautaire et religieuse d’où l’on sort spirituellement édifié. L’important est que la drogue n’est pas consommée de façon habituelle en dehors des cérémonies rituelles et que son utilisation est étroitement contrôlée par les chamans de la tribu. C’est une des raisons qui a permis à la législation américaine, en 1964, de considérer le culte du peyotl comme une religion et non comme une toxicomanie. C’est aussi classiquement le cas, au Proche-Orient, du cannabis chez les "haschischins", adeptes nizârites de la secte des Ismaéliens, en Syrie. L’histoire plus ou moins légendaire du "Vieux de la montagne", a permis à l’orientaliste Sylvestre de Sacy, au XIXe siècle, d’en faire l’étymologie du mot "Assassin" et de le transformer en herbe du crime, alors que son usage initial était bien de l’ordre du sacré. Au XVe siècle, le cheikh soufi Haider en fera une drogue réservée aux fakirs, considérée comme une faveur divine : "Les vertus de cette plante dissiperont les soucis qui obscurcissent vos âmes et dégageront vos esprits de tout ce qui peut en ternir l’éclat" (2). Le cannabis sera répandu dans le monde musulman au niveau des confréries qui en feront usage dans un but Le Courrier des addictions (11) ­– n ° 4 – octobre-novembre-décembre 2009 28 religieux ou thérapeutique pour accélérer les états extatiques et produire la transe : c’est ainsi qu’en Turquie, les derviches tourneurs absorbent, avant les répétitions des noms divins, un mélange de haschich et de yaourt. Ce qui apparaît ici, au premier chef, est l’usage religieux et limité initial de bon nombre de drogues, renvoyant au fait que la religion possède de fonction régulatrice, apparaissant, selon une expression utilisée par Gérard Pommier, comme "une machine à ordonner la jouissance". LA LAÏCISATION DES DROGUES Toutefois, la majorité des produits ont été désacralisés. Ils se sont, en quelque sorte, laïcisés, passant dans le domaine des habitudes sociales, souvent utilisés pour "soulager la misère et la faim, et rendre la vie un peu moins intolérable" (3). C’est le cas par exemple de la mastication de la feuille de coca au Pérou et en Bolivie. Par ailleurs, les facteurs culturels se rapportant aux croyances et aux rites associés à la consommation de ces produits renvoient aux mythes de la culture d’appartenance. L’action du toxique semble dépendre alors de facteurs aussi divers que le style de consommation ou même, dans certains cas, d’un effet placebo qui rend souvent difficile de distinguer, dans son activité, ce qui revient à la psychopharmacologie et ce qui procède d’une autosuggestion collective dictée par les croyances : ce pourrait être le cas, par exemple, du produit de la secte du tabac (Brésil, etc.). L’alcool, pour sa part, pose un problème un peu particulier dans la mesure où, chez nombre de peuples, son usage est resté ignoré jusqu’à une date relativement récente. Sa consommation est toutefois attestée depuis la plus Haute Antiquité. Dans les sociétés qui l’utilisent, l’alcoolisme a connu des phases successives de progression et de régression renvoyant à des facteurs socio-économiques et culturels : la principale fonction de l’alcool dans les cultures traditionnelles serait de soulager les tensions anxieuses, renforcer les liens sociaux, parfois permettre l’expression d’une agressivité habituellement réprimée (4). Les manifestations provoquées par la surconsommation varient d’une population à l’autre et suggèrent que le comportement de l’homme ivre est appris, déterminé par la société d’appartenance qui définit également les limites imposées aux conduites déviantes (5). Ainsi, dans l’Himalaya, chez les Lepchas, l’ivresse détermine une suspension temporaire de tous les tabous sexuels, à l’exception de l’inceste. Dans de nombreuses sociétés, des périodes d’exception – comme le carnaval dans notre culture – autorisent temporairement des conduites normalement interdites. ucesnces Infeln Influ influe nces Cela étant, on ne peut réduire la problématique de l’alcoolisme aux seules données ethnologiques, car nombre d’autres variables opérantes, individuelles ou collectives, interviennent et doivent être prises en compte. QUEL(S) TOXIQUE(S) ? En règle générale, le choix du toxique se porte sur la drogue la plus facile à se procurer, celle qui est présente sur le marché, même si certains groupes ethniques et/ou culturels imposent des discriminations entre produits. G.M. Carstairs (6) cite ainsi l’exemple de deux castes coexistant dans un village du nord de l’Inde : les Brahmanes, en tête de la hiérarchie spirituelle, se voient interdire l’usage de l’alcool mais s’enivrent souvent avec le bhang, infusion de chanvre procurant une ivresse considérée comme une aide à la méditation solitaire prescrite par la religion. Les Rajputs, guerriers et propriétaires fonciers, consomment le daru, liqueur fortement alcoolisée, ab-réactif bienvenu dans une existence caractérisée par des fortes tensions et des conflits, qui soulage leur anxiété. Dans l’ensemble, cependant, chaque population utilise simplement la drogue qui lui est la plus familière : ce fut l’opium en Chine – largement répandu par l’Inde, pays producteur et exportateur, alors sous domination britannique – ou dans l’ex-Indochine française, où les autorités coloniales contribuèrent largement au progrès de sa consommation. C’est le khat au Yémen, le kif au Maroc, l’alcool, auquel on pourrait sans doute ajouter aujourd’hui le cannabis en France... Toutefois, ces types de consommation ritualisés et strictement codifiés de substances psychoactives dans les sociétés traditionnelles ne sont pas des toxicomanies : on sait par exemple que seule une très faible proportion des utilisateurs indiens de la feuille de coca en Amérique du Sud deviennent des "coqueros" et développent une authentique dépendance au toxique. On pourrait ajouter que, chez nous, les cancéreux porteurs d’une pompe à morphine dans un but antalgique n’évoluent qu’exceptionnellement vers une addiction aux opiacés. On est ici, de toute évidence, dans le registre de l’usage simple (rechercher un soulagement et non la "défonce"), non dans celui du nocif ou de l’abusif. DE L’USAGE À L’ABUS C’est donc hors de ces processus de consommation limités et ritualisés des sociétés – traditionnelles ou non – qu’il faut rechercher les facteurs des toxicomanies d’aujourd’hui, avec leur caractère massif et planétaire. H.B.M Murphy (7) en cite quelques-unes : globale- ment, la consommation de drogues est plus fréquente dans les sociétés ou cultures valorisant l’individu aux dépens des valeurs groupales, où tout facteur réduisant la cohésion sociale favorise l’émergence des conduites addictives. Il me semble que c’est ce que vivent aujourd’hui les sociétés industrielles ou en voie d’industrialisation dans le contexte politico-socio-économique actuel. Christian Bachmann et Anne Coppel (8) notent ainsi qu’une authentique religion révolutionnaire s’est un temps édifiée autour du cannabis, mais que "le culte est mort et l’emploi, désormais laïque, est conforme à une société où prévalent le pragmatisme, l’individualisme et l’esprit d’entreprise". Les situations de dominance inter-ethniques ou internationales font augmenter de façon spectaculaire, dans la société dominée, la consommation de drogues, et en particulier d’alcool. Cela perdure jusqu’à ce que le groupe ait pu s’adapter – au moins relativement – à la nouvelle situation, soit en intégrant certaines caractéristiques de la nation dominante, soit en modifiant son système de valeurs : entretemps, les membres de la culture dominée ont recours à une échappatoire leur permettant de ne pas se rendre à une évidence pénible. Cependant, "ce seront les caractéristiques de la situation culturelle locale qui pourront déterminer s’il y aura ou non un recours à la drogue, même s’il existe un problème général de déstabilisation ou une confrontation avec une puissance dominante" (2). C’est ainsi que, lorsque la Chine conquit Taiwan, les tribus aborigènes des montagnes, confrontées à la culture de la nation dominante, ont traversé une période d’alcoolisme massif, et ce jusqu’à leur intégration dans la nouvelle société. En revanche, en Indonésie, dans une situation similaire, il n’y a pas eu de recours à la drogue chez les bouddhistes de Ceylan, dont les valeurs principales étaient avant tout spirituelles. Exemple très actuel et presque caricatural : la flambée des toxicomanies à l’héroïne en Palestine, supplantant la consommation traditionnelle de cannabis. Les individus et les familles s’y trouvent confrontés à la fois à un affrontement avec Israël, nation technologiquement, économiquement et politiquement dominante, et à la situation socio-économique catastrophique qui en découle. Les deux facteurs se conjuguent pour faire le lit de la toxicomanie, via la déculturation et la marginalisation croissantes sans cesse plus importantes de la population. Parallèlement, Israël, nation aussi en situation d’insécurité permanente, connaît le même phénomène : il semble bien qu’il soit alors la résultante des tensions internes au sein d’une société israélienne très loin d’être homogène (9). L’évolution technologique et son retentissement croissant sur l’emploi sont un exemple 29 de la relation entre usage de drogues et changement culturel. À partir du moment où l’absence de travail, la précarité de l’emploi et la paupérisation entraînent la perte des satisfactions que la culture nous a appris à rechercher, le risque est patent que les couches les plus éprouvées de la société se tournent vers les drogues qui peuvent offrir une compensation illusoire. Il est assez facile de trouver des exemples illustrant ces diverses données : Christian Bachmann et Anne Coppel (8) ont largement évoqué la véritable épidémie de toxicomanies au laudanum survenue au XIXe siècle dans une Grande-Bretagne en cours d’industrialisation et de prolétarisation. Au Canada, on a vu flamber l’alcoolisme dans les localités dont l’économie reposait sur une industrie unique lorsque celle-ci venait à disparaître. D’une manière générale, la montée des addictions, aux produits licites aussi bien qu’illicites, avec celles du chômage, de la précarité et des incertitudes sur l’avenir illustre bien, en Europe occidentale et orientale, l’impact des bouleversements sociaux sur les comportements. Il est à signaler que même des changements pouvant a priori être tenus pour bénéfiques sont susceptibles d’avoir le même effet. C’est ainsi qu’en Jamaïque, la poussée encore récente des addictions à la cocaïne, paraît être au moins en partie liée au succès de la musique reggae. Il a offert à toute une partie de la population une chance de renommée et de carrière internationale, suscitant une floraison de groupes musicaux. Leur prolifération, la compétition entre eux pour l’obtention de contrats, la dépense psychologique et physique des répétitions et des représentations ont conduit à l’utilisation de cette drogue psychoactive stimulante (2). En première ligne, la souffrance Au total, les données apportées par l’anthropologie peuvent se résumer ainsi : dans les cultures traditionnelles, la consommation des drogues est limitée et ritualisée, intégrée à un système de valeurs – morales, religieuses, sociales, etc. –, et très souvent considérée comme facilitant la sociabilité. Mais il s’agit d’usage de drogues, pas de toxicomanies. Cependant, l’évolution technologique, l’existence de situations de dominance politique et/ou socio-économique, la prolétarisation, le chômage et, plus globalement, tout ce qui contribue à fragiliser ou déchirer le tissu social, précarisant ou déniant les normes et valeurs traditionnelles, favorisent l’apparition des conduites d’addiction. Cet apport de l’anthropologie, toutefois, se décline avant tout à l’échelon collectif, groupal. Il décrit des facteurs de risque globaux Le Courrier des addictions (11) ­– n ° 4 – octobre-novembre-décembre 2009 uc esnces l f n I en Influin flue nces et ignore – car ce n’est pas de son domaine – bon nombre de variables opérantes au niveau individuel, c’est-à-dire ce sur quoi nous sommes, en tant que soignants, amenés à intervenir. En cela, il ouvre probablement des pistes, voire fournit même quelques clefs, en vue de la mise en œuvre de politiques de prévention. Toutefois, il ne semble pas offrir de données réellement efficaces pour la prise en charge individuelle/individualisée des toxicomanes, sinon, peut-être, dans une perspective purement comportementaliste. C’est cela, qui définit sa contribution en termes de compréhension globale du phénomène et, dans le même temps, marque ses limites. On ne saurait évidemment ignorer qu’outre les déchirures du tissu social, les formidables flux financiers mobilisés par le trafic de drogues (estimés en 2007 à 243 milliards d’euros annuels, soit à peu près le PIB de la Suède), ce facteur très objectif qu’est la faim dans le monde, les déplacements massifs de population auxquels nous assistons, s’ajoutant à tout ce qui, au niveau personnel, induit une incertitude identitaire, favorisent chez le sujet l’émergence de pulsions orales dont témoignent les conduites addictives. Mais cela me paraît aussi un peu contradictoire avec l’idée d’une étiologie purement culturelle de l’abus des drogues et amène à penser qu’il est sans doute préférable de prendre en compte une autre dimension, individuelle ou collective, qui est celle de la souffrance toujours présente, la toxicomanie apparaissant alors, selon l’expression de Jean-Pierre Jacques, moins comme une recherche de plaisir que comme celle d’un moindre déplaisir (10). Ce qui est d’abord en jeu, nous le savons bien, est une trajectoire/histoire/biographie personnelle singulière qui, au gré de ses aléas, vient en permanence modifier, remodeler, les stéréotypes culturels. Et c’est peut-être ici qu’il est bon de se remémorer que, si Jacques Lacan (11) a énoncé que "l’on ne saurait méconnaître les appartenances symboliques d’un sujet", Albert Tatossian a prolongé cet aphorisme par : "Les faits psychopathologiques sont hors culture car ils sont porteurs d’une signification individuelle" (12). v Références bibliographiques 1. Benzi M. Les derniers adorateurs du peyotl. Paris : Gallimard, 1972. 2. Hamza M. Existe-t-il une spécificité de la toxicomanie des Maghrébins de la deuxième génération ? Reims : Thèse de doctorat en médecine, 1995. 3. Ellenberger HF. Les toxicomanies. Encyclopédie Médico-Chirurgicale –Psychiatrie – 1978;37725:C¹º 4. 4. Horton D. The function of alcohol in primitive sociéties. Quart J Stud Alcohol 1943;4. 5. Mac Andrew C, Edgerton RB. Drunken comportment: a social explanation. Chicago : Aldine, 1964. 6. Carstairs GM. Daru and bhang – Cultural fectors in the choice of intoxicants. Quarter J. Stud Alcohol 1954;15:220-37. 7. Murphy HBM. Cultures et toxicomanies. Confrontations Psychiatriques 1987;28:123-40. 8. Bachmann C, CoppeL A. La drogue dans le monde. Paris : Seuil, coll. Point Actuel, 1991. 9. Berthelier R. Toxicomanie en Palestine. Le Courrier des Addictions 2001 ; 3, 2 : 85-7. 10. Jacques JP. Pour en finir avec les toxicomanies. Bruxelles : De Boeck, 1999. 11. Lacan J. Les écrits techniques de Freud, livre 1. Paris : Seuil. 12. Tatossian A. Culture et psychiatrie. In Psychiatrie phénoménologique. Paris : Alcan, 1997. vvvvvvvvvvvvvvvvvvvvvvvvvvvvvvv États-unIS, la guerre au tabac marque le pas Nouvelles conduites addictives chez les jeunes v L’équipe du service de psychiatrie de l’hôpital Saint-Antoine à Paris (C. Debacq, C. Agbokou, P. Nuss) a choisi ce thème de communication lors des derniers Entretiens de Bichat. Bilan : depuis 2006, le cannabis est le produit le plus consommé en France, particulièrement chez les jeunes, "malgré une baisse des niveaux d’usage depuis 2002, après dix ans de hausse continue. En 2007, 5 % des garçons et 2 % des filles en déclarent à 16 ans un usage régulier. Par ailleurs, le retour de l’héroïne se confirme et la cocaïne est plus disponible". À 17 ans, c’est respectivement 15 % et 6,3 %. Reste que les jeunes consomment toujours beaucoup d’alcool et de tabac : 12 % des jeunes de 17 ans déclarent en boire (17,7 % des garçons et 6,1% des filles), 33 % en fument dont 33,6 % des garçons et 32,3 % des filles de cette classe d’âge. Bien sûr, leur consommation de tabac a tout de même également baissé, comme celle de cannabis. En revanche, celle d’alcool a augmenté entre 2003 et 2007, mais est restée globalement stable si l’on remonte à 1999. Dans ce contexte, les filles sont de plus en plus représentées parmi les consommateurs de moins de 20 ans de boissons alcoolisées. Et, comme de nombreux observateurs l’ont remarqué, "la pratique du binge drinking chez les jeunes adolescents est devenue préoccupante, quoique assez rare". Enfin, à 16 ans, la polyconsommation régulière, "pharmacodépendance simultanée à de nombreuses sortes de produits, apparaît nettement plus répandue que la poly-expérimentation. En 2007, 1 adolescent âgé de 16 ans sur 9 reconnaissait n’avoir jamais consommé ni alcool, ni tabac, ni cannabis au cours de sa vie". C. Debacq en appelait, en conclusion, au renforcement des actions de prévention en addictologie chez les jeunes et des efforts de recherche fondamentale et clinique dans le domaine de l’ensemble des troubles addictifs. Le Courrier des addictions (11) ­– n ° 4 – octobre-novembre-décembre 2009 v La prévalence du tabagisme aux États-Unis n’a pas changé ou presque, depuis 2004 et encore moins entre 2007 et 2008, en dépit des intenses campagnes menées dans ce pays. L’an passé, 46 millions d’adultes américains (20,6 %) fumaient contre 20,9 % quatre ans plus tôt. Parmi ceux-ci, près de 80 % fumaient tous les jours (36,7 millions), et les autres (9,3 millions), seulement certains jours de la semaine. Tabac + alcool = cancer aéro-digestif v Les cancers aéro-digestifs, bien connus des spécialistes, le sont beaucoup moins du grand public, alors qu’ils représentent le cinquième cancer le plus important en nombre après celui du sein, du poumon, de la prostate et du côlon. En effet, l’alcool et le tabac sont les principaux facteurs de risque de développement d’une tumeur maligne dans la cavité buccale. D’où la communication faite sur ce thème à Paris lors des 35es Entretiens dentaires de Garancière. Le dentiste est souvent le premier à diagnostiquer cette pathologie, car il est l’un des seuls praticiens à regarder dans la bouche. Son rôle est donc essentiel dans le dépistage mais aussi dans la prévention et l’orientation du patient vers des praticiens compétents pour mettre en route rapidement les traitements. P. de Postis 30