- JC Lemahieu et A. Decoster, ATNC, FLM, p. 4 -
3°- Le kuru - 1957
Un médecin australien de la Santé publique, nommé en Nouvelle-Guinée, Vincent Zigas, chargé de la santé des tribus du
nord-est de l'île (qui vivent encore à l'âge de pierre), constate une maladie curieuse : elle atteint spécifiquement une tribu,
les Fores, qui compte environ 15 000 membres, et qui appelle cette maladie le « kuru », ce qui signifie « trembler de
peur ».
La maladie atteint surtout les femmes et les enfants et se manifeste par des tremblements de la tête, du
tronc et des membres, des signes d’ataxie cérébelleuse (trouble de la coordination du mouvement volontaire),
d’où une démarche chancelante. Les symptômes s’amplifient progressivement. Des signes de démence
apparaissent. Le malade devient incapable de se mouvoir. En 3 à 6 mois, la mort est constante, liée aux
complications infectieuses du décubitus (le sujet devenant grabataire et incontinent).
L'analyse de cerveaux révèle une spongiose constituée de multiples vacuoles et une déperdition neuronale importante.
Pour l'anatomopathologiste, la seule autre maladie conduisant à des anomalies de ce type lui paraît être la maladie de
Creutzfeldt-Jakob. Il note la présence fréquente de plaques amyloïdes dans le cortex.
4°- Le kuru et la tremblante du mouton - 1959
À la fin de l'année 1957, Zigas et Gajdusek publient un article résumant ce qu'ils ont appris de cette maladie
obscure...
L'origine du kuru : (selon Gajdusek)
cette maladie étant inconnue avant 1930, un cas de MCJ sporadique est apparu dans la tribu
des Fore. La pratique du cannibalisme rituel des morts en a favorisé la dissémination de
famille en famille, créant ainsi une nouvelle maladie.
En 1959, un vétérinaire américain, William Hadlow, lit cet article et écrit au Lancet, pour attirer l’attention sur la
parenté clinique et neuropathologique entre le kuru et la tremblante du mouton.
Hadlow termine sa lettre en suggérant d’inoculer du cerveau de sujets décédés du kuru à des singes et d’attendre
longtemps pour voir si cette maladie est transmissible comme la tremblante.
Ce qu'entreprend Gajdusek en 1963. Il démontre que le kuru est transmissible au chimpanzé : on retrouve
chez l'animal les lésions du kuru 20 mois après l’inoculation intracérébrale.
Le kuru est donc une maladie infectieuse, liée au cannibalisme familial pratiqué par les Fore : le corps du défunt sert de
nourriture rituelle aux membres de la famille qui recueillent ainsi les vertus de leur parent.
Pour préparer le repas, les femmes doivent dépecer le défunt. Tandis que les hommes et les adolescents mangent les
muscles, symbole de force, les femmes et les enfants mangent les « abats » dont le cerveau, cuit à la vapeur...
Les femmes et les enfants se contaminent surtout par la voie cutanéo-muqueuse lors du dépeçage du défunt : muqueuses
nasales et oculaires ou via les abrasions de la peau et aussi, peut-être, par la voie orale.
Depuis l'interdiction du cannibalisme en 1957, la maladie a presque disparu.
Les très rares cas actuels font suite à des contaminations survenues il y a plus de 40 ans.
Gajdusek a obtenu le Prix Nobel de Médecine en 1976.
L'incubation de la maladie est variable : de 4 à 40 ans.
L’agent infectieux ne peut être isolé...
5°- La maladie de Creutzfeldt-Jakob (MCJ)
La maladie porte le nom des deux neurologues allemands qui l'on décrite en 1920.
La maladie de Creutzfeldt-Jakob est la plus fréquente des encéphalopathies spongiformes transmissibles
humaines.
En 1968, Gajdusek réussit la transmission de la MCJ au chimpanzé : un an après l’inoculation intracérébrale,
on retrouve chez l'animal les lésions caractéristiques.
L’agent infectieux ne peut être isolé...