faveur de la faible transmissibilité du virus. Comparé aux
virus grippaux qui sont capables d’infecter rapidement des
millions de personnes dans le monde entier, le virus du
Sras ne semble pas se propager rapidement. À ce jour, une
seule épidémie de Sras a eu lieu, en 2003. Elle avait tou-
ché au moins 8 000 personnes, un certain nombre de cas
secondaires n’ayant probablement pas été identifiés.
L’année suivante, en 2004, 9 cas ont été signalés, unique-
ment en Chine. Cette année-là, les cas index étaient systé-
matiquement décrits chez des personnes travaillant dans
des laboratoires étudiant le virus responsable du Sras (étu-
diante en virologie, étudiant en stage post-doctoral). Ces
cas index étaient à l’origine de la contamination des autres
personnes touchées (parents, infirmière, etc.).
Le virus du Sras se propage essentiellement par contact
direct avec des gouttelettes de sécrétions respiratoires pro-
venant d’une personne infectée. La notion de « super-
contaminateur » a été définie pour des patients capables
d’infecter individuellement un nombre important d’autres
personnes. Cette notion est probablement liée aux quanti-
tés importantes de virus excrétées par ces patients. Des
données complémentaires sont nécessaires pour mieux
connaître les modes de transmission du virus du Sras. Une
transmission par voie environnementale semble possible
mais moins fréquente. En effet, en 2003, un des foyers
d’infection survenu dans un quartier de Hong-Kong sem-
ble s’être développé à partir d’eaux d’égouts contaminées.
Enfin, le virus du Sras peut contaminer le personnel soi-
gnant au cours d’une hospitalisation. Cette contamination
a lieu soit au cours d’actes médicaux créant des aérosols
infectés (bronchoscopie, intubation endotrachéale...) soit
au cours des soins quotidiens apportés aux patients. Au
cours de l’épidémie qui s’est développée en 2003, le per-
sonnel de santé a été fréquemment infecté par le virus du
Sras. À Hanoï, où l’épidémie a commencé, 63 % des per-
sonnes infectées faisaient partie du personnel de santé, à
Hong-Kong, c’était 46 % des cas qui appartenaient à ce
corps professionnel [5]. Par ailleurs, à Taïwan, un pour-
centage non négligeable (11,5 %) du personnel soignant a
été colonisé par le virus du Sras sans développer de signe
d’infection respiratoire [6]. L’absence de signes d’infec-
tion respiratoire chez ces personnes suggère qu’il pourrait
exister des porteurs sains du virus, mais cette notion n’a
pas été confirmée pour le moment.
Des travaux sont en cours pour évaluer la résistance du
virus du Sras dans l’environnement. Les données actuelles
montrent que le virus est stable dans les urines ou les
selles pendant 24 à 48 heures à température ambiante. Sa
stabilité est plus grande en cas de selles diarrhéiques. La
stabilité du virus dans les surnageants de culture est
remarquable : la diminution de la concentration virale est
très faible après 21 joursà4°Couà–80°C.Après
48 heures à température ambiante, la quantité de virus a
diminué d’un log. Toutes ces données prouvent que le
SARS-CoV est plus stable dans ces conditions que les
autres coronavirus. L’exposition à la chaleur (56 °C) inac-
tive rapidement le virus. L’effet neutralisant des déter-
gents et fixateurs utilisés couramment en laboratoire n’est
pas encore confirmé. Afin d’étayer l’hypothèse du fran-
chissement de la barrière d’espèce, les spécialistes sont à
la recherche de l’hôte animal du SARS-CoV. Le virus du
Sras a été isolé chez la civette palmiste à masque, un
animal dont la viande est consommée en Chine [7]. Les
séquences des virus isolés chez les civettes étaient très
proches de celle du Sras responsable de l’épidémie
humaine. Cependant, on ne sait pas pour le moment quel
rôle joue la civette dans l’épidémiologie du virus. En effet,
les civettes infectées étaient des animaux sauvages captu-
rés puis élevés dans des fermes avant l’abattage. Elles ont
donc pu être contaminées par d’autres animaux sauvages,
domestiques voire même par des humains au cours de leur
captivité. L’origine animale du SARS-CoV reste donc à
démontrer. À l’heure actuelle, la contamination humaine à
partir de marchandises animales ou d’animaux sauvages
ou domestiques n’a jamais été démontrée.
Symptomatologie d’une infection par le SARS-CoV
Le diagnostic d’une infection par le SARS-CoV repose
sur l’examen clinique, les signes radiologiques et la notion
de voyage dans un pays où le virus a été détecté [8]. Les
signes initiaux de l’infection ne sont pas spécifiques et ce
diagnostic reste un diagnostic d’exclusion. Le symptôme
le plus habituel du Sras est une fièvre supérieure à 38 °C
apparaissant assez brutalement après une période d’incu-
bation de2à10jours. Cependant, cette fièvre peut être
absente au début de la maladie ou chez des patients por-
teurs d’une autre pathologie altérant les réactions fébriles.
La fièvre peut être associée à un malaise général, à des
frissons, des myalgies, des céphalées... La symptomatolo-
gie initiale ressemble surtout à un tableau de pneumopa-
thie atypique. Une toux productive, une dysphagie dou-
loureuse, des nausées et vomissements sont plus rares. La
diarrhée a été un symptôme fréquent dans un foyer épidé-
mique rapporté à Hong-Kong, mais semble rare dans les
autres groupes qui ont été décrits. L’auscultation pulmo-
naire peut trouver des râles inspiratoires au niveau des
bases mais il n’existe habituellement pas de sibilance. Sur
le plan biologique, de nombreuses anomalies hématologi-
ques ont été rapportées au cours de l’évolution de la mala-
die [9]. Une lymphopénie est présente chez 98 % des
patients avec les taux les plus bas observés au cours de la
deuxième semaine d’évolution et une normalisation au
cours de la troisième semaine. Cependant, dans 30 % des
cas, la lymphopénie persistait à la cinquième semaine
d’évolution. À la phase initiale de la maladie, les taux de
CD4 et CD8 pouvaient être abaissés. Selon certaines étu-
revue générale
Ann Biol Clin, vol. 64, n° 3, mai-juin 2006198
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