PÉRISCOPE Forum Med Suisse 2006;6:106 106
Homéopathie! Kant disait que nous ne voyons pas les choses
telles qu’elles sont, mais telles que nous sommes. C’est bien l’ex-
plication du fait que la popularité de l’homéopathie est d’autant
plus grande que ses preuves sont «minces». Une méta-analyse
d’études de médecine homéopathique et conventionnelle s’est
intéressée aux effets thérapeutiques dont les biais étaient les plus
faibles. Il y a eu des biais dans les études de médecine aussi bien
conventionnelle qu’homéopathique, mais les preuves d’effets
spécifiques ont été peu convaincantes dans les études homéo-
pathiques et claires dans les études de médecine convention-
nelle. Ce qui ne va pas changer grand-chose à la foi en l’homéo-
pathie! – Shang A, et al. Are the clinical effects of homeopathy
placebo effects? Lancet 2005;366:726–32.
Le Massachusetts General Hospital pratique toujours plus de
shunts du liquide céphalo-rachidien: 210 opérations en 1988,
670 en 2002. Pourquoi? L’obésité, facteur de risque supposé
d’hypertension intracrânienne idiopathique (HII) augmente
constamment. Il a été calculé que sur l’ensemble des Etats-Unis,
1370 cas ont été hospitalisés en 2002, soit 320% de plus qu’en
1988. Les shunts chez les enfants de <13 ans ont augmenté de
52%, et de 240% chez les patients de >40 ans. La perte de poids
est l’une des mesures recommandées depuis très longtemps dans
l’HII (mais rarement réalisée). Hypothèse intéressante – mais il
est surprenant que le poids corporel des patients ne figure nulle
part dans ce travail! – Curry WT, et al. Rapidly rising incidence
of cerebrospinal fluid shunting for idiopathic intracranial hyper-
tension. Neurosurgery 2005;57:97–108.
Une pandémie d’infections par le virus Influenza A/H5N1 (celui
de la «grippe aviaire») devrait toucher l’Europe. Sur les trois
conditions – nouveau sous-type de virus contre lequel l’être hu-
main est immunologiquement «naïf» et auquel il est transmis; le
virus doit se répliquer et déclencher une maladie; et il doit se
transmettre d’homme à homme – seule la dernière n’est pas
remplie par le virus H5N1. La transmission et la pathogénicité
«low grade» actuelles peuvent persister, ou alors une pandémie
se déclenche avec un virus dont la pathogénicité est inconnue.
Sommes-nous prêts en Europe? 18 Etats sur 25 seraient prêts.
L’Europe produit plus de vaccins antigrippaux que n’importe
quel autre continent. Mais cela ne suffira de toute façon pas en
cas de pandémie. – Coulombier D, et al. H5N1 influenza and the
implications for Europe. BMJ 2005;331:413–4.
Qu’en irait-il si, au lieu du sens actuel, l’étiologie de l’ESB (en-
céphalopathie spongiforme bovine) était une encéphalopathie
spongiforme humaine? Des chercheurs britanniques ont pré-
senté deux nouvelles hypothèses: la première, que l’infection se
transmet par voie orale, par de la nourriture animale contami-
née par des «résidus» humains; la seconde, que cette contami-
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nation s’est faite sur le sous-continent indien, à partir duquel de
grandes quantités de matériel de mammifères ont été importées
en Angleterre à la période critique. Il semble bien documenté
que des résidus humains finissent là-bas dans des farines ani-
males! (Bengladesh; collecteurs de cadavres du Gange …). Idée
intéressante! L’éditorial de deux spécialistes rejette l’idée «en
bloc». Il n’y a aucun conflit d’intérêts – mais ils sont Indiens! –
Colchester AC, et al. The origin of bovine spongiform encepha-
lopathy. The human prion disease hypothesis. Lancet 2005;366:
856–61 (Editorial 790–1).
Migration des peuples! La population mondiale a doublé au
cours de ces 50 dernières années. Et dans 50 ans elle atteindra
les 50 milliards. Un tiers de cette croissance est comptabilisée
en Inde, au Pakistan et au Bengladesh. Le nombre de «migrants»
dans le monde entier a été de 175 millions en l’an 2000, et il at-
teindra 230 millions en 2050. En Europe dans un premier temps,
et malgré l’immigration, la population baissera de 452 millions
à quelque 400 millions. Et le nombre de personnes âgées pas-
sera de 20 à 37%. En Grande-Bretagne, les groupes ethniques
minoritaires ont augmenté de 7,9% pour atteindre 50%, avec une
immigration de 130000 personnes par an, dont la moitié pro-
vient d’Asie du sud. Que faire? «Manage migration»! – Khan SA,
et al. Medical needs of immigration populations. BMJ 2005;
331:418.
Existe-t-il une association? Un homme de 31 ans se présente
avec un exanthème morbilliforme généralisé, une fièvre allant
jusqu’à 40 °C et une pharyngite. Sa sérologie VIH était négative
il y a quatre jours de cela. Trois jours plus tard, il devient léthar-
gique, est pris de convulsions tonico-cloniques imposant une
intubation et une ventilation assistée. Les hémocultures et la bac-
tériologie du liquide céphalorachidien sont négatives; la recher-
che de virus Herpes simplex, Varicella zoster, Epstein-Barr, cyto-
mégalovirus et JC reste négative; Treponema pallidum, Borrelia
burgdorferi et mycobactéries restent tous négatifs. De quoi peut-
il bien s’agir? (Pour la solution voir ci-dessous)
En fait: une IRM cérébrale montre une hyperintensité diffuse
du cortex sur œdème cérébral cytotoxique. Un nouveau test
VIH est positif; l’antigène p24 est supérieur à 200 µg/ml,
l’ARN du VIH-1 est supérieur à 500000 copies par ml de
plasma. Dans le sang périphérique, il y a 4,6 x109lympho-
cytes/L et 621 lymphocytes CD4 positifs/µl: séroconversion,
primo-infection VIH. L’autopsie confirme l’infection VIH
avec nécroses étendues dans le cortex, le cervelet et le tronc
cérébral. Absence de signes d’infections opportunistes. –
Meersseman W, et al. Fatal brain necrosis in primary HIV in-
fection. Lancet 2005;366:855.