Act. Méd. Int. - Métabolismes - Hormones - Nutrition, Volume VI, n° 4, juillet-août 2002
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réduction de sa clairance métabolique, mais
elle inhibe la liaison nécessaire à ses récep-
teurs spécifiques pour exercer ses effets lipo-
lytique, hyperglycémiant, stimulateur de la
formation de 1-25-dihydroxy-cholécalciférol
et de la synthèse hépatique d’IGF-1. De la
même manière, l’IGF-1, médiateur des effets
de la GH sur la croissance et régulateur phy-
siologique de la sécrétion de GH, circule en
étant en majorité lié à des protéines de trans-
port dont il existe plusieurs variétés. La syn-
thèse de la fraction dominante, l’IGFBP3 est
comme celle de l’IGF-1, GH-dépendante. La
liaison de l’IGF-1 à ces protéines de trans-
port, associée en complexe trimérique à
l’acide labile subunit (ALS), prolonge la
demi-vie du peptide mais bloque la liaison à
ses récepteurs spécifiques.
L’activité somatotrope est fortement influencée
par l’âge (16). À la phase de sécrétion maxi-
male de l’adolescence suit un déclin progressif
et âge-dépendant de la sécrétion de GH. Au
cours de la sénescence, les taux moyens de
GH sont très nettement inférieurs à ceux de
l’adulte jeune. Ce déclin de la sécrétion
somatotrope s’accompagne d’une chute pro-
gressive du taux d’IGF-1 plasmatique qui
s’abaisse linéairement pour être réduit de
moitié chez l’octogénaire par rapport à sa
valeur de référence de l’adulte jeune (2, 17).
Par analogie à ce qui est observé dans les
déficits en hormone de croissance, une réduc-
tion de la synthèse protéique se traduisant par
une diminution de la masse maigre et de la
densité minérale osseuse et, a contrario, une
inflation de la masse grasse ont été rattachées
à cette somatopause. Sujettes à des mouve-
ments inverses, masse grasse et masse maigre
subissent des modifications d’un cinquième
entre 20 et 80 ans. Les liens unissant modifi-
cations de la composition corporelle liées à
l’âge et déficit somatotrope sont cependant
complexes car, si le déficit en GH s’accom-
pagne bien de telles modifications, l’adipo-
sité peut, en retour, moduler à la baisse la
sécrétion de GH.
La somatopause ne paraît pas liée à une
réduction de la capacité hépatique à produire
de l’IGF-1. En effet, le traitement par GH
d’adultes âgés induit une ascension du taux
d’IGF-1 dans la fourchette normale de
l’adulte jeune. L’aptitude de la cellule soma-
totrope à répondre à la stimulation ne paraît
pas non plus être l’élément limitant. La
réponse somatotrope au cours de tests provo-
catifs à point de départ hypophysaire direct,
comme l’administration intraveineuse de
GHRH, est similaire chez les adultes jeune et
âgé. À l’inverse, la réduction du nombre et de
l’amplitude des pulses spontanés diurnes et
surtout nocturnes de GH et la diminution de
l’amplitude de la réponse somatotrope à des
stimuli empruntant des relais hypothala-
miques, comme l’hypoglycémie insulinique
ou l’exercice musculaire, suggèrent que le
maillon déficitaire soit principalement hypo-
thalamique. Ce mécanisme a pu être confirmé
par comparaison de la réponse somatotrope à
des doses croissantes de GHRH en présence
ou non d’un antagoniste de ce peptide. Les
relais neuro-endocriniens impliqués dans le
déficit hypothalamique relatif de l’adulte âgé
ne sont pas clairement identifiés. Le déficit
gonadique lié à l’âge pourrait y jouer un rôle.
La diminution progressive de la synthèse
d’hormone de croissance et, consécutive-
ment, d’IGF-1 avec l’âge peut également être
un facteur géniteur d’ostéoporose. Le risque
fracturaire sur fond d’ostéoporose est, en
effet, trois à quatre fois plus fréquent chez
l’adulte atteint d’un déficit en hormone de
croissance par rapport à ce qu’il est chez
l’adulte du même âge non déficitaire. La
perte de densité minérale osseuse paraît
d’ailleurs d’autant plus profonde que le défi-
cit en hormone de croissance est plus pro-
noncé. Une des questions clé est donc de
savoir définir, en dehors de tout contexte
morbide ou médicamenteux, quelles sont les
variations physiologiques liées à l’âge et à
partir de quel seuil il est pertinent d’envisa-
ger une intervention thérapeutique. Chez
l’adulte, la mesure de la fonction somato-
trope repose sur les mêmes tests dynamiques
que ceux qui sont utilisés chez l’enfant ou
l’adolescent. Les critères de normalité sont,
en revanche, différents. Un déficit en hor-
mone de croissance ne peut être affirmé chez
l’adulte que si, après stimulation appropriée,
la GH plasmatique ne dépasse pas 3 ng/ml.
La détermination du taux plasmatique d’IGF-
1 n’a de valeur que s’il est inférieur à la
moyenne pour l’âge réduit de 2,5 déviations
standard. En effet, de nombreux adultes
authentiquement déficitaires en hormone de
croissance ont un taux d’IGF-1 qui s’inscrit
dans les limites de la normale pour l’âge, ce
qui s’explique par la multiplicité des facteurs
qui en contrôlent la sécrétion (18).
La pertinence d’un éventuel traitement substi-
tutif par l’hormone de croissance doit reposer
sur une analyse aussi objective que possible
des avantages et inconvénients de la mise en
route d’une telle thérapeutique. Les argu-
ments “pour” ne manquent pas. Injectée sur
une courte période à des adultes en bonne
santé de plus de 60 ans, la GH humaine
recombinante induit une augmentation de la
masse maigre d’environ 10 % et une réduc-
tion concomitante de la masse grasse de 14%.
La GH induit un gain très significatif de den-
sité minérale osseuse chez l’adulte atteint
d’insuffisance somatotrope par comparaison
à un placebo, effet maintenu 18 mois après
l’interruption de la substitution par hormone
de croissance (19). Au chapitre des inconvé-
nients, il faut bien entendu mentionner la
nécessité d’injections vespérales quoti-
diennes et le coût de la thérapeutique. Par
ailleurs, la substitution en stéroïdes sexuels
d’adultes de plus de 60 ans en bonne santé
double la sécrétion basale pulsatile de GH et
induit une augmentation du taux d’IGF-1
plasmatique de 40%. Le gain apporté par la
substitution de la gonadopause pourrait donc
être expliqué en partie par ce mécanisme de
stimulation de la sécrétion de GH endogène
(16).
Adrénopause
L’âge est susceptible d’influer plus ou moins
profondément sur l’activité sécrétoire des dif-
férents secteurs de la corticosurrénale. Le
taux de sécrétion et la concentration plasma-
tique d’aldostérone s’abaissent avec l’âge. Le
Synthèse