De´ffcits immunitaires primitifs : quand y penser et quel bilan de

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M ini-revue
Déficits immunitaires
primitifs : quand y penser
et quel bilan de première
intention ?
Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 88.99.165.207 le 24/05/2017.
Primary
immunodeficiency
diseases: In which
clinical situations should
we think about it and
what is the first line
investigations?
phane Nancey,
Gilles Boschetti, Ste
Bernard Flourie
Centre Hospitalier Lyon-Sud,
service de gastroenterologie,
69495 Pierre-B
enite,
France ;
INSERM U1111,
Facult
e de M
edecine Lyon-Sud Charles
M
erieux,
Oullins,
France
e-mail : <[email protected]>
sume
Re
Les d
eficits immunitaires primitifs (DIP) sont des entit
es cliniques peu fr
equentes,
parfois complexes dont les manifestations digestives sont loin d’^
etre rares. En
effet, au-del
a des manifestations infectieuses pr
edominantes, les DIP sont
associ
es a un tableau digestif pr
esent chez pr
es d’un patient sur deux dans
certaines s
eries. Une diarrh
ee chronique repr
esente la principale manifestation
digestive des DIP et doit syst
ematiquement conduire le gastroent
erologue a
co
^ t
evoquer ce diagnostic lors de l’exploration d’une diarrh
ee chronique. A
e
d’une origine infectieuse a la diarrh
ee, une atrophie villositaire en l’absence de
maladie cœliaque est fr
equemment associ
ee. Une hyperplasie nodulaire
lymphoı̈de diffuse, une gastrite chronique atrophique, une atteinte inflamma^lon mimant une maladie inflammatoire chronique de
toire du gr^
ele et/ou du co
l’intestin, une atteinte hepatique sont autant d’autres manifestations classiques
des DIP. La d
emarche diagnostique doit ^
etre rigoureuse et repose sur un
interrogatoire, un examen clinique et une exploration immuno-biologique simple
en premi
ere intention avec une etape de d
epistage en pr
esence de signes
cliniques d’appel apr
es avoir elimin
e une cause d’immunod
epression secondaire
suivie d’une etape de caract
erisation du DIP conduisant a son diagnostic pr
ecis et
ere etape
a sa prise en charge. Dans certaines situations complexes, cette derni
n
ecessite une prise en charge multidisciplinaire en s’aidant des conseils du Centre
de r
ef
erence des d
eficits immunitaires h
er
editaires (CEREDIH).
s : deficit immunitaire primitif, diarrhee chronique, deficit immunitaire commun
n Mots cle
variable, deficit en IgA
y
HEPATO GASTRO
et Oncologie digestive
Tir
es a part : G. Boschetti
462
Pour citer cet article : Boschetti G, Nancey S, Flourie B. Deficits immunitaires primitifs : quand y
penser et quel bilan de premiere intention ? Hepato Gastro 2013 ; 20 : 462-472. doi : 10.1684/
hpg.2013.0891
HEPATO-GASTRO et Oncologie digestive
vol. 20 n8 6, juin 2013
doi: 10.1684/hpg.2013.0891
Abstract
Primary immune disorders (PID) are rare clinical entities, sometimes complex
frequently associated with digestive manifestations. Besides infectious manifestations, the proportion of gastrointestinal manifestations in patients with PID
raised 50% in some series. A chronic diarrhoea represents the main digestive
manifestation of PID and it is recommended to exclude a DIP during the
investigations of a chronic diarrhoea. Besides infections, chronic diarrhoea may
be often associated with villous atrophia, malabsorption without celiac disease.
Diffuse lymphoid nodular hyperplasia, chronic atrophic gastritis or a chronic
inflammatory bowel diseases, liver disorders represent various liver and
gastrointestinal manifestations in DIP. The diagnosis process should be rigorous
and is based on the medical history, physical examination and also on relatively
easy immune laboratory parameters by first intention. In front of clinical
evidences of DIP, a screening phase of the disease represents the first step (after
Deficits immunitaires primitifs en gastroenterologie
having excluded a secondary immunosuppression) followed by its characterization leading to its diagnosis and its therapeutic management. In some
complex clinical situations, this latter step should be done with the help of the
Reference Center of the Primary Immune Disorders.
n Key words: primary immune disorders, chronic diarrhoea, common variable immunodeficiency, IgA deficiency
immunite est divis
ee en syst
eme immunitaire inn
e et
adaptatif. Tandis que le premier, principalement
represente par les polynucl
eaires neutrophiles, les macrophages, les lymphocytes NK (natural killer) et les prot
eines
du complement, assure une d
efense rapide contre
les pathogenes, le second, m
edi
e par les lymphocytes,
correspond a une v
eritable « m
emoire immunitaire » qui
permet apres un premier contact avec un antig
ene ou un
agent pathogene la mise en place d’une r
eponse specifique
et plus rapide lors d’un contact ult
erieur. Le syst
eme
immunitaire adaptatif est constitu
e des lymphocytes B
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L’
(producteurs d’immunoglobulines) et des lymphocytes T
(CD4 ou CD8) (figure 1). Les syst
emes immunitaires inn
e
et adaptatif interagissent ensemble et assurent conjointement la d
efense de l’organisme contre les agents
pathog
enes, le maintien de l’hom
eostasie (tol
erance du
soi et lutte contre l’auto-immunit
e) et une immunosurveillance contre le d
eveloppement de n
eoplasie. Parce
que le tube digestif est constamment expos
e a de
nombreux antig
enes d’origine bact
erienne, parasitaire,
virale ou alimentaire, l’intestin est maintenu dans un
etat « d’inflammation physiologique » [1]. Le syst
eme
Immunité innée
Immunité adaptative
Pathogènes
Pathogènes et
antigènes alimentaires
Ig G
LB
Ig M
LB
Ig A
Lymphocytes B
Immunoglobulines
Muqueuse digestive
Lymphocytes T
CD4+
Cellules
présentatrices
d’antigènes
Macrophages
CD4
CD4
Polynucléaires
Neutrophiles
Lymphocytes T
effecteurs
Lymphocytes
NK
CD8
CD8
Pathogènes
Lymphocytes T
CD8+
Complément
Heures
0
6
Jours
12
1
Temps post-infection
3
5
Figure 1. Repr
esentation schematique des reponses immunitaires innees et adaptatives en presence d’un pathogene.
HEPATO-GASTRO et Oncologie digestive
vol. 20 n8 6, juin 2013
463
lymphoı̈de associ
e
a l’intestin (« gut-associated-lymphoid
^le critique dans la balance
tissue » : GALT) joue ainsi un ro
entre inflammation et tol
erance immune [2]. Une anomalie
du systeme immunitaire se manifestera principalement par
la survenue d’infections r
ep
et
ees mais aussi parfois par le
developpement de pathologies auto-immunes ou de
processus neoplasiques.
‘‘
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Parce que le tube digestif est constamment
exposé à de nombreux antigènes d’origine
bactérienne, parasitaire, virale ou alimentaire,
l’intestin est maintenu dans un état
« d’inflammation physiologique »
crits et environ 130
150 types de DIP ont et
e
a ce jour de
sont caract
eris
es sur le plan g
en
etique (tableau 1) [3]. La
majorit
e des DIP sont diagnostiqu
es durant l’enfance
(d
eficits s
ev
eres impliquant l’immunit
e cellulaire et associ
es
a des syndromes polymalformatifs). Toutefois, un certain
nombre de DIP (en g
en
eral des d
eficits de l’immunit
e
humorale) ne s’expriment v
eritablement qu’
a l’^
age adulte ;
bien que la plupart des patients atteints de DIP presentent
des infections de la sph
ere ORL ou pulmonaire, les troubles
digestifs (en particulier la diarrh
ee) peuvent ^
etre le signe
clinique pr
edominant voire l’unique manifestation du DIP.
’’
ficits immunitaires secondaires ou
On distingue les de
acquis (sida, traitement immunosuppresseur ou cytotoxique) qui sont de loin les plus fr
equents et les d
eficits
immunitaires primitifs (DIP) d’origine g
en
etique et qui font
l’objet de cette mini-revue. Les DIP sont rares avec en
France une prevalence estim
ee en 2013 a 5,47/100 000
habitants et une incidence comprise entre 1/5 000 a
10 000 naissances d’apr
es les chiffres du CEREDIH (Centre
de reference des d
eficits immunitaires h
er
editaires). Plus de
‘‘
Les déficit immunitaires primitifs sont rares
avec en France une prévalence estimée
en 2013 à 5,47/100 000 habitants
et une incidence comprise entre 1/5 000 à 10 000
naissances
’’
L’objectif de cette mini-revue est i) d’exposer les situations
cliniques fr
equemment associ
ees aux DIP et en particulier les
principales manifestations digestives, ii) de proposer une
d
emarche diagnostique simple permettant aux gastroent
erologues de r
ealiser un bilan de premi
ere intention.
Tableau 1. Principaux déficits immunitaires primitifs et anomalies du système immunitaire associées.
464
Principaux déficits immunitaires primitifs
Anomalies du système immunitaire
Déficit immunitaire commun variable
Défaut de production d’immunoglobulines (déficit en IgG associé à un déficit
en IgA ou IgM) anomalies fonctions lymphocytaires T
Déficit en IgA
Déficit de production des IgA (taux sérique d’IgA inférieur à 5 mg/dL)
Agammaglobulinémie liée à l’X
(maladie de Bruton)
Anomalie de la différenciation des lymphocytes B en plasmocytes conduisant
à un déficit global en immunoglobulines
Syndrome hyper-IgM
Baisse des IgA et IgG avec élévation polyclonale des IgM (déficit CD40L,
CD40 ou AID)
Déficit immunitaire combiné sévère
Anomalies lymphocytaires T et B avec diminution drastique ou absence
de lymphocytes T circulants
Granulomatose septique chronique
Anomalie de la phagocytose (mutation de la NADPH oxydase)
Neutropénie congénitale sévère
(syndrome de Kostmann)
Neutropénie
Syndrome de Wiskott-Aldrich
Lymphopénie, déficit en IgM et augmentation des IgA et IgE
Ataxie-télangiectasie
Lymphopénie T principalement CD4+ et baisse globale des immunoglobulines
sauf IgM
Syndrome de Di-George
Lymphopénie T
IPEX
Déficit en lymphocytes T régulateurs (CD4+CD25+)
Déficit en complément
Déficit en C3, C4 ou C1 inhibiteur
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Deficits immunitaires primitifs en gastroenterologie
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Tableau 2. Principaux pathogènes en fonction de l’atteinte du système immunitaire
et déficits immunitaires primitifs associés.
Atteinte du système
immunitaire
Pathogènes
Principaux DIP associés
Déficit de l’immunité
humorale (lymphocytes B/
immunoglobulines)
Bactéries encapsulées : Streptococcus pneumoniiae,
Haemophilus influenzae
Parasites : Giardia lamblia
Entérovirus : echovirus, coxsackie, poliovirus
–
–
–
–
Déficit immunitaire commun variable (DICV)
Déficit en IgA
Agammaglobulinémie liée à l’X (maladie de Bruton)
Syndrome de l’hyper-IgM
Déficit de l’immunité
cellulaire T
(lymphocytes T CD4/CD8)
– Bactéries encapsulées, germes intracellulaires,
bacilles gram négatifs
– Champignons : Candida
– Virus à ADN : CMV
– Mycobactéries : Mycobacterium avium
– Infections opportunistes : Pneumocystis jiroveci,
Cryptosporidium
–
–
–
–
–
Déficit immunitaire combiné sévère
Syndrome de Wiskott-Aldrich
Ataxie-télangiectasie
Syndrome de Di-George
IPEX
Déficit de la phagocytose
Bactéries gram négatifs : Escherichia coli,
Burkholderia cepacia, Serratia
Champignons : Aspergillus sp.
– Granulomatose septique chronique
– Neutropénie congénitale sévère (syndrome
de Kostmann)
Anomalies
du complément
Neisseria meningitidis
– Déficit en C3
– Déficit en C5-9
– Déficit en C1q inhibiteur
Devant quelles situations cliniques
évoquer le diagnostic de DIP ?
Les DIP sont responsables d’une susceptibilit
e aux maladies
infectieuses, auto-immunes ou n
eoplasiques. En pratique, la
grande majorite des DIP sont diagnostiqu
es devant des
manifestations infectieuses atypiques par leur fr
equence,
leur localisation, leur gravit
e ou la nature des pathog
enes
impliques. Ainsi, la survenue d’une infection a germes
opportunistes (exemples : Pneumocystis jiroveci, Toxoplasma gondii), une infection s
ev
ere a germe banal
(disseminee a plusieurs organes et/ou r
esistante aux antibiotiques habituels) ou une r
ep
etition d’
episodes infectieux
doivent faire evoquer un DIP. En fonction du type de DIP
responsable d’anomalies soit de l’immunit
e humorale, soit
cellulaire ou du syst
eme du compl
ement, la nature des
pathogenes impliqu
es est diff
erente et constitue parfois une
aide pour orienter le diagnostic (tableau 2).
certains cas s’accompagner de syndromes polymalformatifs (exemples : syndrome de Di-George, ataxiet
elangiectasie). Chez l’adulte, la plupart des DIP concerne
l’immunit
e humorale se manifestant par un d
eficit de
production d’anticorps avec, par ordre de fr
equence, le
d
eficit en IgA et le d
eficit immunitaire commun variable
(DICV). Un certain nombre de signes cliniques devant faire
evoquer le diagnostic de DIP chez l’enfant (tableau 3) et
Tableau 3. Signes d’alerte devant faire évoquer
le diagnostic de déficits immunitaires primitifs
chez l’enfant (source CEREDIH).
1) Plus de 8 otites par an
2) Plus de 2 sinusites par an
3) Plus de 2 mois de traitement antibiotique par an ou
nécessité d’un traitement antibiotique par voie intraveineuse
4) 2 pneumopathies par an
‘‘
La survenue d’une infection à germes
opportunistes, une infection sévère
à germe banal ou une répétition d’épisodes
infectieux doit faire évoquer un déficit immunitaire
primitif
’’
5) Cassure de la courbe de croissance
6) Épisodes récurrents de forte fièvre
7) Mycose cutanée ou muqueuse récidivante ou chronique
8) Diarrhée chronique
s chez l’enfant
Environ 80 % des DIP sont diagnostique
avant 6 ans et concernent en majorit
e l’immunit
e cellulaire
(exemple : deficit combin
e s
ev
ere ou non) pouvant dans
9) 2 infections sévères dans l’année
10) Cas d’immunodéficience connu dans la famille
HEPATO-GASTRO et Oncologie digestive
vol. 20 n8 6, juin 2013
465
mission. La recherche d’un DIP doit
de p
eriodes de re
ainsi ^
etre syst
ematiquement r
ealis
ee au cours de l’exploration d’une diarrh
ee inexpliqu
ee chronique ou r
ecidivante
[6]. On estime entre 20 et 40 % la fr
equence de la diarrh
ee
chez les patients porteurs d’un DICV [7].
Tableau 4. Signes d’alerte devant faire évoquer
le diagnostic de déficits immunitaires primitifs
chez l’adulte (source CEREDIH et Clinical
Imunology Society).
1) Plus de 2 otites par an
€s par an ou sinusite chronique
2) Plus de 2 sinusites aigue
‘‘
La diarrhée constitue la principale
manifestation digestive des déficits
immunitaires primitifs, elle est soit chronique,
soit récidivante entrecoupée de périodes
de rémission
3) Plus de 2 mois de traitement antibiotique par an et/ou
nécessité d’un traitement antibiotique par voie intraveineuse
4) 2 pneumopathies par an
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5) Diarrhée chronique avec perte de poids
6) Épisodes récurrents de forte fièvre inexpliquée
7) Mycose cutanéo-muqueuse persistante
8) 2 infections sévères dans l’année
9) Cas d’immunodéficience connu dans la famille
10) Manifestations auto-immunes et/ou granulomatose
11) Infections virales répétées ou chroniques (herpès, zona,
verrues, aphtes, condylome, infections génitales chez la
femme)
12) Dilatations des bronches et/ou bronchites répétées sans
cause connue
chez l’adulte (tableau 4) ont et
e propos
es par les experts du
CEREDIH. Ces recommandations rejoignent celles diffus
ees
en 2009 par les soci
et
es d’immunologie et d’allergologie
americaines qui pr
econisent la recherche d’un DIP devant la
presence d’au moins 2 signes cliniques d’alerte [4].
‘‘
‘‘
La recherche d’un déficit immunitaire
^ tre systématiquement réalisée
primitif doit e
au cours de l’exploration d’une diarrhée
inexpliquée chronique ou récidivante
Chez l’adulte, la plupart des déficits
immunitaires primitifs concerne l’immunité
humorale se manifestant par un déficit
de production d’anticorps
’’
Atrophie villositaire
Les symptômes et anomalies
histologiques du tube digestif rencontrés
en cas de déficits immunitaires primitifs
Bien que les signes infectieux, notamment ORL et/ou
bronchopulmonaires, pr
edominent, la pr
esence de symp^mes digestifs au cours des DIP n’est pas rare. En effet,
to
selon le type de DIP, la pr
evalence des manifestations
digestives varie de 5 a 50 % [5] (tableau 5).
La diarrhée
La diarrhee constitue la principale manifestation digestive
des DIP, elle est soit chronique, soit r
ecidivante entrecoup
ee
466
’’
L’infection chronique par le parasite Giardia lamblia en est
la principale cause. D’autres pathog
enes peuvent ^
etre a
l’origine de diarrh
ee r
ecurrente d’origine bact
erienne
(Salmonella, Campylobacter. . .), virale (ent
erovirus, rotavirus, ad
enovirus, CMV. . .) ou parasitaire (Cryptosporidium) en fonction du type de DIP (tableau 2). Le diagnostic
microbiologique repose sur les coprocultures, l’examen
parasitologique des selles fraı̂ches (r
ep
et
e au moins 3 fois)
et parfois sur l’analyse histologique des biopsies intestinales
[8]. La giardiase peut egalement ^
etre diagnostiqu
ee a partir
d’un echantillon de selles par la d
etection d’antig
enes de
Giardia lamblia dont la sensibilit
e et la sp
ecificit
e sont
^t et la disponibilit
excellentes, mais le cou
e de ce test
limitent son utilisation en France. La diarrh
ee chronique
associ
ee aux DIP peut ^
etre li
ee a une atrophie villositaire
responsable eventuellement d’un syndrome de malabsorpa des l
esions
tion, a une hyperplasie lymphoı̈de diffuse ou inflammatoires chroniques de l’intestin.
’’
Une atrophie villositaire est fr
equente au cours du DICV (pr
es
de 50 % des patients) [7]. D’autres DIP, comme le d
eficit
immunitaire combin
e s
ev
ere, le syndrome d’immunod
er
egulation, la polyendocrinopathie, l’ent
eropathie autoimmune li
ee au chromosome X appel
ee syndrome IPEX
(responsable d’un d
eficit du d
eveloppement des lymphocytes T r
egulateurs), le syndrome de Di-George et le d
eficit
en IgA peuvent egalement s’accompagner d’une atrophie
villositaire. L’atrophie villositaire associ
ee aux DIP peut mimer
l’expression clinique d’une maladie cœliaque avec une
diarrh
ee chronique, une malabsorption des graisses, un
m
et
eorisme abdominal et une perte de poids. Au cours du
DICV, l’analyse histologique des biopsies intestinales r
ev
ele,
comme d
ecrits au cours de la maladie cœliaque, un infiltrat
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Tableau 5. Principaux symptômes et anomalies histologiques rencontrés
au cours des déficits immunitaires primitifs.
Manifestations digestives
Principaux DIP associés
Diarrhée
Observée dans la grande majorité des DIP par atteinte infectieuse,
inflammatoire, atrophie villositaire, hyperplasie nodulaire lymphoı̈de diffuse
Atrophie villositaire
–
–
–
–
–
Hyperplasie nodulaire lymphoı̈de
– DICV
– Déficit en IgA
– Agammaglobulinémie
Gastrite chronique atrophique « Biermer-like »
– Déficit en IgA
– DICV
Lésions inflammatoires chroniques intestinales « MICI-like »
–
–
–
–
DICV
Déficit en IgA
Agammaglobulinémie
Granulomatose septique chronique
Cancers digestifs (adénocarcinomes et/ou lymphomes)
–
–
–
–
–
–
DICV
Agammaglobulinémie
Déficit en IgA
Déficit immunitaire combiné sévère
Ataxie-télangiectasie
Syndrome de Wiskott-Aldrich
Atteintes hépatiques
–
–
–
–
DICV
Déficit en IgA
Syndrome hyper-IgM
Granulomatose septique chronique
Douleurs abdominales
Déficit en C1 inhibiteur
Déficit en IgA
DICV
Déficit immunitaire combiné sévère
Syndrome de Di-George
IPEX
de lymphocytes T intra-
epith
eliaux mais, a la diff
erence de la
maladie cœliaque, il existe une rar
efaction des plasmocytes
du chorion.
‘‘
‘‘
Le déficit en IgA est associé à la maladie
cœliaque chez 2 à 3 % des patients
Hyperplasie nodulaire lymphoı̈de
Une atrophie villositaire est fréquente
au cours du déficit immunitaire commun
variable (près de 50 % des patients)
’’
Le deficit en IgA est associ
e
a la maladie cœliaque chez 2 a
3 % des patients ce qui rend l’interpr
etation du dosage des
IgA anti-transglutaminases tissulaires difficile en l’absence
du dosage ponderal des IgA. Dans cette situation le dosage
des anticorps IgG anti-transglutaminases peut permettre
de redresser le diagnostic. Enfin, a la diff
erence de la
maladie cœliaque, la r
eponse au r
egime sans gluten semble
peu efficace en cas d’atrophie villositaire associ
ee a un
DICV [9, 10].
’’
L’hyperplasie nodulaire lymphoı̈de de l’intestin se
caract
erise par une diss
emination r
eguli
ere de nodules
(quelques mm de diam
etre) a la surface de la muqueuse
intestinale. Ces nodules correspondent a une hyperplasie
des centres germinatifs lymphoı̈des de la lamina propria.
L’hyperplasie nodulaire lymphoı̈de limit
ee a l’il
eon terminal
^lon droit est banale, en particulier chez les sujets
et au co
jeunes, et n’a pas de signification pathologique. Au cours
des DIP, l’hyperplasie nodulaire lymphoı̈de est diffuse, peut
^lon et ^
affecter l’ensemble de l’intestin gr^
ele et du co
etre
responsable d’une r
eduction de la surface d’absorption des
nutriments a l’origine d’une diarrh
ee et m^
eme dans
certains cas d’invagination intestinale [4]. L’hyperplasie
HEPATO-GASTRO et Oncologie digestive
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467
nodulaire lymphoı̈de au cours du DICV pourrait constituer
une reponse compensatrice a l’absence de plasmocytes
producteurs d’immunoglobulines dans la lamina propria.
Enfin, l’hyperplasie nodulaire lymphoı̈de repr
esente vraisemblablement un facteur de risque de lymphomes
digestifs au cours des DIP.
‘‘
Un déficit immunitaire primitif se révèle
parfois par une anémie macrocytaire
évoquant une maladie de Biermer ou par la découverte d’une atrophie gastrique à l’endoscopie
Les atteintes hépatiques
‘‘
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Au cours des déficits immunitaires primitifs,
l’hyperplasie nodulaire lymphoı̈de peut
^ le
affecter l’ensemble de l’intestin gre
et du côlon
’’
Lésions inflammatoires chroniques
de l’intestin
Un risque accru de maladies inflammatoires chroniques de
l’intestin (MICI) (
a la fois maladie de Crohn et rectocolite
h
emorragique) est observ
e chez les patients porteurs d’un
DIP en particulier au cours du DICV, du d
eficit en IgA, de
l’agammaglobulin
emie li
ee a l’X et de la granulomatose
septique chronique. Dans le cas de la granulomatose
septique chronique, les atteintes endoscopiques coliques
peuvent mimer celles observ
ees lors des MICI (« MICIlike ») avec parfois la pr
esence de granulomes sur les
biopsies intestinales. C’est la mise en evidence de macrophages pigment
es, d’un grand nombre d’
eosinophiles
contrastant avec l’absence de polynucl
eaires neutrophiles
qui permet d’orienter le diagnostic vers la granulomatose
septique chronique [11]. En cas de DICV et de d
eficit en
IgA, il peut exister egalement des atteintes « MICI-like »
avec dans ce cas une rar
efaction des plasmocytes du
chorion.
‘‘
Dans la granulomatose septique chronique
les atteintes endoscopiques coliques
peuvent mimer celles observées lors des MICI
(« MICI-like ») avec la présence de granulomes
La gastrite chronique atrophique
’’
mie macrocytaire
Un DIP se revele parfois par une ane
voquant une maladie de Biermer ou par la d
e
ecouverte
d’une atrophie gastrique a l’endoscopie. Les biopsies
gastriques confirment une atrophie glandulaire pr
edominant au niveau du fundus et correspondant a des formes
dites de DIP « Biermer-like ». Ces atteintes gastriques sont
frequentes au cours du d
eficit en IgA et, dans une moindre
mesure, au cours du DICV. Une de leurs caract
eristiques
serait leur survenue a un ^
age plus pr
ecoce (autour de 30
ans) que chez les sujets non immuno-d
eprim
es [8].
468
’’
Des h
epatites auto-immunes sont d
ecrites chez les patients
pr
esentant un d
eficit en IgA ou un DICV [10, 12]. Les
complications h
epatiques sont fr
equentes au cours du DICV
(20 % des patients) avec principalement des h
epatites
cholestatiques pouvant evoluer vers une cirrhose biliaire
secondaire avec hypertension portale [10]. Histologiquement on peut aussi observer une hyperplasie nodulaire
r
eg
en
erative, une infiltration lymphoı̈de, voire une granulomatose h
epatique [13]. Des l
esions de cholangite
scl
erosante secondaire a une infection par Cryptosporidium
ont egalement et
e d
ecrites au cours du syndrome hyper-IgM
[14, 15] avec une evolution cirrhotique et carcinomateuse
fatale chez la majorit
e des patients. Enfin, la survenue
d’abc
es h
epatique a Staphylococcus aureus est une complication fr
equente des granulomatoses septiques chroniques
(environ 25 % des malades) [16].
‘‘
Les complications hépatiques sont
fréquentes au cours du déficit immunitaire
commun variable avec des hépatites cholestatiques
pouvant évoluer vers une cirrhose biliaire
secondaire
’’
Les cancers digestifs
oplasique accru, notamLes DIP exposent a un risque ne
ment de cancers digestifs. Le risque de d
evelopper un
cancer (tous DIP confondus) est estim
e ^
etre 100 fois
sup
erieur a celui de la population g
en
erale [8]. Certains DIP
tels que l’ataxie-t
elangiectasie et le syndrome de WiskottAldrich sont particuli
erement a risque puisque la fr
equence
de cancers au cours de ces 2 affections est de l’ordre de
15 %. Les d
eficits de l’immunit
e humorale comme le
d
eficit en IgA, le DICV et l’agammaglobulin
emie li
ee a l’X
exposent egalement a un sur-risque de cancers. Ainsi,
les cancers gastriques d
evelopp
es principalement sur
muqueuse atrophique seraient 50 fois plus fr
equents en
cas de DICV que dans la population g
en
erale [7]. Ce risque,
certes plus r
eduit, existe aussi en cas de d
eficit en IgA et
d’agammaglobulin
emie [17, 18]. D’autres ad
enocarcinomes notamment coliques sont plus fr
equents au cours des
DIP en particulier au cours de l’agammaglobulin
emie li
ee a
l’X (risque X30) [8]. Enfin, le risque de lymphomes digestifs
est augment
e en cas de DIP et notamment en pr
esence
HEPATO-GASTRO et Oncologie digestive
vol. 20 n8 6, juin 2013
Deficits immunitaires primitifs en gastroenterologie
‘‘ ’’
Le déficit en C1 inhibiteur est à l’origine
de l’angio-œdème bradykinique
héréditaire
d’une hyperplasie nodulaire lymphoı̈de diffuse qui serait un
facteur de risque surajout
e [19]. Il est a noter que les
d
eficits de la phagocytose ou des prot
eines du compl
ement
ne predisposent pas aux cancers.
‘‘
Démarche diagnostique
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Les déficits immunitaires primitifs exposent
à un risque néoplasique accru, notamment
de cancers digestifs
L’angio-œdème
voqu
Apr
es avoir e
e le diagnostic de DIP devant la
couverte d’un ou plusieurs signes d’alerte list
de
es dans
les tableaux 3 et 4 ou devant une manifestation clinique
atypique, il convient de confirmer l’existence d’un DIP et si
possible le caract
eriser, puis le cas ech
eant orienter le
patient vers un centre de r
ef
erence [21]. La d
emarche
diagnostique est sch
ematis
ee dans la figure 2.
’’
Le deficit en proteine de la voie classique du compl
ement
et en particulier le d
eficit en C1 inhibiteur est a l’origine
de l’angio-œdeme bradykinique h
er
editaire. Ce d
eficit
entraı̂ne une augmentation de la perm
eabilit
e vasculaire et
l’apparition d’angio-œd
emes sous-cutan
es et muqueux qui
^mes sont
evoluent par crise de survenue brutale. Les sympto
domines par des douleurs abdominales « pseudo-chirurgicales », des œdemes r
ecidivants des extr
emit
es, de la
face et des muqueuses sans prurit, ni rougeur, pouvant
s’accompagner de naus
ees, de diarrh
ee, d’une dysphagie
voire d’un veritable œd
eme de Quincke. Le facteur
d
eclenchant des crises est en g
en
eral un traumatisme
minime physique (ORL, stomatologique. . .) ou psychique.
Bien que de transmission autosomique dominante, la
r
evelation clinique du d
eficit en C1 inhibiteur se fait dans
plus de 50 % des cas apr
es l’^
age de 10 ans [20].
L’interrogatoire doit s’attacher à préciser
i) Les ant
ec
edents infectieux notamment ORL et pulmo
naires (frequence, dur
ee, recours a des antibioth
erapies
r
ep
et
ees) ;
ii) Le statut vaccinal (carnet vaccinal, notion de r
eaction a
certains vaccins en particulier les vaccins vivants (BCGite), la
survenue d’infections chez un sujet pourtant pr
ealablement vaccin
e contre celles-ci) ;
iii) Des ant
ec
edents de pathologies associ
ees aux DIP :
maladies auto-immunes (an
emie h
emolytique, purpura
thrombop
enique, vitiligo, maladie de Biermer, thyroı̈dite,
€gren, lupus. . .), allergie (asthme, allergie
syndrome de Sjo
alimentaire. . .), tumeur (lymphome, ad
enocarcinome. . .) ;
- Anamnèse
- Éliminer déficit
secondaire
Contexte évocateur
1ère intention
NFP - Dosage pondéral des lg - Sérologies
Anomalie
Pas d’anomalie
Déficit immunité humorale :
DICV
Déficit en IgA
Granulomatose septique
Déficit en complément
Syndrome hyper-IgM
Déficit immunité cellulaire :
Déficit combiné
Déficit combiné sévère
Phénotypage lymphocytes T, B et NK
Étude fonctionnelle des lymphocytes
2e
intention
Étude fonctionnelle des polynucléaires
Exploration du complément
Dosage IgE et sous-classes d’IgG
Figure 2. D
emarche diagnostique en cas de suspicion de DIP.
HEPATO-GASTRO et Oncologie digestive
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469
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ficits immunitaires ou
iv) Des antecedents familiaux de de
de signes cliniques evocateurs et la r
ealisation d’un arbre
g
enealogique (consanguinit
e, mortalit
e infantile pr
ecoce et
inexpliquee) [22].
mie et/ou
variations spontan
ees. La pr
esence d’une ane
d’une thrombop
enie peut correspondre egalement a une
atteinte auto-immune associ
ee au DIP.
Avant d’affirmer le diagnostic de DIP, il convient d’
eliminer
systematiquement un d
eficit immunitaire secondaire. La
recherche d’une infection par le VIH, d’une h
emopathie
(leucemie lymphoı̈de chronique et my
elome) ou la prise
d’un traitement immunosuppresseur (corticoı̈des, azathioprine, cyclosporine. . .) s’int
egrant ou non dans un contexte
de transplantation d’organe doivent ^
etre syst
ematiquement
recherches.
Dosage pondéral des immunoglobulines
Examen clinique
rechercher, surtout chez
L’examen clinique s’attachera a
l’enfant, des elements en faveur d’un syndrome polymalformatif (albinisme, t
elangiectasie, dysmorphie, ataxie,
retard mental. . .) mais egalement un retard staturoponderal. Une hepato-spl
enom
egalie, des ad
enopathies
p
eripheriques devront egalement ^
etre recherch
ees. Outre
les manifestations digestives expos
ees pr
ec
edemment, des
signes en faveur d’une infection chronique pulmonaire,
ORL, sinusienne ou encore cutan
eo-muqueuse seront
systematiquement explor
es.
‘‘
Avant d’affirmer le diagnostic de déficit
immunitaire primitif il convient d’éliminer
systématiquement un déficit immunitaire
secondaire
’’
Examens biologiques
Des examens biologiques simples pourront ^
etre r
ealis
es en
premiere intention (numeration formule sanguine, dosage
ponderal des immunoglobulines, s
erologies post-vaccinales et post-infectieuses) permettant d’orienter vers les
DIP les plus frequents notamment a l’^
age adulte. Les
examens de seconde intention (immunoph
enotypage
lymphocytaire, etude fonctionnelle des lymphocytes ou
des polynucleaires, exploration du compl
ement, etudes
genetiques) sont en g
en
eral r
eserv
es a des centres
specialises dans la prise en charge des DIP.
Numération formule plaquettes
La realisation d’une NFS-plaquettes permettra de chercher
principalement une lymphop
enie ou une neutropenie. Les
r
esultats sont a interpr
eter en fonction de l’^
age du patient
et il ne faut pas h
esiter a confirmer un d
eficit sur un second
prelevement afin de ne pas m
econnaı̂tre une lymphop
enie
transitoire secondaire a une infection virale. De m^
eme, une
etre
neutropenie, en g
en
eral en dessous de 500/mm3, peut ^
meconnue a partir d’un seul pr
el
evement en raison de
470
Il permet de mesurer dans le sang le taux des immunoglobulines d’isotypes A, M et G. Le r
esultat doit ^
etre
interpr
et
e en fonction de l’^
age du patient, en particulier
chez l’enfant. Une diminution des taux d’une ou plusieurs
immunoglobulines peut correspondre, soit a un d
eficit de
l’immunit
e humorale (DICV, d
eficit en IgA, agammaglobulin
emie), soit a un d
eficit combin
e (lymphocytes B et T).
Plus rarement, le dosage des immunoglobulines E ou D
ainsi que des sous-classes d’immunoglobulines G peut ^
etre
utile.
Sérologies post-vaccinales et post-infectieuses
tanos, diphte
rie, polioLes s
erologies post-vaccinales (te
my
elite, pneumocoque, Haemophilus) permettent de
tester la r
eponse vaccinale et donc la capacit
e du syst
eme
immunitaire a produire des anticorps en r
eponse a une
stimulation antig
enique. Certains vaccins s’accompagnent
de la production d’anticorps antipeptidiques qui requi
erent
une coop
eration lymphocytaire B-T pour leur formation
alors que les anticorps de type antipolysaccharides ne
n
ecessitent qu’une r
eponse lymphocytaire B pour leur
production. Certaines infections comme celles li
ees au
pneumocoque induisent la production d’anticorps de type
antipolysaccharides que l’on peut doser dans le cadre
d’une s
erologie post-infectieuse.
Immunophénotypage lymphocytaire B, T et NK
Cette etude est r
ealis
ee a partir d’un pr
el
evement sanguin
par la technique de cytom
etrie en flux qui permet gr^
ace a
des anticorps fluorescents de d
etecter des mol
ecules de
surface caract
eristiques des diff
erentes sous-populations
lymphocytaires et de les quantifier. On distingue ainsi
les lymphocytes T CD4 (CD3+CD4+), les lymphocytes
T CD8 (CD3+CD8+), les lymphocytes B (CD19+/CD20+) et
etation des
les lymphocytes NK (CD16+CD56+). L’interpr
r
esultats n
ecessite la prise en compte de l’^
age du sujet.
Enfin, d’autres anticorps sont disponibles pour affiner le
typage des lymphocytes par cytom
etrie en flux, permettant
la mise en evidence d’un d
efaut de sous-populations
pr
ecises de lymphocytes correspondant a un DIP particulier
(par exemple pour les lymphocytes B m
emoires ou pour les
lymphocytes T r
egulateurs).
Étude fonctionnelle des lymphocytes T
Il s’agit avec ce test d’
evaluer la capacit
e des lymphocytes T
a prolif
erer in vitro apr
es une stimulation non sp
ecifique
HEPATO-GASTRO et Oncologie digestive
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Deficits immunitaires primitifs en gastroenterologie
cifique a
comme avec la phytoh
ematoglutinine ou spe
l’aide d’antigenes connus et auxquels le patient a et
e
anterieurement sensibilis
e (ex : anatoxine t
etanique, virus
herpes, etc.). Ce test est connu egalement sous le nom de
test in vitro de transformation lymphoblastique.
‘‘
En première intention (numération formule
sanguine, dosage pondéral
des immunoglobulines, sérologies post-vaccinales
et post-infectieuses) permettant d’orienter
vers les déficits immunitaires primitifs
les plus fréquents notamment à l’âge adulte
’’
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Étude fonctionnelle des polynucléaires
Les polynucleaires sont fonctionnels s’ils peuvent atteindre
leur cible et assurer la phagocytose et la destruction de
micro-organismes. Des tests d’adh
esion et de chimiotactisme permettent de v
erifier les capacit
es de d
eplacement
des polynucleaires. L’
etude des fonctions phagocytaires
evalue principalement la capacit
e de r
eduction des
polynucleaires gr^ace a la production d’ions super-oxyde
au moyen de test colorim
etrique (
epreuve au nitro bleu de
tetrazolium).
Exploration du complément
On peut etudier soit la voie classique par le dosage du
complexe hemolytique 50 (CH50) dont la baisse traduit
un deficit en proteines de C1 a C9, soit la voie alterne par
le dosage de l’AP50 dont la baisse doit faire rechercher
une anomalie des compos
es D, H, I et properdine. Il est
enfin possible de doser le C1 inhibiteur et d’
evaluer sa
fonction dans le cadre de l’angio-œd
eme bradykinique
h
ereditaire.
Conclusion
L’identification d’un DIP est importante pour la prise en
charge et le pronostic des patients. En d
epit de sa raret
e et
compte tenu de la fr
equence des manifestations digestives,
le gastroent
erologue doit reconnaı̂tre les principaux signes
d’appel devant conduire a un interrogatoire orient
e, un
examen clinique minutieux et a la prescription d’un bilan
biologique de routine. En cas de doute diagnostique, l’aide
de cliniciens immunologistes doit ^
etre sollicit
ee pour
orienter au mieux l’exploration de ces patients et permettre
leur prise en charge pr
ecoce et ad
equate.
clarent n’avoir aucun lien
re
^ts : Les auteurs de
Liens d’inte
&
d’int
er^
et en rapport avec l’article
Références
Les r
ef
erences importantes apparaissent en gras
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of lymphotoxin and GALT organs. Gut 2004 ; 53 : 456-65.
T ake home messages
& Des infections inhabituelles et/ou d’
evolution inhabituelle et/ou recidivantes doivent faire evoquer et
rechercher un deficit immunitaire primitif (DIP).
quen& Les manifestations digestives des DIP sont fre
tes, souvent sous forme d’une diarrh
ee chronique dont
l’origine peut ^etre multifactorielle.
& Une gastrite atrophique, une atrophie villositaire,
une hyperplasie lymphoı̈de nodulaire diffuse, une
^lon
atteinte inflammatoire du gr^
ele et/ou du co
representent les manifestations digestives les plus
communes des DIP.
& Devant des signes cliniques d’appel, les examens de
d
epistage simples comprennent la prescription d’un
h
emogramme, d’un dosage pond
eral des immunoglobulines et de s
erologies post-vaccinales et postinfectieuses. L’aide du Centre de r
ef
erence des DIP a
la caracterisation et a la prise en charge des patients
atteints de DIP est souvent utile.
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