système de représentations pour la forme visuelle des mots
[RABOT] ; b) le système dédié à la forme auditive des
mots [rabo] ; et c) le système dédié aux descriptions structurales.
L’étude d’un mot ou d’un objet active, ou crée, une représenta-
tion de sa structure perceptive dans le PRS, ce qui facilite le
traitement ultérieur de ce même stimulus à partir d’indices
perceptifs réduits. Le PRS sous-tendrait donc les effets d’amor-
çage perceptifs qui sont définis comme l’effet, généralement
bénéfique, de la rencontre préalable d’une information
(l’amorce) sur notre capacité subséquente à traiter de nouveau
cette information en l’absence de récupération consciente de
celle-ci. Ainsi, le fait d’être confronté une première fois à une
information donnée amorcera notre capacité à identifier, juger
ou effectuer tout autre traitement sur cette même information
mais aussi une autre information qui lui est apparentée. L’inté-
rêt pour l’étude de ces effets d’amorçage s’est développé avec les
travaux de Warrington et Weiskrantz (1974) qui ont montré que
les patients amnésiques obtenaient des performances normales
à des épreuves de mémoire dans lesquelles les consignes ne
faisaient pas explicitement référence à la présentation initiale
du matériel encodé (par exemple, l’épreuve qui consiste à com-
pléter des trigrammes : CHEVAL / CHE___). Ces observations
suggèrent que les régions temporales internes ne jouent pas ici
un rôle majeur. En revanche, l’intégrité des régions sensorielles
(notamment les régions néocorticales postérieures) serait néces-
saire à la préservation des effets d’amorçage perceptifs. Depuis
une dizaine d’années, une nouvelle source d’inférence, à savoir
l’imagerie fonctionnelle, apporte des précisions quant aux phé-
nomènes cérébraux qui accompagnent l’effet d’amorçage. Si la
rencontre première avec une information (l’amorce) entraîne
une augmentation du débit sanguin cérébral dans les régions
postérieures, la présentation subséquente de cette amorce ou
d’une information apparentée se traduit, sur le plan hémody-
namique, par une baisse de la perfusion sanguine dans ces
mêmes régions postérieures (Nb : lorsque l’information a été
préalablement intégrée dans le réseau de connaissances préexis-
tant). Ce phénomène physiologique est actuellement considéré
comme un principe d’économie cérébrale (Lebreton et al.,
2002 ; Henson et al., 2004.
Selon le modèle SPI, l’information qui est encodée et stoc-
kée au niveau des PRS peut ensuite être transférée vers le sys-
tème supérieur appelé mémoire sémantique. Dans la première
acception proposée par Tulving (1972), la mémoire sémantique
faisait référence à la compréhension du langage (mémoire des
mots et concepts). Cette conception a été revue à plusieurs
reprises et la mémoire sémantique est actuellement définie
comme le système de mémoire chargé de l’encodage, du main-
tien et de la récupération d’informations générales indépen-
damment de leur contexte d’acquisition. Ces informations peu-
vent concerner plusieurs domaines, tels que les mots et
concepts (par exemple: la famille), la culture générale (Rome est
la capitale de l’Italie) ou encore les aspects sémantiques person-
nels ou les connaissances générales sur soi (la ville où je suis
né (e)). Ce système est associé à la conscience noétique qui
permet au sujet une conduite introspective sur le monde sans
qu’il lui soit nécessaire de revivre l’épisode d’encodage. Une
information peut donc être récupérée sans référence au
contexte d’apprentissage, indépendamment du self et du temps
subjectif (Tulving, 2001).
La nature même des informations prises en charge par ce
système (informations générales de nature conceptuelle, infor-
mations sémantiques personnelles par exemple) pose néan-
moins question. Plusieurs études en neuropsychologie ont rap-
porté le cas de patients présentant des déficits sémantiques
spécifiques à un type d’information, les patients conservant, par
exemple, une bonne compréhension des mots concrets contras-
tant avec d’importantes difficultés pour les mots abstraits.
D’autres encore ont décrit l’altération des capacités en mémoire
sémantique pour une catégorie de connaissances précises, les
patients montrant ici des performances effondrées lorsque la
restitution concerne des objets animés, tandis qu’il existe chez
eux une préservation des connaissances pour les objets inani-
més (Warrington & Shallice, 1984). Ces observations, recueillies
auprès de patients dont les lésions sont généralement circons-
crites au niveau du lobe temporal externe, suggèrent que la
mémoire sémantique serait elle-même composite et ces sous-
systèmes seraient au moins partiellement séparés sur le plan
fonctionnel et neuro-anatomique (Samson, 2003, pour revue).
Toutefois, le lobe temporal externe ne sous-tend pas seul les
capacités de mémoire sémantique. Si l’on se réfère notamment
aux modèles de la consolidation (Moscovitch et al., 2006 pour
revue), bien que la mémoire sémantique ne dépende pas direc-
tement des lobes temporaux internes, elle s’appuie en partie sur
ces structures au moment de l’acquisition de nouvelles informa-
tions. Ainsi, la mémoire sémantique impliquerait un réseau
comprenant les cortex entorhinal, péririhnal et parahippocam-
pique. Les travaux de Vargha-Kadhem et al. ont apporté des
arguments forts concernant le rôle des structures temporales
internes en mémoire sémantique (1997). Les auteurs postulent
en effet que les zones entorhinales et périrhinales suffisent à la
mémorisation d’informations factuelles indépendamment de
leur contexte d’encodage. Au regard de la littérature, il semble
donc que si l’hippocampe joue un rôle dans la mémorisation de
nouvelles informations, il ne serait pas indispensable au fonc-
tionnement de la mémoire sémantique.
Selon Tulving, la mémoire épisodique est le système
mnésique le plus évolué sur le plan phylogénétique et ontogé-
nétique. Il est spécifiquement dédié à la mémorisation d’infor-
mations personnellement vécues, situées dans leurs contextes
spatial et temporel d’apprentissage. Le propre de la mémoire
épisodique est donc de permettre le souvenir conscient d’une
expérience personnelle antérieure, et en ce sens elle est tournée
vers le passé. Lors de la récupération d’un souvenir, l’individu
voyage ainsi mentalement dans le temps et « revit » l’épisode
original. Le sentiment subjectif associé à ce rappel est intrinsè-
quement lié au self de l’individu. Selon Tulving, la mémoire
épisodique s’accompagne donc nécessairement chez l’homme
de la conscience autonoétique (Tulving, 2001) et permet au
sujet de prendre conscience de sa propre identité. La mémoire
épisodique propre à l’individu est donc conçue comme une
S. Martins, et al.
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E
´pilepsies, vol. 18, Numéro spécial, septembre 2006
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