Mémoire humaine Rappel sur les modèles de la mémoire humaine Master de Psychologie (M1) Fabrice Guillaume - année 2008-2009 PSY Q09C – Apprentissage & Mémoire Les cours ont lieu le lundi de 9h à 12h dans la Salle B177 Séances Cours PSY Q09C (Mémoire) Lundi 29 Mémoire 1 (Les modèles de la mémoire) Lundi 6 Mémoire 2 (Mécanismes neurophysiologiques) Lundi 13 Mémoire 3 (Rappel et reconnaissance, dissociation des processus, effets de contextes) Lundi 20 Mémoire 4 (Résultats récents, électrophysiologie & potentiels évoqués) 1 Plan : 1. Introduction générale 2. Approches structuralistes et fonctionnalistes de la mémoire 3. Exemples d’approches structuralistes 4. Mémoire implicite et explicite : état de conscience 5. Modèles symboliques et modèles sub-symboliques de la mémoire 1. Introduction générale 2 2. Approches théoriques de la mémoire Structuralisme : Fonctionnalisme : Le système cognitif est un ensemble de sous-systèmes indépendants ou modules (Fodor) Le système cognitif est unitaire Modèles à boîtes Il y a un continuum des niveaux de traitements et des systèmes Importance donnée à l’analogie structure/fonction Importance donnée à la fonction cognitive Amorçage et mémoire perceptive (ou primaire) Quand la présentation d’un stimulus facilite le traitement d’un stimulus similaire présenté juste après. 3 Processus cognitifs Les processus cognitifs sont les différents modes à travers lesquels : les systèmes naturels : le cerveau humain ou animal, neurone, groupe d'individus (poissons, fourmis, neurones) ... ; et les systèmes artificiels : réseau de neurones artificielles, système expert, ... ; traitent l'information en y répondant par une action. Dissociations temporelles des mémoires 4 La mémoire sensorielle (MS) – Inférieur à 0,5 secondes – Visuelle ou iconique, Auditive ou échoïque, olfactive – Fait intervenir le cortex sensoriel La Mémoire à court terme (MCT) et la mémoire de travail (MT) - Inférieur à 90 secondes - Stockage des informations utiles pour une durée limitée - Fait intervenir le cortex frontal inférieur gauche, le cortex préfrontal, les aires corticales motrices. La mémoire à long terme (MLT) - Supérieur à 90 secondes - Stockage des informations pour une plus ou moins longue durée 5 MCT et MLT Division de la mémoire en plusieurs composantes, une d’entre elles étant spécialisée dans la rétention brève de l’information. Mémoire primaire (<James, 1890), de travail, à court terme. Mémoire secondaire : un élément est absent de la conscience pendant un certain temps, doit être réactivé. 6 3 postulats : (1) mémoires primaire et secondaire impliquent des systèmes (structures) de mémoire distincts, (2) la capacité de la mémoire primaire est limitée, (3) l’information en mémoire primaire décroît rapidement ⇒ retenue seulement si activement répétée. Code perceptifs (traits physiques : icône / écho). Représentation plus abstrait Neuro-imagerie de la mémoire Phase d’encodage Hippocampe Cortex frontal gauche Rétention de l’information néocortex MS MCT MLT Phase de restitution Hippocampe Cortex frontal droit 7 La mémoire de travail ou la mémoire qui travail ? Mémoire de travail selon Baddeley La vue la + influente sur la mémoire de travail actuellement. Baddeley (1976). The psychology of memory. Baddeley (1986). Working memory. Baddeley (1990). Human memory. Baddeley (2000). The episodic buffer: A new component of working memory? Trends in Cognitive Sciences, 4, 417-423. Une mémoire immédiate Nombreuses opérations cognitives de base ont lieu Attention Mémoire 8 Un mécanisme de contrôle attentionnel ⊕ des systèmes auxiliaires esclaves Mémoire de travail comme activation: le modèle des processus “encastrés” (embedded-processes model) Mémoire de travail = sous-ensemble de l’information qui est dans un état d’activation élevée. Cowan (1988, 1993) ; Shiffrin (1993) “là” où le “travail” cognitif est accompli. Différences : pas de division en sous-systèmes (type calepin visuospatial et boucle phonologique) ⊕ inclusion explicite d’une composante mémoire à long terme. ⇒ La mémoire de travail fait partie de MLT 9 4. Mémoire implicite et mémoire explicite : état de conscience des souvenirs 10 Mémoire implicite et mémoire explicite Mise en évidence de la mémoire implicite : La performance à une tâche est facilité en l’absence de souvenir conscient de l’influence d’un événement antérieur Mise en évidence de la mémoire explicite : La performance à une tâche exige le souvenir conscient des événements préalables (processus de récupération intentionnel et délibéré) 11 Mémoire implicite et mémoire explicite Tests : • Rappel libre • Rappel indicé • Reconnaissance • Jugement de fréquence Explicite • Décision lexicale, complètement de mot, dénomination • Amorçage, épreuves perceptives • Tâches d’identification Implicite 12 Mémoire implicite Item spécifique Mémoire explicite Procédurale Perceptif Conceptuel Sensorimoteur Basé sur des règles Associatif Classification à partir d’un indice sensoriel Classification à partir d’un indice sémantique ou conceptuel Néo-cortex Postérieur (aires perceptives) Lobes temporal, pariétal, frontal Stratégique Acquisition d’aptitudes sensori-motrice (e.g. préhension) Résolution de problèmes (e.g. conduite automobile) Récupération d’épisodes à partir d’une clef d’accès (e.g. dernière rencontre) Récupération à partir d’une activité d’inférence (e.g. échec) Cervelet, noyaux de la base Lobes frontaux, médiolatéral, dorso-latéral Hippocampe, système limbique médiotemporal, diencéphale Lobes frontaux, cortex cingulaire Mémoire implicite et mémoire explicite: processus en jeu, structures cérébrales impliquées (Adapté de Moscovitch, 1994). Organisation et systèmes de mémoire(s) Mémoire à long terme Mémoire Explicite (déclarative) Sémantique Episodique Sémantisation Mémoire Implicite (non-déclarative) Procédurale (schémas sensorimoteurs) Apprentissages associatifs Procéduralisation 13 Le(s) modèle(s) de Tulving Souvenir sémantique Souvenir épisodique Faits généraux Concepts Culture générale Faits personnels Biographie Acquis tôt et utilisés souvent Utilisation aléatoire Index temporel et spatial propres Commun à une culture Spécifique à un individu Indépendant du contexte d’acquisition Contextuel Résistant à l’âge et à la pathologie (sauf Alzheimer) Oublis fréquents Souvent atteint dans les pathologies (amnésies, etc.) 14 Tulving 1984 3 niveaux de conscience Hypothèse d’un emboîtement ANOETIQUE Mémoire procédurale Absence de conscience (marcher, vélo, etc.) NOETIQUE Mémoire sémantique (connaissances, langage, etc.) AUTONOETIQUE Mémoire biographique (événements vécus, spatio-temporel) Sémantique Procédurale Épisodique 15 Mémoire du passé lointain Autobiographique épisodique Je me souviens très bien le jour de mon mariage Non-autobiographique sémantique épisodique Je connais le nom des rues de mes anciens anciens logements Je me souviens dans quelles circonstances j’appris l’élection du président sémantique Je connais le nom des 4 derniers présidents Modèle SPI (Sériel Parallèle Indépendant), Tulving 1995 Mémoire épisodique Mémoire à court terme Relations entre la mémoire procédurale et les autres systèmes ? Mémoire sémantique Conservation de souvenirs implicite dans l’amnésie Système de représentations perceptives (PRS) Mémoire procédurale Systèmes de représentations Système d’action Stockage parallèle Encodage sériel Récupération indépendante 16 Propriétés Mémoire épisodique Mémoire sémantique Information : Origine Unités Organisation Référence Sensation Evénements, épisodes Temporelle Moi Compréhension Faits, idées, concepts Conceptuelle Univers Processus : Registre Accès Dépendance contextuelle Affect Vulnérabilité Question de récupération Expérience récollective Développement Existentiel Délibéré Forte Important Forte Quand? Où? Souvenir Tardif Symbolique Automatique Faible Moins important Faible Quoi? Connaissance Précoce Différences entre mémoire épisodique et mémoire sémantique (d’après Tiberghien, 1997, adapté de Tulving, 1983). Mémoire sémantique et lexique mental ? 17 18 Le modularisme de Fodor Limites de la métaphore informatique et du modularisme : 1. L’information n’est pas stockée dans des modules indépendants ; 2. Il n’y a pas de séquentialité ; 3. Module de contrôle ? La mémoire n’est pas un espace Dès qu’il y a perception, il y a une mémoire Perspectives sur le traitement Théorie des niveaux de traitement Craik & Lockhart (1972). Levels of processing: A framework for memory research. Journal of Verbal Learning and Verbal Behavior. Mémoire comme une série d’analyses sur l’information entrante, à des niveaux de + en + profonds. Continuum. Idée : Traitement + profond ⇒ mémoire + durable. 19 Traitement approprié pour le transfert Un traitement profond n’implique pas toujours une meilleure performance de mémorisation car dépend de la tâche de récupération… Tâche d’orientation induisant un traitement sémantique ou de rimes : Jugement de compatibilité oui/non dans -“La voiture a un moteur à explosion” -“Mémoire rime avec espoir” Tâche de reconnaissance : -Standard (“voiture”, “mémoire”) -De rime avec mots cibles (“peinture”, “poire”) 5. Modèles symboliques et modèles sub-symboliques de la mémoire 20 L'esprit est une machine de traitement symbolique de l'information (métaphore de l'ordinateur), c'est-à-dire qu'il opère sur des représentations. De nombreux chercheur admettent que ce type de traitements symbolique peut être réalisé par des machines complètement différentes du point de vue physique et donc que la simulation et la modélisation informatique peuvent fournir de nouveaux moyens d'étudier le fonctionnement de l'esprit. Courant dominant les sciences cognitives jusqu’à la montée en puissance du connexionnisme. Modèles connexionnistes et modèles cognitivistes Connexionnisme Sub-symbolique (vecteurs, valeurs numériques) Neuromimétique Capacités cognitives assez faibles Cognitivisme Symbolique (mots, images) Modèles symboliques Capacité à rendre compte des faits empiriques Ex: Perceptron ; Mémoire auto-associative 21 Niveaux de description & représentation Grand nombre de niveaux (neurones, réseaux de neurones, systèmes fonctionnels, représentations symboliques, etc.) Chevauchement des langages et niveaux de description (symboliques, sub-symboliques, etc) Mauvaise articulation des niveaux Mauvaise compréhension Le connexionnisme décrit un niveau subsymbolique des processus mentaux, tandis que le cognitivisme rend compte des activités mentales symbolique, logiques (F. Varela, 1989). Modèles computo-mimétiques (symboliques) et modèles connexionnistes (sub-symboliques) 22 Mc Clelland & Rumelhard (modèle de perception des mots) Phase 1 : Apprentissage (modifications des poids entre unités du réseau) Phase 2 : Présentation de mots avec une certaine dégradation : le réseau rappel le mot (ex: Work) Mots Lettres Traits Input visuel 23 Critique de la représentation symbolique Aspect dynamique des représentations ? Clôture : Où une représentation finie ? Quelles frontières ? Comment se met en place l’organisation des représentations ? Comment interagissent-elles ? Le système nerveux n’est pas un ordinateur • Le système nerveux est constitué d’un grand nombre de connexions « non binaire » plutôt excitées ou plutôt inhibées •Système bouclé sur lui-même • Très grande flexibilité et très grande plasticité • Le système nerveux central ne peut distinguer l’origine interne ou externe d’une excitation • C’est l’observateur qui effectue cette distinction • Émergence d’un état global du système à chaque instant : l’arrivée d’une nouvelle représentation suppose la restructuration de l’ensemble des représentations (perturbations). 24 Approches connexionnistes et neuromimétiques Pas de symbole explicit d’un concept Ce qui est représenté provient de plusieurs unités : la représentation est distribué Traitement parallèle et distribué Particularités : Dégradation gracieuse Généralisation spontanée Attribution par défaut (analogie de proche en proche) Point fort de ces modèles : leur réalisme biologique (règle de Hebb, etc.) 25 Rejet de la métaphore spatiale : • Traces stockées à des adresses spatialement définies • Mode de stockage distribué • Superposition des traces Modèles cognitivistes (computo-symboliques) : opèrent sur des symboles complexes (mots, images, scènes, etc.) Modèles connexionnistes : opèrent sur des symboles élémentaires (sub-symboliques) 26 Réseau de neurone artificiel : formalisation x1 w1 θ (seuil) w2 x2 Fonction f(x) 1. Poids au niveau des connexions synaptiques 2. Fonction d’activation propre à chaque cellule : - tout ou rien (1 si input > seuil et 0 sinon) - fonction logique ex : x1 x2 Output 0 0 0 0 1 1 1 0 1 1 1 1 Le perceptron (Rosenblat, 1959) : Exemple reconnaissance de chiffre : 1 2 3 7 valeurs d’entrée 4 8 6 7 Je veux reconnaître les chiffres : 1, 3 et 7 Données : 1 2 3 Rétine 4 Connexion complète des cellules de la rétine aux 5 cellules de décision 6 Le nombre de cellule nécessaire dépend du problème traité 7 Unités de décision Taille de la rétine proportionnelle à la taille des données Associer 1 sortie à un vecteur d’entrée 1 3 7 0 0 1 0 0 1 0 1 0 1 1 0 1 1 1 0 1 0 0 1 0 Décisions : 1 0 0 0 1 0 0 0 1 27 Que résout le perceptron ? Un problème de classification : données pour lesquelles il faut répondre 0 ou 1 Taille de la couche d’entrée proportionnelle au type de données Perceptron multicouches : 1. Cellules qui reçoivent des informations venant de l’extérieur (ex: rétine) ; 2. Cellules qui renvoient des informations à l’extérieur (cellules de sorties) ; 3. Cellules cachées (règles d’apprentissage). Réseau de Hopfield (mémoire auto-associative) Objectif : retrouver de l’information dans un réseau par le contenu Caractéristiques : 1. La représentation de l’information est distribuée 2. Mémoire adressable par le contenu 3. Forte tolérance à la dégradation Principe : Données en entrée Trouver un état stable (en réponse) 28 Mémoire auto-associative : réseau de Hopfield a c +1 +2 e b -1 -1 -1 +1 f -2 +1 État initial Sélection de c +3d +3 -1 • Récupération d’une information dans un réseau par le contenu Exemple du calcul d’activation de c : État 4 : a d e f c = (-1 × +1) + (-1 × -1) + (+1 × +2) + (+1 × -1) = +1 4 états stables pour ce réseau : État 1 : État 2 : État 3 : - + + - + - - g • Les cellules sont à la fois des cellules d’entrée et des cellules de sorties a b c - - + - + - + - + + a b c d e f g - + - - + - - A partir d’un certain temps, il n’y a plus d’évolution quelque soit la cellule sélectionnée : état stable (attracteur) d e f g - - - - + + + - - + + + - + Lorsqu’on présente un objet, on veut récupérer l’état le plus proche : autoassociatif Plausibilité neuromimétique Règle de Hebb (1949) I = (X, Y) Événement Activité sensorielle Activité motrice Cible Contexte Stockage des relations par le biais des forces de liaisons entre les unités du réseau Potentialisation à long terme (LPC) 29 Réseaux à compétition Principes de fonctionnement : 1. Une couche de cellules qui reçoivent des signaux en entrée ; 2. Sélection d’une cellule gagnante parmi les cellules de la couche ; Conditions d’utilisation : 1. Les cellules de la couche doivent réagir différemment à des entrées différentes (mémoire) 2. Il faut un mécanisme de concurrence entre les cellules La compétition s’arrête lorsque le réseau atteint un point fixe (cellule gagnante) : état stable c1 c2 - + c3 Connexions symétriques Utilisation : la catégorisation 30