matoires…] permettra sans doute un diagnostic immunolo-
gique spécifique et précoce des infections à C. trachomatis.
Le biologiste doit rechercher deux des trois classes d’anticorps
(IgG, IgA, IgM) ; il pratiquera toujours une recherche d’IgG et
fera soit une recherche d’IgM (témoignant d’une infection
aiguë ou récente), soit une recherche d’IgA (de signification
intermédiaire entre la présence d’IgG et celle d’IgM). Le
médecin prescripteur peut préciser la classe d’immunoglobu-
line qu’il désire rechercher. La détermination d’un titre faible,
moyen ou fort est fonction de la méthode utilisée pour réaliser
le sérodiagnostic.
PRÉLÈVEMENTS
Quelles que soient la situation clinique et la méthode de
recherche de la bactérie, la qualité du prélèvement et sa
conservation sont essentielles à la bonne sensibilité du dia-
gnostic. Lorsqu’il s’agit d’un prélèvement des épithéliums
muqueux (urètre, endocol, conjonctive), un écouvillonnage
franc doit permettre de ramener des cellules. On utilisera de
préférence un écouvillon plastique à extrémité sécable en
forme d’olive (de type Bactopick) ou une petite brosse (type
cytobrush). Ces écouvillons seront placés ou déchargés dans
les milieux de transport propres à chaque méthode de détec-
tion. Pour les conjonctives, il est plus pratique d’utiliser un
écouvillon de coton qui sera déchargé dans le milieu de trans-
port.
La recherche de la bactérie sur urine se fait sur prélèvement de
10 à 15 ml du premier jet recueilli dans un flacon stérile. Il
faut impérativement demander au patient de ne pas uriner pen-
dant au moins une heure avant le prélèvement. Il est probable
que la sensibilité de la méthode puisse être légèrement aug-
mentée par le recueil d’un premier jet d’urine du matin, mais
cela n’est pas démontré. La présence de Chlamydiae dans les
urines, chez la femme, s’explique le plus souvent par une
contamination des urines par les sécrétions vaginales. Chez la
femme, un prélèvement des sécrétions génitales par écou-
villonnage vulvaire déchargé dans le milieu de transport
propre à la méthode d’amplification génique peut être utilisé.
Ce geste de réalisation facile a démontré son intérêt comme
autoprélèvement dans quelques études (6, 13).
Le sperme, les liquides de ponction et les fragments biopsiques
doivent être placés dans un flacon stérile. Les fragments biop-
siques, surtout s’ils sont petits, doivent être transportés dans un
milieu de transport approprié à chaque méthode, afin d’éviter
une dessiccation.
Seuls certains milieux de transport spécifiques destinés à la
recherche du génome de la bactérie peuvent se conserver pen-
dant quelques heures à température ambiante. Tous les autres
prélèvements doivent se conserver à +4 °C pour une durée
maximale de quelques heures avant l’inoculation sur culture
cellulaire, ou de quelques jours avant la recherche d’antigène
ou d’acide nucléique. Pour l’isolement sur culture, il est
conseillé de congeler le prélèvement à -80 °C plutôt que de le
conserver plus de 24 heures avant l’inoculation. Toutefois, la
congélation fait diminuer le titre infectieux du prélèvement.
SITUATIONS CLINIQUES ET MÉTHODES DIAGNOSTIQUES
APPROPRIÉES
L’infection urogénitale basse
Les infections à C. trachomatis représentent la première cause
de maladies sexuellement transmissibles d’origine bactérienne
(2). L’infection se localise au niveau des muqueuses épithé-
liales de l’endocol et de l’urètre, et peut persister de façon tota-
lement asymptomatique. Chez la femme, il n’existe aucun
signe spécifique, et même la normalité de l’examen au spécu-
lum ne doit pas faire éliminer le diagnostic, la cervicite n’étant
pas systématique (14). L’infection peut, à bas bruit, atteindre
les voies génitales hautes et provoquer des lésions tissulaires
irréversibles au niveau des trompes, responsables de stérilité
tubaire et de grossesse extra-utérine (GEU). Toute symptoma-
tologie urogénitale basse doit faire pratiquer une recherche de
C. trachomatis, en se méfiant en particulier des diagnostics
parfois abusifs de “mycose” ou “d’infection urinaire” sans
preuve microbiologique.
Chez l’homme, l’infection peut se manifester par une urétrite,
le plus souvent subaiguë, parfois limitée à la simple sensation
de gêne ou de picotements endo-urétraux sans écoulement
visible. L’extrême fréquence des formes totalement asympto-
matiques, en particulier chez le sujet jeune, chez qui la préva-
lence de l’infection est la plus élevée, pouvant aller jusqu’à
30 % (15, 16), devrait conduire à envisager un dépistage systé-
matique dans la population des moins de 30 ans. Ce dépistage
pourrait avoir lieu dans diverses circonstances telles que la
prescription d’un bilan de pilule contraceptive chez la jeune
femme, la réalisation d’un frottis de dépistage, lors d’une
demande de sérologie VIH (17), et bien sûr dans le cadre des
bilans d’interruption volontaire de grossesse, de GEU, prénup-
tiaux, ou au cours de la grossesse.
La recherche de C. trachomatis par amplification génique sur
premier jet d’urine est l’examen le plus simple à réaliser, bien
accepté par le patient, ayant une bonne sensibilité et une bonne
spécificité. C’est donc l’examen de choix chez l’homme et
chez la femme lorsque l’on désire faire uniquement un dépis-
tage de l’infection à C. trachomatis, dans un souci de faisabi-
lité et d’acceptabilité.
Cependant, chez la femme, la recherche de C. trachomatis sur
le premier jet d’urine paraît moins sensible que celle réalisée
sur un prélèvement d’endocol (12, 18). Si la recherche de
C. trachomatis s’intègre dans un bilan bactériologique plus
complet, il faut prescrire un prélèvement cervico-vaginal avec
recherche explicite de C. trachomatis sur l’endocol et l’urètre ;
la recherche couplée du germe sur ces deux sites améliore la
sensibilité diagnostique. La patiente devra éviter toute toilette
vaginale 24 heures avant le prélèvement. La recherche par
amplification génique n’étant pas reconnue par la nomencla-
ture pour l’endocol et l’urètre, la technique utilisée sera soit la
culture cellulaire, s’il s’agit d’un laboratoire pouvant effectuer
rapidement et quotidiennement l’isolement sur culture cellu-
laire, soit des méthodes de sensibilité moindre, l’hybridation
moléculaire ou la recherche d’antigènes par une technique
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La Lettre du Gynécologue - n° 246 - novembre 1999