Chlamydia Françoise Jauréguy Service de Bactériologie, Virologie, Hygiène Hôpital Avicenne, UFR SMBH Paris 13 Introduction Eubactéries à développement intracellulaire obligatoire rencontrées chez l'homme et l'animal Chez l'homme, 2 espèces, spécifiquement humaines, sont responsables d'infections Chlamydia trachomatis, 1er agent bactérien responsable d'infections sexuellement transmissibles (IST) et d'environ 70% des stérilités tubaires Chlamydiophila pneumoniae, un des principaux agents bactériens responsable de pneumopathies atypiques communautaires. NB : Chlamydophila psittaci est une espèce à tropisme animal, pouvant occasionnellement provoquer des infections respiratoires chez l'homme Rôle des Chlamydiae dans infections chroniques : possible persistance dans les cellules sous forme viable mais non cultivable Taxonomie et caractéristiques bactériologiques La famille des Chlamydiaceae comprend 2 genres et 9 espèces Le genre Chlamydia 3 espèces dont une seule rencontrée chez l'homme, C. trachomatis C. trachomatis est divisée en biovars et sérovars (18) responsables d'infections spécifiques Biovar trachoma : 14 sérovars A, B, Ba, C (trachome) D, Da, E, F, G, H, I, Ia, J et K (infections oculaires et génitales) Biovar LGV : 4 sérovars (L1, L2, L2a, L3) Le genre Chlamydophila regroupe 6 espèces. Deux sont rencontrées chez l'homme C. pneumoniae est divisé en biovars, le biovar TWAR étant spécifiquement humain C. psittaci comprend des souches variées isolées chez les oiseaux sauvages (perroquets) ou domestiques (perruches) et les volailles (canards, poulets) C. trachomatis : Pouvoir pathogène (1) Trachome Kératoconjonctivite chronique, contagieuse (incubation : 7-21 j) Complication majeure : cécité Souches de sérovars A, B, Ba et C 500 millions d'individus vivant en zone d'endémie en Asie et en Afrique sub-saharienne Homme : seul réservoir, transmission à partir du réservoir familial (mains sales, poussières véhiculées par le vent, mouches) Evolution Spontanée vers guérison En zone d ’endémie, réinfestations successives aggravation stade cicatriciel cécité C. trachomatis : Pouvoir pathogène (2) Infections génitales Souches de sérovars D, Da, E, F, G, H, I, Ia, J et K Principale bactérie responsable d'IST Selon l’OMS :90 millions de cas dans le monde en 1996, 4 millions de nouveaux cas par an aux USA et 3 millions en Europe En France, incidence non connue dans la population générale 3% dans la population suivie dans le réseau de surveillance des laboratoires (RENACHLA), Dispensaires (10%) Facteur de risque : jeune âge ++ C. trachomatis : Infections urogénitales Chez la femme : cervicite (1) 100 femmes infectées 30 % symptomatiques 70 % asymptomatiques 2 % GEU 3 % stérilité tubaire 4 % douleur pelvienne chronique 20 % infection pelvienne C. trachomatis : Infections urogénitales Chez la femme : cervicite (2) Asymptomatique ++ Découverte fortuite (bilan gynéco systématique ou urétrite chez partenaire) Cervicite Col rouge, souvent oedématié +/- localisation urétrale sans symptôme (comme urétrite ou dysurie) ECBU : leucocyturie sans bactériurie +++ Complication majeure : salpingite conséquences : stérilité tubaire grossesses extra-utérines C. trachomatis : Infections urogénitales Chez l’homme : urétrite Principale cause de UNG et post gonococciques Urétrite subaiguë +++ (simple goutte matinale) 15-20 % des cas : urétrite aiguë Ecoulement abondant, purulent + brûlures mictionnelles, +/- hémorragies 10-20 % des cas : asymptomatique Période d ’incubation : 48 h > 2 mois (moy 12-16 j) Complications, passage à la chronicité Epididymite Stérilité masculine ?, prostatite ? Synd. Fiessinger-Leroy-Reiter (FLR) Triade : arthrite, uvéite, urétrite Terrain +++ (HLA B27) C. trachomatis : Pouvoir pathogène (3) Infections néonatales Transmission verticale lors de l'accouchement Colonisation du pharynx peut se compliquer de pneumopathie tardive dans 10% des cas Le taux de transmission est élevé de 50 à 70% L'infection la plus commune = conjonctivite Lymphogranulomatose vénérienne (LGV) ou maladie de Nicolas et Favre Dans les régions tropicales ++, plus rare pays industrialisés (homosexuels masculins ++, prostituée ou voyageurs de retour de zone d ’endémie) Souches de sérovars L1, L2, L2a et L3 Maladie systémique à point de départ génital Caractérisée par une atteinte ganglionnaire et lymphatique (tropisme) Début : chancre génital , 1-3 semaines après contage (asymptomatique dans 50 % cas) C. trachomatis : Pouvoir pathogène (4) En cas de suspicion d ’infection haute (salpingite, trachome..) ou à distance (conjonctivite, arthrite, conjonctivite, syndrome de FLR..) recherche systématique au niveau des voies génitales basses Pouvoir pathogène de C. trachomatis et C. pneumoniae Espèces Maladies aigues Complications, maladies chroniques C. trachomatis Sérovars A-C Sérovars D-K Kérato-conjonctivite Urétrite masculine Cervicite, urétrite féminine Sérovars L1-L3 C. pneumoniae Trachome cicatriciel, cécité Epididymite, Syndrome de Reiter, arthrite réactionnelle Endométrite, salpingite, GEU, infertilité, Syndrome de Fitz-Hugh-Curtis Conjonctivite Conjonctivite du nouveau-né Pneumonie du nouveau-né LGV Troubles du drainage lymphatique Pharyngite, sinusite, Athérosclérose ( ?) bronchite, pneumonie Asthme ( ?) C. trachomatis Diagnostic biologique Mise en évidence directe de la bactérie +++ Bactéries très fragiles, développement intracellulaire obligatoire conditionnent le prélèvement (cellules) le transport l ’isolement du germe Ex : Infection génitale symptomatique Chez la femme, prélèvement endocervical sous spéculum à l'écouvillon déposé en milieu de transport et/ou 1er jet d'urine Chez l'homme, prélèvement urétral à l'écouvillon déposé en milieu de transport ou 1er jet d'urine Recherche de C.trachomatis s'inscrit dans une recherche globale d'autres microorganismes susceptibles de donner une infection génitale (Neisseria gonorrhoeae, Trichomonas vaginalis, Gardnerella vaginalis, mycoplasmes, Candida...) Non compris dans un PV standard : recherche spécifique à préciser C. trachomatis Techniques directes de détection (1) Type immunologique Immunofluorescence directe (IFD) d'un frottis cervical Biologie moléculaire (PCR) Seule la PCR a une sensibilité suffisante pour être utilisée dans toutes les circonstances Au bout de 7j sous ATB, PCR doit se négativer C. trachomatis Techniques directes de détection (2) Culture cellulaire Rarement pratiquée Méthode de référence Mauvaise sensibilité La sérologie Aide au diagnostic dans les formes compliquées (infections génitales hautes à C. trachomatis et leurs complications) pneumopathies du nouveau-né ou encore LGV Pouvoir pathogène C. pneumoniae et C. psittaci C. pneumoniae Pneumopathie Primo-infection est précoce dans l'enfance Maladie commence généralement par une pharyngite avant d'évoluer vers une bronchite ou une pneumonie sans signes spécifiques mais reste le plus souvent asymptomatique ou paucisymptomatique Son rôle dans des pathologies chroniques comme l'athérosclérose est envisagé C. psittaci Occasionnellement pneumopathies graves (psittacose, ornithose) chez des personnes en contact avec des oiseaux porteurs de la bactérie Maladie professionnelle chez les oiseleurs, les éleveurs de poulets, de canards et ceux qui travaillent à l'abattage C. pneumoniae et C. psittaci Diagnostic biologique La détection directe Culture cellulaire dans les prélèvements respiratoires Lente et difficile pour C. pneumoniae Exige un laboratoire de haute protection pour C. psittaci étant donnée sa contagiosité. Techniques de biologie moléculaire (PCR++) Les sérologies Méthodes les plus utilisées mais d'interprétation difficile en raison Prévalence élevée de C. pneumoniae Réactions croisées entre espèces de Chlamydia. Sensibilité aux antibiotiques L'étude de la sensibilité (antibiogramme) ne se fait pas en routine Résistance naturelle aux antibiotiques actifs sur la paroi (pas de peptidoglycane) Les antibiotiques actifs sont ceux qui ont une bonne pénétration cellulaire ß-lactamines, les glycopeptides Tétracyclines, macrolides, FQ de dernière génération et la rifampicine Le traitement recommandé de l'infection génitale non compliquée à C.trachomatis est l'azithromycine en monodose Les résistances acquises sont exceptionnelles Prophylaxie Lutte contre les maladies vénériennes par l'éducation, l'utilisation d'un préservatif et enfin le dépistage gratuit. Lors d'un diagnostic positif, traiter le ou les partenaires éventuels Lutte contre le trachome : Amélioration des conditions de vie mais aussi d'hygiène Prévention lors de l'accouchement repose sur l'application d'un collyre. Prévention de la conjonctivite du nouveau-né tels collyre à l'oxytétracycline ou rifampicine Chez les espèces animales : Ovins, caprins, il existe un vaccin Chez les volailles, il n'y a pas de vaccination il s'agit de mesures sanitaires classiques (mise en quarantaine à l'arrivée d'oiseaux importés, élimination des oiseaux malades, nettoyage et désinfection régulière des cages, parquets....…)