(2/2) EDITIONS DE L'ATELIER
interview
«NOTREFILLEESTPARTIEENSYRIEPOUR MOURIR.
CE N'ESTPLUSELLE.ELLE : "JE MANGE BIEN,JE N'AI PLUSFROID,
CONVERTIS-TOI,
INCH ALLAH, ON SEREJOINTAU PARADIS!"»
discours est bien rodé : «Le malaise que
tu ressens ne vient pas de toi, c'est le
signe que Dieu t'a élu(e). Tu appartiens
à un groupe supérieur qui détient la vé
rité pour sauver le monde en déclin. Les
autres sont jaloux, ils vont venir te
mettre le doute. .. »Alors ils ne parlent
plus avec leurs proches, perdent tout
esprit critique, sont en état d'hypnose et
de mimétisme. L'emprise du groupe est
forte, et le basculement, rapide.
Quels symptômes devraient alerter
les parents?
La rupture scolaire. Candy, 18 sur 20
de moyenne en classede seconde, tombe
à 2 et répète :«A l'école, on m'enseigne
le diable !» Puis l'ado aun nouveau
téléphone mobile, signe qu'un réseau
physique est intervenu, et fuit ses co
pains qui « ne peuvent pas compren
dre ». Même dans des familles qui man
gent halal ou casher, il ou elle refuse
désormais lesyaourts, la mayonnaise. . .
prétextant qu'il ya de la gélatine de
porc, que c'est un complot des indus
triels français. Résultat : on ne prend
plus les repas ensemble. Dernier indi
cateur, le réseau tente de provoquer la
rupture familiale, et c'est là que j'essaie
d'intervenir. Comme le cas de cet ado
en région parisienne son réseau est
allé jusqu'à organiser un cambriolage
pour détruire les albums photo de la
famille. Lessouvenirs parasitent l'adhé
sion au groupe. Souvent, les pères cra
quent et sont prêts à les jeter dehors,
les mères, elles, sentent le piège et font
tout pour éviter la rupture.
Comment pensez-vous faire
de la prévention ?
Il faut sensibiliser l'école, la police, les
élus, les imams. ..Dire que ce sont des
dérives sectaires. Arrêter de suspecter
les musulmans pratiquants d'être radi
caux et de valider les radicaux comme
des musulmans ordinaires. L'amalgame
profite aux radicaux, qui jouent sur la
confusion entre secte et religion.
Exemple : un ado arrache un poster au
collège en disant :«C'est ma religion,
elle interdit les images !» On traite le
problème par le biais de la laïcité : «La
religion, c'est chez toi. »Du coup, per
sonne ne s'alerte, sauf que ce sont les
idoles, pas les images, qui sont inter
dites dans le Coran. Si Pierre dit : «La
Bible m'empêche de regarder une sil
houette », on l'envoie chez le psy, mais
si c'est Mohamed, on dit que c'est l'is
lam. Notre représentation de l'islam
nous rend laxistes face aux radicaux.
Autre exemple :une famille catholique
a obtenu un séjour en pédopsychiatrie
pour leur fils endoctriné. Il a dit aux
psys que sa mère était castratrice:
« Mes parents sont racistes, ils ne sup
portent pas que je devienne musul
man ! » Son groupe radicalisé a eu le
droit de venir le voir, pas eux.
Vousavez commencé à travailler avec
ces familles, quelles sont les techniques
pour contrer l'endoctrinement?
Nous travaillons avec des spécialistes des
sectes. Face à la ritualisation, qui sépare,
on oppose des rituels qui ressoudent. Il
faut faire surgir l'enfant qui existe encore
sous l'emprise. Pour ça, les familles
doivent travailler l'affectif avec des pho
tos, raviver les souvenirs, bons ou mau
vais. Il ne faut surtout pas discuter reli
gion ou essayer de les raisonner, mais
faire miroir et répéter ce qu'ils disent:
«Ah bon, tu penses que l'école, ça ne
sert à rien parce que c'est la fin du
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monde ?» Leur faire comprendre qu'ils
récitent des absurdités plutôt que leur
asséner: «Tu dis n'importe quoi ! »Ce
sont des techniques : faire agrandir les
photos de famille, travailler sur les
odeurs de la maison, le du gâteau
préféré, le parfum de leur mère... Et,
évidemment, cacher les passeports,
couper Internet et le mobile.
Parmi ces djihadistes français
partis en Syrie, ilyades jeunes filles.
Sait-on ce qu'elles deviennent?
On a parlé de prostitution, je n'y crois
pas. Mais le mariage, oui. Le groupe is
lamiste syrien envoie un texto à la fa
mille :«On va marier votre fille, merci
de donner votre consentement. » Ils s'en
moquent bien. J'ai des témoignages
la jeune fille craque, mais le téléphone
coupe aussitôt. C'est compliqué de savoir
ce qu'elles deviennent. Des familles en
core en contact disent : «Ce n'est plus
elle, on n'arrive pas à échanger deux
phrases. Elle répète : "Je mange bien, je
n'ai pas froid, convertis-toi, inch Allah,
on se rejoint au paradis !" Notre fille est
partie en Syrie pour mourir. » m
(*)«Désamorcerl'islam
radical,
Ces
dérives
sectaires
quidéfigurent
l'islam.
»,LesEditionsdel'Atelier.
POURPLUSD'INFORMATIONS
Contactez le Centre de prévention
contre les dérives sectaires
liées à l'islam en écrivant à
Parailleurs, pour alerter les autorités,
l'anthropologue a lancé une
pétition, «Rendez-nous nos enfants»,
et réalisé un vidéoclip que vous
pouvez visionner sur marieclaire.fr.
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Date : 01/06/2014
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