La psychanalyse et la psychologie clinique
diverses appellations que l’on puisse lui donner en divers contextes plus
techniques
:
psychologie clinique, psychopathologie, psychothérapie
(pas toutes ses espèces).
Dans le cadre particulier de l’université, comme on l’a montré dans
un autre ouvrage, le paradigme de la psychologie objective (cognitive,
et une assez large partie des sousdisciplines sociale, développementale, et
différentielle) domine largement celui de la psychanalyse, dans un
rapport de
7
à
3
en principe, mais probablement bien plus serré si l’on
tient compte de la composante de ces sous-disciplines qui
<<
sympathise
>>
encore d’une certaine manière avec la psychanalyse universitaire. Par
contre, ce rapport s’inverse complètement en dehors de l’université,
dans le champ des pratiques professionnelles,
où
l’on peut considérer
que
75
%
des praticiens sont des psychologues cliniciens, voire des psycho-
thérapeutes,
y
compris des psychanalystes.
Or, si l’on examine avec attention les références invoquées par la
psychologie objective universitaire, il est incontestable que celles-ci
sont de source anglophone, et plus précisément nord-américaine,
à
95
%
au moins, contre une minuscule portion de couleur francophone.
À
y
regarder même de plus près, toutes les connaissances nouvelles,
toutes les inventions méthodologiques et conceptuelles, toutes les
découvertes en matière de modèles relèvent du génie américain, d’un
talent particulier propre
à
1’
amm’can
way
of
thinking
pour l’expérimen-
tation dans les champs conjoints de la vie mentale et comportementale,
cependant que les auteurs français ne font guère autre chose depuis
cinquante ans que de citer, reprendre, résumer, commenter, accommo-
der et présenter, dupliquer,
si
ce n’est même,
à
l’occasion, plagier
-
sans
aucune originalité,
à
de très rares exceptions près
-
la matière
nord-américaine.
La conséquence de ce qui précède, c’est que, s’il existe une psycho-
logie objective internationale de couleur nord-américaine, qui fait
aujourd’hui largement sentir
son
influence,
à
ce que l’on sache, dans
toutes les nations européennes, il n’existe pas réellement de psychologie
scientifique française originale.
Ou plutôt, s’il existait une psychologie française originale, il faudrait
envisager que le noyau dur en fût constitué ni plus ni moins que par la
psychanalyse française. De fait, il existe une très nombreuse, très produc-
tive et très originale école de psychanalyse de langue française, qui s’est
même avérée au surplus être la plus féconde dans le paysage de la
culture mondiale depuis la guerre
1939-1945.
On étudiera plus loin le
collectif très étoffé de ses représentants les plus marquants. D’après
nous, cette école française de psychanalyse porterait la marque particulière
de la culture nationale, au point qu’il convient de se la représenter
dans la grande tradition des auteurs qualifiés comme
<<
Moralistes
»,
c’est-à-dire experts en matière de
moralia,
ou, si l’on veut, connaisseurs
dans la vie de l’esprit.
Ce
n’est pas par hasard que Lacan a si souvent cité
Pascal et La Rochefoucauld, sans parler de Rabelais, Montaigne, Descartes,
La Bruyère, La Fontaine, Racine, Molière, Malebranche, sans oublier
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