Mini-revue Mise au point sur le traitement chirurgical du cancer du

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Mini-revue
Mise au point
sur le traitement chirurgical
du cancer du bas œsophage
Christophe Mariette
doi: 10.1684/hpg.2007.0109
Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 88.99.165.207 le 24/05/2017.
Service de chirurgie digestive et générale, Hôpital C. Huriez,
CHRU et Université de Lille II, place de Verdun, 59037 Lille cedex
<[email protected]>
Dans le traitement à visée curative des cancers du bas œsophage,
plusieurs options thérapeutiques sont envisageables, la chirurgie
étant traditionnellement considérée comme la technique la mieux
adaptée afin d’obtenir un contrôle locorégional de la maladie et
une survie à long terme. Après un bilan d’opérabilité et d’extension
de la maladie le plus exhaustif possible seront sélectionnés les
candidats à une chirurgie d’exérèse à visée curative. La prise en
charge périopératoire est essentielle et actuellement bien standardisée, devant couvrir notamment les aspects nutritionnels, analgésiques, ventilatoires per et postopératoires et de surveillance intensive des complications potentielles. Une exérèse tumorale en bloc
par double voie d’abord abdominale et thoracique droite et curage
à deux champs, avec rétablissement de la continuité digestive par
gastroplastie, est la technique de choix dans cette indication. Le
bénéfice et la place de la chirurgie mini-invasive restent à déterminer. Avec une mortalité postopératoire désormais inférieure à 5 %
et une morbidité globale moyenne de 35 %, la chirurgie permet
des survies à long terme avec globalement 30 % de patients
survivants à 5 ans et 40 voire 50 % pour ceux opérés dans une
visée curative (R0). L’expertise du centre apparaît comme un
facteur déterminant dans la diminution de la morbi-mortalité postopératoire et l’amélioration du pronostic. Néanmoins, la chirurgie
s’envisage de plus en plus dans le cadre de stratégies thérapeutiques multimodales comportant de la chimiothérapie ou de la
radiochimiothérapie en situation néoadjuvante, en particulier en
cas d’envahissement ganglionnaire et/ou de tumeurs localement
avancées. L’avenir est à un dépistage plus précoce de la maladie,
à une amélioration de l’évaluation de l’extension de la maladie en
préthérapeutique ou après traitement néoadjuvant, à l’amélioration et la standardisation des techniques opératoires et périopératoires et à une potentialisation des traitements néoadjuvants, ce qui
conduit à une stratégie de traitement à la carte pour chaque patient
en fonction de chacun des stades évolutifs de la tumeur.
Mots clés : cancer de l’œsophage, chirurgie, morbidité, mortalité, survie
Tirés à part : C. Mariette
Hépato-Gastro, vol. 14, n°4, juillet-août 2007
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Mini-revue
L
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e cancer de l’œsophage représente le neuvième
cancer le plus fréquent à travers le monde et le
cinquième dans les pays industrialisés. Il représente environ 15 % des tumeurs malignes du tube
digestif en France. Malgré de nombreux progrès dans
le dépistage, le diagnostic, le bilan d’extension et le
traitement, le pronostic de ce cancer reste sombre.
Seulement 30 % des patients peuvent bénéficier d’un
traitement chirurgical. La survie à 5 ans de l’ensemble
des patients est inférieure à 10 % et passe à 30 voire
40 % pour les patients opérés à visée curative.
Dans le traitement à visée curative du cancer de
l’œsophage, plusieurs options thérapeutiques sont
envisageables, la chirurgie étant traditionnellement
considérée comme la technique la mieux adaptée afin
d’obtenir un contrôle locorégional de la maladie et une
survie à long terme. Compte tenu de la sévérité du
pronostic, une approche multidisciplinaire est nécessaire, faisant intervenir la chirurgie, la radiothérapie et
la chimiothérapie, seules ou en association, en fonction
des différentes présentations cliniques. Nous n’aborderons dans cette mise au point que le traitement chirurgical des cancers du bas œsophage, localisation la
plus fréquente (figure 1) et proposerons une stratégie
thérapeutique par stade TNM précisant la place de la
chirurgie.
Bilan préthérapeutique
Même si la chirurgie ne représente plus l’unique traitement à visée curative du cancer de l’œsophage, le
bilan préthérapeutique a pour but de déterminer la
résécabilité éventuelle de la tumeur et la capacité du
patient à supporter une intervention chirurgicale.
Œsophage
Tumeur
Estomac
Figure 1. Pièce d’œsophagectomie et de gastrectomie polaire
supérieure pour adénocarcinome du bas œsophage.
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Bilan d’opérabilité
Il comporte une évaluation de l’état nutritionnel, de la
fonction respiratoire, hépatique et cardiovasculaire. Le
bilan est d’autant plus impératif que ces patients ont un
lourd passé alcoolo-tabagique avec une dénutrition qui
peut être importante. L’âge avancé ne représente plus
à lui seul une contre-indication à la chirurgie d’exérèse.
L’état nutritionnel doit être correctement apprécié car
l’association d’une anorexie à la dysphagie peut
aggraver l’amaigrissement. Son évaluation comporte
le calcul des prises caloriques journalières et du pourcentage d’amaigrissement. Les autres paramètres
(mesures anthropométriques, dosage des protéines
plasmatiques à demi-vie courte, retentissement immunologique) sont moins utilisés. Une perte de poids de
plus de 20 % est une contre-indication absolue à la
chirurgie, mais aussi à une chimiothérapie et nécessite
une assistance nutritionnelle. Une nutrition artificielle
préopératoire n’est recommandée que chez les
patients dénutris (≥ 10 %), au mieux par voie entérale.
Une immuno-nutrition est également recommandée et
ce quel que soit l’état nutritionnel des patients (dénutris
ou non dénutris) avant une chirurgie carcinologique
majeure, a fortiori de type œsophagectomie [1]. Elles
permettent une réduction significative des complications postopératoires, en particulier infectieuses, de la
durée de séjour hospitalier et des coûts. Leur intérêt sur
la réduction de la mortalité n’est pas démontré.
L’évaluation de la fonction respiratoire est fondamentale du fait de la fréquente intoxication tabagique, du
terrain et de la nécessité habituelle d’une thoracotomie
pour l’exérèse œsophagienne. En plus de l’examen
clinique, la radiographie et la tomodensitométrie thoraciques, la gazométrie artérielle et les épreuves fonctionnelles respiratoires doivent permettre de sélectionner les candidats à une chirurgie d’exérèse précédée
ou non d’une préparation respiratoire.
La fonction hépatique doit être évaluée, un bilan biologique perturbé imposant une ponction-biopsie du foie.
Une cirrhose n’est pas une contre-indication en soi à la
chirurgie si le malade se trouve au stade A de Child et
si le taux de prothrombine est supérieur à 60 %. La
présence d’une hépatite alcoolique incite à différer
l’intervention jusqu’à la normalisation du bilan hépatique grâce au sevrage. L’insuffisance hépatocellulaire
et/ou une hypertension portale nette contre-indiquent
l’intervention.
L’évaluation de la fonction cardiaque, clinique éventuellement associée à une échographie cardiaque et à
une épreuve d’effort, doit permettre de dépister une
insuffisance cardiaque, un angor instable ou des
antécédents récents d’infarctus qui sont des contreindications à l’intervention, mais également à l’emploi
de la chimiothérapie par le 5-fluorouracile et le
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cisplatine. Une neuropathie périphérique ou une insuffisance rénale contre-indique également le cisplatine.
En conclusion, seuls les patients présentant un score de
l’American Society of Anesthesiologists (ASA) inférieur
à 3 peuvent être proposés à la chirurgie.
Bilan d’extension préthérapeutique
Ce bilan a pour double objectif d’évaluer, d’une part,
la résécabilité de la tumeur et, d’autre part, d’apprécier son extension locorégionale et à distance.
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• Diagnostic
L’endoscopie œsogastrique avec biopsies (à répéter si
celles-ci sont initialement négatives), et mesure des
distances par rapport aux arcades dentaires, est l’examen de référence (figure 2). Une coloration vitale
(lugol, bleu de Toluidine) est recommandée pour mieux
apprécier les limites tumorales ou pour rechercher une
deuxième localisation œsophagienne.
• Bilan d’extension
Le délai entre la réalisation des examens du bilan
d’extension et la décision thérapeutique doit être le
plus court possible, et ne devrait pas dépasser un mois.
En première intention, il convient de réaliser : un examen clinique complet ; une tomodensitométrie thoracoabdominale, sensible et spécifique pour le diagnostic
de métastases viscérales (hépatiques et pulmonaires) ;
une fibroscopie trachéobronchique afin d’éliminer une
extension muqueuse trachéobronchique ou une
deuxième localisation tumorale. Elle est non systématique pour les adénocarcinomes du tiers inférieur chez
un non-fumeur ; un examen ORL avec laryngoscopie
indirecte, à la recherche d’une paralysie récurrentielle,
d’un cancer ORL synchrone.
En seconde intention, en l’absence de métastases sur
les examens précédents, il convient de réaliser une
échoendoscopie, sauf en cas de tumeur localement
évoluée ou métastatique. Elle est complétée par une
ponction pour confirmation histologique d’adénopathies cœliaques. L’échoendoscopie par minisons de
haute fréquence (20–30 MHz) permet seule de poser
le diagnostic de cancer superficiel et d’indiquer un
traitement endoscopique : parmi les neuf couches individualisées dans la paroi œsophagienne, la plus
importante est la quatrième couche hypo-échogène qui
correspond à la musculaire muqueuse, et dont le franchissement traduit l’infiltration de la sous-muqueuse par
la tumeur. On réalisera une scintigraphie osseuse et
une tomodensitométrie cérébrale seulement en cas de
signes d’appel.
En option peuvent être réalisées :
1) une radiographie thoracique ;
2) une échographie abdominale ;
3) une échographie sus-claviculaire ± cytoponction
échoguidée, pour obtenir une confirmation cyto ou
histologique d’adénopathies cervicales ;
4) une tomographie à émission de positrons, ayant
une plus grande précision diagnostique que l’association tomodensitométrie–échoendoscopie pour la détection des métastases à distance. Elle a théoriquement sa
place lorsque tomodensitométrie et échoendoscopie
concluent à une tumeur non métastatique, et qu’une
résection est envisagée. Il faut essayer de confirmer la
nature métastatique des anomalies repérées seulement
par la TEP ;
5) une laparoscopie ± échographie per-laparoscopique, son apport semblant intéressant pour les adénocarcinomes du cardia et du tiers inférieur de l’œsophage ;
6) un transit œsogastroduodénal qui localise la
tumeur, permet la mesure de sa longueur, note une
désaxation éventuelle (signe péjoratif) et apprécie les
dimensions de l’estomac.
• Recherche de cancers
épidémiologiquement associés
La recherche d’un cancer ORL se fait par examen ORL
et panendoscopie sous anesthésie générale. La recherche d’un cancer broncho-pulmonaire se fait par fibroscopie trachéobronchique. La recherche d’un cancer
ORL ou trachéobronchique, indispensable en cas de
carcinome épidermoïde, est conseillée chez les
patients fumeurs présentant un adénocarcinome de
l’œsophage.
Conditions de la chirurgie
des cancers du bas œsophage
Figure 2. Adénocarcinome du bas œsophage : vue endoscopique.
Le choix de la technique chirurgicale dépend de plusieurs facteurs : l’état général du patient (score ASA), le
bilan préopératoire, les constations peropératoires et
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Mini-revue
la philosophie du chirurgien quant à l’étendue de la
résection et la technique de reconstruction. Historiquement, la résection locorégionale étendue était considérée comme inadaptée pour éradiquer la maladie et le
curage ganglionnaire comme probablement inutile.
L’ablation de la tumeur primitive par voie transhiatale
semblait donner les mêmes taux de survie à long terme
que les résections en bloc plus étendues. De nos jours,
à l’inverse, la résection R0 est considérée comme le
facteur pronostique le plus important dans le cancer de
l’œsophage et ce type de résection ne peut être réalisé
que par une résection en bloc de la tumeur primitive et
des ganglions régionaux.
rieur à 1000 mL/s, la perte de poids supérieure à
20 % du poids de forme et l’insuffisance cardiaque
stade III ou IV de la New York Heart Association
(NYHA).
Les critères de non-résécabilité habituellement retenus
sont : les adhérences à l’aorte sur plus de 90° de sa
circonférence, l’envahissement trachéobronchique,
azygos ou récurrentiel, le diamètre tumoral supérieur à
4 cm, les adénopathies cœliaques (excepté pour les
cancers de la jonction œsogastrique) ou susclaviculaires, les métastases viscérales.
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Technique chirurgicale
Mise en condition préopératoire
Le management préopératoire d’un patient qui doit
bénéficier d’un geste d’exérèse œsophagienne doit
comporter plusieurs aspects. L’intoxication tabagique
doit être arrêtée au moins 1 mois avant la chirurgie.
Une kinésithérapie respiratoire associée aux fluidifiants bronchiques en aérosols et aux médicaments
bronchodilatateurs est conseillée en préopératoire.
Une hygiène buccale et dentaire doit être imposée car
les bactéries anaérobies peuvent être une source
d’infection médiastinale et de pneumopathie. En cas
de dénutrition (perte ≥ 10 % du poids de forme), une
nutrition au mieux entérale doit être proposée pour une
période préopératoire d’au moins 7 jours. L’alimentation orale doit être facilitée en préopératoire par dilatation au ballon ou par gastrostomie percutanée
(endoscopique ou radiologique), cette dernière ne
contre-indiquant pas un geste ultérieur d’œsophagectomie avec gastroplastie. La gastrostomie chirurgicale
doit être évitée, car plus morbide. Une immunonutrition (type Oral Impact® Novartis Nutrition, une
brique 3 fois par jour pendant 7 jours en préopératoire) est recommandée et ce, quel que soit l’état
nutritionnel des patients (dénutris ou non dénutris) [1].
Un prélèvement des expectorations bronchiques peut
être proposé, avec cultures aérobies et anaérobies,
afin de sélectionner des antibiotiques efficaces. Enfin,
une antibioprophylaxie ainsi qu’une thromboprophylaxie doivent être systématiquement envisagées dans la
période périopératoire.
Contre-indications
L’expérience du chirurgien ainsi que l’état général du
patient ont été identifiés comme les principaux facteurs
de mortalité postopératoire après œsophagectomie.
L’opérabilité du patient doit donc être évaluée avec,
comme critères de non-opérabilité généralement retenus : la cirrhose avec insuffisance hépatocellulaire
et/ou hypertension portale, l’insuffisance respiratoire,
le volume expiratoire maximal/seconde (VEMS) infé-
268
Voies d’abord
L’œsophage peut être abordé par les 3 voies suivantes : laparotomie-thoracotomie droite, laparotomiethoracotomie gauche ou transhiatale (figure 3).
L’œsophagectomie par double abord abdominal et
thoracique postéro-latéral droit offre l’accès le plus
direct à l’œsophage et facilite le curage abdominal et
médiastinal. Elle est indiquée pour toutes les tumeurs
intrathoraciques situées sous la crosse de la veine
azygos et est la voie d’abord préférée de la plupart des
chirurgiens. Cette approche permet une œsophagectomie en bloc ainsi qu’une bonne exposition pour un
curage ganglionnaire régional étendu. Un abord cervical complémentaire peut être réalisé pour l’anastomose.
La voie transthoracique gauche, préférée des chirurgiens chinois, permet la mobilisation de l’estomac par
la même voie d’abord, sous réserve d’une incision
diaphragmatique. Elle est principalement indiquée
pour les lésions du cardia et de l’œsophage distal [2].
L’œsophagectomie sans thoracotomie, ou voie
transhiatale, est principalement utilisée pour l’exérèse
des tumeurs de l’hypopharynx et de l’œsophage cervical, ainsi que pour l’exérèse des tumeurs intraépithéliales de l’œsophage intrathoracique. Elle est réalisée
par dissection à l’aveugle de l’œsophage thoracique
par double incision cervicale et abdominale. Cette
technique permet uniquement l’ablation des ganglions
périœsophagiens.
En conclusion, la laparotomie-thoracotomie droite (ou
intervention de Lewis-Santy) est l’intervention de référence dans le traitement à visée curative des cancers du
bas œsophage.
Techniques de reconstruction
L’estomac est l’organe le plus couramment utilisé dans
la reconstruction après œsophagectomie. Après mobilisation extensive du duodénum et de la racine du
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A
B
C
Figure 3. Représentation schématique des différentes approches et méthodes de reconstruction par gastroplastie après œsophagectomie.
A) Laparo-thoracotomie droite (intervention de Lewis-Santy) ; B) laparotomie–cervicotomie gauche (œsophagectomie sans thoracotomie) et
C) laparotomie–cervicotomie gauche–thoracotomie droite (intervention de Akiyama). (D’après Mariette et Triboulet, Encyclopédie MédicoChirurgicale 2004).
mésentère, l’estomac peut être amené jusqu’en base de
langue. L’œsophagectomie implique une vagotomie
tronculaire bilatérale avec, par conséquent, des troubles potentiels de la vidange gastrique, raison pour
laquelle une pyloroplastie est habituellement réalisée.
Dans une étude prospective randomisée comparant la
pyloroplastie à l’absence de manœuvre favorisant la
vidange gastrique chez 200 patients, il n’existait pas
de morbidité ajoutée dans le groupe pyloroplastie. Un
total de 13 patients du groupe contrôle et seulement
deux patients du groupe pyloroplastie ont présenté des
troubles de la vidange gastrique obligeant à une alimentation parentérale prolongée ; quatre patients ont
développé des complications pulmonaires associées à
une distension gastrique, résultant en une inhalation
fatale chez deux patients [3].
La principale alternative à la gastroplastie est l’utilisation d’une plastie colique. Étant donné la plus grande
complexité du geste de transposition colique et la
moins bonne vascularisation du greffon, cette technique doit être réservée aux patients présentant des
antécédents de chirurgie gastrique ou présentant une
pathologie gastrique concomitante. Par ailleurs, la
durée d’intervention est plus longue et nécessite deux
anastomoses au lieu d’une. Le côlon transposé doit être
placé en isopéristaltique. Pour une plastie colique
droite et transverse, le côlon peut être pédiculisé sur
l’artère colique moyenne ; pour une plastie colique
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gauche, le côlon peut être pédiculisé sur l’artère colique gauche.
En conclusion, la plastie gastrique est la méthode de
reconstruction recommandée après exérèse œsophagienne.
Positionnement du greffon
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La voie médiastinale postérieure est la voie la plus
fréquemment utilisée étant la plus directe et ne générant pas de risque de compression de la plastie au
niveau du défilé cervico-thoracique (figure 3). Le principal inconvénient de cette voie est que l’organe transposé peut être envahi en cas de récidive tumorale
médiastinale. Par ailleurs, en cas de radiothérapie
postopératoire, l’organe transposé se trouve dans le
champ d’irradiation.
La voie rétrosternale a l’avantage de protéger l’organe
de remplacement d’une éventuelle récidive médiastinale
et d’être à distance du champ de radiothérapie. Cependant, le trajet est plus long et la plastie peut être
comprimée dans le défilé cervico-thoracique, avec la
possibilité de nécrose localisée de plastie, de fistule, de
sténose à distance avec des difficultés potentielles à une
dilatation endoscopique du fait du trajet en chicane, et
de troubles alimentaires. Enfin, en cas de dilatation de
plastie, une compression cardiaque ou pulmonaire est
possible. Dans une étude prospective randomisée comparant la voie médiastinale postérieure à la voie rétrosternale après exérèse œsophagienne transhiatale, les
taux de fistules anastomotiques, de complications
cardio-pulmonaires et de mortalité étaient supérieurs
dans le groupe rétrosternal [4].
La voie présternale sous-cutanée est abandonnée du
fait des problèmes esthétiques générés.
En conclusion, la voie médiastinale postérieure est la
voie recommandée après exérèse d’une tumeur du bas
œsophage.
Exérèse transthoracique ou transhiatale
Dans la résection à visée curative du cancer de l’œsophage, les deux approches chirurgicales les plus utilisées sont l’œsophagectomie par voie transthoracique
ou par voie transhiatale.
Les défenseurs de l’approche transthoracique mettent
en avant la visualisation directe et donc la dissection
des ganglions périgastriques et périoesophagiens
ainsi que des ganglions intrathoraciques, permettant la
résection complète des tissus tumoraux et péritumoraux
et limitant les risques de résidus et d’essaimage tumoraux. L’abord transthoracique permet également de
réduire, du fait de leur visualisation directe, les plaies
des organes de voisinage comme la veine azygos, le
canal thoracique, l’aorte, la trachée et les troncs bronchiques. Enfin, la réalisation de l’anastomose en intra-
270
thoracique a pour avantages une intervention plus
simple car réalisée par deux voies d’abord et l’absence
habituelle de troubles de déglutition en postopératoire.
Ses inconvénients sont des fistules anastomotiques
rares mais graves, pour le traitement desquelles les
prothèses couvertes extractibles sont une avancée thérapeutique majeure [5], et un reflux gastroœsophagien fréquent, pour lequel une prescription
d’érythromicine à visée prokinétique (250 mg trois fois
par jour par voie orale) pendant 3 à 6 mois associée à
un inhibiteur de la pompe à protons au long cours, est
d’une grande aide.
A l’inverse, les défenseurs de la voie transhiatale
mettent en avant des résultats oncologiques équivalents, des taux moins élevés de complications respiratoires et de douleurs postopératoires, avec une durée
opératoire plus courte permettant de réduire la mortalité et la morbidité postopératoires. Par ailleurs, le
positionnement de l’anastomose en cervical permet
une marge de résection plus importante, une anastomose plus simple à réaliser avec un risque de décès par
fistule plus faible. En revanche, elle implique un temps
supplémentaire avec abord cervical, un taux de fistule
anastomotique plus élevé bien que moins grave, sans
possibilité de traitement par prothèse couverte temporaire, et des paralysies récurrentielles plus fréquentes
favorisant les pneumopathies postopératoires du fait
des troubles de déglutition.
Quatre essais randomisés contrôlés, comparant le
devenir des patients après exérèse par voie transthoracique ou transhiatale, ont été publiés [6-9]. Parmi ces
essais de phase III, trois comparaient de petits effectifs,
ne pouvant amener de conclusions définitives. Dans
ces trois essais, les taux de mortalité et de morbidité
postopératoires étaient similaires entre les deux groupes, et la survie globale n’était pas modifiée par la voie
d’abord chirurgicale. Le quatrième essai, mené par
une équipe néerlandaise experte [6], incluait
220 patients porteurs d’un adénocarcinome du tiers
moyen ou inférieur de l’œsophage randomisés dans
chacune des deux approches transthoracique ou
transhiatale. Il est important de noter que dans le
groupe transhiatal de cette étude était réalisé un
curage médiastinal inférieur après élargissement de
l’orifice hiatal. Le nombre de ganglions prélevés était
significativement plus élevé dans le bras transthoracique que transhiatal (31 versus 16, p < 0,001) ; cependant, il n’existait pas de différence significative entre
les deux groupes en termes de taux de résection
macroscopiquement complète (R0). Il n’existait pas de
différence en termes de mortalité postopératoire entre
les deux groupes avec cependant des taux de complications pulmonaires, des durées d’hospitalisation en
soins intensifs et globaux supérieures dans le groupe
transthoracique. Avec une médiane de suivi de
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4,7 ans, il existait une tendance nette à une meilleure
survie globale et sans récidive à 5 ans dans le groupe
transthoracique, mais cette différence n’était pas significative. Cependant, une analyse du sous-groupe des
patients porteurs d’un adénocarcinome du bas œsophage révélait un bénéfice de survie de 17 % après
résection transthoracique et curage deux champs par
rapport à la voie transhiatale.
Par ailleurs, deux méta-analyses [10, 11], compilant
65 études publiées entre 1986 et 1999 et comparant
les approches transthoracique et transhiatale, ont été
publiées. Ces deux études concluaient que les taux de
complications périopératoires globales et de survie à 3
et 5 ans étaient similaires entre les deux approches. La
mortalité postopératoire était significativement plus élevée dans le groupe transthoracique, alors que les taux
de fistules et de sténoses anastomotiques ainsi que de
paralysies récurrentielles étaient supérieurs dans le
groupe transhiatal.
La mortalité postopératoire variait considérablement
entre les deux approches, de 0 à 27,8 %. Cette mortalité était inférieure à 5 % dans les centres expérimentés
en chirurgie de l’œsophage. Il existe désormais un bon
niveau de preuve pour affirmer que le devenir après
chirurgie d’exérèse œsophagienne est directement lié
au volume de l’activité chirurgicale en cancérologie
digestive complexe. Trois études ont montré des survies
significativement meilleures avec des taux de mortalité
postopératoires plus faibles dans les centres ayant une
grosse activité en chirurgie de l’œsophage [12-14].
En conclusion, les deux approches sont sûres dans des
équipes expérimentées. Cependant, du fait d’une tendance à une meilleure survie à 5 ans après approche
transthoracique, l’œsophagectomie transthoracique
subtotale avec gastroplastie est recommandée.
Intérêt de la voie thoracique gauche
Un essai randomisé multicentrique a comparé chez
167 patients la voie transthoracique gauche (n = 85) à
la voie transhiatale (n = 82) dans le traitement des
cancers du cardia et subcardiaux [2]. L’hypothèse
principale de départ était une amélioration de la survie
globale dans le bras transthoracique gauche par le
biais d’une exérèse plus large et d’un meilleur curage
ganglionnaire. L’étude a été arrêtée à l’analyse intermédiaire devant l’impossibilité de mettre en évidence
un bénéfice de survie comme initialement attendu dans
le bras transthoracique. Avec dans le bras transthoracique gauche une mortalité (4 % versus 0 %, p = 0,25)
et une morbidité (49 % versus 34 %, p = 0,06) plus
élevées, associées à une survie à 5 ans plus faible
(37,9 % versus 52,3 %, p = 0,15), les auteurs
concluent que cette voie d’abord ne peut être recommandée dans le traitement des cancers du cardia et
subcardiaux.
Curage lymphatique
Étant donné la richesse du réseau de drainage lymphatique sous-muqueux, près de 80 % des patients opérés
présentent un envahissement ganglionnaire. Le système de drainage de l’œsophage est complexe, avec
des canaux lymphatiques très abondants, en particulier dans la sous-muqueuse [15]. Ce système unique
résulte en un drainage lymphatique longitudinal, par
opposition du drainage segmentaire du côlon, expliquant probablement les sauts de relais décrits dans le
cancer de l’œsophage [16]. L’envahissement ganglionnaire est un des facteurs les plus importants dans
la prédiction de la récidive loco-régionale ou à distance dans le cancer de l’œsophage [17, 18]. Les
principaux objectifs du curage lymphatique (figure 4)
sont d’optimiser la stadification tumorale, de réduire
les récidives locorégionales et d’augmenter la survie.
Néanmoins, la valeur du curage dans la chirurgie des
cancers du bas oesophage reste à préciser, de même
que l’étendue de ce curage.
Trois types différents de curage deux champs (abdominal et thoracique) peuvent être proposés :
– curage standard, incluant les ganglions latéroœsophagiens, sous-carénaires, latérobronchiques à
l’étage thoracique et les ganglions paracardiaux droits
et gauches de la petite courbure et gastriques gauches
à l’étage abdominal ;
– curage étendu, qui en plus du curage standard
associe l’exérèse des ganglions récurrentiels droits,
sous-claviculaires et latérotrachéaux droits au niveau
thoracique, et cœliaques au niveau abdominal ;
– curage total incluant en plus l’exérèse des ganglions sous-claviculaires gauches, récurrentiels et paratrachéaux bilatéraux.
Les résections chirurgicales en bloc radicales incluent
un curage étendu à l’œsophagectomie (curage deux
champs étendus), parfois associé à un curage des
ganglions cervicaux (curage trois champs). Elles ont
été rapportées dans certains travaux comme permettant de réduire les récidives locorégionales et augmenter les survies à long terme chez les patients opérés
[19, 20].
Les défenseurs du curage trois champs mettent en avant
que 20 à 30 % des patients porteurs d’un cancer du
tiers moyen ou inférieur de l’œsophage ont des métastases ganglionnaires cervicales [21, 22]. Malgré l’intérêt de cette approche pour une évaluation plus précise
de l’envahissement ganglionnaire, son intérêt dans
l’augmentation du contrôle local de la maladie et dans
la survie est plus discutable. Dans plusieurs études non
randomisées monocentriques, les auteurs suggèrent
que l’amélioration de la survie est liée à l’utilisation de
curages étendus, avec une morbidité acceptable et une
mortalité faible. Cependant, plusieurs de ces études
sont biaisées, de par des effectifs faibles, une confusion
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271
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Mini-revue
A
B
C
Figure 4. Étendue du curage ganglionnaire pour les cancers du bas œsophage. A) Curage standard deux champs ; B) curage étendu deux
champs et C) curage trois champs. (D’après Wu et Posner, Lancet Oncol 2003).
des bénéfices liés au curage avec ceux liés aux traitements adjuvants ou une comparaison avec des séries
historiques. De plus, l’étude des sites de récidive après
curage deux champs ne montre que peu de récidives
cervicales, de l’ordre de 6 à 11 % [17, 23]. Par
conséquent, la responsabilité seule du curage radical
dans l’amélioration de la survie reste discutée. Une
étude récente américaine monocentrique sur 80
patients opérés de façon consécutive d’une œsophagectomie radicale rapportait une survie à 5 ans de
51 %, bien meilleure que les survies de la littérature,
avec une morbidité raisonnable, sans augmentation de
la mortalité. Dans cette étude, 30 % des patients changeaient de stade, conséquence de ce curage radical,
comme rapporté par d’autres auteurs japonais [24,
25]. Un seul essai randomisé prospectif a comparé le
curage étendu au curage standard chez 62 patients
porteurs d’un carcinome épidermoïde de l’œsophage
thoracique [22]. Malgré le fait que les interventions
avec curage étendu aient été plus longues et plus
hémorragiques que les interventions conventionnelles,
la mortalité postopératoire n’était pas significativement
différente. Dans cette petite série monocentrique, les
patients ayant bénéficié d’un curage étendu avaient
une tendance à une meilleure survie à 5 ans (66,2 %
versus 48 %) avec moins de récidives (12,9 % versus
24,1 %). Cependant aucune de ces différences n’était
statistiquement significative. De plus, dans cette étude,
les patients étaient également randomisés pour recevoir soit une chimiothérapie, soit une radiochimiothé-
272
rapie postopératoire, rendant délicate l’interprétation
des résultats.
L’extension de la dissection ganglionnaire permet une
évaluation plus précise de l’envahissement ganglionnaire, avec pour conséquence une migration de stade
pTNM, pouvant expliquer ainsi l’amélioration de survie rapportée dans plusieurs séries [6, 26]. Du fait de
l’absence d’étude randomisée adaptée montrant un
bénéfice au curage ganglionnaire étendu, cette stratégie chirurgicale ne peut être recommandée.
En conclusion, le curage ganglionnaire deux champs,
médiastinal et abdominal est recommandé avec nécessité d’examiner au moins 15 ganglions sur la pièce
dont six médiastinaux (recommandations de l’UICC
1997).
Chirurgie mini-invasive
L’extension de la radicalité de l’exérèse chirurgicale
n’ayant pas fait ses preuves en termes de survie,
plusieurs auteurs ont cherché à obtenir des résultats
carcinologiques équivalents, tout en essayant de diminuer la mortalité et la morbidité postopératoires par
une approche moins invasive et adaptée à chaque
patient.
Différentes techniques mini-invasives (figure 5) ont ainsi
été rapportées, avec des résultats encore à confirmer :
– la résection endoscopique des tumeurs limitées à la
muqueuse est à l’étude et pourrait être proposée
comme une alternative à l’œsophagectomie [27] ;
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Figure 5. Chirurgie mini-invasive du cancer du bas œsophage.
– la dissection microchirurgicale endoscopique de
l’œsophage [28] utilisant un médiastinoscope spécifique avec un canal opérateur et permettant, après une
laparotomie classique, la dissection de l’œsophage
après introduction de l’appareil par voie cervicale. Un
premier travail sur 37 patients suggérait une diminution des complications cardiopulmonaires mais au prix
de taux élevés de paralysies récurrentielles (18 %) et
de fistules anastomotiques (19 %) ;
– une résection en bloc peut être réalisée par laparoscopie et/ou thoracoscopie ou par chirurgie cœlioassistée. Les avantages théoriques sont une réduction de la
douleur postopératoire, des durées de séjour en soins
intensifs et globale et du coût global. Ces facteurs
amélioreraient la qualité des suites et le devenir, autorisant les patients à un retour plus rapide à la vie
normale. Les premiers travaux avaient montré que
l’œsophagectomie mini-invasive était faisable, avec
des pertes sanguines minimes mais une durée opératoire nettement allongée, des durées d’hospitalisation
variables, sans augmentation notable de la mortalité et
de la morbidité opératoires par rapport aux techniques
conventionnelles [29, 30]. La qualité de la dissection
ganglionnaire semblait satisfaisante et comparable à
celle obtenue en chirurgie ouverte. Mais les survies
rapportées dans quelques rares séries apparaissent
mauvaises [29]. Par ailleurs, malgré le fait que les
incisions soient plus petites, plusieurs zones corporelles
sont disséquées (abdomen, médiastin, thorax et cou),
ce qui représente le facteur le plus important dans la
morbidité et la mortalité postopératoires après œsophagectomie. Enfin, ces expériences sont encore ponctuelles, issues de centres experts et ne concernent que
des patients porteurs de petites tumeurs n’ayant pas
bénéficié de traitement préopératoire. De ce fait, les
avantages théoriques des techniques mini-invasives
seraient à relativiser. De nombreux points restent à
étudier avant d’en recommander la pratique comme :
l’approche chirurgicale optimale (laparoscopique
et/ou thoracoscopique), la reproductibilité, le rapport
coût-efficacité, les bénéfices par rapport aux techniques conventionnelles et la place des techniques
mini-invasives après traitement néoadjuvant et/ou pour
les grosses tumeurs, situations cliniques les plus
fréquentes.
En conclusion, aucune donnée factuelle n’est disponible à ce jour pour affirmer les avantages théoriques des
techniques mini-invasives sur la chirurgie ouverte.
Résultats de la chirurgie
La comparaison des résultats du traitement chirurgical
des patients porteurs d’un cancer de l’œsophage est
difficile. Différentes approches thérapeutiques dans
divers centres sont à considérer : mélange des différents types histologiques et des stades tumoraux, variabilité dans les indications de résection, la définition des
morbidités, l’étendue du curage ganglionnaire, les
techniques opératoires et l’interférence avec les traite-
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273
Mini-revue
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ments néoadjuvants ou adjuvants, de type chimiothérapie ou radiochimiothérapie. Néanmoins, les résultats
de la chirurgie du cancer de l’œsophage ont beaucoup
progressé depuis ces dernières années. Les taux de
résécabilité sont proches de 80 % avec comme principaux facteurs de réussite une meilleure sélection des
patients candidats à une chirurgie d’exérèse et une
prise en charge dans des centres spécialisés.
Les progrès dans l’évaluation de l’extension tumorale et
de l’opérabilité, de l’anesthésie, des techniques chirurgicales et de la prise en charge périopératoire, ont
permis de diminuer la mortalité postopératoire, qui est
inférieure à 5 % dans les centres spécialisés, avec une
morbidité postopératoire en diminution mais non négligeable, essentiellement respiratoire.
Morbi-mortalité postopératoire
Les complications des œsophagectomies pour cancer
sont fréquentes, nombreuses et potentiellement graves.
Les taux de complications s’échelonnent de 15 à 50 %
(moyenne 35 %) avec une mortalité postopératoire de
2 à 10 % (moyenne 5 %). Elles sont liées :
– au terrain : patients dénutris, alcooliques, tabagiques et souvent porteurs de tares associées ;
– à l’intervention chirurgicale : complexe, longue,
nécessitant plusieurs voies d’abord ;
– au stade évolutif de la tumeur ;
– à l’association éventuelle à un traitement néoadjuvant.
Ces complications sont :
– peropératoires : très rarement, plaies trachéales ou
bronchiques, plaies de la veine azygos, des veines
pulmonaires ou de l’aorte, surtout au cours des œsophagectomies sans thoracotomie ;
– postopératoires.
• Complications pulmonaires
Les complications pulmonaires restent le problème le
plus fréquent après œsophagectomie : entre 10 et
35 % des patients développent une pneumopathie et
4 % un syndrome de détresse respiratoire aiguë
(SDRA). Elles sont responsables de 50 % des décès.
Elles sont représentées par les :
– encombrements bronchiques ;
– atélectasies ;
– pneumopathies ;
– défaillances respiratoires ;
– SDRA.
Les résections avec anastomoses cervicales comportent
des complications respiratoires plus nombreuses, sans
doute en raison du nombre plus élevé de fistules, de
paralysies récurrentielles et de régurgitations trachéobronchiques. Toute complication pulmonaire doit faire
éliminer une fistule anastomotique.
La prévention repose :
274
– en préopératoire, sur un sevrage alcoolique et
tabagique supérieur à un mois, une préparation respiratoire, une éradication de tout foyer infectieux, otorhinolaryngologique ou pulmonaire et une renutrition
avec immunonutrition ;
– en peropératoire sur une anesthésie péridurale, une
ventilation correcte du poumon en évitant les hyperpressions, une limitation du remplissage, une préservation de l’innervation bronchique et une limitation de la
durée d’intervention ;
– en postopératoire sur une analgésie péridurale, une
extubation précoce et une kinésithérapie respiratoire
intensive.
• Fistules
Les fistules anastomotiques surviennent dans 5 à 10 %
des cas, et sont responsables de 20 % des décès. Les
fistules précoces (dans les premières 72 heures) sont
dues à une malfaçon. Les fistules sont plus fréquentes
mais moins graves après anastomoses cervicales (12 à
16 %) qu’après anastomose intrathoracique (4 à 6 %),
potentiellement mortelles par médiastinite.
• Chylothorax
Sa fréquence est de l’ordre de 1 à 2 %. Il peut n’apparaître qu’à la reprise de l’alimentation. Un traitement
médical d’épreuve par l’étiléfrine (Effortil®) ou par la
somatostatine, associé à un jeûne, peut être testé
pendant 48 heures. En cas d’échec, une réintervention
thoracique précoce avec ligature de tous les éléments
situés entre l’aorte et le rachis doit être proposée. La
prévention est assurée par la ligature systématique du
canal thoracique.
• Paralysie des cordes vocales
La paralysie des cordes vocales survient chez environ
4 % des patients, plus fréquemment après curage trois
champs, chirurgie du tiers supérieur de l’œsophage ou
anastomose cervicale. Elle peut entraîner des complications pulmonaires.
• Autres
Les autres complications non spécifiques représentent
40 % des décès, avec au premier plan les complications cardiaques.
• Complications tardives
Les sténoses anastomotiques, favorisées par les fistules,
surviennent dans 6 à 11 % des cas, en général au
cours des trois premiers mois, et sont traitées par
dilatation endoscopique. Elles sont favorisées par les
sutures mécaniques. Les sténoses tardives sont dues à
une récidive. Le reflux gastro-œsophagien est rarement
très gênant, d’autant plus invalidant que l’anastomose
œsogastrique est basse.
Hépato-Gastro, vol. 14, n°4, juillet-août 2007
Résultats oncologiques
Les résultats de la chirurgie dans le cancer de l’œsophage ont fortement progressé au cours de ces dernières années, en particulier dans les centres experts. La
sélection des patients candidats à la chirurgie, l’expertise chirurgicale, l’amélioration de la prise en charge
périopératoire et l’association aux traitements néoadjuvants sont les principaux facteurs responsables de ce
progrès.
Après chirurgie à visée curative du cancer de l’œsophage, une récidive néoplasique survient chez 50 %
des patients, avec un délai médian de 12 mois. Dans
l’année qui suit la chirurgie, 45 % des patients développent une récidive. Les deux principaux sièges de
récidive sont médiastinal et hépatique. La survie
médiane après le diagnostic de la récidive est de
7 mois. Le stade pT est le principal facteur prédictif de
récidive [17].
• Survie
La survie globale à 5 ans du cancer de l’œsophage est
de 10 %, 30 % après résection. Elle varie de 34 à
50 % après chirurgie radicale en bloc R0, en association avec un traitement néoadjuvant pour les tumeurs
localement avancées [6, 19, 31]. Elle est de 47 %
dans notre expérience après chirurgie curative [32].
Après exérèse incomplète de type R1 ou R2, les taux de
survie à 5 ans sont de 7 % et 0 %, respectivement.
La survie après exérèse chirurgicale est dépendante du
stade tumoral (figure 6). Les taux de survie à 5 ans sont
respectivement de 74 %, 83 %, 67 %, 49 % et 30 %
pour les lésions pT0 (réponse histologique complète
100
Facteurs liés à la tumeur
Le type histologique ne semble pas être un facteur
pronostique indépendant. Seuls les patients porteurs
d’un adénocarcinome pT1 semblent avoir un bénéfice
en termes de survie par rapport aux carcinomes épidermoïdes de même stade [34, 35].
Le stade pT apparaît comme un facteur pronostique
indépendant dans de nombreux travaux, mais pas
dans tous. Il peut être apprécié de façon fiable lors du
bilan préthérapeutique par l’échoendoscopie [36]. Il
supplante la taille et la localisation tumorale. Le stade
pN est le facteur pronostique indépendant le plus
souvent identifié. De plus, la survie est inversement
proportionnelle au nombre de ganglions envahis [32].
La réponse histologique complète au traitement néoadjuvant est un facteur pronostique indépendant.
L’invasion vasculaire et lymphatique a été identifiée
comme facteur de mauvais pronostic, corrélée aux
stades pT et pN. L’invasion périneurale n’apparaît pas
comme un facteur pronostique indépendant majeur.
Les micrométastases ganglionnaires sont associées à
un pronostic plus défavorable. Le degré de différenciation, de même que la ploïdie, sont des facteurs pronostiques secondaires. L’altération d’oncogènes, de gènes
suppresseurs de tumeurs, de facteurs de croissance ou
de leurs récepteurs n’a pas encore montré d’intérêt
pronostique.
Les analyses multivariées n’ont pas identifié comme
facteur pronostique, l’âge, le sexe ou l’état physiologique du patient. Le score ASA a été identifié comme
facteur prédictif de mortalité et de morbidité postopératoires [37]. La dénutrition n’apparaît pas clairement
influencer de façon indépendante la morbidité, la
mortalité et la survie dans les travaux prospectifs.
60
40
Stage 0
Stage I
Stage IIA
Stage IIB
Stage III
20
0
• Facteurs pronostiques
Facteurs liés au patient
80
Survie (%)
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• Récidive
après radiochimiothérapie néoadjuvante), pTis, pT1,
pT2 et pT3 et de 63 % et 30 % respectivement pour les
lésions pN0 et pN1 [33]. De même, la survie à 5 ans
est de 53 % si quatre ganglions ou moins sont envahis
contre 8 % en cas d’envahissement de plus de quatre
ganglions [32].
0
12
Facteurs liés à la stratégie thérapeutique
24
36
48
60
Temps (mois)
Figure 6. Taux de survie à 5 ans selon le stade tumoral histologique
après chirurgie seule, macroscopique complète, du cancer de l’œsophage.
La présence de résidus tumoraux après chirurgie est un
facteur indépendant majeur de mauvais pronostic
[38]. Les taux de survie à 5 ans sont de l’ordre de 30
à 40 % après chirurgie R0 (pas de tumeur résiduelle)
contre 7 % après chirurgie R1 (résidus microscopiques)
et 0 % après chirurgie R2 (résidus macroscopiques).
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275
Mini-revue
Place de la chirurgie
dans la stratégie thérapeutique
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Compte tenu de la sévérité du pronostic, une approche
multidisciplinaire des cancers du bas œsophage est
nécessaire faisant intervenir en plus de la chirurgie, la
radiothérapie et la chimiothérapie, seules ou en association. Cependant, du fait du peu d’essais randomisés
de qualité, la question de la place respective de ces
traitements, et donc de la stratégie thérapeutique optimale est toujours débattue. A ce jour, la littérature nous
permet de proposer les stratégies thérapeutiques suivantes, en accord avec le thésaurus national de cancérologie digestive [39] : la chirurgie est le traitement de
référence, utilisée seule pour les stades I (T1N0) et IIa
(T2-T3N0), en association à discuter avec une chimiothérapie (CT) ou une radiochimiothérapie (RCT) néoadjuvante pour les stades IIb (T1-T2N1). Pour les cancers
localement avancés (stade III, T3-T4N1), les adénocarcinomes relèvent d’un traitement par CT ou RCT néoadjuvante suivi de chirurgie alors que pour les carcinomes épidermoïdes, en particulier sus-carénaires, la
RCT exclusive est le traitement de référence avec les
réserves suivantes : patients répondeurs ; chirurgie de
rattrapage à visée curative en cas de non-réponse ou
de persistance tumorale en fin de traitement [40] ;
survie probablement améliorée par la chirurgie adjuvante dans les centres expérimentés chez des patients
sélectionnés [41].
Conclusion
Dans le traitement à visée curative des cancers du bas
œsophage, plusieurs options thérapeutiques sont envisageables, la chirurgie étant traditionnellement considérée comme la technique la plus adaptée afin d’obtenir un contrôle locorégional de la maladie et une survie
à long terme. Après un bilan d’opérabilité et d’extension de la maladie le plus exhaustif possible seront
sélectionnés les candidats à une chirurgie d’exérèse à
visée curative. La prise en charge périopératoire est
essentielle et actuellement bien standardisée devant
couvrir notamment les aspects nutritionnels, analgésiques, ventilatoires per et postopératoires et de surveillance intensive des complications potentielles. Une
exérèse tumorale en bloc par double voie d’abord
abdominale et thoracique droite et curage deux
champs, avec rétablissement de la continuité digestive
par gastroplastie, est la technique de choix dans cette
indication. Le bénéfice et la place de la chirurgie
mini-invasive restent à déterminer. Avec une mortalité
postopératoire désormais inférieure à 5 % et une morbidité globale moyenne de 35 %, la chirurgie permet
des survies à long terme avec 30 % de patients survivant à 5 ans globalement et 40 voire 50 % pour ceux
276
En résumé
• Le bilan d’extension doit comporter :
– une endoscopie œsogastrique avec coloration vitale (lugol,
bleu de Toluidine) pour apprécier les limites tumorales et pour
rechercher une deuxième localisation œsophagienne ;
– une tomodensitométrie thoraco-abdominale, pour le diagnostic de métastases hépatiques et pulmonaires ;
– une fibroscopie trachéobronchique afin d’éliminer une extension muqueuse trachéobronchique ou une deuxième localisation tumorale (non systématique pour les adénocarcinomes du
tiers inférieur chez un non-fumeur) ;
– un examen ORL à la recherche d’une paralysie récurrentielle
ou d’un cancer ORL synchrone ;
• En l’absence de métastases sur les examens précédents :
– une échoendoscopie avec éventuelle ponction d’adénopathies cœliaques ;
– une échographie sus-claviculaire ± cytoponction échoguidée ;
– une tomographie à émission de positrons, pour la détection
des métastases à distance quand une résection est envisagée ;
– un transit œsogastroduodénal qui localise la tumeur, permet
la mesure de sa longueur, note une désaxation éventuelle
(signe péjoratif), apprécie les dimensions de l’estomac.
• Il existe désormais un bon niveau de preuve pour affirmer que
le devenir après chirurgie d’exérèse œsophagienne est directement lié au volume de l’activité chirurgicale du centre en cancérologie digestive complexe.
• Du fait d’une tendance à une meilleure survie à 5 ans après
approche transthoracique, l’œsophagectomie transthoracique
subtotale avec gastroplastie est recommandée.
• Le système de drainage de l’œsophage est longitudinal, par
opposition au drainage segmentaire du colon, expliquant probablement les sauts de relais décrits dans le cancer de l’œsophage.
• L’extension de la dissection ganglionnaire permet une évaluation plus précise de l’envahissement ganglionnaire. Le curage
ganglionnaire deux champs, médiastinal et abdominal est recommandé avec nécessité d’examiner au moins 15 ganglions sur la
pièce dont six médiastinaux (recommandations de l’UICC 1997).
• Les facteurs pronostiques indépendants sont : le stade pT qui
peut être apprécié de façon fiable lors du bilan préthérapeutique
par l’échoendoscopie ; le stade pN ; la réponse histologique
complète au traitement néoadjuvant ; la présence de résidus
tumoraux après chirurgie. La résection R0 est considérée comme
le facteur pronostique le plus important dans le cancer de
l’œsophage.
opérés à visée curative (R0). L’expertise du centre
apparaît comme un facteur déterminant dans la diminution de la morbi-mortalité postopératoire et l’amélioration du pronostic. Néanmoins, la chirurgie s’envisage de plus en plus dans le cadre de stratégies
thérapeutiques multimodales comportant de la chimio-
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thérapie ou de la radiochimiothérapie en situation
néoadjuvante, en particulier en cas d’envahissement
ganglionnaire et/ou de tumeurs localement avancées.
L’avenir est à un dépistage plus précoce de la maladie,
à une amélioration de l’évaluation de l’extension de la
maladie en préthérapeutique ou après traitement néoadjuvant, à l’amélioration et la standardisation des
techniques opératoires et périopératoires et à une
potentialisation des traitements néoadjuvants, amenant
à une stratégie de traitement à la carte pour chaque
patient en fonction de chacun des stades évolutifs de la
tumeur.
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