d'un affrontement
collectif
déclaré,
déclenché
par une ou plusieurs
parties
(c'est-à-dire les
groupes
sociaux
ou leurs
représentants)
dans le but d'assurer la réalisation, la mise en valeur ou
la préservation des intérêts particuliers de groupe. Cette définition implique qu'il faut faire une
distinction entre le conflit et des
concepts
tels que l'ethnocentrisme, le préjugé et le
stéréotype,
concepts
que les psychologues
sociaux
emploient souvent
comme
s'ils étaient
synonymes
du
conflit. Alors que ces
concepts
se
rapportent
à des
états,
des sentiments, des connaissances et
des croyances
intrapsychiques
qui, dans le cadre d'une relation
causale,
peuvent
être impliqués
dans le conflit, le fait d'établir la nécessité de ces processus dans le conflit intergroupe
relève
plutôt
de
recherches
empiriques que d'une question de définition. Il est possible que ces
états
psychologiques soient des sources
importantes
de conflit sans être toutefois nécessaires ou
suffisantes
pour
l'engendrer.
En effet, ils
peuvent
tant en être les conséquences que les
déterminants
(Sherif
et al., 1961, 1988)3.
Comme
il remet en question les
structures
existantes au niveau des relations intergroupes, le
nationalisme
porte
en lui les
germes
du conflit intergroupe. Le
présent
chapitre vise à
expliquer
comment les
mécanismes
psychosociaux - impliqués
généralement
dans le conflit intergroupe -
se manifestent dans la détermination des conflits nationalistes.
CONDITIONS DE DECLENCHEMENT DU CONFLIT INTERGROUPE : INTERETS
REALISTES ET COMPETITIFS
Deux courants se dessinent parmi les diverses disciplines qui étudient les motivations
impliquées dans le conflit intergroupe, en
général;
et dans le conflit ethnique, en particulier.
L'un met en
évidence
la motivation
liée
à la
poursuite
et à la
maximisation
des intérêts
"rationnels" ou réalistes, l'autre
souligne
le rôle des motivations symboliques ancrées dans les
liens affectifs, les besoins émotionnels ou expressifs et
l'identification
et l'attachement au
groupe4.
Après
le survol des
interprétations
psychosociales
de ces courants, nous montrerons
que
ceux-ci
ne
s'excluent
pas
mutuellement.
Intérêts
réalistes
incompatibles
et
conflit
Selon
la théorie des conflits réels
(Sherif,
1966;
Sherif,
Harvey, White, Hood &
Sherif,
1961,
1988;
Sherif
&
Sherif,
1953;
Simmel,
1955; Coser, 1956, 1957; Campbell, 1965; Le
Vine
&
Campbell, 1972), les individus et les groupes sont des acteurs rationnels dont les actions sont
motivées par la
maximisation
de leur
propre
intérêt. A
partir
de ces prémisses, il
ressort
théoriquement que le conflit intergroupe dépend de la
structure
objective
des relations qu'ils
ont entre
eux
: si ces relations sont compétitives, le conflit est alors
inévitable,
c'est par la
création d'une
structure
de relations coopérative que le conflit est évité ou résolu. La
compétition et la coopération sont respectivement définies
comme
l'incompatibilité
et la
compatibilité des objectifs "réalistes" (ou matériels) de groupe. Deux groupes ont des buts
incompatibles
lorsque les objectifs de l'un ne
peuvent
être
atteints
qu'aux
dépens de
ceux
de
l'autre. Dans cette situation à somme nulle, les relations entre les groupes sont compétitives et
conflictuelles.
On parle de buts
supra-ordonnés
ou compatibles quand les objectifs d'un groupe
ne
peuvent
être
atteints
que si
ceux
de l'autre le sont aussi. Par conséquent, ces buts
nécessitent des relations coopératives
pour
leur réalisation.
Selon
la théorie des conflits réels,
les conséquences psychologiques des incompatibilités d'objectifs (qui sont
elles-mêmes
déterminées
objectivement/socialement)
se manifestent par une accentuation (1) de la
perception
qu'une
menace
est
dirigée
contre
l'endogroupe,
(2) des sentiments d'hostilité à
l'égard
de
l'exogroupe
qui est perçu
comme
la source de cette
menace,
(3) de la solidarité au sein