
178 Neurologies • Mai 2014 • vol. 17 • numéro 168
à connaître
nosologiques psychiatriques ren-
contrés en association avec l’épi-
lepsie [5, 6] :
1. Pour un patient épileptique 
présentant une comorbidité 
psychiatrique de type dépres-
sion, il convient d’éviter les AE 
dépressogènes, et plus particuliè-
rement le phénobarbital, le viga-
batrin, la tiagabine, le topiramate 
et de préférer la lamotrigine.
2. En cas de comorbidité de 
type psychotique, on évitera les 
AE propsychotiques, et plus par-
ticulièrement le vigabatrin, le to-
piramate, la phénytoïne . Et il 
conviendra de porter une atten-
tion particulière en cas d’usage du 
lévétiracétam. On préférera utili-
ser le valproate, possiblement en 
association à un neuroleptique si 
la clinique psychiatrique l’exige.
3. En cas d’anxiété associée, on 
évitera les AE à effet anxiogène et 
plus particulièrement la lamotri-
gine, le felbamate et le lévétiracé-
tam au profil d’AE anxiolytiques, à 
savoir les benzodiazépines, la ga-
bapentine et le prégabalin.
4. Enfin, en cas d’agitation et 
ou trouble du comportement 
on évitera l’usage de la lamotri-
gine pouvant entraîner insom-
nie, anxiété, voire hypomanie, 
ainsi que le lévétiracétam de na-
ture à déclencher des passages à 
l’acte violents. On préférera dans 
ce cas le valproate pour ses effets 
sédatifs et anti-impulsifs, et ce 
plus particulièrement si coexiste 
un trouble de la personnalité 
sous-jacent.
Le second axe doit prendre en 
compte les interactions réci-
proques entre AE et psychotropes. 
Les principaux éléments du travail 
de Brodtkorb et al. (6) sur ce point 
sont repris ci-dessous :
• La  première  donnée  à  consi-
dérer est le pouvoir inducteur 
enzymatique de certains AE 
(carbamazépine, phénobarbital, 
phénytoïne) responsables d’une 
décroissance des taux plasma-
tiques en psychotropes. Par op-
position, le valproate ne pré-
sente pas ce problème et devra 
donc être privilégié si l’on sou-
haite minimiser ce premier type 
d’interaction. 
• Inversement,  certains psycho-
tropes sont de nature à modifier 
les concentrations circulantes 
d’AE. A ce titre, il conviendra de 
préférer les antidépresseurs séro-
toninergiques aux tricycliques qui 
présentent moins d’interactions 
avec les AE et, au sein de cette 
classe la paroxétine, le citalopram 
et la sertraline qui ne semblent 
pas influer sur les concentrations 
d’AE. Pour ce qui est des neurolep-
tiques, on privilégiera la risperi-
done pour les mêmes raisons.  
• Ensuite, il faut considérer les ef-
fets indésirables add-on syner-
giques entre AE et psychotropes. 
Ces effets peuvent intéresser le 
système nerveux central, avec 
des symptômes comme la séda-
tion, la prise de poids ou les trem-
blements, ou encore le système 
hématopoïétique, avec des risques 
d’anémie ou de leucopénie pou-
vant aller jusqu’à l’agranulocytose 
(on se méfiera particulièrement 
de l’association carbamazépine/
clozapine).
• Si l’action principale des an-
tiépileptiques est d’augmenter 
le seuil épileptogène, certains 
psychotropes présentent l’ef-
fet inverse: on évitera ainsi plus 
particulièrement la clozapine et 
la chlorpromazine pour les neu-
roleptiques et le bupropion pour 
les antidépresseurs (12) qui pré-
sentent un risque épileptogène 
élevé. Précisons que ce risque est 
faible pour la plupart des autres 
psychotropes à dose usuelle et en 
association à un traitement AE 
bien conduit.
CONSENSUS AUTOUR 
DES TROUBLES NEURO-
COMPORTEMENTAUX 
LIÉS AUX AE DANS 
L’ÉPILEPSIE
Bien qu’il n’existe pas de recom-
mandations officielles en France 
concernant la prise en charge 
1. Troubles neuro-comportementaux et AE :
recommandations d’experts [13]
Concernant l’estimation et la prise en charge des troubles neuro-com-
portementaux des AE dans l’épilepsie, les recommandations issues du 
groupe de travail expert sont les suivantes :
•  Risque plus élevé de troubles cognitifs et comportementaux : en cas 
de polythérapies, titration rapide, hauts dosages.
•  Atteinte cognitive : plus marquée avec le phénobarbital et le topiramate, 
mais égale pour les autres molécules. Nécessité de prévenir le patient.
•  Suivi plus régulier à l’introduction d’un AE si : épilepsie pharmaco-
résistante, épilepsie impliquant les régions temporo-limbiques, ou 
antécédents psychiatriques personnels ou familiaux.
•  Suivi régulier une fois le patient épileptique libre de crises si : antécé-
dent de décompensation psychotique ou de modications transi-
toires du comportement.
•  Si décroissance d’un AE thymorégulateur : décroissance précaution-
neuse et lente chez les patients avec des antécédents de troubles de 
l’humeur.