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La Lettre d’oto-rhino-laryngologie et de chirurgie cervico-faciale - n° 232 - avril 1998
DISCUSSION
Le zona est une infection virale nécessitant un contact anté-
rieur vis-à-vis du virus de la varicelle (VZV). La réactivation
du virus VZV, à l’état latent dans les ganglions nerveux sensi-
tifs ou moteurs, est favorisée par divers facteurs. L’incidence
de cette pathologie chez les personnes âgées ou chez les
patients immunodéprimés est maintenant bien démontrée. En
effet, plus de la moitié des cas touchent les personnes de plus
de 60 ans.
En dehors du thorax, c’est la face qui est le plus souvent
atteinte par l’intermédiaire du nerf facial ou du nerf trijumeau
en ce qui concerne sa branche ophtalmique. Un zona sur huit
correspond à une réactivation virale au sein du ganglion de
Gasser. En revanche, l’atteinte des branches maxillaires infé-
rieure et supérieure du nerf trijumeau est beaucoup plus rare
(moins de 2 % des cas de zona). En ce qui concerne les
atteintes zostériennes du nerf maxillaire inférieur, les clas-
siques algies à type de brûlures localisées à un dermatome et
précédant de 2 à 4 jours l’éruption cutanéo-vésiculeuse sont
associées à des douleurs dentaires de l’hémi-mandibule homo-
latérale. Ce sont des douleurs à type de pulpite touchant surtout
le bloc molaire et irradiant le long du trajet du nerf dentaire
inférieur. Ces douleurs dentaires sont parfois isolées clinique-
ment. Dans cette forme topographique, l’éruption est
cutanéo-muqueuse pour les atteintes du V2 et du V3, composée
de fines vésicules cernées d’un liseré rouge. Les formes vési-
culo-bulleuses peuvent exister, comme le montre notre cas cli-
nique. En dehors de l’hyperesthésie cutanée et des adénopa-
thies cervicales fréquentes, l’état général est altéré chez 5 à
10 % des patients.
Sur le plan biologique, l’infection zostérienne peut être affir-
mée soit par une recherche directe du virus dans le liquide des
vésicules, soit par le sérodiagnostic montrant une augmenta-
tion des immunoglobulines G, spécifiques du virus VZV, en
technique ÉLISA sur un sérum précoce et tardif. Cette sérologie
spécifique devient indispensable au diagnostic de certaines
formes atypiques de zona. Ce sont les atteintes zostériennes
sans éruption cutanéo-muqueuse caractéristique. L’apparition
brutale de douleurs intenses, persistantes, à type de pulpite,
doit faire évoquer un zona du V3, si, bien évidemment, le bilan
stomatologique ne retrouve pas de cause évidente. Le sérodia-
gnostic peut éviter dans ce cas des délabrements dentaires
injustifiés.
Par ailleurs, un diagnostic précoce permet une meilleure prise
en charge des complications. En effet, en dehors des surinfec-
tions locales et des douleurs post-zostériennes, une complica-
tion plus spécifique de l’atteinte du nerf dentaire inférieur est
la dévitalisation dentaire, parfois tardive. La nécrose pulpaire,
la rhizalyse et la résorption osseuse péri-apicale peuvent même
aboutir à des avulsions dentaires, parfois multiples dans le
même quadrant. Un suivi spécialisé s’impose donc chez ces
patients afin de surveiller la vitalité dentaire.
En ce qui concerne le traitement, l’instauration précoce d’un
traitement antiviral local ou général a un intérêt actuellement
démontré dans l’évolution accélérée des vésicules et dans la
diminution de l’intensité des douleurs en phase aiguë, mais
celui-ci reste sans efficacité démontrée sur l’incidence des
douleurs post-zostériennes. Il en est de même pour la cortico-
thérapie.
CONCLUSION
Le zona du nerf maxillaire inférieur peut être une pathologie de
diagnostic difficile en l’absence d’éruption cutanéo-muqueuse
caractéristique. Le vieillissement de la population et l’augmen-
tation du nombre de patients présentant un déficit immunitaire,
parfois révélé par cette infection virale, imposent au clinicien
une bonne connaissance des différentes formes topographiques
et symptomatiques de cette maladie.
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RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES
Figure 2. Lésions muqueuses sur la face interne de la joue.