L`invention de l`homme

publicité
CONFÉRENCE PHILOSOPHIQUE
“Plus l’être humain sera éclairé, plus il sera libre.”
Voltaire
L’INVENTION DE L’HOMME
Comment l’idée de l’Homme
est-elle venue aux hommes ?
CONFÉRENCE PAR ÉRIC LOWEN
Association ALDÉRAN Toulouse
pour la promotion de la Philosophie
MAISON DE LA PHILOSOPHIE
29 rue de la digue, 31300 Toulouse
Tél : 05.61.42.14.40
Email : [email protected]
Site : www.alderan-philo.org
conférence N°1600-163
L’INVENTION DE L’HOMME
Comment l’idée de l’Homme est-elle venue aux hommes ?
Conférence d’Éric Lowen donnée le 28/10/2008
à la Maison de la philosophie à Toulouse
Il ne suffit pas d’être humain pour comprendre ce que nous sommes. Dans notre conscience
de soi, nous nous définissons en priorité par le sexe, la profession, la nation, la religion ou
autres éléments culturels de même portée. Rarement nous posons comme fondation de notre
réalité et de notre identité l’appartenance à l’espèce humaine, à la fois comme espèce et
comme ensemble métaculturel. C’est pourtant quantitativement l’essentiel des éléments
constituant notre individualité. Cette notion est à peine émergente dans les principes
identitaires de l’humanité contemporaine. Peut-on répondre correctement à la question
philosophique “Qui suis-je” si on ne répond pas correctement à la question première du “Que
suis-je” ? Pour un autre regard sur l’Humanité et soi-même.
Association ALDÉRAN © - Conférence 1600-163 : “L’invention de l’Homme” - 19/05/2004 - page 2
L’INVENTION DE L’HOMME
Comment l’idée de l’Homme est venue aux hommes ?
PLAN DE LA CONFÉRENCE PAR ÉRIC LOWEN
L’homme n’est pas un cercle à un seul centre ;
c’est une ellipse à deux foyers.
Les faits sont l’un, les idées sont l’autre.
Victor Hugo (1802-1885)
Les Misérables, 1862
I
IL NE SUFFIT PAS D’ÊTRE HUMAIN POUR COMPRENDRE LA NATURE HUMAINE
1 - L’idée de ce qu’est l’homme n’est pas naturelle en nous
2 - Nous n’avons pas les moyens spontanés de comprendre “l’humanité” en nous
3 - La nature humaine ne se perçoit pas, c’est une construction cognitive
4 - Ne pas confondre la nature humaine et l’Humanité, qui est une autre invention
II
L’INVENTION DE L’HOMME
1 - Pourquoi parler d’invention et non de découverte ?
2 - L’idée de l’homme est une double création : factuelle et conceptuelle
3 - La notion actuelle d’humanité, de ce qu’est l’homme, est un fait très récente
4 - L’invention de l’idée de l’homme fut lente, collective et progressive
5 - Pendant la majorité de l’histoire, nous étions dans un roman de l’homme
6 - Une révolution épistémologique, l’entrée dans la connaissance de l’homme
7 - Connaissance est le résultat d’un effort de l’esprit humain, à l’encontre de notre spontanéisme
8 - La conséquence du développement de la pensée scientifique et de la réflexion philosophique
III
QUELQUES DATES ET ÉLÉMENTS MARQUANTS DE CETTE INVENTION DE L’HOMME
1 - La discontinuité Animal / Humain, la spécificité humaine de notre nature animale
2 - La reconnaissance des facultés spécifiquement humaines dans notre nature
3 - La découverte de l’anthropodiversité et de la diversité culturelle : de 1492 aux années 1990
4 - La reconnaissance de l’altérité dans l’autre, le rôle des humanistes de la Renaissance (1550)
5 - La place de l’Être Humain dans la nature (Copernic 1543, Galillé 1609, Einstein 1905)
6 - L’Être Humain pensé comme objet de science, la recherche scientifique appliquée à l’homme
7 - Les apports de la chimie (1783) : toute vie, y compris la vie humaine, est chimie
8 - La révolution biologique : la biologie est commune aux hommes et aux animaux (de Lamarck
à Landsteiner en 1901)
9 - La découverte d’une préhistoire de l’Humanité bien avant l’Humanité présente (1849)
10 - Les origines animales de l’homme (révolution darwinienne, 1859)
11 - La naturalité, la matérialité et la corporalité de l’homme
12 - La naissance de la sociologie à la fin du 19ème siècle
13 - La révolution freudienne, la désacralisation de la conscience et de la pensée
14 - Le développement de l’anthropologie et de l’ethnologie au début du 20ème siècle
15 - L’inexistence des races (conséquence de la révolution génétique, 1953)
16 - L’égalité de tous les hommes en humanité et leur origine commune
17 - La reconnaissance de la femme, “alter égale” en humanité et en droits
18 - La reconnaissance de l’unicité de chaque individu
19 - La découverte de l’ancienneté de notre espèce (années 1960)
20 - La distinction entre l’espèce, la nature humaine et la condition humaine
21 - La conscience de l’Humanité, fait distinct de l’espèce, et de l’aventure humaine
22 - La neurologisation de la pensée, la matérialisation de l’esprit humain
23 - L’intégration de l’Humanité dans l’écosystème planétaire (principe Gaïa)
24 - Un homme qui se découvre sans dieu, naturalisé, porteur d’une novation spéciste radicale
25 - L’intégration consciente de ces données, fait nouveau et structurant de l’homo novus
Association ALDÉRAN © - Conférence 1600-163 : “L’invention de l’Homme” - 19/05/2004 - page 3
IV
LES CONSÉQUENCES DE L’INVENTION DE L’HOMME
1 - Un ensemble de savoirs qui ont révolutionné notre idée de nous-mêmes et de l’Humanité
2 - L’homme n’est plus une terrae incognitae, le dévoilement de l’homme à lui-même
3 - Une acceptation de ce que nous sommes qui n’est pas évidente, elle demande un effort spirituel
4 - La remise en cause de la majorité des conceptions culturelles et des croyances religieuses
5 - Une nouvelle obligation philosophique dans la conscience de soi, de son identité et de l’Homme
6 - Une nouvelle étape dans l’aventure humaine : celle de l’homme conscient de son humanité
ORA ET LABORA
Association ALDÉRAN © - Conférence 1600-163 : “L’invention de l’Homme” - 19/05/2004 - page 4
Document 1 : La barrière culturelle est une des plus importantes à franchir dans ce cheminement à la
découverte de l’Humanité, et surtout de l’humanité de l’autre. Réfléchissons à ce texte de Claude LéviStrauss.
L’attitude la plus ancienne, et qui repose sans doute sur des fondements psychologiques
solides puisqu'elle tend à réapparaître chez chacun de nous quand nous sommes placés
dans une situation inattendue, consiste à répudier purement et simplement les formes
culturelles : morales, religieuses, sociales, esthétiques, qui sont les plus éloignées de
celles auxquelles nous nous identifions. “Habitudes de sauvages”, «cela n'est pas de
chez nous», «on ne devrait pas permettre cela», etc., autant de réactions grossières qui
traduisent ce même frisson, cette même répulsion en présence de manières de vivre, de
croire ou de penser qui nous sont étrangères. Ainsi l'Antiquité confondait-elle tout ce qui
ne participait pas de la culture grecque (puis gréco-romaine) sous le même nom de
barbare ; la civilisation occidentale a ensuite utilisé le terme de sauvage dans le même
sens. Or, derrière ces épithètes se dissimule un même jugement : il est probable que le
mot barbare se réfère étymologiquement à la confusion et à l'inarticulation du chant des
oiseaux, opposées à la valeur signifiante du langage humain ; et sauvage, qui veut dire
"de la forêt " évoque aussi un genre de vie animal par opposition à la culture humaine.
[...]
Cette attitude de pensée, au nom de laquelle on rejette les «sauvages» (ou tous ceux
qu'on choisit de considérer comme tels) hors de l'humanité, est justement l'attitude la plus
marquante et la plus instinctive de ces sauvages mêmes. [...]
L'humanité cesse aux frontières de la tribu, du groupe linguistique, parfois même du
village ; à tel point qu'un grand nombre de populations dites primitives se désignent ellesmêmes d'un nom qui signifie les «hommes» (ou parfois - dirons-nous avec plus de
discrétion ? - les «bons», les “excellents”, les «complets»), impliquant ainsi que les autres
tribus, groupes ou villages ne participent pas des vertus ou même de la nature humaine,
mais qu'ils sont tout au plus composés de «mauvais», de «méchants», de «singes de
terre» ou «d'œufs de pou». On va souvent jusqu'à priver l'étranger de ce dernier degré
de réalité en en faisant un "fantôme" ou une «apparition». Ainsi se réalisent de curieuses
situations où deux interlocuteurs se donnent cruellement la réplique. Dans les grandes
Antilles, quelques années après la découverte de l'Amérique, pendant que les Espagnols
envoyaient des commissions d'enquête pour rechercher si les indigènes avaient ou non
une âme, ces derniers s'employaient à immerger des blancs prisonniers, afin de vérifier,
par une surveillance prolongée, si leur cadavre était ou non sujet à la putréfaction. [...]
En refusant l'humanité à ceux qui apparaissent comme les plus "sauvages" ou
«barbares» de ses représentants, on ne fait que leur emprunter une de leurs attitudes
typiques. Le barbare, c'est d'abord l'homme qui croit à la barbarie.
Claude Lévi-Strauss (1908-2009)
Race et Histoire, 1968
Association ALDÉRAN © - Conférence 1600-163 : “L’invention de l’Homme” - 19/05/2004 - page 5
Document 2 : La Renaissance marque la prise de conscience de la relativité des mœurs et des manières
d’être, Montaigne en atteste dans ses Essais, où il s’essaie justement à réciter la diversité des hommes.
En ce monde des Indes nouvelles on trouva des grands peuples, et en fort divers climats
qui vivaient d'araignées, en faisaient provision, et les appâtaient, comme aussi des
sauterelles, fourmis, lézards, chauves-souris, et fut un crapaud vendu six écus en une
nécessité de vivres ; ils les cuisent et apprêtent à diverses sauces. Il en fut trouvé
d'autres auxquels nos chairs et nos viandes étaient mortelles et venimeuses... J'estime
qu'il ne tombe en l'imagination humaine aucune fantaisie si forcenée qui ne rencontre
l'exemple de quelque usage public, et par conséquent que notre discours n'étaye et ne
fonde.
Il est des peuples où on tourne le dos à celui qu'on salue, et ne regarde l'on jamais celui
qu'on veut honorer. Il en est où quand le roi crache, la plus favorie des dames de sa cour
tend la main ; et, en autre nation, les plus apparents qui sont autour de lui se baissent à
terre pour amasser en du linge son ordure... Il est des peuples où, sauf sa femme et ses
enfants, aucun ne parle au roi que par sarbatane [intermédiaire]. En une même nation et
les vierges montrent à découvert leurs parties honteuses, et les mariées les couvrent et
cachent soigneusement - à quoi cette autre coutume, qui est ailleurs, a quelque relation :
la chasteté n'y est en prix que pour le service du mariage, car les filles se peuvent
abandonner à leur poste [désir], et, angroissées [enceintes], se faire avorter par
médicaments propres, au vu d'un chacun. Et ailleurs, si c'est un marchand qui se marie,
tous les marchands conviés à la noce couchent avec l'épouse avant lui ; et plus il y en a,
plus a-t-elle d'honneur et de recommandation de fermeté et de capacité. Si un officier se
marie, il en va de même; de même si c'est un noble, et ainsi des autres, sauf si c'est un
laboureur ou quelqu'un du bas peuple, car lors c'est au seigneur à faire ; et si
(néanmoins), on ne laisse pas d'y recommander étroitement la loyauté pendant le
mariage. Il en est où il se voit des bordeaux publics de mâles, voire et des mariages ; où
les femmes vont à la guerre quant et [avec] leurs maris et ont rang, non au combat
seulement, mais aussi au commandement [...].
Où les enfants ne sont pas héritiers, ce sont les frères et neveux ; et ailleurs les neveux
seulement, sauf en la succession du prince ; où, pour régler la communauté des biens
qui s'y observe, certains magistrats souverains ont charge universelle de la culture des
terres et de la distribution des fruits selon le besoin d'un chacun. Où l'on pleure la mort
des enfants, et l'on festoie celle des vieillards. Où ils couchent en des lits dix ou douze
ensemble avec leurs femmes. [...]
Où les maris ont loi (permission) de les vendre si elles sont stériles. Où ils font cuire le
corps du trépassé, et puis piler jusques à ce qu'il se forme comme en bouillie, laquelle ils
mêlent à leur vin et la boivent. Où la plus désirable sépulture est d'être mangé des
chiens, ailleurs des oiseaux. Où l'on croit que les âmes heureuses vivent en toute liberté
en des champs plaisants, fournis de toute commodité, et que ce sont elles qui font cet
écho que nous oyons (entendons) [...]. Où chacun fait un dieu de ce qui lui plaît, le
chasseur d'un lion ou d'un renard, le pêcheur de certain poisson, et des idoles de chaque
action ou passion humaine : le soleil, la lune et la terre sont les dieux principaux, et la
forme de jurer, c'est toucher la terre regardant le soleil ; et y mange l'on la chair et le
poisson crus. [...] Où l'on vit sous cette opinion si rare et incivile de la mortalité des âmes.
Où les femmes s'accouchent sans plainte et sans effroi... Où l'on salue mettant le doigt à
terre, et puis le haussant jusqu'au ciel. Où les hommes portent les charges sur la tête, les
femmes sur les épaules ; elles pissent debout, les hommes accroupis. Où ils envoient de
leur sang en signe d'amitié, et encensent comme les dieux les hommes qu'ils veulent
honorer. Où non seulement jusqu’au quatrième degré, mais en aucun plus éloigné, la
parenté n'est soufferte au mariage. Où les enfants sont quatre ans en nourrice, et
souvent douze : et là même, il est estimé mortel de donner à l'enfant à téter tout le
premier jour. Où les pères ont charge du châtiment des mâles, et les mères à part des
femelles, et est le châtiment de les fumer pendus par les pieds. Où on fait circoncire les
femmes. Où l'on mange toute sorte d'herbes, sans autre discrétion que de rejeter celles
qui leur semblent avoir mauvaise senteur. Où tout est ouvert, et les maisons pour belles
et riches qu'elles soient sans porte, sans fenêtre, sans coffre qui ferme, et sont les
larrons doublement punis qu'ailleurs. [...] Où les pères prêtent leurs enfants, les maris
leurs femmes à jouir aux hôtes en payant. Où l’on peut honnêtement faire des enfants à
sa mère, les pères se mêler à leurs filles, et à leurs fils.
Les lois de la conscience que nous disons naître de nature, naissent de la coutume,
chacun ayant en vénération interne les opinions et mœurs approuvées et reçues autour
de lui, ne s'en peut déprendre sans remords, ni s'y appliquer sans applaudissement.
Montaigne (1533-1592)
Essais, Livre I, ch. 23, 1580
Association ALDÉRAN © - Conférence 1600-163 : “L’invention de l’Homme” - 19/05/2004 - page 6
Document 3 : L’idée que nous nous faisons de l’être humain conditionne nos relations avec les autres êtres
humains. À une vision différentialiste de la nature humaine correspondra des logiques d’opposition et de
domination, alors qu’à une vision universaliste correspondra des valeurs de tolérance et d’acceptation
d’autrui. Ce passage, extrait du Marchand de Venise, est une protestation du juif Shylok qui exprime sa
colère face au mépris qu'il subit de la part du marchand vénitien Antonio.
Il a ri de mes pertes, s'est moqué de mes gains, a méprisé ma nation, entravé mes
marchés, refroidi mes amis, échauffé mes ennemis. Et pourquoi tout cela ? Parce que je
suis juif. Un juif n'a-t-il pas d'yeux ? Un juif n'a-t-il pas des mains, des organes, des sens,
des affections, des passions ? N'est-il pas nourri de la même nourriture, blessé par les
mêmes armes, sujet aux mêmes maladies, guéri par les mêmes remèdes, réchauffé par
le même été, glacé par le même hiver, qu'un chrétien ? Si vous nous piquez, ne
saignons-nous pas ? Si vous nous empoisonnez, ne mourrons nous pas ? Et si vous
nous faites tort, ne nous vengerons-nous pas ? Semblables à vous en tout le reste, nous
vous ressemblerons aussi par là.
William Shakespeare (1564-1616)
“Marchand de Venise”, 1596
Document 4 : La révolution biologique a obligé à revoir notre idée de l’Être Humain et de l’Humanité. Le
célèbre savant et philosophe Jean Rostand (1894-1977) consacra une part importante de sa carrière à faire
connaître auprès du grand public les implications de la biologie dans le fait d’être humain.
Sous la baguette magique de la biologie, voici que l'homme devient peu à peu tout autre
qu'il n'était. Voici qu'il se change en une bête nouvelle et paradoxale, inconnue des
nomenclateurs, ayant une physiologie spéciale et bigarrée, empruntant ses traits aux
familles animales les plus hétéroclites. Voici que l'homo sapiens est en voie de devenir
un homo biologicus, étrange bipède qui cumulera les propriétés de se reproduire sans
mâle comme les pucerons, de féconder sa femelle à distance comme les mollusques
Nautiles, de changer de sexe comme les poissons Xiphophores, de se bouturer comme
le ver de terre, de remplacer ses parties manquantes comme le triton, de se développer
en dehors du corps maternel comme le kangourou, de se mettre en hibernation comme le
hérisson...
Jean Rostand (1894-1977)
Peut-on modifier l'homme ? 1956
Association ALDÉRAN © - Conférence 1600-163 : “L’invention de l’Homme” - 19/05/2004 - page 7
Document 5 : L’invention de l’Humanité est à classer parmi les révolutions intellectuelles fondamentales,
comme la révolution copernicienne dans le domaine astronomique. Notre compréhension actuelle de l’être
humain et de l’Humanité n’a plus aucun rapport avec celles des religions ou avec celle de la fin du 19ème
siècle.
Nous avons la chance, en cette fin de millénaire, d'avoir fait de grands progrès dans la
lucidité face à nous-mêmes et de nous être dotés de moyens d'action qui auraient, il y a
peu, paru fabuleux. Nous pouvons donc raisonnablement faire un projet pour le genre
humain et réaliser les premières étapes dans la direction choisie. Utopie peut n'être plus
synonyme de rêve, mais d'objectif lointain.
Le point de départ doit être la réponse à la question de toujours : “Un homme, qu'est-ce
donc?”. La reconstitution de l'aventure qui, à partir du cosmos initial, a abouti à notre
espèce, nous a permis de proposer une vision nouvelle de nous-mêmes. Classiquement,
théologiens et philosophes attribuaient à l'homme une double nature, le corps et l'âme. Il
est aujourd'hui possible de le considérer comme n'ayant qu'une nature : il est un objet
parmi tous ceux qu'a mis en place l'univers. Mais il a bénéficié d'une telle avancée dans
la complexité qu'il a eu le pouvoir de mettre en place un réseau de communication d'une
efficacité sans pareil. Grâce à ce réseau, l'humanité est devenue elle-même un objet plus
complexe que chaque individu et, par conséquent, doté de pouvoirs que ces individus ne
possèdent pas. Parmi ces pouvoirs : celui de faire émerger une conscience en chacun. À
la double nature est ainsi substituée une double source : d'une part le patrimoine
génétique qui apporte les recettes biologiques de l'être, d'autre part la collectivité
humaine, qui fournit la conscience d'être.
Avec un tel regard sur nous-mêmes, il est clair que le premier devoir de toute collectivité
est d'intégrer en elle chaque promesse d'homme qu'est un nouveau-né, et de lui apporter
ce qui lui permettra de réaliser cette promesse, de lui proposer un destin digne de ce
potentiel. Toutes les autres fonctions sociales doivent être au service de cet objectif.
Albert Jacquard (1925-2013)
Science et croyance, 1994
Association ALDÉRAN © - Conférence 1600-163 : “L’invention de l’Homme” - 19/05/2004 - page 8
DÉCOUVREZ NOTRE AUDIOTHÈQUE
pour télécharger cette conférence, celles de la bibliographie
et des centaines d’autres
Tous nos cours et conférences sont enregistrés et disponibles dans notre
AUDIOTHÈQUE en CD et DVD. Des milliers d’enregistrements à disposition,
notre catalogue est sur notre site : www.alderan-philo.org. Plusieurs
formules sont à votre disposition pour les obtenir :
1 - PHILO UPLOAD : un abonnement annuel pour un libre accès à la
totalité des enregistrements disponibles. Présentation sur notre site
internet ou envoyez-nous un email avec le code PHILO UPLOAD et
laissez-vous guider en quelques clics : [email protected]
2 - TÉLÉCHARGEMENT : vous commandez la conférence ou le
cycle qui vous intéresse via internet. C’est rapide et économique.
Envoyez-nous un email avec le code de la conférence et laissez-vous
guider en quelques clics : [email protected]
3 - VENTE PAR CORRESPONDANCE : vous trouverez des bons de
commande à tarif préférentiel dans notre CATALOGUE
AUDIOTHÈQUE, sur notre site et à la MAISON DE LA
PHILOSOPHIE.
4 - À la MAISON DE LA PHILOSOPHIE à Toulouse.
Pour renseignements et commandes, contactez la MAISON DE LA PHILOSOPHIE
au 05.61.42.14.40 (du mardi au vendredi, de 14H à 18H),
par email : [email protected]
ou par notre site internet : www.alderan-philo.org.
Association ALDÉRAN © - Conférence 1600-163 : “L’invention de l’Homme” - 19/05/2004 - page 9
POUR APPROFONDIR CE SUJET, NOUS VOUS CONSEILLONS
- Les cours et conférences sans nom d’auteurs sont d’Éric Lowen -
Revue de philosophie “ALDÉRAN”
N°27 - Le plus vaste horizon du monde, par William Ruthenford
N°28 - Le réenchantement du monde, par William Ruthenford
N°29 - La seconde mort de dieu, par William Ruthenford
Conférences sur l’histoire des révolutions scientifiques
liées à la découverte de la nature réelle de l’homme
- Les grandes révolutions scientifiques
- La révolution scientifique, l’invention de la Science et des sciences
- La révolution hérodotienne, l’invention de l’Histoire
- Les grandes découvertes maritimes, révolutions géographiques et humaines
- La révolution naturaliste : Linné, Buffon, Cuvier et les autres
- La révolution chimique, la découverte de la puissance interne de la matière
- La révolution biologique, le début de l’exploration des mécanismes de la vie
- La révolution géologique, la découverte de l’extraordinaire ancienneté de la terre
- La révolution préhistorique, la découverte d'une humanité avant l'humanité
- La révolution darwinienne, la découverte des origines animales de l'humanité
- La révolution archéologique, la découverte de l’immensité du passé culturel de l’humanité
- La révolution sociologique, l’invention des sciences sociales
- La révolution psychologique, la découverte du psychisme humain et de son origine immanente
- La révolution freudienne, la découverte de l’inconscient et de l’origine contingente du sujet
- La révolution ethnologique
- La révolution génétique, l’accès aux mécanismes intimes de la vie
- La révolution des neurosciences, l’exploration de la matière pensante, le cerveau humain
1600-287
1000-071
1000-233
1000-151
1000-163
1000-082
1000-118
1000-206
1000-192
1000-041
1000-213
1000-264
1000-265
1000-042
1000-266
1000-073
1000-083
Conférences sur la nature humaine
- Comment penser l’homme aujourd’hui ? Introduction à l’humanisme moderne
- La nature humaine - le socle fondateur naturel de tous les êtres humains
- La place de l’homme dans le cosmos - le roseau pensant face au Cosmos
- L’être humain, un animal comme les autres : l’Homo Sapiens
- Le sens spirituel des origines animales de l’humanité
- Éloge du corps, réhabilitons le corps !
- La complexité humaine : corps-âme-esprit
- La matière de l’esprit, l’origine matérielle, naturelle et contingente de l’esprit
- La raison dans l’être humain - pour une anthropologie de la raison
- La pensée magique, pensée primaire de l’homme - l’homme, animal irrationnel
- Psychologie évolutionniste et nature humaine, par Alain Pintureau
- La sociétalité de l’homme, sociétalité ne fait pas sociabilité
- La culturalité de l’homme - rôle et implications de la culturalité de l’homme
- La genèse des cultures - l’origine naturelle des cultures
- L’individualité de l’homme - nécessité et valeur de l’individualisme
- Universalité de l’humanité et unicité de l’individu
- L’être humain, un être en devenir, l’homme créateur de lui-même
- Homo praedator, l'homme est un prédateur universel
- L’origine darwinienne du bien et du mal, l'origine évolutionniste de l’éthique
- Ancienneté et nouveauté de l’humanité, entre héritage bioévolutif immémorial
et novation comportementale
- L’être humain, la femme et l’homme : l'égalité ontologique de la femme et de l'homme
- La dignité de l’homosexualité - l’égalité anthropologique des sexualités
- Réhabiliter le désir - la positivité ontologique du désir
- Éloge du plaisir, la vertu du plaisir pour l'épanouissement humain
- Éloge de la sexualité hédoniste - la positivité de la sexualité pour la condition humaine
1600-011
1600-159
1600-043
1600-111
1600-057
1600-144
1600-048
1600-233
1600-221
1600-023
1600-032
1600-260
1600-261
1600-137
1600-069
1600-119
1600-136
1600-161
1600-005
1600-132
1600-077
1600-121
1600-262
1600-115
1600-047
Association ALDÉRAN © - Conférence 1600-163 : “L’invention de l’Homme” - 19/05/2004 - page 10
Conférences sur l’humanité
- Ancienneté et nouveauté de l’Humanité
- La conscience de l’Humanité
- L’aventure humaine
- L’unification de l’Humanité, l’unification derrière la mondialisation
- Le devenir de l’humanité
1600-132
1600-131
1600-096
1600-247
1600-097
Quelques livres sur le sujet
- La controverse de Valladolid, Jean-Claude Carrière, Garnier-Flammarion, 2003
- Homo, Histoire plurielle d'un genre très singulier, Claude-Louis Gallien, PUF, 2002
- Qu'est-ce que l'homme ? Sur les fondamentaux de la biologie et de la philosophie, Luc Ferry et Jean-Didier
Vincent, Odile Jacob, 2001
- L’avenir n’est pas écrit, Albert Jacquard, Axel Kahn, Bayard, 2001
- Université de tous les savoirs : Qu'est-ce que l'humain ?, Yves Michaud, Odile Jacob, 2000
- Le genou de Lucy, Yves Coppens, Odile Jacob, 2000
- L'invention de l'homme moderne, Robert Muchembled, Hachette Pluriel Référence, 1994
- Terre-Patrie, Edgar Morin, Éditions du Seuil, 1993
- L’aventure humaine, Jean Hamburger, Flammarion, 1992
- Au-delà de la culture, Edward T. Hall (1979), Seuil, 1987
- La puissance et la fragilité, Jean Hamburger, J'ai lu, 1973
- Essais sur le comportement animal et humain ; les leçons de l’évolution de la théorie du comportement,
Konrad Lorenz, Seuil, 1970
- L’homme, Jean Rostand, Gallimard, 1962
- Si c’est un homme, Primo Lévi (1947), Julliard, 1987
- Pilote de guerre, Saint-Exupéry, 1942
- Terre des hommes, Saint-Exupéry, 1939
- Supplément au voyage de Bougainville, Pensées philosophiques, Lettre sur les aveugles, Denis Diderot,
Garnier Flammarion, 1972
- Lettres persanes, Montesquieu (1721), Presses pocket, 1989
- Essai sur l’entendement humain, John Locke (1690), Vrin
- Les Essais, Michel Eyquem de Montaigne (1580), Gallimard
Association ALDÉRAN © - Conférence 1600-163 : “L’invention de l’Homme” - 19/05/2004 - page 11
Téléchargement