La révolution médicale, les conséquences de la révolution

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CONFÉRENCE DU FORUM DES SAVOIRS
“Plus l’être humain sera éclairé, plus il sera libre.”
Voltaire
LA RÉVOLUTION MÉDICALE
Les conséquences de la révolution hippocratique
CONFÉRENCE PAR ÉRIC LOWEN
Amphiaraos, dieu guérisseur légendaire. Bas-relief grec en marbre, début du IVè siècle AJC.
Association ALDÉRAN Toulouse
pour la promotion de la Philosophie
MAISON DE LA PHILOSOPHIE
29 rue de la digue, 31300 Toulouse
Tél : 05.61.42.14.40
Email : [email protected]
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conférence N°1000-296
LA RÉVOLUTION MÉDICALE
Les conséquences de la révolution hippocratique
conférence d’Éric Lowen donnée le 10/03/2012
à la Maison de la philosophie à Toulouse
L’homme a de tout temps été confronté à la maladie, à la douleur, à la blessure, à la mort.
Pendant des millénaires, les moyens d’y faire face furent dérisoires et l’homme intégra ces
notions comme participant de la fatalité de l’existence. La situation va petit à petit changer
lorsque la médecine va commencer à se développer, entendons par là autre chose que les
interprétations magiques et religieuses de la maladie. Cette conférence présentera quelques
unes des grandes étapes de l’aventure médicale, d’Hippocrate à la thérapie génétique, et
envisagera les conséquences existentielles, culturelles, sociales et politiques de la révolution
médicale, qui transforma autant nos relations avec notre corps qu’avec la notion même de
maladie.
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LA RÉVOLUTION MÉDICALE
Les conséquences de la révolution hippocratique
PLAN DE LA CONFÉRENCE PAR ÉRIC LOWEN
À l’aide de ces sciences expérimentales actives, l’homme devient
un inventeur des phénomènes, un véritable contremaître de la création ;
et l’on ne saurait sous ce rapport assigner de limites à la puissance qu’il peut
acquérir sur la nature par les progrès futurs des sciences expérimentales.
Claude Bernard (1813 - 1878)
Introduction à l’étude de la médecine expérimentale
I
L’ODYSSÉE DE L’HUMANITÉ ET LA RÉVOLUTION MÉDICALE
1 - La dix-septième grande étape dans l’odyssée culturelle de l’Humanité : la révolution médicale
2 - Une des conséquences de la révolution scientifique dans l’axe anthropologique
3 - Un développement graduel, progressif et continue
II
LA MÉDECINE ET LES HOMMES
1 - La nécessité médicale, conséquence de la condition humaine
2 - L’immémorialité et l’atemporalité des efforts et pratiques médicales
3 - Partout où il y a eu des hommes, partout ils furent confronté à la nécessité médicale
4 - La nécessité est permanente, constante, mais les moyens pour y faire face varient
5 - Les moyens pour y répondre dépendent des situations culturelles et du niveau de connaissance
6 - Une histoire qui fut longtemps dominée par la pensée magique et les croyances religieuses
7 - L’apport progressif des connaissances scientifiques, la scientifisation de la médecine
III
BRÈVE HISTOIRE DE LA RÉVOLUTION MÉDICALE
1 - La médecine des origines, l’origine préhistorique de la médecine
2 - Le stade anté-rationnel, une médecine marquée surtout par son impuissance
3 - Le passage au stade proto-rationnel, une médecine pratique empirico4 - Le passage au stade rationnel avec la révolution hippocratique
5 - Un premier développement dans le cadre antique, marqué par l’école d’Alexandrie et par Galien
6 - Mais une médecine qui va être très limitée par ses manques de connaissances et ses erreurs
7 - Une médecine qui restera sur cette lancée jusqu’au 17ème siècle
8 - Le 16ème siècle, l’inertie de la médecine médiévale face à la volonté de revenir à l’anatomie
9 - La rupture du 17ème siècle, remise en cause de la médecine antique et montée de la chirurgie
10 - Le 18ème siècle progresse dans cette lancée mais atteint un plafond de verre
11 - La révolution médicale du 19ème siècle
- La biologie
- La chimie
- Les techniques de laboratoire
- La microscopie
- La microbiologie et la révolution pasteurienne : bactériologie et virologie
- L’hygiénisme et la santé publique
- La vaccination, etc.
- L’instrumentalisation technicienne
- Les anesthésiques
- Épidémiologie
- Les statistiques
- Les spécialisations
12 - A la fin du 19ème siècle, la normalisation des pratiques de cette nouvelle médecine
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IV
SES CONSÉQUENCES POUR L’HUMANITÉ
1 - Une révolution pour l’Humanité conséquence d’une autre révolution culturelle
2 - Un bel exemple de synergie culturelle dans l’odyssée culturelle humaine
3 - La transformation graduelle d’une recherche immémoriale, sa scientifisation progressive
4 - La médecine n’est pas une science, mas une pratique scientifisée, un art
5 - La continuation du processus hominien de dépassement des limites naturelles
6 - Un pouvoir de l’homme appliqué à l’homme, jusqu’au pouvoir de se transformer lui-même
7 - Une transformation radicale de la condition humaine
8 - La libération des maux “naturels” de l’homme : blessures, douleur, maladies, épidémies,
malformations, vieillesse, demain la mort ?
9 - La sortie de la vision fataliste et déterministe de l’existence
10 - La concurrence de la religion : l’apport de la salvation terrestre
11 - L’inversion de la situation naturelle : l’anormalisation de la maladie et de la mort
12 - La revendication d’un idéal d’objectif olympien de la médecine : ageroi, athanatoi et alupoi
13 - Impact personnel, privé et intime, mais conséquences civilisationnelles et sociétales
14 - La transformation totales de nos existences et de nos sociétés
15 - De nouvelles exigences et problématiques éthiques au prorata des pouvoirs de la médecine
16 - La fin de l’égalité pathologique et dolorique entres les hommes
17 - Les enjeux politiques de l’accès aux progrès médicaux et des inégalités médicales
V
CONCLUSION
1 - L’entrée dans une nouvelle ère culturelle : l’ère médicale
ORA ET LABORA
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Document 1 : Crâne de jeune fille trépanée au silex, datant du néolithique (vers 3500 AJC), la patiente a
survécu (Muséum d'Histoire Naturelle de Lausanne).
Document 2 : Achille pansant Patrocle atteint par une flèche, identifiés par des inscriptions sur la partie
supérieure du vase. Médaillon d'un kylix attique à figures rouges, v. 500 AJC, attribué au peintre Sosias et
provenant du site de Vulci.
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Document 3 : Avant le développement de la médecine hippocratique, la cause des maladies était
considérée comme le fruit d’esprits démoniaques ou de punitions divines.
L'étude scientifique du corps humain et de ses maladies a eu à lutter (et a encore à lutter
dans une certaine mesure) contre une masse de superstitions, d'origine en grande partie
pré-chrétienne, mais appuyées, jusqu'à une époque très récente, par tout le poids de
l'autorité ecclésiastique. La maladie était parfois une épreuve envoyée par Dieu en
châtiment du péché, mais plus souvent l'ouvrage des démons. Elle pouvait être guérie
par l'intervention des saints, soit en personne, soit par leurs reliques sacrées ; par la
prière et les pèlerinages ; ou (quand elle était due aux démons) par l'exorcisme, et par
des traitements qui écoeuraient les démons (et le malade).
Une grande partie de ces pratiques pouvait être justifiée par les Évangiles ; le reste de la
théorie fut mis au point par les Pères de l'Église ou se forma tout naturellement à partir
de leurs doctrines. Saint Augustin soutenait que « toutes les maladies des chrétiens
doivent être attribuées à ces démons ; ils tourmentent surtout les chrétiens nouvellement
baptisés, voire les nouveau-nés innocents ». Il faut bien comprendre que, dans les
œuvres des Pères de l'Église, le mot « démon » désigne les divinités païennes, qui
étaient censées être mises en fureur par les progrès du christianisme. Les premiers
chrétiens ne niaient nullement l'existence des dieux de l'Olympe, mais voyaient en eux
des serviteurs de Satan, opinion adoptée par Milton dans son Paradis perdu. Saint
Grégoire de Nazianze soutenait que la médecine est inutile, mais que l'imposition de
mains consacrées est souvent efficace ; et d'autres Pères de l'Église expriment des
opinions analogues.
La croyance à l'efficacité des reliques est allée en augmentant pendant tout le Moyen
Âge, et n'a pas encore disparu. La possession de reliques estimées était une source de
revenus pour l'église et la ville où elles se trouvaient, et mettait en jeu les mêmes mobiles
économiques qui avaient soulevé les Éphésiens contre Saint Paul. La croyance aux
reliques survit souvent à la démonstration de leur fausseté. C'est ainsi que les os de
Sainte Rosalie, qui sont conservés à Palerme, passent depuis des siècles pour guérir les
maladies : mais un anatomiste profane, les ayant examinés, devait constater que
c'étaient les os d'une chèvre. Néanmoins, les guérisons ont continué. Nous savons à
présent que certaines maladies peuvent être guéries par la foi, d'autres non ; il se produit
certainement des guérisons « miraculeuses », mais dans une atmosphère non
scientifique, les légendes embellissent vite la vérité, et effacent la distinction entre les
maladies hystériques, qui peuvent être guéries de cette manière, et les autres, qui
exigent un traitement basé sur la pathologie.
Bertrand Russell (1872 - 1970)
Science et religion ,1935
Document 4 : Exemple de Serment d'Hippocrate sur un manuscrit byzantin du XIIème siècle (Bibliothèque
vaticane).
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Document 5 : Image du De humani corporis fabrica (1543) de Vésale.
Document 6 : C’est au 17ème siècle, d’abord chez Francis Bacon dans Du progrès et de la promotion des
savoirs, de 1605, puis chez René Descartes qu’apparait l’idée moderne de la scientifisation de la médecine
selon les principes de la science nouvelle, et non plus selon les convictions médicales antiques.
Toute la philosophie est comme un arbre, dont les racines sont la métaphysique : le tronc
est la physique, et les branches qui sortent de ce tronc sont toutes les autres sciences,
qui se réduisent à trois principales, à savoir la médecine, la mécanique et la morale ;
j’entends la plus haute et la plus parfaite morale, qui présupposant une entière
connaissance des autres sciences est le dernier degré de la sagesse.
René Descartes
Principes de la philosophie
Si et comment l’homme fut immortel avant la chute, ce n’est pas une question pour le
philosophe; il faut la laisser aux théologiens. Maintenant, que la vie humaine pût être
prolongée si nous connaissions l’art de la médecine, il n’en faut pas douter; car puisque
nous pouvons développer et prolonger la vie des plantes, etc., connaissant l’art de la
culture, pourquoi donc n’en serait-il pas de même pour l’homme ? Mais la meilleure
manière de prolonger la vie et la méthode à suivre pour garder un bon régime c’est de
vivre comme les bêtes et entre autres, de manger ce qui nous plaît , flatte notre goût, et
seulement tant que cela nous plaît.
René Descartes
Entretien avec Burman, 16 avril, in Oeuvres
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Document 7 : La possibilité théorique de créer de tels appareils était connue depuis le début du XXe siècle,
mais ce n'est qu'au début des années 1970 qu'apparurent les premiers imageurs couplés à ou "assistés" par
des ordinateurs capables de réaliser rapidement les calculs nécessaires à la reconstruction des images.
Pour la mise au point de cette technique, Godfrey Newbold Hounsfield et Allan MacLeod Cormack ont été
récompensés par le Prix Nobel de médecine en 1979. Que de chemin parcouru depuis le premier appareil
non-intrusif de détection corporelle, le stéthoscope de Laennec en 1815.
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Document 8 : Autre exemple du développement de la médecine dans un domaine autrefois inaccessible, la
médecine fœtale.
Jusqu’à une date relativement récente, aux environs de 1970, les possibilités
d’investigation avant la naissance étaient pratiquement inexistantes. La “venue au
monde” était le plus souvent un heureux événement, mais parfois on découvrait des
malformations imprévisibles après une grossesse en apparence normale.
Une vingtaine d’années se sont écoulées. Aujourd’hui, bien avant sa naissance, on
connaît le sexe de l’enfant, il a déjà un prénom, il fait déjà partie de la famille. L’album de
famille commence par les images échographiques prises in utero, quand ce n’est pas une
vidéocassette enregistrant les mouvements de l’enfant dans le sein de la mère.
Si, par malheur, on découvre à la naissance une malformation qu’on ne suspectait pas,
on reproche à la médecine, à l’échographie, leur défaillance. On commence même à voir
des procès intentés parce qu’une malformation n’a pas été décelée avant la naissance.
Après des recherches sur des handicaps acquis, la poliomyélite, et sous l’impulsion de
Robert Debré nous nous orientons en 1963 vers des recherches sur des handicaps
congénitaux. Deux thèmes de recherche menés conjointement, et conjugalement, nous
faisaient entrer de plain-pied dans la pathologie prénatale : la rubéole congénitale, les
anomalies chromosomiques dans les avortements spontanés, soit deux aspects de la
pathologie du développement.
Une cause environnementale, l’infection rubéolique, où la recherche allait se dérouler
avec les étapes classiques de la démarche médicale : analyse du phénomène,
épidémiologie, mise au point de méthode de diagnostic, prévention par le développement
de la vaccination.
Une cause génétique dont personne ne soupçonnait alors l’importance : l’extraordinaire
fréquence des anomalies chromosomiques à la conception et le fantastique déchet au
cours des premiers stades de développement.
Dans notre analyse ce qui devient anormal est l’évolution de ces anomalies jusqu’au
terme de la grossesse puisque seules environ deux pour cent des anomalies
chromosomiques conçues iront à terme. Notre objectif a été le diagnostic précoce des
anomalies graves qui pouvaient évoluer jusqu’au terme.
Dès le début de nos activités, nous avons mesuré la détresse des familles qui avaient eu
un enfant atteint d’une anomalie génétique grave. Pour eux le dilemme était le choix
entre le risque d’avoir de nouveau un enfant atteint et le grand désir de compléter leur
famille avec des enfants sains. L’apport du diagnostic prénatal a été un progrès
inestimable pour ces couples qui ont pu fonder les familles qu’ils désiraient.
Cette nouvelle médecine s’est développée au cours de ces vingt années. Comme est-elle
apparue ? Où en est-elle aujourd’hui, alors même qu’elle a atteint l’âge de la majorité ?
Que nous réserve-t-elle dans l’avenir ?
André Boué
La médecine du foetus, 1995
Document 9 : Dans les enjeux éthiques de la médecine se trouve la divergence de point de vue entre
médecin, dont c’est le métier, et le patient, dont l’enjeu est sa propre vie. C’est ce qui fait que la médecine
ne peut pas être un métier comme les autres.
Pour celui qui l'exerce, la médecine est un métier comme un autre même si son objectif
est plus noble. Ce n'est pas le cas, pas du tout, pour celui qui en a besoin. Les malades,
et c'est bien normal, n'admettent pas l'insuffisance, l'incompétence, l'ignorance, l'avidité,
et la faillibilité. Un ourlet raté, cela se pardonne; une injection, non. Un moteur mal mis au
point, on peut le tolérer; pas un traitement. Une prévision financière erronée, on l'oublie
parfois; une erreur de diagnostic, certainement pas. Ce n'est que justice: l'enjeu, c'est
votre propre corps, c'est votre vie.
On voudrait que la profession médicale soit parfaite, que les médecins soient à l'abri des
erreurs, des fautes, des faiblesses que connaissent tous les autres ouvriers. Or il n'en est
rien. La proportion de bons et de mauvais, professionnels est exactement la même
qu'ailleurs. Il y a de bons et de mauvais médecins comme de bons et de mauvais
cordonniers, épiciers, mécaniciens ou plombiers, il y a des médecins intègres et d'autres
malhonnêtes comme il existe des ministres ou des journalistes scrupuleux et d'autres
achetables ou vendus. La sélection qui fait qu'un homme est respectable, dans sa vie et
dans son métier, est la même partout.
Léon Schwartzenberg et Pierre Viansson-Ponté,
Changer la mort
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Document 10 : Autre aspect des enjeux éthiques, la droit à l’information des patients.
L'homme est le seul être qui sache qu'il doit mourir et qui s'étonne d'être et d'exister. S'il y
a non seulement un problème éthique, mais un problème philosophique dans la question
débattue de la Vérité due au malade, c'est que cette vérité est souvent tragique, qu'elle
ne concerne pas un état transitoire, une crise passagère, comme dans le cas d'une
maladie bénigne où dire la vérité va de soi, mais bien, le plus souvent, une maladie
mortelle au traitement aléatoire. Dire ou apprendre la vérité en ce cas, c'est se placer
brutalement devant notre être mortel, c'est affronter notre finitude que nous dénions
quotidiennement par notre travail, nos projets, nos attentes, nos espoirs. Cela vaut pour
le patient qui voit brutalement son horizon de futur bouché par un mur infranchissable,
comme pour le médecin qui éprouve là les limites de son pouvoir thérapeutique.
Faut-il dire la vérité au malade ? Mais quelle vérité ? Les Maîtres de sagesse de la Grèce
antique étaient appelés « Maîtres de vérité » parce que la vérité était sacrée,
manifestation de l'Être ou de Dieu, comme le Bien ou le Beau. Nous n'avons plus
aujourd'hui de la vérité qu'une conception partielle, provisoire, en attente de confirmation
ou d'infirmation. Nul ne peut se dire, à juste titre, détenteur de LA vérité. Le médecin
possède, certes, une connaissance vraie mais partielle de la maladie de son malade. Il
ne connaît pas tout de son histoire. Certains éléments, décisif, pour l'évolution de la
maladie (antécédents, hérédité, traumatismes), peuvent lui échapper. Ils échappent aussi
au malade qui les a oubliés, refoulés, méconnus. Et en même temps le malade a à la fois
envie de savoir et de ne pas savoir : il veut savoir ce qu'il a, le diagnostic de sa maladie,
mais il veut conserver l'espoir ou un certain flou sur le pronostic, si ce dernier n'est pas
entièrement favorable. Que dire donc, et surtout comment le dire ?
Jacqueline Lagrée
Le médecin, le malade et le philosophe
Document 11 : Une étonnante conséquence de la révolution médicale est le fait que nous prenons comme
naturel ce qui absolument artificiel, et considérons ce qui est naturelle comme anormal : nous en venons à
penser que le droit à la santé est une sorte de droit naturel.
La maladie est le rappel à l’être humain de sa fragilité. Le droit à la santé devrait être
reconnu comme un droit naturel. Pour tous. Quelle que soit la situation professionnelle ou
sociale: il n’est pas dans la justice des choses que le traitement social de la maladie
diffère des artisans établis à leur compte aux salariés et aux patrons d’entreprise; de
ceux qui ne travaillent plus depuis un certain temps, ou qui n’ont jamais travaillé et qu’on
dit “en fin de droits” ou en “absence de droits”, à ceux qui travaillent.
Tout cela ne manque pas de créer des problèmes, particulièrement d’ordre budgétaire, et
l’effort de maîtrise des dépenses de santé, engagé depuis plusieurs années par les
autorités publiques et l’ensemble du corps médical, demeure une nécessité.
Cependant, cette contrainte ne doit pas faire oublier ce qui doit être considéré comme
une priorité: l’amélioration de la qualité des soins et des services rendus aux malades.
Faut-il refuser toute dépense nouvelle, même si celle-ci doit permettre une amélioration
substantielle de l’état de santé des Français ? Les contraintes budgétaires qui, à
l’évidence, s’imposent à nous ne peuvent tenir lieu à elles seules de politique de santé.
Léon Schwartzenberg (1923 - 2003)
La société humaine, 1988
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N°387, janvier 2010
- Histoire de la médecine, Roger Dachez, Tallandier, 2008
- Thérapie génique, révolution médicale, Entre rêve et réalité, par Laurent Segalat, Ellipses, 2007
- Histoire et médicament au XIXème et XXème siècles, Christian Bonah et Anne Rasmussen, Glyphe, 2005
- Génome humain et médecine, Dossier Pour la Science N°46, janvier-mars 2005
- Le cœur, le fonctionnement de la pompe cardiaque, Collectif, Dossier Pour la Science N°40, juillet septembre 2003
- Le médecin, le malade et le philosophe, Jacqueline Lagrée, Bayard Éditions, 2002
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- Requiem pour la vie, Léon Schwartzenberg, Pré aux clercs, 1985
- Grandeur et tentation de la médecine, Jean Bernard, France Loisirs, 1973
- La puissance et la fragilité, Jean Hamburger, J'ai lu, 1973
- Pensées d'un biologiste, Jean Rostand (1939), Club Français du livre, 1957
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