Journal Identification = JPC Article Identification = 0210 Date: June 15, 2012 Time: 9:7 am
90 J Pharm Clin, vol. 31 n◦2, juin 2012
J. Giraud, et al.
recherche vers un virus dont le refuge serait les cellules
immunes des organes lymphoïdes. C’est ainsi qu’à par-
tir de cellules lymphoïdes ganglionnaires d’un patient fut
identifié, dès 1983, un rétrovirus humain encore inconnu
à l’époque, dénommé quelques années plus tard, le virus
de l’immunodéficience humaine (VIH). En 1985, la notion
de variabilité génétique du VIH était évoquée par l’analyse
de virus de différents patients et, en 1986, un second
virus, apparenté au premier, mais génétiquement distinct,
était découvert chez des patients originaires d’Afrique de
l’Ouest, et atteints eux aussi, d’un sida. Ces virus, de la
même famille, furent alors dénommés VIH-1 et VIH-2.
Le VIH affecte le système immunitaire en infectant
les cellules centrales de ce système : les cellules por-
teuses du récepteur CD4, lymphocytes CD4 et cellules
de la lignée monocytaire et macrophagique présentatrices
d’antigènes. Il s’ensuit un déficit de l’immunité cellulaire,
d’évolution progressive dominé par un déficit à la fois
quantitatif et qualitatif des lymphocytes T CD4, cible prin-
cipale du virus.
Les virus VIH possèdent une enveloppe composée de
deux glycoprotéines : la gp120 reconnaissant le récepteur
cellulaire lymphocytaire CD4 et la gp41 transmembra-
naire qui assure la fusion virus/cellule cible. À l’intérieur,
la capside (protéine p24, protéine p17) renferme deux
brins d’ARN génomique et trois enzymes : la transcrip-
tase inverse, une intégrase et une protéase. Ce sont ces
enzymes qui permettent la transcription du génome et
l’intégration de l’ADN proviral dans l’ADN cellulaire.
Les traitements antirétroviraux ont beaucoup évolué
ces dernières années. Certes le traitement est un traite-
ment à vie car il n’est pas possible à l’heure actuelle
d’éradiquer le virus qui est intégré dans le génome
humain, mais seulement de diminuer sa multiplication
et donc l’ARN-VIH du plasma ou charge virale. Les
«trithérapies »disponibles sont efficaces et permettent
en diminuant la charge virale en dessous du seuil de
détectabilité, une restauration immunitaire. Les formes
galéniques ont été améliorées permettant de diminuer le
nombre de comprimés à ingérer et certains traitements
peuvent être administrés en une prise par jour ce qui
facilite l’observance.
Les principaux médicaments disponibles et les stra-
tégies thérapeutiques basées sur le rapport d’experts
coordonné par le Pr Yeni en 2010, vont être décrits dans
la suite de cet article.
Caractéristiques
pharmacologiques
des antirétroviraux
Les molécules antirétrovirales agissent au niveau des dif-
férentes étapes du cycle de multiplication du virus dans
la cellule hôte. On distingue ainsi 6 classes pharmacolo-
giques :
– les inhibiteurs nucléosidiques ou nucléotidiques de la
transcriptase inverse du VIH (INTI). Ils bloquent la trans-
cription de l’ARN viral en ADN proviral en se substituant
aux nucléotides endogènes ;
– les inhibiteurs non nucléosidiques de la transcriptase
inverse du VIH (INNTI) dont la finalité est identique aux
INTI, mais le mode d’action par inhibition directe de
l’enzyme diffère ;
– les inhibiteurs de protéase virale (IP). Ils agissent en
inhibant le clivage des protéines virales et donc la forma-
tion de nouveaux virions ;
– les inhibiteurs d’intégrase qui bloquent l’intégration de
l’ADN viral dans le génome cellulaire ;
– les inhibiteurs d’entrée, inhibiteur du co-récepteur
CCR5. Ils agissent en inhibant l’entrée au niveau cellulaire
des virus à tropisme R5 ;
– les inhibiteurs de fusion de la particule virale avec la
cellule, empêchent l’entrée du virus dans la cellule.
Les formes galéniques et spécialités des différentes
classes thérapeutiques sont résumées dans le tableau 1.
Le tableau 2 synthétise les données pharmacocinétiques
à prendre en compte pour optimiser le traitement.
Les inhibiteurs nucléosidiques
de la transcriptase inverse
En France, 6 inhibiteurs nucléosidiques de la transcriptase
inverse (emtricitabine, lamivudine, zidovudine, didano-
sine, stavudine, abacavir) et 1 inhibiteur nucléotidique de
la transcriptase inverse (ténofovir) disposent d’une AMM.
Les INTI sont des analogues de bases (purique ou
pyrimidique) qui seront intégrés dans l’ADN par la trans-
criptase inverse. À l’instar des nucléotides endogènes
qui doivent être triphosphorylés pour être intégrés dans
la structure de l’ADN par l’ADN polymérase, les inhi-
biteurs nucléosidiques nécessitent pour être actifs, une
triple phosphorylation dont la première est assurée par
une kinase cellulaire, les deux suivantes nécessitant des
kinases virales. Le ténofovir, analogue nucléotidique de
l’adénine, est actif sous forme de ténofovir diphosphate,
dont la phosphorylation dépend d’une kinase cellulaire.
Celui-ci reste donc actif sur certains virus résistant aux
INTI et dans les cellules quiescentes (macrophages, lym-
phocytes en phase latente).
Compte tenu de leur proximité structurale, la zido-
vudine et la stavudine (analogues de la thymidine) sont
antagonistes, par inhibition compétitive au niveau de la
transcriptase inverse. Il n’est pas non plus recommandé
d’associer didanosine et ténofovir.
Les caractéristiques pharmacocinétiques des INTI sont
résumées ci-après. D’une manière générale ils sont bien
absorbés par voie orale avec une bonne biodisponibilité
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