JE M’APPROCHE
Les deux paraboles précédentes (les deux fils, 21.28-32 ; les mauvais vignerons, 21.33-46)
ont, l’une comme l’autre, un caractère
polémique
. De même, celle qui retient notre attention a
pour fonction de révéler aux auditeurs la gravité de leur refus de Jésus. Ce refus est exprimé
par le verbe
vouloir
(v.3, « ils ne voulurent pas venir ») ; voir 18.30 et 23.37. Les invités
ne se
soucient pas
de l’invitation (v.5), et le reproche porte précisément sur leur indifférence ou né-
gligence coupable. Ces trois paraboles constituent des avertissements ultimes dans le récit de
Matthieu. Ils ne sont pas reçus par les autorités juives.
Question
brise-glace :
Si vous aviez à retenir
un seul point de cette
parabole—un point
qui vous aurait parti-
culièrement frappé—
quel serait-il ?
Jésus à Jérusalem
Matthieu 22.1-15
2016, 4 juin | Matthieu, n° 10 | www.adventiste.org/bible page 1
J’OBSERVE
Dans l’évangile de Matthieu, contrairement à celui de Luc (14.15-24), apparaît une note inat-
tendue de violence (v.6-7). Dans les années 80 où cet évangile est rédigé, cela constitue
une allusion très claire à la première révolte juive et à la destruction de Jérusalem par les
Romains, dix à quinze ans plus tôt.
Pour la deuxième invitation, le roi envoie ses esclaves aux carrefours (v.8-9), où ils trouve-
ront une foule innombrable à appeler. Cet appel si large s’inscrit dans une visée universaliste
et missionnaire, si accentuée chez Matthieu.
Le verbe « rassembler », au verset 10, est un mot de la même famille que le nom
« synagogue ». Pourquoi le narrateur précise-t-il que cette foule comprend « mauvais et
bons » ? On pourrait supposer que les mécréants s’amenderont par la suite, une fois entrés
dans le Royaume ; mais il est également possible qu’il s’agisse de méchants obstinés, qui
seront un jour exclus du Royaume. La fin de la parabole (v.11-14) soutiendrait cette lecture,
rappelant aussi la parabole du filet (13.47-50). Il convient de noter que l’invitation s’adresse
à tous : pauvres, estropiés, aveugles et impotents sont les bienvenus, contrairement à ce qui
se passe dans d’autres mouvements religieux, notamment chez les Esséniens.
La fin de la parabole (v.11-14) est propre à Matthieu (absente du récit de Luc). Elle constitue
presque une deuxième parabole. Ces versets sont en réaction contre une lecture libertine
que l’on pourrait faire de ce qui précède. Ils insistent sur la justice constamment réclamée
des fidèles (thème cher à Matthieu). L’auteur rappelle ici les exigences pratiques requises
des fidèles, et surtout des nombreux pagano-chrétiens entrés dans l’Eglise des années 80.
Cette première interprétation de l’habit de noces qui fait défaut se situe sur un plan
éthique
.
Ce vêtement représenterait alors les œuvres bonnes, ou la justice supérieure que doit mani-
fester le disciple ; on y voit aussi les « fruits » que celui-ci doit porter. Mais il existe une autre
ligne d’interprétation, qui voit dans la métaphore de l’habit de noces une
image baptismale
.
Ce vêtement symbolise alors l’appartenance à la communauté des sauvés. E. Cuvillier
évoque le « dialogue avorté » mis en scène dans cette finale : « Le roi interroge en effet
l’homme sur l’absence de vêtement, et c’est la non-réponse de ce dernier (v.12) qui semble
rendre inéluctable l’exclusion de la salle de noce. » Cet homme n’admet pas son besoin d’être
revêtu d’un autre vêtement que les siens propres.
J’ADHERE
Qu’est-il attendu du disciple du Christ ? En résumé, une
écoute
qui lui permet de rester sen-
sible à toutes les sollicitations divines. Le
refus de s’enfermer
dans son « vouloir-être », ou d’uti-
liser sa liberté, qui est réelle, pour sombrer dans l’insouciance. Le désir, quoi qu’il arrive, de
maintenir vivant le
dialogue
avec son Maître, pour qu’il n’avorte jamais. L’humilité de
recon-
naître
, comme le fait la femme cananéenne (15.21-28), son état de manque ou d’insuffisance.