Jésus à Jérusalem

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Jésus à Jérusalem
Matthieu 22.1-15
JE M’APPROCHE
Question
brise-glace :
Si vous aviez à retenir
un seul point de cette
parabole—un point
qui vous aurait particulièrement frappé—
quel serait-il ?
Les deux paraboles précédentes (les deux fils, 21.28-32 ; les mauvais vignerons, 21.33-46)
ont, l’une comme l’autre, un caractère polémique. De même, celle qui retient notre attention a
pour fonction de révéler aux auditeurs la gravité de leur refus de Jésus. Ce refus est exprimé
par le verbe vouloir (v.3, « ils ne voulurent pas venir ») ; voir 18.30 et 23.37. Les invités ne se
soucient pas de l’invitation (v.5), et le reproche porte précisément sur leur indifférence ou négligence coupable. Ces trois paraboles constituent des avertissements ultimes dans le récit de
Matthieu. Ils ne sont pas reçus par les autorités juives.
J’OBSERVE
Dans l’évangile de Matthieu, contrairement à celui de Luc (14.15-24), apparaît une note inattendue de violence (v.6-7). Dans les années 80 où cet évangile est rédigé, cela constitue
une allusion très claire à la première révolte juive et à la destruction de Jérusalem par les
Romains, dix à quinze ans plus tôt.
Pour la deuxième invitation, le roi envoie ses esclaves aux carrefours (v.8-9), où ils trouveront une foule innombrable à appeler. Cet appel si large s’inscrit dans une visée universaliste
et missionnaire, si accentuée chez Matthieu.
Le verbe « rassembler », au verset 10, est un mot de la même famille que le nom
« synagogue ». Pourquoi le narrateur précise-t-il que cette foule comprend « mauvais et
bons » ? On pourrait supposer que les mécréants s’amenderont par la suite, une fois entrés
dans le Royaume ; mais il est également possible qu’il s’agisse de méchants obstinés, qui
seront un jour exclus du Royaume. La fin de la parabole (v.11-14) soutiendrait cette lecture,
rappelant aussi la parabole du filet (13.47-50). Il convient de noter que l’invitation s’adresse
à tous : pauvres, estropiés, aveugles et impotents sont les bienvenus, contrairement à ce qui
se passe dans d’autres mouvements religieux, notamment chez les Esséniens.
La fin de la parabole (v.11-14) est propre à Matthieu (absente du récit de Luc). Elle constitue
presque une deuxième parabole. Ces versets sont en réaction contre une lecture libertine
que l’on pourrait faire de ce qui précède. Ils insistent sur la justice constamment réclamée
des fidèles (thème cher à Matthieu). L’auteur rappelle ici les exigences pratiques requises
des fidèles, et surtout des nombreux pagano-chrétiens entrés dans l’Eglise des années 80.
Cette première interprétation de l’habit de noces qui fait défaut se situe sur un plan éthique.
Ce vêtement représenterait alors les œuvres bonnes, ou la justice supérieure que doit manifester le disciple ; on y voit aussi les « fruits » que celui-ci doit porter. Mais il existe une autre
ligne d’interprétation, qui voit dans la métaphore de l’habit de noces une image baptismale.
Ce vêtement symbolise alors l’appartenance à la communauté des sauvés. E. Cuvillier
évoque le « dialogue avorté » mis en scène dans cette finale : « Le roi interroge en effet
l’homme sur l’absence de vêtement, et c’est la non-réponse de ce dernier (v.12) qui semble
rendre inéluctable l’exclusion de la salle de noce. » Cet homme n’admet pas son besoin d’être
revêtu d’un autre vêtement que les siens propres.
J’ADHERE
Qu’est-il attendu du disciple du Christ ? En résumé, une écoute qui lui permet de rester sensible à toutes les sollicitations divines. Le refus de s’enfermer dans son « vouloir-être », ou d’utiliser sa liberté, qui est réelle, pour sombrer dans l’insouciance. Le désir, quoi qu’il arrive, de
maintenir vivant le dialogue avec son Maître, pour qu’il n’avorte jamais. L’humilité de reconnaître, comme le fait la femme cananéenne (15.21-28), son état de manque ou d’insuffisance.
2016, 4 juin | Matthieu, n° 10 | www.adventiste.org/bible
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Le disciple reste également conscient de l’infinie largesse de l’invitation divine. Son rôle n’est
jamais de juger, de trancher pour déterminer qui est digne d’entrer. Jamais il ne tient de propos qui excluent. Il sait que beaucoup de ceux qui acceptent l’invitation n’étaient pas réellement attendus. Il est capable de se réjouir de cet amour divin qui dépasse toujours nos limites.
Il est lui-même chargé par Dieu de porter cette invitation dans sa propre vie – c’est-à-dire en
profondeur, et pas seulement par des discours. Il devient ainsi un témoin vivant des largesses de Dieu. Il se sait bénéficiaire du pardon. Son témoignage est libérateur et bienfaisant.
JE REFLECHIS
Puisqu’il y a tant de surprises dans le Royaume, sachons considérer tous ces invités inattendus comme autant de cadeaux que Dieu nous fait. Sachons reconnaître en eux un signe de
bonté et une occasion de louange – un sujet d’émerveillement !
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