L`enseignement et l`apprentissage : un cadre conceptuel

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Fiche – Le pôle de l’Est, 1992
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L’enseignement et l’apprentissage : un cadre conceptuel
Le Pôle de l’Est (1992). L’enseignement et l’apprentissage : un cadre conceptuel, [s. l.] : Délégation
collégiale du comité mixte de PERFORMA, janvier 1992, XIV et 243 p.
ISBN : 2-91214-24-5
À propos de l’auteur
Le Pôle de l’Est est un collectif de conseillers pédagogiques de collèges situés géographiquement dans la
partie est du Québec. Dans le cas de cet ouvrage, les membres du collectif étaient les suivants : Ghislain
FOURNIER (ITA de La Pocatière); René FRADETTE (cégep de La Pocatière); Claude GAGNON
(cégep de la région de l’Amiante); Hermann GUY (cégep de Rimouski, rédacteur); Bernard LEBLANC
(cégep de Granby); Pierre MATTEAU (cégep de La Pocatière); Jean-Paul MICHAUD (cégep de Rivièredu-Loup); Michel POIRIER (cégep de Baie-Comeau); Aimé PROVENCHER (cégep de Victoriaville);
Gilbert ROUZIER (cégep de Matane). À ceux-ci, il faut ajouter le nom de Jan PALKIEWICZ, professeurchercheur à l’Université du Québec à Montréal, lequel a signé la préface.
Droits d’auteur
La reproduction des textes est autorisée avec mention de la source.
Description du contenu
Le présent ouvrage ne constitue pas ce qu’on pourrait appeler un ouvrage au contenu bien arrêté, défini et
exhaustif. Il s’agit plutôt de la synthèse provisoire d’une réflexion collective en pleine évolution. Dans le
préambule de leur ouvrage, les auteurs traduisent ainsi la façon dont ils considèrent leur production :
Le présent document représente d’abord notre synthèse sur l’état actuel de notre démarche
dans l’étude de la psychologie cognitive appliquée à l’apprentissage scolaire. Ce n’est pas
une synthèse exhaustive de la psychologie cognitive mais plutôt un compte rendu de nos
travaux, de nos lectures et de nos conceptions reliées au traitement de l’information, aux
modes de représentation de la connaissance, à l’apprentissage et à l’enseignement.
Ce document est rédigé d’abord pour nos propres besoins, mais nous souhaitons qu’il soit
utile à nos collègues conseillers pédagogiques et [aux] enseignants et enseignantes pour qui
finalement nous avons effectué les présentes études. [p. 3]
Dans le chapitre 1 [p. 5 à 12], les auteurs décrivent le questionnement qui est le leur. Contrairement à
l’approche fonctionnelle à consonance behavioriste qui, traditionnellement, caractérisait le travail des
conseillers pédagogiques œuvrant dans le domaine de la formation et du perfectionnement des
enseignants, les membres du Pôle de l’Est sont à la recherche d’un cadre de référence susceptible
d’appuyer leurs interventions concernant l’apprentissage et l’enseignement. Ce cadre de référence, ils
l’ont trouvé dans les modèles axés sur les stratégies de traitement de l’information et, de façon plus
spécifique, dans le cognitivisme.
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Étant donné que nous traiterons séparément chacun des aspects jugés importants, nous ne donnons ici que
la structure générale de l’ouvrage. Le lecteur pourra ensuite se référer à chacun des descripteurs retenus
pour accéder plus en détails au contenu qui l’intéresse.
Remarque
Nous jugeons important d’informer nos lecteurs que cet ouvrage doit être mis en relation avec la
deuxième publication des membres du Pôle de l’Est, Processus de planification d’un cours centré sur le
développement d’une compétence. ([s. l.] : Délégation collégiale du comité mixte de PERFORMA,
décembre 1996, XXII et 355 p.)
Structure de l’ouvrage
Chapitre 1 –
Notre questionnement ....................................................................... [p. 5 à 12]
Chapitre 2 –
L’émergence de la psychologie cognitive
et du paradigme du traitement de l’information................................ [p. 13 à 16]
Chapitre 3 –
Le traitement de l’information......................................................... [p. 17 à 32]
Chapitre 4 –
Les types de connaissances et leur représentation ............................ [p. 33 à 47]
Chapitre 5 –
L’apprentissage............................................................................... [p. 49 à 82]
Chapitre 6 –
Le développement de la pensée ..................................................... [p. 83 à 122]
Chapitre 7 –
Les caractéristiques de l’apprenant .............................................. [p. 123 à 133]
Chapitre 8 –
La motivation à l’apprentissage ................................................... [p. 135 à 177]
Chapitre 9 –
L’enseignement........................................................................... [p. 179 à 194]
Chapitre 10 –
La planification de l’enseignement .............................................. [p. 195 à 221]
-------------
Glossaire..................................................................................... [p. 225 à 232]
-------------
Bibliographie .............................................................................. [p. 233 à 242]
Descripteurs
apprentissage / cognitivisme / enseignement / motivation / planification de l’enseignement / psychologie
cognitive
APPRENTISSAGE
Qu’est-ce que l’apprentissage ?
Même si, au bout du compte, c’est tout l’ouvrage du Pôle de l’Est, L’enseignement et l’apprentissage : un
cadre conceptuel, qui contribue à répondre à cette complexe question, les auteurs y ont consacré un
chapitre spécifique : le chapitre 5, des pages 49 à 81. Ce chapitre contient une foule d’éléments pouvant
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être utiles, notamment dans l’élaboration d’activités de perfectionnement portant sur l’enseignement et
l’apprentissage dans une perspective constructiviste.
Quelques conceptions de l’apprentissage
Dans les pages 49 à 55, on distingue de façon succincte différentes conceptions de l’apprentissage. Les
auteurs ne s’en cachent pas, la présentation des quatre conceptions retenues vise à faire « mieux
comprendre les conceptions récentes, basées sur le traitement de l’information ». [p. 50]
« À cause de l’impact qu’ils ont exercé et exercent encore », quatre courants de pensée sont retenus.
1. Le behaviorisme et le néo-behaviorisme, dont Watson et Skinner sont respectivement les
représentants les plus connus [p. 50-51].
2. En réaction à la vision behavioriste, la conception dite « humaniste » de l’apprentissage et sa
figure dominante Carl Rogers, pour qui le seul apprentissage véritable est celui qui engage l’élève
totalement comme personne. [p. 51]
3. Le courant de pensée dit « des styles d’apprentissage », selon lequel « les différences
individuelles de la personnalité influencent, et la manière, et ce qu’on apprend le mieux » et,
corollaire de l’affirmation qui précède, « pour que l’enseignement soit efficace, les enseignants
doivent mieux connaître les caractéristiques des élèves ». [p. 51]
4. Le courant « andragogique » auquel a beaucoup contribué Malcolm Knowles a de son côté
permis de mettre en valeur certaines dimensions de l’apprentissage que la conception behavioriste
négligeait de prendre en compte. [p. 52-53]
En guise de conclusion – mais aussi d’entrée en matière sur tout ce qu’on dira de l’apprentissage dans le
reste de l’ouvrage – les auteurs présentent le point de vue cognitiviste sur l’apprentissage. Les pages 54 à
81 contiennent une quantité impressionnante d’éléments intéressants pour quiconque entend réfléchir – ou
en faire réfléchir d’autres – sur la conception cognitiviste de l’apprentissage. Nous donnons ici quelques
points de repère susceptibles d’orienter les recherches relatives à certaines caractéristiques de la
conception cognitiviste de l’apprentissage.
•
« L’apprentissage ne dépend […] pas uniquement de l’enseignement […] Entre l’enseignement et
l’apprentissage s’interposent les comportements d’étude de l’élève, aussi bien dans la salle de
classe qu’à l’extérieur de la salle de classe. » [p. 55]
•
Selon Gary Fenstermacher (1986) « il faut se garder d’établir une relation causale directe entre
l’enseignement et l’apprentissage », ce sont « non seulement des phénomènes différents, mais des
réalités non complémentaires. » [p. 55]
•
« L’influence de l’enseignement sur l’apprentissage est indirecte en ce sens qu’elle est médiatisée
par l’activité mentale de l’élève. Sans la participation d’une activité mentale adéquate de la part
de l’élève […], il ne saurait y avoir d’apprentissage, quelle que soit la nature de l’enseignement. »
[p. 56]
•
« Le rôle de l’enseignant est de guider l’élève dans ses comportements d’étude. » [p. 55]
Définition de l’apprentissage scolaire [retenue par les auteurs]
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L’apprentissage est un processus actif, constructif, cumulatif qui se produit lorsque
l’apprenant traite activement l’information nouvelle, modifiant ainsi sa structure cognitive.
[p. 57]
Quelques principes d’apprentissage [p. 65 à 76 et Figure 5.3, p. 61]
Les auteurs résument six propositions ou principes sur la façon dont les élèves apprennent. Ces principes,
énoncés par Beau Fly Jones et al. (1987), ont été retenus « autant pour la solidité des recherches qui les
supportent que pour leur signification pédagogique ». [p. 65]
Principe 1 : L’apprentissage est orienté par des buts [p. 65-66]
Principe 2 : Apprendre, c’est faire l’arrimage entre une nouvelle information et la connaissance
antérieure [p. 66-67]
Principe 3 : Apprendre, c’est organiser l’information [p. 68-69]
Principe 4 : Apprendre, c’est acquérir un répertoire de stratégies cognitives et métacognitives [p. 6972]
Principe 5 : L’apprentissage s’effectue en phases et est récursif [p. 72-74]
Principe 6 : L’apprentissage est influencé par le développement [p. 75]
Les stratégies d’apprentissage [p. 76-81]
Le cognitivisme a non seulement mis en évidence le rôle déterminant de l’activité mentale de
l’élève dans l’apprentissage, mais il a aussi cerné les grands processus cognitifs qui
concourent au traitement de l’information. Les implications pédagogiques de ses découvertes
sont énormes, à commencer par une redéfinition du rôle de l’enseignement. Celui-ci doit
moins se penser dans les termes de la transmission de la connaissance, que dans ceux du
soutien et du guidage de l’activité cognitive de l’élève. [p. 76]
Les auteurs empruntent à Wilbert J. McKeachie les trois grandes catégories de stratégies d’apprentissage
suivantes :
•
Les stratégies cognitives [p. 77]
•
Les stratégies métacognitives [p. 78]
•
Les stratégies de gestion des ressources [p. 78-80]
Le chapitre traitant de l’apprentissage se termine sur trois tableaux reprenant les trois catégories de
stratégies d’apprentissage de McKeachie et présentant, pour chacune d’elles, les stratégies et les
techniques d’apprentissage les plus souvent proposées par différents auteurs. [p. 80-81]
Cognitivisme
Tout l’ouvrage du Pôle de l’Est, L’enseignement et l’apprentissage : un cadre conceptuel, est
d’orientation cognitiviste. Pour quiconque désire se familiariser avec cette pensée, les chapitres 2 [p. 13 à
16], 3 [p. 17 à 32], 4 [p. 33 à 47] et 6 [p. 83 à 122] constituent une bonne initiation. Outre cette initiation
d’ordre davantage théorique, les lecteurs soucieux de pédagogie y trouveront des propositions
d’applications faisant le lien entre la théorie cognitive et la pratique enseignante.
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Afin de guider nos lectrices et nos lecteurs, nous ferons successivement référence au contenu de ces
quatre chapitres.
Chapitre 2
Le chapitre 2 rappelle « certaines variables permettant de comprendre l’émergence de la psychologie
cognitive ». [p. 13]
La psychologie cognitive – elle-même partie d’un ensemble plus vaste appelé « sciences cognitives –
constitue une façon d’expliquer ce qu’est la connaissance humaine, comment elle s’acquiert et comment
on l’utilise.
Parmi les variables qui, historiquement, expliquent l’émergence de la psychologie cognitive, on
mentionne les suivantes :
•
Le behaviorisme et le néo-behaviorisme [p. 13-14];
•
La linguistique [p. 14];
•
La psychologie de la gestalt [p. 14];
•
Les sciences de la communication [p. 14-15];
•
L’intelligence artificielle [p. 15];
•
Le paradigme du traitement de l’information [p. 16].
Chapitre 3
L’ensemble du chapitre 3 [p. 17 à 32] porte sur le traitement de l’information. En effet, « en psychologie
cognitive, on traite les événements psychologiques en termes de transformations de l’information de
l’unité d’entrée à l’unité de sortie. » [p. 17]
Après avoir dit quelques mots sur les bases neuronales de la connaissance [p. 17 à 20], les auteurs
présentent un modèle de traitement de l’information de même que les méthodes utilisées en psychologie
cognitive « pour valider les processus mentaux qui sous-tendent l’apprentissage et la performance »
[p. 23].
Outre l’intérêt théorique que peut revêtir la présentation de ces données d’ordre scientifique, notamment
en ce qui concerne la structure du traitement de l’information, cette partie de l’ouvrage du Pôle de l’Est
nous paraît pédagogiquement intéressante lorsqu’elle met en évidence ou lorsqu’elle suggère des façons
pratiques de prendre en compte, dans l’enseignement, de ces données de la psychologie cognitive.
Chapitre 4
Le chapitre 4, Les types de connaissances et leur représentation [p. 33 à 47], expose successivement les
types de connaissances et la façon de se les représenter selon le modèle de J. R. Anderson [1983] mis en
lumière par Ellen D. Gagné [1985]; ce modèle met l’accent sur l’aspect « réseau » des divers types de
connaissances.
Nous ne donnons ici que la structure générale du chapitre en soulignant encore que l’intérêt pédagogique
du chapitre repose principalement sur les moyens proposés par les auteurs pour faire acquérir les
différents types de connaissances, mais principalement les connaissances dites « procédurales ».
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1. La représentation de la connaissance basée sur la perception : les images mentales [p. 33-34]
2. La représentation de la connaissance basée sur le traitement de l’information [p. 34-45]
•
Les connaissances déclaratives
pédagogiques) [p. 34 à 38]
•
Les connaissances procédurales (Définition,
pédagogiques) [p. 38 à 45]
•
La connaissance contextuelle [p. 45]
(Définition,
processus
d’acquisition
et
moyens
processus d’acquisition et moyens
Les auteurs terminent le chapitre 4 en présentant d’autres modèles de représentation de la connaissance
[p. 45 à 47].
Chapitre 6
Le chapitre 6 traite du développement de la pensée. Les auteurs présentent ainsi le contenu du chapitre :
Dans un premier temps, il nous est apparu important de retenir une conception de
l’intelligence qui soit congruente avec le paradigme du traitement de l’information et du
cadre conceptuel cognitiviste. C’est pourquoi, nous présentons brièvement la théorie
triarchique de Sternberg (1986) sur la conception de l’intelligence qui concorde avec les
processus cognitifs actifs dans le traitement de l’information. Dans un deuxième temps, nous
tentons de préciser les processus et les habiletés intellectuels qui permettent une meilleure
pensée. Nous nous demandons en quoi nous pouvons agir sur le développement d’une
meilleure pensée et sur la création d’un environnement scolaire favorable à l’apprentissage.
Ensuite, nous abordons la métacognition que nous traitons d’une façon spécifique parce
qu’elle a un caractère d’ordre supérieur qui n’appartient à aucun type de pensée particulier
mais qui les transcende tous. [p. 83]
Les premières pages du chapitre [p. 83 à 91] sont consacrées à présenter différentes façons de concevoir
l’intelligence et la pensée, dont la théorie de Sternberg (1986), lequel considère l’intelligence selon trois
dimensions : l’univers intérieur de l’individu [p. 87-89], les situations et les tâches où l’intelligence est
importante [p. 89-90] et, finalement, la relation avec le monde extérieur [p. 90].
Pédagogiquement parlant, l’intérêt principal réside dans les deux autres parties de ce chapitre, celle qui
traite du développement de la pensée [p. 91 à 114] et celle qui traite de la métacognition [p. 114 à 121].
Est-il possible d’apprendre à mieux penser ?
« Certainement que oui, répondent les auteurs, plusieurs expériences l’ont démontré. » [p. 93] « Une des
solutions consiste à organiser l’enseignement autour d’un double agenda : celui du contenu et celui des
habiletés nécessaires pour apprendre. » [p. 92]
Comment peut-on améliorer la pensée ?
Est-il besoin de souligner que cette partie comporte une grande quantité de stratégies susceptibles de
développer ce qu’on appelle fréquemment des « habiletés transversales ». La position des auteurs est
claire à ce sujet : « La pratique est nécessaire mais insuffisante; une bonne pensée suppose aussi une
réorganisation stratégique. Par exemple, si nous voulons devenir meilleurs à générer des idées créatives,
la simple pratique n’est pas suffisante, il faut des stratégies systématiques pour concevoir des idées et de
la pratique. » [p. 94-95]
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Les auteurs ont retenu quatre catégories différentes de pensées susceptibles d’être développées dans le
cadre d’un enseignement organisé autour du double agenda dont il a été fait mention précédemment :
celui du contenu et celui des habiletés nécessaires pour apprendre.
Catégorie 1 :
la pensée critique et la pensée créative [p. 95-96]
Catégorie 2 :
les processus intellectuels, considérés comme « des opérations mentales complexes qui
nécessitent l’utilisation de plusieurs habiletés intellectuelles ». [p. 96 à 109]
Catégorie 3 :
les habiletés intellectuelles, opérations mentales plus simples et dont la maîtrise est
moins longue à acquérir que celle des processus intellectuels [p. 110 à 114]
Catégorie 4 :
la métacognition [p. 114 à 121]
Et, comme conclusion à ce chapitre :
…nous pouvons affirmer, sur la base des recherches mentionnées, qu’il est possible de
développer « une pensée » meilleure et que les processus intellectuels et les habiletés
intellectuelles peuvent être développées. Cela nécessite d’identifier les éléments clés, de
préciser les règles, les procédures et les étapes d’exécution. Cet ensemble d’opérations
devient davantage efficace si celles-ci sont inscrites dans une stratégie d’enseignement et
intégrées à l’apprentissage des matières scolaires. Apprendre, c’est apprendre à penser.
[p. 121]
Enseignement
Étudier le phénomène de l’enseignement sous l’angle cognitiviste, c’est poser des questions
sur la conception même de l’enseignement et sur la pensée des enseignants et des
enseignantes. Autrement dit, le présent chapitre traite des deux questions suivantes :
-
dans quelle mesure l’enseignement favorise-t-il l’émergence des processus cognitifs
propres à un apprentissage efficace?
-
quels sont les champs d’actions et de recherche qui traitent des représentations et des
réflexions des pédagogues à propos de l’enseignement? [p. 179]
Qu’est-ce que l’enseignement ?
On a longtemps défini l’enseignement comme étant essentiellement un acte par lequel quelqu’un,
l’enseignant, transmettait ses connaissances à quelqu’un d’autre, l’apprenant ou l’élève. Ainsi considéré,
enseigner c’est, d’abord et avant tout, parler!
Les recherches et les conclusions obtenues de ces recherches permettent de nuancer davantage la
définition pour mieux faire voir les multiples facettes de cette complexe activité qu’on appelle
« enseigner ».
Dans une perspective cognitiviste, l’enseignement peut être défini « comme étant un système de tâches
visant le développement et l’exercice des relations didactiques, de médiation et d’apprentissage, au cours
des phases préactive, interactive et postactive ». [p. 186] Dans les pages 180 à 185, les auteurs précisent et
illustrent cette définition à l’aide du triangle pédagogique.
Qu’est-ce qu’un enseignant efficace ?
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De toute évidence, « l’enseignant efficace serait alors celui qui possède ou a acquis la maîtrise du plus
grande nombre de ces tâches. » [p. 186] Là où les choses se compliquent, c’est lorsque les auteurs se
risquent à dresser la liste de « ces tâches » qui, une fois maîtrisées, permettent de dire d’une enseignante
ou d’un enseignant qu’il est efficace ou, mieux, que son enseignement est efficace.
Dans les pages 187 à 189, les auteurs présentent les caractéristiques d’un enseignant efficace selon
différents auteurs : selon un comité d’enseignants et d’administrateurs du Miami Dade Community
College, selon Guskey (1988), selon Berliner (1986), selon Beau Fly Jones et al. (1987), selon Marzano et
al. (1988).
Est-il nécessaire de dire qu’on peut trouver là plusieurs éléments susceptibles d’alimenter échanges et
réflexions dans le cadre d’activités de perfectionnement?
Les auteurs terminent cette section en reproduisant trois tableaux tirés de l’ouvrage de Daniel Roy [Étude
de l’importance de l’enseignant et de l’influence des actes professionnels d’enseignement sur
l’apprentissage au collégial, Rimouski, Cégep de Rimouski, 1991]. Ces trois tableaux présentent de façon
synthétique les résultats de la recherche sur chacune des trois phases de l’enseignement :
•
la phase préactive (dimension planification) [p. 190];
•
la phase interactive (dimension intervention) [p. 191-192];
•
la phase postactive (dimension évaluation) [p. 192].
Terminons cette fiche sur l’enseignement en rapportant une citation de Daniel Roy en page 193 :
Les résultats de la recherche anglo-saxonne précisent que ce qui constitue un enseignement
efficace peut varier en fonction des objectifs visés, de la matière enseignée, du type de
connaissances à faire acquérir ou des habiletés à développer, des caractéristiques des élèves
et du contexte d’apprentissage. L’efficacité d’un enseignement découle davantage d’une
sélection et d’une organisation de différentes pratiques d’enseignement appropriées aux
contextes et aux objectifs poursuivis par un enseignant ou une enseignante que de
l’application systématique de rechettes universelles.
Motivation
Si les auteurs consacrent le plus long chapitre de leur ouvrage au thème de la motivation [p. 135 à 177],
ce n’est certes pas parce qu’il s’agit là d’une thématique propre au cognitivisme. En effet, s’il est un
thème qui traverse toutes les strates de l’évolution de la pensée pédagogique à travers les âges, c’est bien
celui de la motivation. Comme l’écrivent les auteurs [p. 135] :
En examinant de près la question de la motivation à l’apprentissage, nous rejoignons l’une
des préoccupations dominantes des enseignants : « on aura beau avoir les meilleurs
définitions de l’apprentissage et des stratégies d’enseignement élaborées et planifiées, si les
élèves ne veulent rien savoir…! » Telle est la conviction profonde des enseignants : la
motivation des élèves à l’apprentissage joue un rôle clé; sans elle, la porte de l’apprentissage
ne s’ouvre pas!
L’évolution du concept de motivation en éducation
Dans les premières pages du chapitre [p. 135 à 139], on brosse l’évolution du concept de motivation en
éducation, spécialement des années quarante aux années quatre-vingt-dix à partir d’un article de Bernard
Weiner paru en 1990 dans Journal of Educational Psychology sous le titre « History of Motivational
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Research in Education » [vol. 82, no 4, p. 616-622]. Au terme de ce bref historique, les auteurs concluent
ainsi :
Ces divers constats d’auteurs sur la recherche actuelle font contraste si on les compare aux
recherches sur la motivation en psychologie des années 50. Les concepts et les modalités de
recherche diffèrent à un point tel qu’on ne croirait pas que la recherche s’effectue sur le
même sujet, la motivation. De fait, on est passé de la recherche sur la motivation à des
recherches sur la motivation à l’apprentissage en étant influencé par le cognitivisme comme
cadre de référence pour concevoir l’apprentissage et la motivation. [p. 138]
Les éléments qui composent la motivation à l’apprentissage
Dans la deuxième partie du chapitre [p. 139 à 145], les auteurs utilisent un article de Paul R. Pintrich
(1990) pour présenter les trois principales composantes de la motivation mises en évidence par les trois
questions suivantes :
•
Pourquoi suis-je en train de faire cette tâche? [p. 140-141]
•
Suis-je capable de faire cette tâche? [p. 142-143]
•
Comment je me sens dans cette tâche? [p. 143 à 145]
L’attribution causale
La troisième section du chapitre est consacrée à la présentation du modèle de Bernard Weiner sur
« l’attribution causale ». [p. 145 à 148]. Quelques « impacts pédagogiques » viennent clore cette section.
On peut y lire, notamment, que « si on amène l’élève à attribuer ses succès à l’effort, alors on peut l’aider
à améliorer ses apprentissages » et que, en général, « les élèves les plus compétents sont ceux qui
attribuent leur réussite à des facteurs internes (effort, habiletés personnelles) et stables (habiletés
possibles, facilité de la tâche) et contrôlables (effort). » [p. 148]
La motivation intrinsèque : le modèle de McCombs
Suit, dans la quatrième section, un exposé étoffé du modèle de Barbara McCombs sur « La motivation
intrinsèque » [p. 149 à 173]
À la recherche d’autres stratégies…
Dans la cinquième et dernière section, les auteurs présentent certaines stratégies susceptibles de
développer la motivation à l’apprentissage. Pour une enseignante ou un enseignant, les pages 175 à 177
revêtent un intérêt particulier.
Quelques références complémentaires
BARBEAU, Denise (1991). « Pour mieux comprendre la réussite et les échecs scolaires », Pédagogie
collégiale, vol. 5, no 1, septembre 1991, p. 17-22.
BARBEAU, Denise (1993). « La motivation scolaire », Pédagogie collégiale, vol. 7, no 1, octobre 1993,
p. 20-27.
BARBEAU, Denise, MONTINI, Angelo et ROY, Claude (1997). « Comment favoriser la motivation
scolaire », Pédagogie collégiale, vol. 11, no 1, octobre 1997, p. 9-13.
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DEVELAY, Michel (1994). « Le sens dans les apprentissages : du désir au passage à l’acte », Pédagogie
collégiale, vol. 7, no 4, mai 1994, p. 23-26.
SAINT-ONGE, Michel (1987). « Les matières scolaires peuvent-elles intéresser les élèves? », Pédagogie
collégiale, vol. 1, no 1, octobre 1987, p. 16-18.
Planification de l’enseignement
Comment planifier l’enseignement en tenant compte des principes et des acquis du
cognitivisme? En d’autres termes, nous devons nous demander ce que ça change vraiment
que de planifier notre enseignement selon le modèle cognitiviste. [p. 195]
Malgré ses limites – les auteurs en relèvent trois à la page 195 –, ce chapitre sur la planification de
l’enseignement dans une perspective cognitiviste contient une grande quantité d’éléments pouvant
avantageusement être utilisés dans la mise en œuvre d’activités de perfectionnement sur le thème de la
planification de l’enseignement.
Remarque
Ce chapitre trouve bien sûr un complément important et qu’on pourrait qualifier d’incontournable dans la
seconde publication du Pôle de l’Est : Processus de planification d’un cours centré sur le développement
d’une compétence.
Sections 1 et 2
Dans les deux premières sections de ce chapitre, les auteurs « s’intéressent d’abord à la pensée de
l’enseignant au moment où il planifie ». [p. 195] Ce courant de recherche sur la pensée de l’enseignant a
pris naissance vers la fin des années soixante et n’a pas cessé de prendre de l’importance, notamment au
cours des années quatre-vingt-dix.
Considérer la planification de l’enseignement dans une telle perspective amène à considérer la
planification de l’enseignement sous un angle descriptif plutôt que, comme on le faisait couramment
avant, sous un angle prescriptif :
la planification de l’enseignement apparaît moins comme une séquence de prescriptions à
suivre qu’une série de décisions que posera l’enseignant pour préparer chacun de ses cours
[…] Les recherches issues du courant sur la pensée de l’enseignant montrent que la
planification est un processus cyclique et non linéaire au cours duquel l’enseignant affine
progressivement l’image qu’il se fait du déroulement des activités en classe. [p. 198]
Alors que le modèle traditionnel, dit « prescriptif », proposait une démarche de planification linéaire,
rationnelle, fondée scientifiquement et respectant dans l’ordre les étapes suivantes : spécification des
objectifs, sélection des activités d’apprentissage, organisation de ces dernières et, finalement,
détermination des procédures d’évaluation, le modèle fondé sur la pensée de l’enseignant envisage plutôt
le processus de planification comme étant un processus de résolutions de problèmes, comme un processus
de prise de décision, lui-même issu d’un processus de traitement de l’information, ayant trois fonctions
principales selon Charlier (1989) :
•
rencontrer les besoins personnels immédiats de l’enseignant (diminution de l’anxiété,
sécurisation);
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•
organiser l’environnement éducatif (allocation du temps, des lieux, choix du
matériel);
•
organiser les activités d’enseignement et d’apprentissage. [p. 200]
Le modèle prescriptif traditionnel de la panification de l’enseignement, fondé sur la détermination initiale
des objectifs, ne résiste pas à la pratique des enseignants, sur le terrain. Une recherche menée par Zahoric
(1975) montre plutôt ce qui suit :
Les décisions relatives aux objectifs ne sont ni celles qui sont prises par le plus grande
nombre [d’enseignants], ni celles qui sont prises les premières par ceux-ci.
Les décisions relatives aux activités sont celles qui sont prises par le plus grand nombre,
mais ne sont presque jamais prises les premières.
Les décisions relatives à la matière sont prises par de nombreux enseignants et c’est la
première pour près des trois quarts d’entre eux. [p. 203]
Quelques incidences sur le perfectionnement des enseignants
1. Les enseignants en situation de travail auxquels s’adressent les activités de perfectionnement
« ont, par expérience, acquis des procédures de travail leur permettant de rencontrer les exigences
de leur tâche ». [p. 204]
2. Une approche du perfectionnement « qui ne tiendrait pas compte du répertoire déjà constitué par
l’enseignant serait voué à l’échec puisqu’elle ne tiendrait pas compte des décisions prises par
l’enseignant pour résoudre les problèmes pratiques de terrain propres à la phase interactive ».
[p. 205]
3. Corollaire de l’affirmation précédente : « nos futures propositions de perfectionnement quant à la
planification de l’enseignement devraient s’articuler avec des démarches d’analyse posées en
classe et de mise au jour des décisions de planification qui les ont légitimées. » [p. 206-207]
4. Organiser des activités de perfectionnement qui permettraient à chaque enseignant et à chaque
enseignante :
« de prendre un recul analytique et critique face à ses propres représentations quant à la
prévision et à la conduite de situations pédagogiques; »
« d’élargir la portée de son processus de décision et d’accroître le nombre d’objets qu’il
pourrait considérer en fonction des situations pédagogiques qu’il a à planifier; »
« de réaliser un passage progressif d’un processus de planification ayant déjà un caractère
fonctionnel vers un processus qui intégrerait les prescriptions issues de la psychologie
cognitive et qui aurait pour but d’assurer des apprentissages davantage efficaces. » [p. 205]
Section 3
Dans cette section, les auteurs reprennent de façon très succincte des éléments davantage développées
dans le chapitre 5 [cf. le descripteur « apprentissage »] mais en les appliquant au processus de
planification.
Nous ne répéterons pas ici ce que le lecteur peut retrouver en se rendant sur les pages que nous avons
consacrées au chapitre 5 de l’ouvrage.
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Mise à jour : novembre 2004
Fiche – Le pôle de l’Est, 1992
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Il nous semble toutefois important de référer le lecteur au tableau synthèse des pages 208 à 211,
Caractéristiques de l’apprentissage et impacts sur la planification. Dans ce tableau sur 4 colonnes, les
auteurs énoncent successivement 20 caractéristiques de l’apprentissage selon différents auteurs
d’allégeance cognitiviste [colonne 1] et, en regard de chacun des énoncés, ils explicitent, dans les trois
autres colonnes, la relation entre la caractéristique et la planification de l’enseignement : « Impacts sur la
planification de l’enseignement » [colonne 2], « Objets de planification et informations » [colonne 3] et,
finalement, « Phases de la planification » [colonne 4].
Section 4 – Les opérations cognitives de l’enseignant quand il planifie
« Si l’enseignement peut être conceptualisé comme un système de tâches articulées autour des phases de
la relation pédagogique (phase préactive, phase interactive et phase postactive), l’exécution de ces tâches
est consécutive à une activité cognitive très élaborée. » [p. 212] Dans cette section, les auteurs donnent
une liste – celle d’Arthur Costa – des opérations associées aux phases préactive et postactive.
Section 5 – Un modèle intégrateur de la planification de l’enseignement
Dans cette section, les auteurs présentent un modèle de planification en trois étapes :
Première étape : Les représentations de l’enseignant [p. 214-215]. C’est l’étape de la recherche de
l’information reliée au contenu du cours, aux élèves, au contexte, etc.
Deuxième étape : La planification macro [p. 216-217]. C’est l’étape dans laquelle l’enseignant dégage les
compétences et les habiletés à développer, les grands blocs du cours et leur durée estimée,
l’ordonnancement des blocs, etc.
Troisième étape : La planification micro [p. 217-219]. C’est l’étape de la planification fine de chacun des
blocs du cours : processus d’apprentissage, nature du contenu, concepts retenus, stratégies
d’enseignement et d’apprentissage, liens avec les autres blocs, préalables, activités d’étude, durée exacte,
matériel didactique, activités d’évaluation.
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