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Mille millards de dollars pour sauver l’économie mondiale
exemple la banque d’Angleterre, qui redonnerait à tous les perdants, grâce à
son statut de banque centrale, le capital qui fait défaut en rachetant les valeurs
dévalorisées à leur valeur nominale ancienne.
Les volumes nanciers fortement gonés auparavant ont été réduits par la
crise. C’est la raison pour laquelle la nationalisation des institutions nanciè-
res n’est pas une solution en soi mais seulement un pas décisif vers un partage
organisé de la perte de valeur. Cela concerne aussi bien les corrections de la
valeur des titres de toute nature que l’annulation des crédits qui ne peuvent
plus être recouverts. L’idée qu’on pourrait assainir la situation par l’injection
de crédits publics et de garanties de l’État est une erreur qui ne fait que pro-
longer le processus d’adaptation à la crise.
2. Nous sommes nalement devant une conjoncture qui est aussi dégra-
dée – et même davantage, à l’échelle du monde – que la crise du siècle des
années 1930. Dans un système productif où la croissance économique des
années passées était due pour l’essentiel au développement du crédit, la ques-
tion des liquidités devient la question clé quand le boom du crédit prend n
et que les actifs sont fortement dévalorisés. Quand la cohésion du processus
de reproduction repose sur le crédit, que le crédit tarit brusquement, que seul
le paiement en espèces subsiste, la crise et une demande forte de liquidités
deviennent inévitables. La critique de l’économie politique considère cela
comme une phase particulière du processus de crise : « C’est là le moment
particulier des crises du marché mondial qui s’appelle crise monétaire. Le
summum bonum qu’en de pareils moments on appelle à grands cris, comme
la richesse unique, c’est l’argent, l’argent comptant, et toutes les marchan-
dises, précisément parce que ce sont des valeurs d’usage, paraissent, auprès
de lui, des choses inutiles, des futilités, des jouets. Cette subite conversion
du système du crédit en système monétaire ajoute l’épouvante théorique à la
panique pratique et les agents de la circulation demeurent consternés devant
l’impénétrable mystère de leurs propres rapports économiques. » (Karl Marx,
Critique de l’économie politique).
La crise nancière résulte fondamentalement du fait qu’une grande partie
des actifs, de titres de toute nature (c’est-à-dire des droits à une part future de
la richesse sociale), a été brutalement dévalorisée. La crise est là précisément
lorsqu’on ne peut plus payer avec ces actifs mais avec de l’argent. La fonction
de la monnaie comme moyen de paiement s’impose dans les crises nanciè-
res ; l’enchaînement des paiements est perturbé parce que la possession de
liquidités devient le principe essentiel.
3. En troisième lieu, certaines dettes doivent être effacées. C’est le cas, par
exemple pour celles des ménages privés aux États-Unis, en Grande-Bretagne,
en Australie, en Irlande, en Espagne, en Grèce, etc. Dans la mesure où, à
moyen terme, on ne peut s’attendre au nivellement des revenus et à la dispari-
tion de la fracture sociale, une réforme du système nancier risque de tourner