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PAGE 2 L’AVANT-GARDE VOL. 12 NO 2 - ÉTÉ 2012
L’infirmière met aussi en œuvre des stratégies préventives des
risques liés à leur utilisation et des mesures alternatives qui
respectent le patient et sa famille. Le camouflage des cathéters,
le soulagement de la douleur et la réorientation fréquente du
patient ne sont que quelques exemples de stratégies.
UN OUTIL ADAPTÉ À LA RÉALITÉ DES SOINS INTENSIFS
Afin de guider les infirmières, un outil d’aide à la décision a été
élaboré et validé par des infirmières des soins intensifs du CHUM
(voir le tableau 2). Pour chaque élément figurant dans les
encadrés, des stratégies sont proposées. Par exemple, un patient
des soins intensifs admis depuis huit jours pour choc septique
est intubé. Le rapport indique qu’il présente un délirium et
des périodes d’agitation. À votre entrée dans la chambre,
deux attaches aux poignets sont en place. Le patient est très
calme en présence de sa conjointe. Celle-ci vous demande si
elle peut faire quelque chose pour aider. Tel qu’indiqué dans le
premier encadré, l’infirmière évalue l’état clinique du patient et
la situation. La sécurité du patient est-elle compromise présente-
ment ? Le maintien de la contention est-il pertinent? Pourrait-on
tenter de détacher les attaches en présence de la conjointe ?
Si tel est le cas, quelles directives pourrait-on inscrire au PTI?
Ces quelques questions contribuent à une prise de décision
éclairée fondée sur un jugement clinique. Ainsi, il n’y a pas
de bonne ou de mauvaise décision si elle est justifiée par une
démarche réflexive.
Le recours à la contention constitue une décision réfléchie et
concertée avec l’équipe interdisciplinaire. Afin d’outiller les
infirmières des soins intensifs dans leur décision, l’algorithme
décisionnel proposé trace les différentes dimensions à considérer.
La conseillère en soins spécialisés peut aussi être consultée en
situations complexes.
Nous voici de retour avec un contenu axé sur
le partage des différentes activités (réalisées
ou en cours) pour améliorer la qualité des soins
dispensés à la clientèle. En effet, l’identification
sécuritaire d’un patient est une préoccupation de
tous les jours et nous vous sensibilisons à ce sujet;
l’amélioration continue des pratiques profession-
nelles en matière de gestion des plaies de pression
est prise en compte et parta-
gée; la Semaine de l’infirmière,
en mai dernier, et la remise
des prix Reconnaissance aux
infirmières et aux infirmières
auxiliaires du CHUM nous
ont permis d’apprécier de
nombreux modèles de rôle
dans notre organisation; et
la question des contentions
physiques aux soins intensifs a
fait l’objet d’un projet de maîtrise, lequel vous est
également présenté.
De plus, dès l’automne prochain, le développe-
ment des compétences de leadership et de
raisonnement cliniques des infirmières sera aussi
encouragé par des activités éducatives, proposées
dans le cadre d’un projet de recherche mené par
la Faculté des sciences infirmières, en partenariat
avec le CHUM et le CHU Sainte-Justine.
Voilà donc un survol du contenu du présent nu-
méro. Je profite également de cette tribune pour
vous souhaiter de belles vacances et souligner
la retraite bien méritée de notre collègue Céline
Corbeil, directrice adjointe des soins infirmiers !
Bonne lecture !
Sylvie Dubois
ÉDITORIAL
1 Loi modifiant le Code des professions et d’autres dispositions législatives
dans le domaine de la santé, L.Q. 2002, c. 33.
LE JUGEMENT INFIRMIER AU CŒUR DE LA DÉCISION
La décision d’utiliser des mesures de contention s’inscrit dans
une activité réservée à l’infirmière depuis l’entrée en vigueur de
la loi 90. Malgré ce droit acquis, l’infirmière a la responsabilité de
fonder cette décision sur un jugement clinique, dans la perspec-
tive de contribuer à une diminution de l’utilisation des mesures
de contrôle ou de les encadrer de façon sécuritaire et judicieuse à
partir de son évaluation et compte tenu des risques de préjudice.
L’utilisation d’une mesure de contention est une activité profes-
sionnelle balisée par des aspects éthiques et légaux. Selon son
évaluation de la condition physique et mentale du patient,
l’infirmière décide, conjointement avec celui-ci, sa famille et
l’équipe interdisciplinaire, de la mesure la plus appropriée au
moment opportun, met en place la surveillance requise et évalue
régulièrement la pertinence du maintien de la contention. Les
notes au dossier et la mise à jour du PTI rendent compte du
jugement infirmier.
Réactions physiques et psychologiques du patient
à la suite de l’utilisation de contention physique
Réactions Réactions
physiques psychologiques
Immobilité, perte de masse Détresse
osseuse et musculaire, faiblesse,
risque de plaies de pression
Incontinence, constipation Colère
Frustration
Déclin fonctionnel Anxiété
Atteinte sensitive Agitation
Séjour de soins prolongé : Confusion
risque de contracter des Dépression
infections nosocomiales Détérioration cognitive
TABLEAU 1
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