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revue de presse
Revue de presse
Évolutions relatives
de la boulimie nerveuse
et du Binge Eating
Disorder (BED)
chez les jeunes femmes
Oxford (Grande-Bretagne)
Cet article présente la première
étude prospective comparant l’évolution à
long terme et l’évolution de ces deux
troubles du comportement alimentaire
(Fairburn C, Cooper Z, Doll H et al. The
natural course of bulimia nervosa and
binge eating disorder in young women.
Arch Gen Psychiatry 2000 ; 57 : 659-65).
Deux cohortes de femmes, âgées de 16 à
35 ans étaient contactées tous les 15 mois
sur une durée totale de 5 ans, et, dans la
mesure du possible, pour des entretiens
directs avec les investigateurs. Les
102 femmes de la première cohorte souf-
fraient de boulimie nerveuse, alors que les
48 femmes de l’autre groupe présentaient
un BED, 9 d’entre elles (21 %) étant éga-
lement obèses. Les évaluations successives
concernaient les caractéristiques physiques
(poids et taille), les divers troubles du com-
portement alimentaire, la sévérité des symp-
tômes psychiatriques généraux, l’éventua-
lité de troubles de l’humeur et/ou d’anxiété,
l’estime de soi et l’ajustement social. Le fait
que la patiente suive un traitement, qu’il ait
été prescrit pour le problème alimentaire ou
pour soigner d’autres problèmes en rapport,
était également enregistré à chaque étape du
suivi. Après 5 ans, 15 % de la cohorte des
femmes souffrant de boulimie nerveuse pré-
sentaient encore les critères diagnostiques
du DSM IV pour cette affection. Trente-six
pour cent présentaient quelque autre forme
de trouble du comportement alimentaire et
8% remplissaient les critères du BED.
Chaque année, on pouvait observer une
rémission chez environ un tiers des
patientes, pendant qu’un autre tiers rechu-
taient. Les sujets boulimiques présentaient
par ailleurs un taux élevé de symptômes
psychiatriques généraux, plus de 40 % rem-
plissant les critères de dépression sévère, et
leur estime de soi restait faible. L’évolution
du groupe BED était plus favorable. Quoi-
qu’au départ la fréquence des crises bouli-
miques ait été la même dans les deux
groupes, 10 % seulement des sujets BED
présentaient encore le diagnostic de départ
après 5 ans et 18 % avaient encore un pro-
blème alimentaire. Leur estime de soi s’était
améliorée et leur fonctionnement social
avait conservé un niveau élevé. Par ailleurs,
le taux de rechute était faible dans cette
cohorte. Leur évolution était plus mauvaise
que celle des boulimiques sur un seul point,
celui du poids : non seulement leur poids
était plus élevé au départ, mais il le restait
au-delà des 5 ans, avec 39 % des sujets rem-
plissant les critères de l’obésité (contre 20 %
chez les boulimiques). Il y avait par ailleurs
peu de passage d’un diagnostic à un autre,
et le nombre de participantes ayant demandé
à être soignées était faible. Ces observations
suggèrent que la boulimie nerveuse et le
BED ont une évolution et une issue diffé-
rentes à 5 ans : alors que l’évolution de la
boulimie est assez défavorable, celle du
BED est plus positive, la grande majorité
des patientes ayant entièrement récupéré, en
dépit de l’absence de traitement. Elles
confirment que le BED peut être considéré
comme un concept diagnostique. Enfin,
elles suggèrent que les mécanismes de prise
de poids pourraient être différents dans les
deux affections.
Mots clés. Boulimie – BED – Long terme.
Troubles du comportement
alimentaire et
caractéristiques familiales
Los Angeles (États-Unis), Bristol et
Londres (Grande-Bretagne)
Les troubles du comportement
alimentaire comme l’anorexie et la bouli-
mie nerveuses sont des maladies com-
plexes, avec de nombreux facteurs de
risque et de susceptibilité. Les facteurs
psychosociaux sont ainsi supposés jouer
un rôle dans ces affections. Les chercheurs
s’intéressent également de près à la trans-
mission familiale du risque. La fiabilité de
la prévalence familiale des troubles du
comportement alimentaire reste cependant
incertaine, la plupart des études réalisées
à ce jour péchant par le nombre réduit des
groupes de sujets et un pouvoir statistique
médiocre. Par ailleurs, le caractère trans-
missible des formes les plus légères de
l’anorexie et de la boulimie a été assez peu
exploré. Le Dr Strober et ses collabora-
teurs ont publié les premiers résultats
d’une étude de grande envergure sur les
aspects familiaux des troubles du com-
portement alimentaire. Leurs hypothèses
de départ étaient que l’anorexie et la bou-
limie ont toutes deux un caractère fami-
lial, que les proches des malades ont un
risque plus élevé de développer des syn-
dromes partiels, et que ces deux affections
présentent une transmission croisée des
risques (Strober M, Freeman R, Lampert
C et al. Controlled family study of ano-
rexia nervosa and bulimia nervosa : evi-
dence of shared liability and transmission
of partial syndromes. Am J Psychiatry
2000 ; 157 : 393-401). Ils ont donc déter-
miné la présence d’anorexie nerveuse
complète et partielle et de boulimie ner-
veuse chez des parents au premier degré
de patients clairement diagnostiqués pour
un syndrome complet, et chez les proches
de sujets de comparaison n’ayant jamais
été malades. Les trois groupes de femmes
servant de base à l’étude étaient constitués
de 152 femmes présentant une anorexie
nerveuse, 171 une boulimie et 181 ne pré-
sentant aucune maladie psychiatrique
d’axe 1. Les comportements alimentaires
de 1 831 proches de ces 504 sujettes ont
été évalués à l’aide d’entretiens cliniques
structurés et de l’histoire familiale. Les
résultats montrent que l’anorexie mentale
était rare dans les familles des sujets de