ACTUALITÉ PSY OCTOBRE 05/08/02 15:08 Page 271 revue de presse Revue de presse Les troubles du comportement alimentaire L a littérature récente abonde de publications consacrées aux troubles du comportement alimentaire. Elles ne se limitent pas à des auteurs américains blancs décrivant les problèmes de leurs compatriotes. Le diagnostic de la boulimie nerveuse a été introduit par Russel en 1979. Elle se caractérise par des épisodes récurrents où le sujet se gave littéralement, accompagnés d’un comportement extrême de contrôle du poids, se manifestant par des vomissements provoqués, une diète stricte ou l’usage inapproprié de laxatifs. Le Binge Eating Disorder (BED) est un concept diagnostique plus récent qui a désormais sa place dans le DSM IV. Sa caractéristique principale est également la crise de boulimie, mais elle n’est pas, ou peu, accompagnée de comportement de contrôle du poids. Les troubles du comportement alimentaire impliquant des accès de boulimie récurrents constituent des facteurs de risque importants pour la santé et l’équilibre psychologique des personnes qui en souffrent. Les comportements aberrants de contrôle du poids peuvent provoquer des déséquilibres électrolytiques, des anomalies du transit intestinal, voire la mort. Ils sont en outre souvent accompagnés de troubles psychiatriques. On commence à en savoir plus sur l’évolution à court et long termes de ces deux syndromes qui se distinguent par ailleurs de plus en plus l’un de l’autre. Perspectives sociales et culturelles sur la faim, l’appétit et la satiété Frederiksberg (Danemark) L a faim, la satiété et l’appétit peuvent être considérés comme des sujets de recherche essentiels pour les sciences sociales, aussi bien en tant que régulateurs de la consommation d’aliments par le corps, que comme nœud où se rencontrent la biologie, les pratiques sociales et les significations culturelles, et où elles sont négociées par l’individu. Le nombre de personnes souffrant d’obésité s’accroît, tout comme la prévalence des troubles du comportement alimentaire et des préoccupations liées au poids. Ces tendances peuvent être considérées comme les expressions d’une certaine polarisation des habitudes alimentaires dans les sociétés modernes, où le manque de contrôle, comme le contrôle exagéré de la nourriture, deviennent des phénomènes de plus en plus communs. En même temps, ces tendances peuvent être considérées comme le résultat d’une ambivalence plus générale de la relation à la nourriture, qui influe sur l’expérience de la faim, la satiété, l’appétit, et sur leur effet régulateur quant à la consommation d’aliments (Kristensen S. Social and cultural perspectives on hunger, appetite and satiety. Eur J clin Nutr 2000 ; 54 : 473-8). Mots clés. Troubles du comportement alimentaire – Sociologie. Culture et perception du corps Melbourne (Australie) D es attitudes négatives vis-àvis de l’alimentation et l’insatisfaction 271 par rapport à son corps sont deux facteurs fortement impliqués dans le développement de troubles du comportement alimentaire. Quel pourrait être le rôle de la culture sur ces manières d’être ? Pour tenter de répondre à cette question, les auteurs se sont intéressés à des jeunes femmes de deux universités australiennes, qui étaient soit originaires de Hongkong, soit nées en Australie (Lake A, Staiger P, Glowinski H. Effect of western culture on women’s attitudes to eating and perceptions of body shape. Int J Eat Disord 2000 ; 27 : 83-9). Les jeunes femmes remplissaient un test concernant leurs attitudes vis-àvis de l’alimentation (Eating Attitude Test : EAT) et une échelle d’évaluation de silhouette (Figure Rating scale : FRS). Les deux groupes avaient un comportement similaire en ce qui concerne les attitudes par rapport à l’alimentation, mais on pouvait observer des différences significatives dans la perception de l’image corporelle, les Australiennes de naissance rapportant le plus d’insatisfaction par rapport à leur forme corporelle. Les étudiantes originaires de Hongkong ont ensuite été séparées en deux groupes, selon l’intensité de leur identité chinoise (traditionnelle ou occidentalisée acculturée). Leurs scores aux deux échelles ont été confrontés avec ceux des Australiennes, et les auteurs ont pu constater ainsi que les Chinoises occidentalisées avaient des scores inférieurs pour les deux échelles, cependant que les Chinoises plus traditionnelles avaient des scores similaires. Cette étude met l’accent sur l’importance de disposer d’une définition des troubles du comportement alimentaire qui soit sensible aux différentes cultures, et sur l’importance de mettre au point des moyens de mesure qui soient culturellement appropriés. Mots clés. Culture – Perception corporelle – Comportement alimentaire. ACTUALITÉ PSY OCTOBRE 05/08/02 15:08 Page 272 revue de presse Revue de presse Troubles du comportement alimentaire, race et mythologie Stanford et New York (États-Unis) S elon un mythe assez répandu, les troubles du comportement alimentaire se limiteraient aux femmes blanches des classes moyenne et supérieure. Demandez à quelqu’un de vous décrire un patient souffrant de problèmes alimentaires, et il vous décrira une adolescente ou une jeune femme blanche, battante et efficace. Ces stéréotypes s’enracinent dans une certaine réalité. Entre 90 et 95 % des personnes atteintes d’anorexie ou de boulimie sont des femmes. Avec un ratio femme/homme de 3,2, la prédominance féminine est encore présente, quoique moins marquée, parmi les personnes atteintes de BED (Binge Eating Disorder). D’autres stéréotypes sont cependant moins justifiés, à savoir que les troubles du comportement alimentaire seraient le fait de femmes blanches et appartenant à la classe aisée. En effet, les études menées jusqu’à présent comportent des limitations : elles n’ont bien souvent été réalisées qu’avec des étudiantes de certains campus dont la fréquentation est limitée, justement, aux jeunes femmes blanches et de niveau socio-économique élevé, et leurs résultats n’ont en fait qu’une portée limitée. Des études récentes ont montré que la prévalence des crises de boulimie était similaire chez des femmes blanches hispaniques et des femmes blanches non hispaniques, ou des Noires américaines, les symptômes des accès de boulimie étant toutefois plus sévères chez les Hispaniques. Le Dr Striegel-Moore et ses collaborateurs ont réalisé une enquête téléphonique auprès d’une population de 1 628 femmes noires et 5 741 femmes blanches (âge moyen : 30 ans) du nord-est des États-Unis (Striegel-Moore R, Wilfley D, Pike K et al. Recurrent binge eating in black american Act. Méd. Int. - Psychiatrie (17) n° 8, octobre 2000 women. Archives Fam Med 2000 ; 9 : 837). Les femmes en question provenaient de milieux socio-économiques variés et vivaient en milieu urbain, suburbain ou rural. Les auteurs ont évalué, sur une durée de trois mois, la présence d’accès de boulimie et de comportements extrêmes de contrôle de poids (vomissements provoqués, usage abusif de laxatifs et de diurétiques, jeûne total). Les femmes noires américaines étaient aussi susceptibles que les Blanches de rapporter des accès de boulimie ou des vomissements provoqués. Les accès de boulimie récurrents et l’utilisation de méthodes extrêmes de contrôle du poids étaient même plus fréquents chez les Noires. Dans les deux groupes de femmes, les accès de boulimie récurrents étaient associés à une prise de poids et un plus grand nombre de symptômes psychiatriques. L’idée reçue selon laquelle les Noires seraient protégées contre l’éventualité de troubles du comportement alimentaire est donc tout simplement erronée et les professionnels de la santé doivent pouvoir diagnostiquer et répondre à ce comportement à risque, quelle que soit l’appartenance raciale et ethnique. Mots clés. Troubles du comportement alimentaire – Races. Évolution à long terme de la boulimie nerveuse Harvard et Minneapolis (États-Unis) L’ édition la plus récente du DSM IV (1994) est très laconique à ce propos, puisqu’il y est mentionné que : “ L’évolution à long terme de la boulimie nerveuse n’est pas connue.” Cette absence de données laisse de nombreuses questions sans réponses : quel pourcentage de femmes récupère de cette affection, conserve des troubles partiels ou continue à souffrir du syndrome complet plus de dix ans après le 272 diagnostic ? Quel traitement a l’effet à long terme le plus efficace ? P. Keel et ses collaborateurs ont cherché à en savoir plus, et en particulier à identifier l’existence de facteurs prédictifs de l’évolution à long terme de la boulimie nerveuse (Keel P, Mitchell J, Millet K et al. Long term outcome of bulimia nervosa. Arch Gen Psychiatry 1999 ; 56 : 63-9). Les 177 femmes qui ont participé à l’étude faisaient partie d’un groupe de 222 personnes ayant déjà pris part entre 1981 et 1987 à des études sur les troubles du comportement alimentaire. L’échantillonnage, d’un niveau culturel assez élevé, ne comprenait que deux personnes non blanches. Les sujets avaient à remplir un questionnaire écrit et étaient invités à participer à un entretien médical individuel à l’hôpital ou par téléphone. Plus de dix ans après la première entrevue, 11 % des femmes interrogées présentaient encore tous les critères diagnostiques de la boulimie nerveuse, et 0,6 % tous les critères de l’anorexie mentale ; 19 % présentaient des troubles du comportement alimentaire sans autre spécification et 70 % étaient en rémission partielle ou totale. En ce qui concerne les facteurs prédictifs, seule la durée du trouble lors de la première consultation et une histoire personnelle de toxicomanie ou d’alcoolisme avaient une valeur pronostique. L’étude de suivi ne révélait pas d’association entre les conditions du traitement et la rémission. L’étude démontre donc que le nombre de femmes qui continuent à présenter tous les critères de la boulimie nerveuse diminue avec la durée du suivi. Toutefois, environ 30 % d’ entre elles souffrent encore de troubles du comportement alimentaire plus de dix ans après la date du diagnostic. Des données concernant l’association entre le traitement et l’évolution de la maladie sont encore à produire et constituent un enjeu important pour cette pathologie. Mots clés. Boulimie nerveuse – Long terme – Rémission. ACTUALITÉ PSY OCTOBRE 05/08/02 15:08 Page 273 revue de presse Revue de presse Évolutions relatives de la boulimie nerveuse et du Binge Eating Disorder (BED) chez les jeunes femmes Oxford (Grande-Bretagne) C et article présente la première étude prospective comparant l’évolution à long terme et l’évolution de ces deux troubles du comportement alimentaire (Fairburn C, Cooper Z, Doll H et al. The natural course of bulimia nervosa and binge eating disorder in young women. Arch Gen Psychiatry 2000 ; 57 : 659-65). Deux cohortes de femmes, âgées de 16 à 35 ans étaient contactées tous les 15 mois sur une durée totale de 5 ans, et, dans la mesure du possible, pour des entretiens directs avec les investigateurs. Les 102 femmes de la première cohorte souffraient de boulimie nerveuse, alors que les 48 femmes de l’autre groupe présentaient un BED, 9 d’entre elles (21 %) étant également obèses. Les évaluations successives concernaient les caractéristiques physiques (poids et taille), les divers troubles du comportement alimentaire, la sévérité des symptômes psychiatriques généraux, l’éventualité de troubles de l’humeur et/ou d’anxiété, l’estime de soi et l’ajustement social. Le fait que la patiente suive un traitement, qu’il ait été prescrit pour le problème alimentaire ou pour soigner d’autres problèmes en rapport, était également enregistré à chaque étape du suivi. Après 5 ans, 15 % de la cohorte des femmes souffrant de boulimie nerveuse présentaient encore les critères diagnostiques du DSM IV pour cette affection. Trente-six pour cent présentaient quelque autre forme de trouble du comportement alimentaire et 8 % remplissaient les critères du BED. Chaque année, on pouvait observer une rémission chez environ un tiers des patientes, pendant qu’un autre tiers rechutaient. Les sujets boulimiques présentaient par ailleurs un taux élevé de symptômes psychiatriques généraux, plus de 40 % remplissant les critères de dépression sévère, et leur estime de soi restait faible. L’évolution du groupe BED était plus favorable. Quoiqu’au départ la fréquence des crises boulimiques ait été la même dans les deux groupes, 10 % seulement des sujets BED présentaient encore le diagnostic de départ après 5 ans et 18 % avaient encore un problème alimentaire. Leur estime de soi s’était améliorée et leur fonctionnement social avait conservé un niveau élevé. Par ailleurs, le taux de rechute était faible dans cette cohorte. Leur évolution était plus mauvaise que celle des boulimiques sur un seul point, celui du poids : non seulement leur poids était plus élevé au départ, mais il le restait au-delà des 5 ans, avec 39 % des sujets remplissant les critères de l’obésité (contre 20 % chez les boulimiques). Il y avait par ailleurs peu de passage d’un diagnostic à un autre, et le nombre de participantes ayant demandé à être soignées était faible. Ces observations suggèrent que la boulimie nerveuse et le BED ont une évolution et une issue différentes à 5 ans : alors que l’évolution de la boulimie est assez défavorable, celle du BED est plus positive, la grande majorité des patientes ayant entièrement récupéré, en dépit de l’absence de traitement. Elles confirment que le BED peut être considéré comme un concept diagnostique. Enfin, elles suggèrent que les mécanismes de prise de poids pourraient être différents dans les deux affections. Mots clés. Boulimie – BED – Long terme. Troubles du comportement alimentaire et caractéristiques familiales Los Angeles (États-Unis), Bristol et Londres (Grande-Bretagne) L es troubles du comportement alimentaire comme l’anorexie et la bouli- 273 mie nerveuses sont des maladies complexes, avec de nombreux facteurs de risque et de susceptibilité. Les facteurs psychosociaux sont ainsi supposés jouer un rôle dans ces affections. Les chercheurs s’intéressent également de près à la transmission familiale du risque. La fiabilité de la prévalence familiale des troubles du comportement alimentaire reste cependant incertaine, la plupart des études réalisées à ce jour péchant par le nombre réduit des groupes de sujets et un pouvoir statistique médiocre. Par ailleurs, le caractère transmissible des formes les plus légères de l’anorexie et de la boulimie a été assez peu exploré. Le Dr Strober et ses collaborateurs ont publié les premiers résultats d’une étude de grande envergure sur les aspects familiaux des troubles du comportement alimentaire. Leurs hypothèses de départ étaient que l’anorexie et la boulimie ont toutes deux un caractère familial, que les proches des malades ont un risque plus élevé de développer des syndromes partiels, et que ces deux affections présentent une transmission croisée des risques (Strober M, Freeman R, Lampert C et al. Controlled family study of anorexia nervosa and bulimia nervosa : evidence of shared liability and transmission of partial syndromes. Am J Psychiatry 2000 ; 157 : 393-401). Ils ont donc déterminé la présence d’anorexie nerveuse complète et partielle et de boulimie nerveuse chez des parents au premier degré de patients clairement diagnostiqués pour un syndrome complet, et chez les proches de sujets de comparaison n’ayant jamais été malades. Les trois groupes de femmes servant de base à l’étude étaient constitués de 152 femmes présentant une anorexie nerveuse, 171 une boulimie et 181 ne présentant aucune maladie psychiatrique d’axe 1. Les comportements alimentaires de 1 831 proches de ces 504 sujettes ont été évalués à l’aide d’entretiens cliniques structurés et de l’histoire familiale. Les résultats montrent que l’anorexie mentale était rare dans les familles des sujets de ACTUALITÉ PSY OCTOBRE 05/08/02 15:08 Page 274 revue de presse Revue de presse comparaison. Cependant, des syndromes partiels et complets d’anorexie étaient plus fréquents chez les parentes de personnes atteintes d’anorexie ou de boulimie. Le risque de syndrome complet d’anorexie était, par exemple, de 11 % chez les proches parentes d’anorexiques et de 12 % chez les parentes de personnes boulimiques. La boulimie était plus fréquente que l’anorexie chez les parentes des sujets témoins, mais bien plus fréquente chez les parentes de malades, le risque étant d’environ 4 %. En revanche, le risque de présenter un syndrome partiel chutait de moitié par rapport au syndrome complet chez les proches de personnes malades. La boulimie et l’anorexie nerveuses semblent donc être des maladies à transmission familiale et la transmission familiale croisée des syndromes suggère l’existence d’une diathèse commune. Les Drs Shoebridge et Gowers se sont intéressés au comportement des parents avant et après l’installation de l’anorexie chez les adolescentes. Ils ont comparé 40 mères d’adolescentes souffrant d’anorexie (selon les critères du DSM III-R) à des sujets contrôles. Ils ont pu ainsi constater chez les mères de patientes des taux significativement plus élevés des caractéristiques suivantes : un comportement quasi exclusif dans les soins portés à l’enfant, un stress intense au moment de la première séparation, des taux d’anxiété maternelle élevés, et un âge plus tardif de la première séparation de l’enfant avec la famille en logement séparé. Des difficultés de sommeil infantile étaient, par ailleurs, observés chez la future anorexique. Un comportement parental très exclusif dans l’enfance est donc associé avec le développement ultérieur d’anorexie nerveuse (Shoebridge P, Gowers G. Parental high concern and adolescent-onset anorexia nervosa. A case-control study to investigate direction of causality. Br J Psychiatry 2000 ; 176 : 132-7). Une étude récente démontre que 20 % de la variance du poids des enfants de mères souffrant de troubles du comportement Act. Méd. Int. - Psychiatrie (17) n° 8, octobre 2000 alimentaire peuvent être attribués à des conflits ayant lieu au moment des repas. Partant de cette observation, le Dr Stein et ses collaborateurs se sont intéressés au comportement par rapport à leur enfant de jeunes mères souffrant de troubles du comportement alimentaire. Ils ont pour ce faire analysé les enregistrements vidéo au moment des repas de jeunes mères et de leurs enfants de douze mois. Il s’agissait de 34 jeunes mères souffrant de troubles du comportement alimentaire et de 24 sujets témoins. Des conflits apparaissaient en effet lorsque la psychopathologie maternelle interférait avec certains aspects du comportement parental (Stein A, Woolley H, McPherson K. Conflict between mothers with eating disorders and their infants during mealtime. Br J Psychiatry 1999 ; 175 : 45561). Mots clés. Boulimie – Anorexie – Famille. Troubles du comportement alimentaire et saison Québec (Canada) I l semble bien qu’il existe une variation saisonnière des fluctuations de l’humeur et des comportements alimentaires chez les patients boulimiques. Ainsi, le Dr Fornari fait mention d’une aggravation des symptômes pendant l’hiver. Il existe une connexion logique entre le trouble affectif saisonnier (SAD) et la boulimie nerveuse qui sont tous deux accompagnés d’une augmentation de l’appétit et du besoin d’hydrates de carbone. Il semble par ailleurs que ces deux troubles aient en commun une anomalie neurobiologique, probablement un dysfonctionnement sérotoninergique. Les auteurs canadiens de cette étude ont déterminé la prévalence du SAD dans une population de 259 patients ambulatoires ayant consulté pour des troubles du comportement alimentaire. 274 (Ghadirian A, Marini N, Jabalpurwala S, Steiger H. Seasonal mood pattern in eating disorders. Gen Hosp Psychiatry 1999 ; 21 : 345-59). Les troubles du comportement alimentaire étaient établis sur la base du DSM III-R, et la sensibilité des patients à la saison était évaluée à l’aide d’une version modifiée du questionnaire SPAQ (Seasonal Pattern Assesment Questionnaire). L’échantillonnage de patients se répartissait de la manière suivante : 54 % étaient boulimiques, 27 % anorexiques, 15% présentaient un trouble du comportement alimentaire non précisé, et 4 % un diagnostic autre qu’un trouble du comportement alimentaire. Les résultats indiquent que 27 % des patients du groupe diagnostiqué avec un trouble du comportement alimentaire remplissaient également les critères du SAD. Parmi eux, 71 % étaient boulimiques et 19 % anorexiques. Il y a donc bien des variations saisonnières de l’humeur et du comportement chez une proportion non négligeable de patients souffrant de troubles du comportement alimentaire, en particulier chez les boulimiques. Mots clés. Troubles du comportement alimentaire – Trouble affectif saisonnier – Comorbidité. Pour en savoir plus : ✔ Le traitement des patients souffrant de troubles du comportement alimentaire. APA (États-Unis). L’APA (American Psychiatric Association) a publié, début 2000, un supplément de l’American Journal of Psychiatry spécialement consacré à ce sujet. Cet intéressant opuscule d’une quarantaine de pages reprend les définitions des troubles du comportement alimentaire, évoque leur épidémiologie, l’historique et l’évolution de ces affections. Les principes généraux de traitement et leurs alternatives sont pré- ACTUALITÉ PSY OCTOBRE 05/08/02 15:08 Page 275 revue de presse Revue de presse sentés en détail. L’ouvrage propose un certain nombre de recommandations pour la mise en place du traitement individuel des patients, expliquant les divers facteurs à prendre en compte pour mettre au point un planning de traitement. Enfin, il évoque les pistes de recherche à explorer pour mieux cerner l’épidémiologie, les causes et l’évolution de ces maladies. Cet ouvrage ne se veut pas un standard de soins médicaux, mais un guide pratique pour les psychiatres directement concernés par ces troubles dans leur pratique clinique quotidienne (Practice guideline for the treatment of patients with eating disorders [revision]. Supplement to the Am J Psychiatry 2000 ; 157 : 1-40). ✔ Wade T, Bukik C, Neale M et al. Anorexia nervosa and major depression : shared genetic and environmental risk factor. Am J Psychiatry 2000 ; 157 : 469-71. L’intention des auteurs était d’estimer le caractère héréditaire de l’anorexie mentale et d’explorer l’étiologie de la relation comorbide entre l’anorexie nerveuse et la dépression grave. Quoique la portée de l’étude soit limitée par le faible nombre de jumelles incluses dans l’étude, les résultats suggèrent que des facteurs génétiques ont une influence significative sur le risque de développer une anorexie et contribuent de manière substantielle à la comorbidité entre l’anorexie et la dépression. ✔ Morgan J, Lacey J, Sedwick P. Impact of pregnancy on bulimia nervosa. Br J Psychiatry 1999 ; 174 : 135-40. La boulimie affecte les jeunes femmes en âge d’être mères, mais peu d’études se sont intéressées à l’impact de la grossesse sur la boulimie. Les auteurs se sont intéressés à 94 jeunes femmes enceintes souffrant de boulimie. Les symptômes de boulimie s’amélioraient au cours de la grossesse mais, après l’accouchement, 57 % des jeunes mères présentaient des symptômes plus graves qu’avant leur grossesse, alors que 34 % étaient guéries de leur boulimie. Une dépression postnatale semblait présente chez un tiers de l’échantillonnage. Il est donc important d’être attentif aux risques de rechute chez les jeunes mères, et de surveiller le risque de dépression postnatale chez toutes les femmes boulimiques. ✔ Keel P, Mitchell J, Miller K et al. Predictive validity of bulimia nervosa as a diagnostic category. Am J Psychiatry 2000 ; 157 : 136-8. Cette étude démontre la validité de la boulimie nerveuse en tant que catégorie diagnostique distincte de l’anorexie mentale. Les résultats suggèrent en outre que les symptômes boulimiques sont associés avec des troubles impliquant la désinhibition et l’angoisse. ✔ McElroy S, Casuto L, Nelson E et al. Placebo-controlled trial of sertraline in the treatment of binge eating disorder. Am J Psychiatry 2000 ; 157 : 1004-6. Dans une étude menée sur une durée de six semaines, la sertraline apparaît comme efficace pour le traitement du BED et bien tolérée. Le thème de la revue de presse du mois de novembre sera : Cannabis 275