la recherche de signes et de symptômes d’insuffisance
cardiaque et l’analyse de la radiographie pulmonaire [2].
La lecture de ce type d’indice nous confirme bien évidem-
ment que lorsque le diagnostic d’insuffisance cardiaque
est typique (orthopnée avec œdème alvéolaire radiologi-
que), le recours à ce genre de méthode reste superflu.
Toutefois, en dehors du contexte de l’urgence et de la
consultation spécialisée, le fait d’estimer la probabilité
initiale du diagnostic permet de mieux orienter la suite de
la démarche diagnostique et de rentabiliser finalement les
examens complémentaires utilisés.
Ce type de questionnaire permet également de mettre
en évidence le caractère très peu discriminant de certains
symptômes comme la fatigue ou encore les œdèmes péri-
phériques qui, bien que très souvent évocateurs d’insuffi-
sance cardiaque, sont finalement si peu spécifiques qu’ils
peuvent difficilement être intégrés à une démarche struc-
turée et efficace en dehors de la simple fonction de
« signes d’appel ». En effet, la fatigue peut aussi bien être
secondaire à un bas débit cardiaque, qu’à une hypoperfu-
sion périphérique, ou à un déconditionnement à l’activité
physique (très fréquent, même chez les sujets jeunes).
Concernant les œdèmes périphériques, si leur association
à une augmentation de la pression veineuse centrale
(reflux hépato-jugulaire, turgescence jugulaire, hépato-
mégalie) est plus fortement évocatrice d’une cause cardio-
génique, de nombreuses et fréquentes pathologies sont
associées à ce symptôme (insuffisance rénale, syndrome
néphrotique, insuffisance hépatique, hypo-albuminémie,
compression ou occlusion d’un tronc veineux, insuffi-
sance veineuse chronique, lymphœdème...).
Dans le cas difficile mais fréquent de l’IC-FEp, l’asthme
cardiaque qui est généralement associé au signe ausculta-
toire habituel de l’obstruction bronchiolaire (sibilants) est
un symptôme fréquent mais trompeur de congestion pul-
monaire. Ce symptôme est de plus réversible sous aérosols
de b2-mimétiques.
Il existe peu d’éléments cliniques permettant de diffé-
rencier précocement les ICSys des IC-FEp. Les patients
sont toutefois généralement plus âgés, plus souvent des
femmes, et ont des chiffres tensionnels souvent plus éle-
vés, principalement la pression artérielle systolique [3].
Examens complémentaires simples
Électrocardiogramme
La prévalence d’anomalies électrocardiographiques
est très forte au sein d’une population ayant une insuffi-
sance cardiaque. Ainsi, la bonne valeur prédictive néga-
tive (environ > 90 %) de l’électrocardiogramme de repos
permet assez fréquemment d’éliminer le diagnostic ou
certainement de le rediscuter [4, 5]. Les anomalies les plus
spécifiques sont l’élargissement du QRS > 120 ms le bloc
de branche gauche, et la présence d’une onde Q dans le
territoire antérieur. Ces deux dernières anomalies font
augmenter la probabilité du diagnostic d’insuffisance car-
diaque à plus de 70 % après l’examen clinique. De plus,
même en l’absence d’insuffisance cardiaque, une anoma-
lie morphologique échocardiographique importante est
souvent associée à ces anomalies électriques [5].
L’information apportée par l’électrocardiogramme au-
delà de l’aide au diagnostic reste très importante dans la
prise en charge médicale. En effet, dans plus de 40 % des
cas, une orientation thérapeutique spécifique doit être
prise après la pratique et l’analyse du tracé [5] :
–présence d’une fibrillation auriculaire (21 % des cas) :
nécessité de ralentir la fréquence ventriculaire, voire de
tenter de restaurer le rythme sinusal ;
–présence d’un QRS large de plus de 120 ms (14 % des
cas) : discussion de resynchronisation (Icsys) ;
–présence d’un bloc auriculoventriculaire de haut grade
(1 %) : discussion de stimulation permanente ;
–présence d’anomalies mixtes (7 %).
Là encore, il existe peu d’éléments électrocardiographi-
ques permettant de différencier précocement les ICSys des
IC-FEp, ces derniers ayant toutefois généralement une
hypertrophie électrique plus marquée et une fréquence
cardiaque plus basse au moment du diagnostic et avant le
traitement ralentisseur [3, 5].
Radiographie de thorax
L’analyse du cliché de thorax peut jouer un rôle dans la
démarche diagnostique d’insuffisance cardiaque. Toute-
fois, ce cliché peut ne pas révéler de cardiomégalie ni de
signe de congestion dans 20 % des cas et son intérêt se
limite plus particulièrement aux sujets ayant des signes et
des symptômes typiques, et ayant sur leur électrocardio-
gramme des anomalies préalablement constatées [1]. De
plus, en pratique quotidienne, la qualité parfois très mé-
diocre des clichés obtenus limite très fréquemment leur
interprétation. Là non plus, il n’existe pas d’éléments
radiographiques permettant de différencier précocement
les ICSys des IC-FEp.
Peptides natriurétiques
et examens biologiques
De nombreuses études cliniques ont montré l’intérêt
du dosage des peptides natriurétiques lors de la phase de
diagnostic, d’évaluation pronostique, mais également lors
du suivi régulier du patient [6-9]. Deux peptides natriuré-
tiques sont actuellement dosables de manière routinière :
le peptide natriurétique de type B (BNP), et la partie N
terminale de son précurseur (NT-pro-BNP).
Son intérêt premier réside dans sa très grande valeur
prédictive négative (> 95 %) lorsque le patient consulte
dans le contexte de l’urgence, pour des signes ou des
symptômes évocateurs (dyspnée, œdème...). De même, sa
valeur prédictive positive est relativement bonne (environ
70 %) avec toutefois un risque non négligeable de faux
mt cardio, vol. 3, n° 6, novembre-décembre 2007 403
Insuffisance cardiaque
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