Journal Identification = HMA Article Identification = 0633 Date: September 30, 2011 Time: 1:36 pm
diagnostic avant la présence de signes cliniques manifestes
(de même que le traitement préemptif des infections à CMV
se base sur la réactivation du virus identifiée sur une antigéné-
mie ou une PCR). Les tests biologiques pour le diagnostic des
IFI ne sont cependant pas aussi bien identifiés et validés que
ne l’est l’étude de la charge virale pour l’infection à CMV. Il
s’agit de la détection de l’antigène galactomannane (libéré
par les champignons Aspergillus), des antigènes mannane
et antimannane (associés aux Candida)etdu-D glucane,
moins spécifique. Ces différents tests comportent cependant
des faux positifs (tableau 1); les valeurs seuils ne sont pas
établies de fac¸on consensuelle. La détection d’ADN fongique
par PCR a également été proposée, mais le test n’est pas stan-
dardisé et il n’y a pas eu d’étude permettant de valider cette
technique. En ce qui concerne la détection scannographique
de l’API, certaines lésions parenchymateuses pulmonaires
sont évocatrices du diagnostic. Il s’agit de la présence de
nodules denses bien limités, avec signe du halo, d’un crois-
sant gazeux ou d’une cavité [14]. Mais il semble que l’API
puisse se manifester par de nombreux autres types de lésion
pulmonaire, non spécifiques [15]. Maertens et al. proposent
un arbre décisionnel pour guider l’initiation d’un traitement
antifongique préemptif (figure 2) [13]. Dans le cadre d’une
étude de faisabilité de cette approche préemptive, les auteurs
ont suivi suivant ce schéma 136 épisodes de neutropénie
chez des patients recevant une chimiothérapie pour leucé-
mie aiguë ou allogreffe de CSH. Parmi les 117 épisodes de
neutropénie fébrile constatés, un traitement antifongique a
été débuté dans 16 % des cas suivant cette stratégie. 30 %
des patients auraient en fait rec¸u un traitement antifongique
si une stratégie empirique avait été préférée, ce qui confirme
donc qu’une attitude préemptive permet une réduction de
l’utilisation des antifongiques. L’incidence finalement consta-
tée d’IFI était de 24 % des patients, ce qui paraît relativement
élevé comparativement aux résultats d’autres études publiées
pour des patients de niveau de risque similaire.
Les critères retenus pour commencer un traitement préemptif
au cours de l’étude PREVERT [16], présentée par Catherine
Cordonnier, étaient plus larges, comprenant des critères bio-
logiques et cliniques : survenue à partir du 4ejour de fièvre
et du traitement antibiotique d’une pneumonie ou sinusite
Tableau 1
Faux positifs des marqueurs sérologiques d’IFI (d’après les
diapositives de l’ECIL 3, Bretagne et al., Lamoth et al., 2009).
Galactomannane -D glucane
Bêta-lactamines
Immunoglobulines
polyvalentes IV
Cyclophosphamide
Régime pédiatrique à base
de lait et alimentation à base
de protéines de soja
Insuffisance rénale ?
Bêta-lactamines
Bactériémie
Hémodialyse (sur filtres en
cellulose)
IGIV, albumine, facteurs de
coagulation
Echantillons contaminés
Sérum hémolysé
(documentée cliniquement ou radiologiquement), d’un choc
septique, d’une mucite de grade 4, de lésions cutanées évo-
catrices d’IFI, de signes neurologiques centraux inexpliqués,
d’une inflammation périorbitaire, d’abcès hépatiques ou
spléniques, de diarrhées sévères, d’une colonisation asper-
gillaire ou de la positivité de l’antigénémie galactomannane
(un suivi bihebdomadaire systématique étant réalisé pour ce
paramètre). Cette stratégie était comparée de fac¸on pros-
pective et randomisée à un traitement empirique chez 293
patients, traités principalement pour une leucémie aiguë
(60 %) ou pour une autogreffe de CSH dans le cadre
d’un lymphome ou d’un myélome (30 %), avec neutro-
pénie attendue (<500 mm3) supérieure ou égale à 10
jours. Dans le groupe de traitement empirique, l’antifongique
était débuté en cas de fièvre persistante à partir du 4e
jour de l’introduction d’une antibiothérapie, ou en cas de
récurrence de la fièvre entre les 4eet 14ejours. Le trai-
tement antifongique était l’amphotéricine B dans les deux
groupes, sous forme déoxycholate ou sous forme liposomale
en cas d’insuffisance rénale (clairance de la créatinine <
60 mL/min, ou <40 mL/min en cas d’utilisation concomi-
tante d’une drogue néphrotoxique). L’amphotéricineBaété
initiée pour 92 des 150 patients du groupe empirique, et
pour 56 des 143 patients du groupe préemptif. La survie glo-
bale était identique dans les deux stratégies de traitement.
L’incidence des IFI prouvées ou probables était cependant
supérieure pour les patients traités suivant la stratégie pré-
emptive (9 % vs 2,6 %). 15 des 17 IFI sont en fait survenues
chez les patients traités dans des phases d’induction de leucé-
mie aiguë ; seules 2 IFI ont été constatées pour les traitements
de consolidation ou d’autogreffe de CSH (tableau 2).La
non-infériorité de la stratégie préemptive sur le traitement
empirique en termes de survie n’était démontrée en analyse
de sous-groupe que sur cette dernière population, c’est-à-
dire au cours de phases de consolidation ou d’autogreffe
de CSH, pour lesquelles la durée de la neutropénie est plus
courte et l’incidence des IFI relativement faible. Les conclu-
sions de cette étude font ainsi apparaître les limites de cette
stratégie préemptive : problème de définition des critères
pour le traitement préemptif, augmentation du risque d’IFI
observée pour les patients en phase d’induction au cours
de cette stratégie (qui pourrait être lié pour partie à la sor-
tie des patients du secteur protégé lors de la réalisation des
scanners), avec possible augmentation du risque de décès,
réduction du coût des traitements antifongiques possiblement
contrebalancé par l’augmentation du coût des procédures
diagnostiques.
Depuis la tenue de ce congrès, une autre étude s’intéressant
à la place de la stratégie préemptive pour le traitement des
IFI, chez des patients traités pour des hémopathies malignes
à haut risque, a été publiée dans la revue Haematologica
[17]. Il s’agit d’une étude observationnelle, prospective et
multicentrique, menée chez 397 patients traités par chimio-
thérapie conventionnelle, autogreffe ou allogreffe de CSH.
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ematologie, vol. 17, n o4, juillet-août 2011
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