QU'EST-CE QU'UN NOMBRE ? L'ORIGINE DU NOMBRE Garder la mémoire de la quantité De nombreux os d'animaux, munis de plusieurs encoches ont été découverts en Europe, datant de 20 000 à 35 000 ans ; ils constituent les plus anciennes traces du besoin exprimé par l'homo sapiens de se souvenir d'une quantité. Os gravé (-15 000 ans) On peut voir sur cet os l'image d'un sanglier avec 17 traits. Le chasseur a-t-il voulu retenir le nombre d'animaux qu'il avait abattus ? Os gravé (-10 000 ans) Conclusion : la création d'une collection-témoin est le le moyen le plus rudimentaires pour garder la mémoire d'une quantité ou exprimer cette quantité. Exemple de message produit par un élève de MS afin de commander les carottes pour les six lapins de sa collection QU'EST-CE QU'UN NOMBRE ? L'ORIGINE DU NOMBRE Le premier système de numération. Entre 4000 et 3000 ans avant J.-C. la Mésopotamie abrite une civilisation riche où les cités-Etats se développent entrainant avec elles commerce et échange. Du grec "pays entre les deux fleuves", le terme "Mésopotamie" désigne la vallée située entre le Tigre et de l'Euphrate. Ses terres fertiles permettent un développement de l'agriculture. La Mésopotamie Des fouilles ont permis de trouver, dans les société de Sumer et d'Elam, des jetons de différentes valeurs (base 60) emprisonnés dans une boule creuse en argile qui permet de vérifier que les transactions commerciales sont exactes, on leurs donnera le nom de calculi (même étymologie que « caillou ») Exemples de calculus (-3500 av JC ?), musée du Louvre QU'EST-CE QU'UN NOMBRE ? Le premier système de numération : La base 60 à l'aide des deux mains Valeurs de jetons d'argile Conclusion : dans un système de numération, les symboles ont des valeurs différentes, alors que dans une collection-témoin tous les éléments se valent.... un saut conceptuel important ! Exemple en fin MS : la collection-témoin n'est pas facile à abandonner ! Exemple au CP : 1 billet... est-ce vraiment aussi intéressant que 10 pièces ? QU'EST-CE QU'UN NOMBRE ? Le nombre : - c'est un concept qui rend compte d'une une famille de collections toutes équipotentes (qui sont en « correspondance terme à terme », qui ont même « extension ») - Il résulte d'un processus d'abstraction : on se centre sur une propriété des collections (« la quantité »), sans tenir compte de la couleur des objets, de leur forme, … - Il ne faut pas confondre le nombre et ses désignations. Différentes désignations du nombre 3 : collections-témoins organisées, écriture chiffrée, mot-nombre,... Attention : le chiffre désigne normalement une graphie, le nombre un concept ! QU'EST-CE QU'UN NOMBRE ? Dénombrer une collection : l'importance de l'unité choisie. 6 chaussures / 3 paires de chaussures 30 cubes / 3 dizaines → on compte combien de fois rentre l'unité choisie dans la collection Mesurer une grandeur : l'importance de l'unité choisie L'aire de la surface colorée est égale à : 6 carrés verts ; 12 triangles bleus ; → on compte combien de fois rentre l'unité choisie dans la surface à mesurer Conclusion : dénombrer, c'est mesurer l'extension (la « taille ») d'une collection, lorqu'on a défini une unité de compte. PIAGET ET LE NOMBRE Trois épreuves logiques : - la conservation du nombre ; - la sériation des longueurs ; - l'inclusion des classes ; La théorie de Piaget (1941) : « le nombre est classe et relation asymétrique fondues en un même tout opératoire » - les épreuves ci-dessus conditionnent l'accès au sens du nombre ; - ces épreuves sont réussies de manière synchrone vers l'âge de 6 ans; Les programmes de 1970: - l'influence des mathématiques « modernes » - l'influence des travaux de Piaget Ont conduit les concepteurs des programmes à remplacer les « activités numériques » par des activités « prénumériques » LA REMISE EN CAUSE DES TRAVAUX DE PIAGET : Le principe de conservation du nombre : P. Gréco (1962) : « il est permis de se demander si la conservation des ensembles mérite véritablement d'être appelée une conservation du nombre » Une variante de l'épreuve de conservation : « J'ai placé une rangée de jetons blancs. Place pareil de jetons noirs » L'expérimentateur écarte les jetons noirs. « compte combien il y a de jetons blancs » «peux-tu me dire combien il y a de noirs ? » → les réussites à cette épreuve sont plus précoces J. Bideaud (1985) : « il n'est guère plus possible de convenir d'un synchronisme entre la conservation numérique, l'inclusion et la sériation. De plus, ces deux dernières épreuves ne sont réellement opératoires que vers 10/11 ans. Que devient alors la synthèse originale qui conduit au nombre selon Piaget ? » LA REMISE EN CAUSE DES TRAVAUX DE PIAGET : R. GELMAN (1983) Le comptage (dénombrement) est décrit par cinq principes : - le principe de correspondance terme à terme ; - le principe de suite stable ; - le principe cardinal ; - le principe d'indifférence de l'ordre ; - le principe d'abstraction : Les enfants disposeraient précocément de ces principes, les erreurs rencontrées dans le dénombrement relèveraient de difficultés à coordonner simultanément ces principes (les enfants sont « submergés par la tâche »). Les programmes de 1985 : les activités numériques retrouvent une place importante dans les programmes de l'école maternelle.