paramètres pharmacocinétiques sont déterminés lors du
développement clinique des médicaments, principale-
ment au cours des études de phase I et II, dans des groupes
homogènes de sujets sains ou présentant la maladie pour
laquelle est développé le médicament. Ils doivent égale-
ment être définis dans des groupes de sujets ayant des
caractéristiques physiopathologiques variables (sujets
âgés, patients insuffisants rénaux, enfants, association
médicamenteuse à risque d’interaction...) afin de quanti-
fier l’impact de ces facteurs individuels sur les valeurs des
paramètres et donc sur l’évolution des concentrations. Ces
études sont généralement menées pendant les essais de
phase III et en post-AMM [1].
Lors de la prescription, il est parfois nécessaire de
proposer une adaptation individuelle de posologie, qui
reposera sur la prise en compte des modifications atten-
dues de la pharmacocinétique du médicament chez le
patient traité, si celles-ci s’accompagnent d’un risque de
modification de l’effet thérapeutique ou des effets indési-
rables.
Étapes du devenir des médicaments
dans l’organisme
et sources de variabilité
À partir de son site d’administration, le médicament va
subir différentes étapes de résorption, de distribution dans
les tissus et de métabolisme avant d’être finalement éli-
miné [2]. Pour chacune de ces étapes, la nature des
mécanismes mis en jeu et leur intensité diffèrent selon le
médicament, principalement en fonction de ses caracté-
ristiques physico-chimiques (lipophilie, degré d’ionisa-
tion...). Enfin, chacun de ces processus peut être modifié
sous l’influence de facteurs liés à l’individu ou à son
environnement et la pharmacocinétique d’un même
médicament varie selon les sujets.
La résorption
La résorption correspond au passage du principe actif
de son site d’administration vers la circulation générale.
Par commodité, les médicaments sont généralement
administrés par voie orale, ce qui peut entraîner une perte
en principe actif. La molécule peut être éliminée telle
quelle dans les selles, être dégradée par les sucs digestifs
ou être métabolisée lors de la traversée des entérocytes ou
du foie (effet de premier passage intestinal ou hépatique).
Au total, seule une fraction de la dose administrée parvient
dans la circulation générale : c’est la fraction biodisponi-
ble. Les médicaments non résorbés par voie orale sont
destinés à un usage local (antiseptiques intestinaux, anti-
acides, vancomycine dans le traitement de la colite
pseudo-membraneuse) ou sont administrés par voie
parentérale (aminosides, insuline). La voie intramuscu-
laire permet une résorption plus complète que la voie
orale mais la vitesse de résorption n’est pas toujours plus
rapide. La voie cutanée est utilisée lorsqu’un effet local est
recherché mais il faut cependant toujours considérer
qu’une fraction du principe actif peut être résorbée et
provoquer des effets systémiques. Cette voie est d’ailleurs
parfois utilisée en thérapeutique dans le but d’obtenir un
effet général à action retardée (œstrogènes ou dérivés
nitrés en patch ou gels).
La résorption par voie orale peut être modifiée par des
facteurs tels que l’âge, les altérations du transit gastro-
intestinal ou les interactions médicamenteuses, par exem-
ple avec les pansements gastriques. Le repas a également
souvent une influence qu’il n’est pas toujours facile de
prévoir en l’absence d’études spécifiques. Il n’y a donc pas
de règle fixe concernant la prise à jeun ou non des
médicaments, et ceci doit être envisagé au cas par cas
selon les informations disponibles. De même, le jus de
pamplemousse augmente (bêtabloquants, inhibiteurs cal-
ciques, inhibiteurs de la protéase du VIH) ou diminue
(ciclosporine, digoxine, etc.) la biodisponibilité des médi-
caments, mais avec une intensité variable selon les sujets,
et doit donc être évité. Enfin, certaines pathologies comme
l’insuffisance cardiaque, en diminuant le débit sanguin
intestinal, peuvent modifier la biodisponibilité de certains
médicaments.
La distribution
Le médicament se distribue plus ou moins intensément
dans les tissus, et notamment dans le tissu cible, en fonc-
tion de leur vascularisation et de leur composition confé-
rant un tropisme particulier, mais aussi selon la fixation du
médicament aux protéines plasmatiques. Les caractéristi-
ques physico-chimiques des principes actifs (lipophilie,
degré d’ionisation, etc.) et des tissus (teneur en eau, pH,
etc.) sont à l’origine de différences de répartition dans les
divers tissus.
La distribution tissulaire des principes actifs peut être
modifiée en cas d’altération de la fixation protéique
(hypoalbuminémie, compétition entre deux médicaments
pour les mêmes sites de fixation...) ou de modifications de
composition corporelle (sujets obèses, « troisième sec-
teur ») ou tissulaire (présence de protéines inflammatoires,
collections purulentes...).
La liaison aux protéines plasmatiques n’est générale-
ment pas limitante pour les effets (un médicament forte-
ment lié n’est pas forcément moins actif qu’un médica-
ment peu lié) ni pour le devenir du médicament. Il existe
bien des phénomènes de compétition entre certaines
substances ayant les mêmes sites de fixation, avec risque
de déplacement de l’un des médicaments, mais cette
compétition ne s’exprime cliniquement que pour un très
faible nombre de médicaments, et lorsque les phénomè-
nes compensateurs (élimination hépatique et rénale
notamment) ne permettent pas de rééquilibrer rapidement
la concentration. Ainsi, parmi les rares interactions impli-
Méthodologie
mt, vol. 11, n° 3, mai-juin 2005
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