lustrée. Parfois des bandes scléreuses
sont palpables notamment au niveau des
joues. Il peut s’y associer des lésions pig-
mentées. Le plus souvent la réaction in-
flammatoire a disparue et il s’agit d’un
état post-lichénien.
Environ 1 à 3 % des lésions de lichen plan
buccal seraient susceptibles de dégénérer
en carcinome épidermoïde (Fig. 26). Des
transformations en carcinome verruqueux
ont aussi été décrites (Fig. 26). Il n’y a pas de
traitement pour prévenir cette transforma-
tion. Une surveillance régulière (une à 2 fois
par an) est requise pour dépister des chan-
gements structuraux de la muqueuse évo-
cateurs d’un carcinome épidermoïde (néo-
formation tissulaire, ulcération persis-
tante, induration, adénopathie).
Le lichen plan buccal est une maladie
chronique, difficile voire impossible à éra-
diquer dans de nombreux cas. Une des ex-
plications pourrait résider dans la pré-
sence de processus irritatifs chroniques
liés à la flore, à la présence des dents, pro-
thèses, matériaux d’obturation dentaires
divers et à la mastication et phonation. A ti-
tre prophylactique, il conviendra donc sys-
tématiquement de minimiser au maxi-
mum les facteurs irritatifs locaux.
Le traitement du lichen plan est essen-
tiellement symptomatique et n’a le plus
souvent qu’un effet suspensif. Il dépend de
la lésion élémentaire et de sa distribution
dans la cavité buccale. En première ligne
thérapeutique on retiendra la corticothé-
rapie locale ou systémique et les inhibi-
teurs de la calcineurine en seconde inten-
tion. Des études anciennes ont montrés l’ef-
ficacité des rétinoïdes topiques sur le li-
chen plan buccal érosif et atrophique. Il
semble que ces traitements sont peu utili-
sés aujourd’hui en raison d’une intolé-
rance locale et dans notre expérience
d’une efficacité modérée. La Puvathérapie
est aujourd’hui contre indiquée en raison
du risque carcinogène.
Chéilites actiniques
Les chéilites actiniques (Fig. 27) sont des
affections touchant les lèvres. La kératose
actinique labiale est caractérisée par des
lésions atrophiques, érosives, blanches ou
des croutes brunâtres du bord vermillon
des lèvres. Elle est causée par une exposi-
tion aux ultra violets. Ces lésions et les can-
cers des lèvres sont plus fréquents chez les
gens qui travaillent à l’extérieur (marins,
agriculteurs, bergers…).
L’épithélium du vermillon peut être
hyperplasique ou atrophique et présente
des troubles de maturation, divers degrés
de kératinisation, des atypies cellulaires et
une importante activité mitotique[14]. Le
tissu conjonctif sous-jacent montre une dé-
générescence basophile du collagène et une
élastose. Le diagnostic clinique de présomp-
tion doit être confirmé par une biopsie[11, 12].
La suppression de l’exposition au soleil,
le conseil du port de vêtements couvrants,
un chapeau et l’utilisation de crèmes de
protection solaire doivent être conseillés.
Le traitement chirurgical par vaporisation
laser CO2(Fig. 28)ou une vermillonectomie
peuvent être nécessaire[26-27].
Conclusion
L’odontologiste est souvent en première
ligne diagnostique des lésions à potentiel
malin et des cancers de la cavité buccale. Il
a une obligation médico-légale de mettre
en œuvre les moyens diagnostics selon les
données acquises de la science. A ce titre
l’examen de la muqueuse buccale fait par-
tie de l’examen de la cavité buccale. L’odon-
tologiste doit repérer les lésions élémentai-
res et mettre en œuvre les moyens d’abou-
tir à un diagnostic et un traitement. Pour les
lésions à potentiel malin et les cancers l’en-
jeu est d’autant plus important que le pro-
nostic de vie du patient est en jeu.7
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JDN 2015 · 6 | 7 | 8 mai