CURRICULUM Forum Med Suisse No48 27 novembre 2002 1141
tumeur correspond à un réel syndrome para-
néoplasique. L’anémie lors de maladie chro-
nique correspond à une anémie normo-
chrome, normocytaire et hyporégénérative
avec un taux sérique ferrique diminué et satu-
ration de la transferrine avec un taux sérique
de ferritine normal ou même augmenté. Diffé-
rents mécanismes ont été postulés pour cette
anémie modulée par des cytokines. Il s’agit
d’une part de l’effet myélosuppresseur des TNF
(tumor necrosis factor), interféron et interleu-
kine-1. Ceux-ci peuvent diminuer la formation
d’érythropoïétine induite par l’hypoxie. D’autre
part, la demi-vie des érythrocytes est diminuée
par ces cytokines.
Une érythrocytose peut survenir en raison de
la production ectopique d’érythropoïétine lors
d’hypernéphrome, mais également aussi lors
d’hépatome et d’hémangioblastome cérébel-
leux. En plus de la formation accrue d’érythro-
poïétine, une diminution du catabolisme de
cette hormone est également discutée, dont le
mécanisme reste obscur [7].
Une leucocytose sans déviation gauche appa-
raît chez un tiers des patients souffrant de tu-
meurs solides. Les patients souffrant de cancer
bronchique ou de tumeurs digestives sont par-
ticulièrement concernés. Les Granulocyte co-
lony stimulating factors (G-CSF), les Granulo-
cyte-Macrocyte colony stimulating factors et
l’interleukine-6 ont été décrits comme média-
teurs. Le traitement est celui de la tumeur pri-
maire.
On parle de réaction leucémoïde chez les pa-
tients, avec une formule ressemblant à une leu-
cémie, mais dont l’évolution permet de réfuter
ce diagnostic. Certains auteurs parlent de réac-
tions leucémoïdes à partir de 50 000 Lc/ml,
d’autres en font dépendre de la proportion de
blastes.
Ce tableau peut être déclenché par des infec-
tions, des intoxications, des hémorragies/hé-
molyses sévères ou aussi par des tumeurs ma-
lignes.
Des leucocytoses prononcées avec une grande
proportion de neutrophiles peuvent être obser-
vées entre autres lors de M. Hodgkin, de carci-
nome bronchique ou de tumeurs surréna-
liennes. Des leucocytoses avec une déviation
gauche et en partie des formes immatures res-
semblant à une leucémie myéloïde chronique
ont été décrites lors de différentes tumeurs
(souvent avec des métastases osseuses).
Des formules sanguines ressemblant à celle
d’une leucémie lymphatique chronique peuvent
survenir entre autres lors de mélanomes
métastatiques, de cancer de l’estomac et lors de
cancer du sein [8].
Une thrombocytose peut survenir surtout lors
de cancer bronchique ou lors de tumeurs gas-
tro-intestinales. On postule une médiation par
l’interleukine-6 et de thrombopoïétine [9].
Une éosinophilie paranéoplasique survient sur-
tout lors de lymphomes malins ou dans le cadre
de leucémies. Une dyspnée secondaire à une in-
filtration pulmonaire peut survenir lors d’éosi-
nophilie massive.
Les thromboses veineuses et des troubles de
coagulation intravasculaires disséminés peu-
vent survenir au cours d’une maladie tumorale
et même la précéder. Les patients immobilisés
pendant une chimiothérapie sont particulière-
ment exposés, de même ceux souffrant d’hy-
pernéphrome ou de cancer pancréatique. Des
thrombophlébites mouvantes et récidivantes
(Syndrome de Trousseau) sont classiquement
décrites lors de cancer du pancréas.
Des thromboses peuvent être vérifiées à l’au-
topsie chez 20 à 50% des patients avec des tu-
meurs métastasiques, une thrombose et/ou une
hémorragie sont cliniquement décelables dans
5 à 15% des cas [10].
Les patients présentant une thrombose idiopa-
thique (c’est-à-dire sans facteur de risque) dé-
velopperont d’après la littérature une tumeur
au cours de l’évolution jusque dans 7,6% des
cas, ce taux augmente même à 17% lors de
thromboses récidivantes [11]. Dans d’autres
études prospectives, une tumeur a même pu
être décelée dans 19% des cas de patients sans
facteurs de risques pour un épisode throm-
boembolique présentant une thrombose vei-
neuse profonde idiopathique [12]. La question
de savoir quels examens doivent être effectués
lors d’un premier épisode de thrombose idio-
pathique (en dehors d’une anamnèse exacte, un
examen physique soigné, une radio des pou-
mons, une formule sanguine, les tests hépa-
tiques, un contrôle de la fonction rénale et des
électrolytes) n’a pas encore reçu de réponse dé-
finitive.
Indépendamment d’une éventuelle tendance
connue aux thromboses, une maladie tumorale
doit être exclue lors d’une récidive de throm-
bose (et particulièrement si elle survient mal-
gré une anticoagulation orale correctement
prescrite).
Syndromes
paranéoplasiques rénaux
Les reins et les voies urinaires peuvent être tou-
chés de nombreuses manières au cours d’une
maladie tumorale, soit par des obstructions,
par le dépôt d’immunoglobulines, d’amyloïde,
d’acide urique ou par une action directement
toxique des médicaments et de la radiothéra-
pie. Les syndromes paranéoplasiques définis
plus restrictivement sont d’une part les glomé-
rulonéphrites paranéoplasiques et d’autre part
le syndrome de sécrétion inadéquate d’hor-
mone antidiurétique (SIADH).