p. 4 < Le Médecin de France I n° 1173 I 30 OCTOBRE 2011
DOSSIER
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Après les mesures urgentes de réduction des déficits, annoncée fin août
par François Fillon, le PLFSS 2012 est dans la même logique financière, et destiné
à rassurer les analystes financiers. Mais l’ONDAM reste néanmoins à + 2,8%.
La décision d’accorder un taux différentiel pour les
soins de ville aurait notamment permis de prendre en
compte les prescriptions du secteur hospitalier
externalisées en ville, dont on sait maintenant
qu’elles représentent 20% en moyenne du montant
des dépenses de médicaments en ambulatoire. Côté
économies, on notera par ailleurs que la contribution
demandée à l’hôpital reste modeste : 50 millions
d’euros au titre des contrats de performance, 145
millions d’euros avec la politique d’achats groupés et
100 millions d’euros avec la convergence public/privé.
Rien n’est prévu ainsi sur les prescriptions, alors que
la logique de la maîtrise médicalisée des dépenses
devrait aussi s’imposer à l’hôpital, surtout au
moment où il est désormais possible d’individualiser
les prescriptions des praticiens. En revanche, et c’est
désormais une triste habitude, biologistes et radio-
logues se voient imposer une ponction totale de
170 millions d’euros, dont 110 millions d’euros pour
les seuls biologistes (voir encadré et interview de
Jacques Niney). Rappelons enfin qu’outre les méde-
cins, deux autres secteurs seront en priorité impactés
par les mesures d’économies: les industriels subi-
ront à la fois des baisses de prix et des hausses de
taxes, à hauteur de 770 millions d’euros, tandis que
les complémentaires santé verseront 1,2 milliards
d’euros supplémentaires avec le relèvement à 7% de
la fiscalité sur les contrats complémentaires.
«Il n’y a vraiment pas grand-chose à dire
sur le PLFSS pour les généralistes, tout
simplement parce qu’il ne contient aucune
mesure ciblée pour eux. Déjà, l’alignement
des objectifs ville et hôpital est un mauvais
signal, car il montre que le gouvernement,
malgré ses promesses, ne compte pas
investir de façon conséquente sur la
médecine de ville. Certes, il renvoie la balle
au champ conventionnel, mais les moyens
apparaissent déjà insuffisants pour obtenir
des revalorisations à la hauteur de nos
attentes.»
>Michel Combier, président de l’UNOF
>PLFSS 2012
L’air de la rigueur,
toujours
«Les généralistes invisibles dans le PLFSS»
« Nous devons d’abord poursuivre nos efforts dans le
champ des soins de ville. La maîtrise médicalisée des dé-
penses, cela marche! Les actions des caisses d’assurance
maladie en ce sens vont donc se poursuivre; elles permet-
tront 550millions d’euros d’économies.» Débattant le
5 octobre dernier devant les députés de la Commission
des affaires sociales, Xavier Bertrand tenait en premier
lieu à mettre l’accent, dans le PLFSS 2012, sur les
économies attendues dans le champ de la maîtrise mé-
dicalisée. Avec ce montant programmé, le rythme est
similaire à celui de l’an dernier. Il illustre une réalité dés-
ormais bien ancrée: les professionnels de santé de ville
sont, depuis la réforme de 2004 et la réinstauration de
la maîtrise médicalisée, les pourvoyeurs les plus
réguliers en matière d’économies. En moyenne, depuis
2006, les objectifs sont respectés à près de 80%. L’im-
plication des médecins, par la maîtrise des prescriptions
mais également la stabilité de l’enveloppe honoraires, est
déterminante, en particulier pour le respect de l’ONDAM
constaté pour la deuxième année consécutive. Comme
l’avait demandé la CSMF, les libéraux souhaiteraient que
ces efforts soient reconnus, avec la fixation d’un objectif
de dépenses plus avantageux que celui de l’hôpital, et
qui pourrait permettre de réinvestir dans le champ
ambulatoire. Une fois de plus, ce n’est pas le cas, et les
deux secteurs seront logés à la même enseigne, avec
une hausse de 2,7%. L’ONDAM, lui, progressera de 2,8%,
dont + 4,2% pour le médico-social.
L’hôpital soigneusement ménagé