Le but est de faire pratiquer à l’épaule postérieure engagée une
rotation de 180°, et de l’amener en position antérieure sous la
symphyse pubienne, afin de permettre l’engagement de
l’épaule initialement antérieure dans le sinus sacro-iliaque.
L’obstétricien introduit dans un premier temps dans l’excava-
tion pelvienne la main correspondant au dos du fœtus (main
droite lorsque le dos du fœtus est à gauche).
La main longe les faces postérieures de la tête fœtale et du cou
pour atteindre facilement la face postérieure de l’épaule enga-
gée et pour exercer une pression sur l’omoplate.
L’antépulsion de l’épaule postérieure réduit le diamètre bi-
acromial. Le thorax peut descendre vers le sacrum, dégageant
un espace rétropubien pour l’épaule antérieure.
La poursuite du mouvement de pression provoque une rotation
de l’épaule postérieure.
Pour aider la rotation, on peut exercer une pression sur le moi-
gnon de l’épaule antérieure au niveau de la région suspubienne.
La rotation doit être poursuivie jusqu’à amener l’épaule primi-
tivement postérieure sous la symphyse pubienne en position
antérieure, où elle pourra être dégagée puisque initialement
engagée.
L’épaule primitivement antérieure non-engagée, poussée en
arrière, s’engage lors de la rotation dans l’excavation pel-
vienne au niveau du sinus sacro-iliaque.
À l’issue de la rotation, on a une épaule antérieure engagée en
position de dégagement et une épaule postérieure engagée.
La manœuvre de Jacquemier
À l’examen, derrière la tête fœtale, la cavité est vide, l’épaule
postérieure est retenue au détroit supérieur : la manœuvre de
Jacquemier s’impose.
Toute tentative de rotation de la tête pratiquée à ce stade risque de
mettre dangereusement en tension le plexus brachial postérieur.
On pratiquera directement, mais sans précipitation, la
manœuvre de Jacquemier. Le but est de saisir la main de
l’enfant qui correspond à l’épaule postérieure et tirer tout le
membre supérieur à l’extérieur, transformant le diamètre bi-
acromial en diamètre acromio-thoracique de 3 cm inférieur.
La patiente est installée en position neutre (flexion abduction
des cuisses simples). L’obstétricien se positionne à genou,
l’épaule au-dessous du plan de la table réhaussée au maxi-
mum, l’avant-bras en extension sur le bras pour traverser le
bassin et pénétrer dans l’utérus. L’avant-bras et le bras sont
lubrifiés en respectant la main. On introduit la main qui fait
face au ventre du fœtus (main droite si dos à droite), on passe
en arrière de la tête fœtale puis dans le sinus sacro-iliaque dans
une direction qui va du coccyx à l’ombilic de la patiente.
Pour rechercher la main fœtale postérieure, on repère en premier
lieu l’épaule postérieure au niveau du promontoire (la position de
la tête humérale par rapport à la clavicule permet de déterminer si
l’épaule postérieure est l’épaule droite ou gauche).
Une fois l’épaule postérieure repérée, on suit le bras, l’avant-
bras, et l’on attrape fermement la main. Il suffit ensuite de reti-
rer le bras en exerçant une traction douce, mais ferme, sur la
main fœtale afin d’extraire le bras fœtal. Le mouvement
d’extraction du bras que l’on tient (qui était le bras postérieur),
dirigé vers le bas entraîne un mouvement obligatoire de rota-
tion du thorax fœtal ramenant ce bras en antérieur sous le
pubis, tandis que l’épaule qui était bloquée au-dessus de la
symphyse tourne en arrière et s’engage dans l’excavation.
L’accouchement suit dans l’instant. ■
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La Lettre du Gynécologue - n° 295 - octobre 2004
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ECHNIQUES OBSTÉTRICALES
Figure 4. Manœuvre de Wood inversée.
Figure 5. Manœuvre de Jacquemier.
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Un encart 4 pages est inséré dans ce numéro entre les pages 22 et 23 et les pages 30 et 31.