les Acta eruditorum et qu'en 1688 Christian Thomasius lança la première
revue en langue allemande, les
Monatsgespräche.
Leibniz y a fait ses études,
de même que Christian
Wolff,
par la suite collaborateur fidèle des Acta eru-
ditorum. Le professeur d'histoire puis de philosophie Johann Friedrich
Christ, maître du philologue de Göttingen Christian Gottlob Heyne et
d'une certaine manière précurseur de Winckelmann, voyageur à travers
l'Angleterre et l'Italie, y développa un enseignement de l'esthétique. Au
milieu du siècle, Georg Heinrich Zincke et Christian Gotthelf Gutschmid
fondent le caméralisme qui va directement servir à redresser la vie écono-
mique et politique de la Saxe après la guerre de Sept ans. L'arabistique
allemande se développe dès le xviiie siècle au sein de l'Université, tandis
que les Prs Gottsched et Geliert donnent pour la première fois aux lettres
allemandes un rayonnement européen. Lors du quatre centième anniver-
saire de la fondation de l'Université, en 1809, le philologue Christian
Daniel Beck a fondé le séminaire de philologie. Le slaviste Leskien,
l'orientaliste Fleischer, le sanskritiste Windisch, l'école linguistique des
Junggrammatiker (Hermann
Osthoff,
Karl Brugmann), auprès desquels Fer-
dinand de Saussure fait ses études, contribuent à établir la réputation d'un
centre universitaire qui ne fonde paradoxalement sa première chaire de
romanistique, occupée par Adolf Ebert, qu'en 1862.
Les Français qui viennent à Leipzig entre la guerre de 1870 et la
guerre de 1914 ne séjournent pas tous très longtemps mais font souvent au
terme de leur voyage un récit circonstancié de leurs expériences. Ce récit,
souvent publié dans la Revue
internationale
de
l'enseignement
constitue un témoi-
gnage sur un regard admiratif d'étudiants ou de jeunes enseignants qui
vont bientôt contribuer à l'orientation des sciences humaines en France. Il
y a d'abord les historiens. Bien avant que Marc Bloch ne fréquente le
séminaire de Karl Bücher au tournant du siècle et n'y découvre l'intérêt
de l'histoire économique, Charles Seignobos, dès 1878, a suivi les cours
des historiens de Leipzig en particulier von Noorden, l'élève de Ranke, et
Wilhelm Friedrich Arndt, spécialiste de sciences auxiliaires et coéditeur
très actif des Monumenta germaniae historica1. Il avait observé le fonctionne-
ment du séminaire d'histoire et noté sa parenté avec les séminaires de phi-
lologie. Dix ans après Seignobos, Abel Lefranc, un des fondateurs des
recherches françaises sur la Renaissance, avait suivi les cours de l'historien
nationaliste Wilhelm Maurenbrecher dont Lucien Herr, en 1886, dresse
une caricature cinglante. Abel Lefranc est vivement frappé par l'historien
de l'art Anton Springer, premier titulaire d'une chaire d'histoire de l'art en
Allemagne, à qui il prête une connaissance particulièrement approfondie
de l'art français. Au cours d'exercices pratiques, le professeur invite ses élè-
ves à commenter et dater des reproductions d'objets d'art. Le sociologue
1.
Voir Horst Fuhrmann, Sind
eben
alles Menschen gewesen.
Gelehrtenleben
im 19. und 20. Jahrhun-
dert. Dargestellt am Beispiel der Monumenta Germaniae Historica und ihrer Mitarbeiter, München, Beck,
1996.