Un médicament a été prescrit dans
34,9 % des cas, des examens complé-
mentaires dans 3,7 % des cas.
Un changement de lait a été conseillé à
49,5 % des enfants n’ayant pas été allai-
tés au sein.
Dans 22,9 % des cas, le médecin a
conseillé de modifier la position de cou-
chage.
Efficacité des recommandations perçue
par les mères. Le « succès » des conseils
du médecin varie selon ses préconisa-
tions : 85,4 % des mères à qui le méde-
cin a conseillé uniquement un change-
ment de lait considèrent qu’un change-
ment de lait a permis de faire dispa-
raître les régurgitations. Dans 60,3 %
des cas où le médecin a dit que « l’en-
fant allait bien par ailleurs et que cela
allait passer avec le temps », la dispari-
tion des symptômes est attribuée au
temps qui passe… Pour les mères, le
« succès » est moindre en cas de pres-
cription d’un médicament (41,4 % de
succès) ou de conseil de modification
de la position de couchage (44,7 %).
DISCUSSION
Le nombre de mères qui donnent le sein
est de plus en plus élevé. Dans notre en-
quête, le taux de 70,7 % confirme la
nette progression de l’allaitement ma-
ternel en France. Les enquêtes périna-
tales menées à intervalles réguliers par
l’Inserm et par la Drees montraient déjà
en 2002 une augmentation régulière du
taux d’allaitement exclusif au sein à
huit jours : de 40,5 % en 1995, ce taux
est passé à 54,8 % en 2001 [2] et à
56,5 % en 2003 [3]. Toutefois, toujours
dans notre enquête, l’allaitement exclu-
sif au sein n’est plus que de 33,7 % au
bout du premier mois.
Dans notre enquête, la prévalence des
troubles gastro-intestinaux fonctionnels
a été établie à partir d’un questionnaire
rempli sur internet par les mères, et non
par des diagnostics médicaux. Ainsi,
d’après les mères, presque trois quarts
des enfants âgés de un mois ont au
moins un trouble fonctionnel. Dans
trois cas sur quatre, les mères en parlent
au médecin, et 14 à 19 % d’entre elles
sollicitent une consultation spéciale-
ment pour ces troubles. La fréquence
des gaz et ballonnements, comme celle
des régurgitations, diminue évidem-
ment avec l’âge, mais la fréquence de la
constipation reste assez constante.
Les gaz et ballonnements représentent
dans notre enquête le trouble fonction-
nel intestinal le plus fréquent chez le
nouveau-né et le petit nourrisson. En
1997, une étude de Stagnara et al. sur
les coliques du nourrisson, portant sur
2773 enfants âgés de 15 à 119 jours et
consultant des pédiatres de la région
lyonnaise, a montré que 22 % des en-
fants avaient des coliques. Dans cette
étude, les coliques étaient définies par
la durée des pleurs, les gaz et les ballon-
nements [4]. L’étude de Iacono et al., ef-
fectuée en 2005 auprès de 150 pé-
diatres italiens qui ont suivi 2879 nour-
rissons de la naissance à six mois, a
trouvé le même taux chez les nourris-
sons italiens (20,5 %). Dans notre en-
quête, la prévalence des gaz et des bal-
lonnements est deux fois plus élevée.
Cette différence est probablement expli-
quée par le fait que nous n’avons re-
cherché que la présence de gaz et de
ballonnements et que nous n’avons pas
jugé pertinent d’interroger les mères de
manière rétrospective sur la durée des
pleurs. Dans notre enquête, 14,1 % des
mères prennent un rendez-vous spéci-
fique pour les gaz et ballonnements et
6 % téléphonent au médecin pour cette
raison. S’agirait-il alors de coliques ?
Dans l’étude de Iacono et al. [5], les pé-
Médecine
& enfance
mai 2010
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L’ESSENTIEL
왎
71,3 % des enfants âgés de un mois auraient au moins un trouble gastro-intestinal fonc-
tionnel : gaz et ballonnements, ou constipation, ou régurgitations. Ce taux baisse à 18 % à
l’âge de dix mois.
왎
Dans 76,5 % des cas, les mères s’adressent au médecin pour ces troubles.
왎
A l’âge de un mois, 55,7 % des enfants ont des gaz et ballonnements, 13,5 % sont consti-
pés, 38,1 % régurgitent. Pour les gaz et ballonnements comme pour les régurgitations, ces
taux baissent progressivement pour atteindre respectivement 7,7 % et 6,2 % à l’âge de dix
mois.
왎
Les troubles fonctionnels intestinaux sont souvent associés (troubles concomitants au mo-
ment de l’enquête) :
– 20,8 % des enfants qui ont des gaz et des ballonnements ont également de la constipation ;
– 38,7 % des enfants qui ont des gaz et des ballonnements ont aussi des régurgitations ;
– 37 % des enfants constipés ont en même temps des gaz et ballonnements ;
– 36,4 % des enfants qui régurgitent ont également des gaz et des ballonnements.
왎
Un lien significatif entre les troubles de la mère et ceux de l’enfant est observé.
왎
Pour les gaz et ballonnements :
– les médecins réassurent les mères dans 64,1 % des cas, ne faisant rien d’autre dans 40,3 %
des cas ;
– un médicament est prescrit dans 27,8 % des cas ;
– un changement de lait est conseillé à 37,6 % des mères qui n’allaitent pas au sein.
왎
Pour la constipation :
– une eau très minéralisée pour reconstituer les biberons est conseillée à 59,4 % des mères
qui ne donnent pas le sein ;
– un changement de lait est conseillé à 26,9 % des mères qui ne donnent pas le sein ;
– un médicament est prescrit dans 15,8 % des cas (enfant nourri au sein ou au biberon).
왎
Pour les régurgitations :
– un médicament a été prescrit dans 34,9 % des cas ;
– un changement de lait a été conseillé à 49,5 % des enfants au biberon.
왎
Dans l’ensemble, ce qui a été conseillé par le médecin a permis, selon les mères, de ré-
soudre les problèmes. Cependant, les conseils diététiques et la réassurance semblent plus effi-
caces aux yeux des mères que les médicaments.
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