Partie II : L’Eglise et l’expansion de la chrétienté (11e-13e siècle) I] Une Eglise conquérante : étendre le christianisme… même par la guerre Pourquoi l’Eglise cherche-t-elle à s’étendre et par quels moyens au Moyen Age ? a) L’expansion de l’Eglise catholique vers le Nord et l’Est de l’Europe : évangéliser les païens Du 11e au 13e s., la chrétienté catholique s’étend aux régions du Nord et de l’Est de l’Europe qui étaient encore païennes*. Les chevaliers teutoniques (NB : des moins-chevaliers) jouèrent un grand rôle dans l’expansion dans cette partie de l’Europe.[v. carte : p.85. NB : Les peuples de l’Est sont les peuples slaves. Certains vont résister car influencés par l’Eglise orthodoxe byzantine et par refus de la violence.] b) La Reconquista en Espagne : reconquérir les terres et chasser les musulmans En Espagne, la Reconquista vise à reconquérir les terres sous contrôle musulman depuis 711. Cette guerre qui était considérée comme une guerre sainte s’accentue lorsque le pape accorde au début du 12e s., le statut de croisés aux combattants chrétiens. La reconquête est marquée par une grande victoire dès 1212 (victoire des chrétiens à Las Navas de Tolosa) mais s’achève vraiment en 1492 par la prise de Grenade. Il faut noter que cette reconquête est marquée par une grande intolérance* de l’Eglise envers les minorités musulmanes et juives. Ces minorités seront chassées d’Espagne en 1492. c) Une Eglise qui s’étend jusqu’en Orient : les croisades en terres saintes En 1095, le Pape Urbain II prêche la première croisade : l’objectif initial des croisades était de reconquérir les lieux saints aux mains des infidèles musulmans (les Turcs) ; en particulier Jérusalem (lieu du Saint-Sépulcre). Mais au cours de plusieurs croisades (sur un total de 8) cet objectif avait été détourné. Ainsi, lors de la 4e croisade, c’est surtout la ville de Constantinople que les croisés avaient pillée. Cela avait renforcé les différends* entre l’Eglise catholique d’Occident et l’Eglise orthodoxe d’orient. Ce qui définit avant tout une croisade est le fait qu’elle est un pèlerinage armé prêché par le pape. Ceux qui partent s’appelaient des croisés. Les croisés étaient des chevaliers (et des rois ; ex : Richard Cœur de Lion, Louis IX : « croisade des barons ») mais beaucoup de marginaux s’engageaient (« croisade des gueux ») aussi. Certes, les croisés réussirent à prendre Jérusalem en 1099, mais les chrétiens n’arrivèrent pas à garder longtemps leurs conquêtes en Orient. En effet, l’islam se ressaisit et lance à son tour le Djihad* (la guerre sainte au nom de l’islam). Les conquêtes en Orient furent donc éphémères*. Conclusion : Remarque importante : l’expansion vers le Nord et l’Est de l’Europe témoigne de la volonté d’intégration de l’Eglise envers les païens mais ces conversions se font par la force/violence. Les croisades s’expliquent par l’importance de l’expansion démographique, économique et commerciale de l’Europe entre le 11e et le 13e siècle. Les croisades (NB : en général, on distingue 8 croisades entre 1095-1291) ont donné lieu à plusieurs affrontements sanglants entre chrétiens et musulmans et ont contribué à accentuer le fossé entre l’Occident et le monde musulman d’Orient. Enfin, notons que cette extension par la guerre se fait en pleine contradiction avec le message évangélique d’amour et de paix (« aimez-vous les uns les autres »). II] Une Eglise intolérante qui pratique l’exclusion au Moyen Age Pourquoi l’Eglise devient-elle intolérante et de plus en plus intransigeante à partir du 11e siècle ? A) Une Eglise intolérante qui exclut et lutte contre les hérésies Au Moyen Age, au 13e s., l’Eglise est puissante et les papes affirment plus que jamais leur caractère infaillible : ils prétendent détenir la vérité. L’immixtion* de l’Eglise dans la vie politique est l’un des aspects de son pouvoir spirituel et économique et social. Ainsi, l’Eglise combat sévèrement ceux qui ne respectent pas les dogmes catholiques. Elle le fait avec l’appui du pouvoir temporel (les rois, seigneurs et chevaliers). L’exclusion (la mise au ban de la société*) est la principale arme de l’Eglise. En effet, le sentiment d’appartenir à une même communauté est fort : en être exclu est la pire des choses ; c’est aussi ne pas avoir droit à la vie éternelle. B) Des exclus pour des motifs graves aux yeux de l’Eglise Les exclus sont ceux qui ont commis des fautes graves (les excommuniés, les hérétiques), ceux qui ont une religion « différente » comme les Juifs, etc. les excommuniés : ont commis des fautes graves d’après l’Eglise les lépreux : la lèpre, maladie réputée incurable, est le signe honteux par excellence du péché. Dès que le diagnostic est fait, le lépreux est écarté de la société. On peut aussi rajouter l’épilepsie comme maladie considérée comme diabolique. les Juifs : originellement ils sont coupables du « déicide ». Il existe une grande méfiance à leur égard ; ils doivent porter des signes distinctifs (rouelle ou bonnet pour se distinguer des autres). les hérétiques* : les hérétiques sont les adeptes d’une hérésie. L’hérésie remet aux yeux de l’Eglise l’ensemble des vérités qui forment la foi et est perçue comme un danger pour la société. Ex : l’hérésie cathare. Les hérétiques sont persécutés au MA surtout au 13e s. [NB : les hérétiques sont sur le mauvais chemin]. L’Eglise n’hésite pas à utiliser la torture et des ordalies qui finiront par disparaitre au cours du 13e siècle. C) Une lutte implacable de l’Eglise contre l’hérésie cathare Au 13e s., l’Eglise veut éliminer les cathares considérés comme des hérétiques. En effet, les cathares refusent la doctrine catholique notamment la présence réelle du Christ dans l’eucharistie. Les cathares sont très influents en Languedoc surtout dans la région d’Albi. En 1208, le pape est à l’origine de la « croisade des Albigeois » (il s’agit donc d’une lutte interne au royaume), il promet des indulgences à ceux qui vont combattre les cathares. La guerre menée par des chevaliers du nord de la France fait de nombreux morts et se termine en 1244 lors de la défaite des cathares à Montségur. Pour traquer les hérétiques cathares, le pape a aussi créé en 1231, le tribunal de l’Inquisition. Conclusion : Toutes ces personnes ont pour diverses raisons été exclues (= mis au banc de la société) par l’Eglise. L’Eglise pourtant porteuse de l’idéal de fraternité intègre par l’évangélisation par la force le plus souvent mais exclut aussi violemment. On constate qu’elle détourne en même temps la violence envers des ennemis ciblés, considérés pour diverses raisons. Cette attitude s’explique par une méconnaissance ; par l’ignorance ? En effet, la science n’existe pas encore, ou du moins pas assez, développée pour permettre (ou encourager) l’esprit critique et scientifique et la dénonciation du fanatisme religieux. Il faudra attendre un commencement de changement de mentalité avec la Renaissance (fin 15e-16e siècle) qui sera marquée par la redécouverte - des Grecs et des Romains ; puis le 17e s., qui posera les bases de la science moderne avec Galilée notamment. ; et plus encore le 18e s., qui verra, outre l’épanouissement de la pensée scientifique, se développer un esprit laïc se permettant bel et bien de critiquer l’Eglise et sa supposée infaillibilité par les philosophes des Lumières. Vocabulaire : Ordalie (ou jugement de Dieu) : …) Torture : Hérétiques : Cathares : Tribunal de l’Inquisition : éphémère : immixtion : NB : merci de signaler toute faute d’orthographe, de syntaxe ou autre par le chat !