III- L’Eglise pratique l’intolérance et la répression
A- En cherchant à étendre le christianisme
Au Moyen Age, l’Eglise cherche à étendre la chrétienté car mener l’ensemble de
l’humanité au Salut passe par la propagation de la foi. Elle envoie donc des missionnaires dans
les régions païennes pour les évangéliser. Le Nord de l’Europe est ainsi christianisé entre le XIe
et le XIIIe siècle par des moines qui doivent faire face à de vives résistances : l’évangélisation se
fait aussi militairement, comme en témoigne la création et l’expansion d’un ordre comme celui
des chevaliers teutoniques (ordre créé à la fin du 12e siècle), moines-soldats dont la mission est
de protéger les missionnaires. Dans les régions fraichement christianisées comme dans
certaines officiellement chrétiennes, on constate que le paganisme et la religion traditionnelle
imprègnent encore fortement la société et provoquent des violences envers les lieux et
personnes chrétiens.
Face aux territoires en marge de la chrétienté, qui ne peuvent être évangélisés car
musulmans pour la plupart, l’Eglise utilise la force : la Reconquista en Espagne, comme les
Croisades en Orient sont aussi bien des guerres religieuses que des guerres de conquête.
L’achèvement de la Reconquista en 1492, avec la conquête de Grenade par les Chrétiens, (les
Etats musulmans disparaissent de la péninsule ibérique) montre la vitalité de la chrétienté
occidentale.
Quant aux Croisades, qui débutent au 11e siècle mais se répètent tout au long du Haut
Moyen Age, avec plus ou moins de succès, elles révèlent la volonté d’affirmation de l’unité de
la chrétienté et de sa force face aux musulmans. Elles se soldent en fait par de profondes
divisions (entre chrétiens d’Occident et d’Orient) et par un échec à long terme malgré les
premiers succès (prise de Jérusalem et création des Etats Latins d’Orient suite à la Première
croisade).
B- En réprimant les hérésies
L’Eglise cherche aussi à unifier les croyances au sein de la chrétienté en établissant un
dogme unique. Elle lutte donc contre les différentes formes d’hérésies qui peuvent contester
sa puissance et son autorité. L’hérésie cathare, ou albigeoise, répandue dans le sud de la
France entre le XIe et le XIIIe siècle est un bon exemple de la politique répressive mise en place
par l’Eglise. Les cathares ou albigeois refusent l’autorité de l’Eglise catholique qu’ils
considèrent comme corrompue. Ils en refusent donc les sacrements et les rites et renient donc
la position d’intermédiaire entre les hommes et dieu du clergé. Implantés essentiellement
dans le Sud-Ouest de la France, ils « contrôlent » une partie de la région de Toulouse, Foix,
Albi, Carcassonne. Au XIIe siècle, les Cathares ne se cachent pas, mais au contraire s’affichent
face à l’Eglise et convainquent une bonne partie des nobles de la région, mais aussi des
bourgeois, des artisans. Pour faire reculer le catharisme, l’Eglise va donc utiliser la manière
forte et organiser « la croisade des Albigeois » (1209-1229). En 1255, les dernières résistances
cathares sont vaincues. Cependant, la soumission des nobles ne signifie par la disparition du
catharisme : l’Eglise cathare devient clandestine, cachée. L’Eglise envoie donc l’Inquisition pour
éradiquer totalement l’hérésie.