viennent d’être odieusement touchées les communautés coptes du Caire, de
Tanta, d’Alexandrie et de tant d’autres lieux ?
Le pape François qui connaît le poids des gestes symboliques et des rencontres
veut, par sa participation à cet évènement, montrer que l’islam et le
christianisme ne sont pas en guerre. Il a toujours refusé d’associer l’islam en
tant que tel au terrorisme mais il attend qu’al-Tayyib, la plus haute autorité de
l’islam sunnite, condamne avec fermeté ceux qui sèment la terreur et font
couler le sang de leurs frères.
Le pape et le grand Imam devraient se retrouver autour de déclarations
communes, même si la position de ce dernier est pour le moins ambigüe. S’il
témoigne, dans ses propos, d’un islam éclairé, ses décisions contredisent trop
souvent ses prises de positions. Il parle de paix, de liberté religieuse mais
sanctionne durement l’apostasie et diffère toujours la réforme religieuse en
faveur de laquelle il s’est pourtant engagé. L’ambivalence de son discours
explique qu’il soit contesté, tant à l’intérieur par les islamistes radicaux, qu’à
l’extérieur par les tenants d’un islam modéré.
S’en suivra pour François la rencontre avec le pape des orthodoxes. Une
rencontre sans nul doute chaleureuse, même si la puissante Eglise conduite par
Tawadros II tend à faire de l’ombre à la petite Eglise catholique. Les chefs des
deux Eglises témoigneront, en ces temps de grande violence, de la proximité et
de l’union de tous les chrétiens dans le sang des martyrs ; un sang qui réclame
que soient levés les quelques obstacles entravant encore l’unité entre les frères
séparés.
Après la tension du premier jour, François trouvera, le second et dernier jour
de son voyage, l’apaisement auprès de l’Eglise catholique d’Egypte. Répartis
entre coptes, syriens, arméniens et latins, les catholiques sont très présents sur
le territoire à travers leurs œuvres sociales. Dans leurs écoles, leurs
dispensaires, leurs orphelinats, leurs centres de soin pour les handicapés et les
personnes âgées, ils témoignent de l’amour du Christ et cultivent le vivre
ensemble.
En se rendant en Egypte, le pape permet à l’Eglise catholique locale de gagner
en visibilité. Même si elle est minoritaire dans la minorité chrétienne, son
rattachement à l’Eglise universelle efface en quelque sorte son handicap
numérique et la conforte dans son espérance.