LE CLIMAT
M. ELDIN”
* Maître de Recherches en Bioclimatologie, Centre ORSTOM Adiopodoumé, BP 20, Abidjan (Côte d’ivoire).
SOMMAIRE
1. PRÉSENTATION.................................................................. 77
2. DÉTERMINISME DU CLIMAT IVOIRIEN . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 77
3. DESCRIPTION DES TYPES DE TEMPS . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
A. UNIQUE OU GRANDE SAISON SÈCHE . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
1. SAISON SÈCHE AVEC HARMATTAN
2. SAISON SÈCHE SANS HARMATTAN
B. PETITESAISONSÈCHE . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
C. SAISON DES PLUIES . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
D. INFLUENCE DES FACTEURS GÉOMORPHOLOGIQUES SUR LA PLUVIOMÉTRIE .
1. ORIENTATION DE LA COTE (CLIMAT DE SASSANDRA - GRAND LAHOU)
2. RELIEF (LE V BAOULE)
4. DIFFÉRENCIATION DES CLIMATS . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
A. CHOIX D’UN CRITÈRE DE CLASSIFICATION CLIMATIQUE . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
B. DÉFINITION DE L’ÉVAPOTRANSPIRATION POTENTIELLE . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
1. L’ÉVAPOTRAN~PIRK~ION RÉELLE
2. L’ÉVAPOTRANSPIRATION POTENTIELLE
c. DÉFINITION DE LA SÉCHERESSE CLIMATIQUE - SIGNIFICATION ÉcOLOGIQI IE . .
. . .
. .
. .
. .
. .
. .
. * . .
. .
. .
5. RÉALISATION DES CARTES - TRAITEMENT DES DONNÉES . . . . . . . , . . . . . . . . . . . .
A. CARTE DES DONNÉES PLUVIOMÉTRIQUES . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
B. CARTE DES DÉFICITS HYDRIQUES CUMULÉS ET DE LA DURÉE DE LA SAISON SÈCHE
1. FOND TOPOGRAPHIQUE
2. CLIMATOLOGIE
Calcu de I’évapotranspiration potentielle
Calcul des déficits hydriques mensuels
Détermination et cartographie de Ia durée moyenne de la saison sèche
Calcul et cartographie du déficit hydrique cumulé moyen
6. INTERPRÉTATION DES CARTES. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
7. CLASSIFICATION DES CLIMATS IVOIRIENS. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES . . . . . . . . . . . . . . . , . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . , . . .
. .
.
82
82
84
84
86
88
88
89
92
95
95
96
100
102
108
1. PRÉSENTATION
Située dans le carré constitué par le 4” et le 11” degré de latitude N et par le 2” et le 9” degré de
longitude W, la Côte d’ivoire présente deux zones climatiques principales en correspondance avec les deux
types de paysages rencontrés : savane et forêt claire au nord, forêt dense et humide au sud.
Le climat du sud de la Côte d’ivoire se caractérise par l’existence de deux saisons des pluies : la
plus intense et la plus longue présente un maximum en juin, la plus courte est centrée sur octobre. Elles
sont séparées par la petite « saison sèche » d’août-septembre *. La grande saison sèche, telle qu’elle est
définie plus loin, dure en moyenne de 3 à 5 mois, comprenant décembre, janvier et février.
Le climat du nord de la Côte d’ivoire ne présente qu’une seule saison des pluies ayant son maximum
d’intensité en août. L’unique saison sèche dure de 6 à 8 mois et son intensité augmente assez régulièrement
avec la latitude entre le 8’ et le 11 e degré de latitude N.
Il est intéressant de savoir quelles sont les causes de cette succession des saisons sèches et pluvieuses,
et pourquoi l’on passe d’un régime à 4 saisons dans le sud de la Côte d’ivoire à un régime à 2 saisons
dans le nord.
2. DÉTERMINISME DU CLIMAT IVOIRIEN
Bien que la nature et le moteur de la circulation générale de l’atmosphère dans la zone intertropicale
soient encore très mal connus et prêtent à des thèses différentes, la plupart des auteurs [l] [2]** s’accordent à
reconnaître l’existence, dans cette partie du globe, d’une zone de confluence entre deux masses d’air. La
première est humide, d’origine océanique, de secteur SW, appelée « mousson », mais n’est autre que
l’alizé de l’hémisphère austral dévié sur sa droite par la force de Coriolis après franchissement de l’équateur.
La deuxième est sèche, d’origine continentale, de secteur NE ; c’est l’alizé de l’hémisphère boréal.
Cette zone de confluence est appelée Front Intertropical (F.I.T.) ou ceinture intertropicale ou encore,
de façon plus exacte, zone de convergence intertropicale [3]. En effet, la confluence des deux masses d’air
n’étant pas accompagnée d’une augmentation de leurs vitesses, se traduit par un phénomène de convergence
qui va engendrer à son tour une ascendance de l’air avec formation de nuages [4].
Ces masses d’air, et, par suite, le FIT. lui-même, se déplacent sous l’effet principal des gradients de
pression. La dépression thermique saharienne située entre l’anticyclone des Açores et la cellule anticy-
clonique lybienne joue le rôle moteur principal. Quand elle remonte en latitude, elle crée un appel de mous-
son qui repousse le F.I.T. vers le nord et inversement quand elle descend vers l’équateur.
Le F.I.T. se caractérise par un déplacement lent et par une pente s’élevant très doucement vers le
sud. L’alizé continental boréal, appelé « harmattan », qui le gravite est un air très sec, et plus chaud que
* Tout au long de ce chapitre nous emploierons, par opposition à « saison des pluies », les termes commodes de
« saison sèche » et de « mois sec », parfaitement impropres, car l’humidité de l’air reste très élevée en Basse Côte d’ivoire,
même en saison « sèche ». II faudrait parler de « saison peu pluvieuse » ou « moins pluvieuse ».
** Les nombres entre crochets renvoient aux références bibliographiques citées en fin de chapitre.
78
LE MILIEU NATUREL DE LA CÔTE D’IVOIRE
l’air de mousson qu’il surmonte. Ainsi s’explique le fait que le F.I.T. en lui-même n’est le siège d’aucun
effet dynamique [5]. Par contre, défini comme zone de confiuence entre deux masses d’air très differentes,
on conçoit qu’il corresponde à la limite entre deux types de temps bien distincts (fig. 1).
FIT
w HARMATTAN
(air sec, chaud )
MOU§SON
Epaisseur de la mousson en A (air humide, relativement froid )
v
S.W. A trace du N. E.
FIT au sol
FIG. 1.
De plus, la trajectoire courbe des alizés austraux, qui de secteur SE avant le franchissement de
l’équateur prennent l’orientation SN puis §W - NE dans l’hémisphère boréal et à laquelle le Dr
MORTH
a donné le nom de « Drift Equatorial » [6], s’accompagne d’une variation continue dans la conver-
gence de cette masse d’air en mouvement. On peut ainsi distinguer schématiquement au sud du F.I.T.,
4 zones de convergence variable dont les caractéristiques sont données par le schéma 1.
La masse d’air concernée (mousson) étant humide, donc particulièrement instable, la convergence
va provoquer par détente, des formations nuageuses à développement vertical qui se traduisent, soit par
des pluies abondantes si la convergence est seulement modérée, soit par des orages, des coups de vent, ou
des grains, si la convergence est forte [7].
Avec la zone située au nord du F.I.T. (zone A du schéma 1) règnent les alizés boréaux, ce sont
donc 5 zones principales qui se déplacent parallèlement au F.I.T. lui-même et qui, par leur défilement sur
une région déterminée, vont engendrer la succession des différents types de temps ou de saisons.
Ainsi la détermination du temps (du climat si l’on s’en tient à l’aspect moyen du temps pour une
période déterminée et en un lieu donné) apparaît étroitement liée au déplacement de ces zones climatiques,
c’est-à-dire, en fin de compte, au déplacement du F.I.T.
Dans un premier temps, nous ne considérerons le déplacement du F.I.T. qu’en fonction de sa cause
principale, c’est-à-dire, en fonction du déplacement de la dépression thermique saharienne. Cette étude
nous donnera des renseignements sur les positions moyennes du F.I.T. aux différentes périodes de l’année.
Nous verrons ensuite comment les grands centres d’action de l’hémisphère austral (Anticyclone de St.-
Hélène) ou de l’hémisphère boréal (Anticyclone des Açores et de Lybie, dépression d’Europe Occidentale,
activité du front polaire...) provoquent des perturbations par rapport aux positions moyennes du F.I.T.
Les déplacements de la dépression thermique saharienne sont liés au balancement apparent du
soleil de part et d’autre de l’équateur. C’est au cours de la période entourant le solstice d’été boréal,
lorsque la déclinaison positive du soleil atteint son maximum, que le plus fort rayonnement solaire est
reçu par la masse continentale saharienne. Compte tenu de la grande inertie thermique de cette dernière,
la température maximale est obtenue avec un déphasage dans le temps de l’ordre d’un mois et demi,
c’est-à-dire en août. La dépression thermique atteint à ce moment sa position la plus septentrionale. Il
en est de même du F.I.T. qui se trouve alors au voisinage du 20 ou 21” paralléle N.
SCHÉMA 1
épaisseur de la zone des masses d’air en Côte d’ivoire des zones à
one A
FRONT INTERTROPICAL
(300 à 350 km)*
one C
(450/550 km)* Forte convergence Averses orageuses.
* Les épaisseurs des différentes zones ont été déterminées par déduction. Quand, au mois d’août, Abidjan est en petite saison sèche, Ferkéssédougou est en
pleine saison des pluies. 11 faut donc qu’il y ait environ 450 km entre les milieux des zones D et E. Ce sont des considérations de ce genre qui
110~s
ont
conduit à proposer ces épaisseurs. Ces indications ont donc un caractère tout à fait finaliste, et seule l’existence de ces zones semble correspondre à un fait
expérimental. (Les différences de convergence des masses d’air peuvent être effectivement mesurées).
1 / 34 100%
La catégorie de ce document est-elle correcte?
Merci pour votre participation!

Faire une suggestion

Avez-vous trouvé des erreurs dans linterface ou les textes ? Ou savez-vous comment améliorer linterface utilisateur de StudyLib ? Nhésitez pas à envoyer vos suggestions. Cest très important pour nous !