qui concernent le changement climatique terrestre. Cette exploration se fait grâce à des satellites et à des robots,
domaine où la recherche française a un grand rôle. Le laser analyseur ChemCam, un des éléments indispensables à
Curiosity, le robot américain qui explore Mars, a été fabriqué par le Cnes. La recherche d’exoplanètes et en particulier,
de planètes similaires à la Terre appartenant à d’autres étoiles de notre galaxie, est prometteuse. La première a été
découverte par le télescope Corot du Cnes, mis en orbite deux ans avant Kepler, son concurrent américain. Aujourd’hui,
les grands navigateurs, les explorateurs des temps modernes, ce sont les robots qui partent à l’aventure et à la
découverte de l’espace…
La recherche spatiale joue aussi un rôle déterminant pour la physique, puisque de nombreuses expériences
fondamentales ne peuvent se faire qu’en apesanteur. Microscope, un petit satellite du Cnes de 150 kilos, permet des
travaux dont l’enjeu n’est rien de moins que la validation ou l’invalidation du modèle de la physique tel qu’il a été
développé par Einstein ! La connaissance du Soleil grâce aux satellites est aussi un domaine très important, car il a un
impact sur la Terre, bombardée en permanence de ses rayonnements. Pour comprendre le climat, on a besoin de mieux
connaître le Soleil. De même, le progrès des connaissances permettra de mieux se prémunir contre les impacts des
éruptions solaires, qui peuvent avoir une incidence sur les réseaux électriques.
Enfin, nous sommes allés sur la Lune et nous irons sur Mars. Constantin Tsiolkovski (1857 – 1935), l’un des pères de
l’astronautique russe, disait : «
La Terre est le berceau de l’humanité, mais qui a envie de passer toute sa vie dans son
» Certains pensent que nous sommes à trente ans d’un vol habité sur Mars. Je n’y crois pas
berceau ?
technologiquement. L’important — et le véritable tournant — réside dans le fait que cette aventure sera collective et
mondiale. Les Américains sont allés seuls sur la Lune mais ils ont renoncé à aller seuls sur Mars. C’es l’affaire de
l’humanité toute entière, qui sort de son berceau pour explorer de nouvelles frontières.
Et quels effets la recherche spatiale a-t-elle sur notre quotidien ?
Paradoxalement, l’espace a permis de découvrir la Terre ! Grâce aux satellites, nous pouvons observer et mesurer, sur
tout le globe terrestre et à tout instant, ses caractéristiques physiques, chimiques, thermodynamiques, biologiques.
L’Aqua-Train, par exemple, est une suite de cinq satellites très rapprochés qui effectuent des mesures en permanence.
Trois ont été construits par la Nasa, et les deux autres, Calipso et Parasol, par le Cnes. Grâce à ces instruments, nous
avons pu cartographier les courants marins. Nous avons accès à la hauteur des océans et des vagues grâce aux
satellites Jason (Cnes / Nasa), à l’état des cultures et des forêts grâce à d’autres outils. Les chercheurs disposent de
données impossibles à recueillir depuis le sol. L’espace offre la seule façon de voir la Terre globalement en faisant de la
science, c’est-à-dire d’observer, de mesurer, d’établir des modèles permettant de prévoir et donc de maîtriser notre
planète. Nous ne pouvons pas espérer maîtriser le réchauffement climatique sans les mesures fournies par les satellites.
À ce titre, l’espace est l’avenir de l’humanité. Non pas que nous devions embarquer pour une autre planète mais parce
qu’il offre un moyen indispensable, et même le seul, de garder la Terre habitable pour les générations futures.
L’une des premières applications de l’espace à la Terre est donc l’observation ?
Oui. Ramenées à la vie quotidienne, ces mesures rendent possible les prévisions météo, grâce aux satellites MeteoSat,
par exemple. La France a été la première en Europe à les développer et dispose d’une belle avance dans ce domaine
avec les sondeurs atmosphériques infra-rouge Iasi. Une autre application est l’océanographie et la surveillance maritime.
Avec Jason, nous avons très bien vu la vague du tsunami de 2004 : 50 cm de haut, voyageant à 700 km / h. Il serait
possible d’envisager un système de satellites de surveillance plus complet et couplé à des alertes afin de prévenir les
catastrophes et sauver les populations. Nous pouvons aussi mieux piloter l’agriculture et faire des économies au moyen
d’analyses précises de l’état des plantations et de leurs besoins en eau, combinées aux prévisions météo, par exemple.
On pourrait aider les pêcheurs à trouver les bancs de poissons grâce à la mesure de la couleur et de la température des
océans, détecter les incendies de forêt et guider les pompiers et les secours en cas de catastrophe naturelle, gérer les
crues… J’aspire à une Terre qui aurait autour d’elle tous ces petits « anges gardiens » pour la protéger, nous prévenir,
nous aider à la garder habitable !
Quels sont les autres domaines d’application que l’observation de la Terre ?
En premier lieu, la collecte de données et la localisation. On connaît le système Argos (Nasa /Cnes) et ses balises de
détresse ; on connaît moins Cospas- Sarsat, le système mondial de recherche et sauvetage. Fondé par quatre pays, la
France, les États-Unis, le Canada et la Russie, il est utilisé lors de naufrages ou de crashs et a permis de sauver 33 000
vies humaines en trente ans. Le Cnes, par exemple, a inventé des outils pour anticiper le développement des épidémies
de dengue, de chikungunya et de bien d’autres maladies et permettre la mise en place des mesures sanitaires
préventives nécessaires. Deux autres grandes applications de l’espace sont la sécurité (contrôle des frontières et des
trafics, gestion des crises) et la défense (renseignements, détection, pilotage de drones). Les télécommunications sont
également consommatrices de technologies issues de la recherche spatiale : télévision, téléphone et l’Internet très haut
débit par satellite pour desservir des zones très isolées, pour lequel le Cnes développe aujourd’hui une filière industrielle.
Sans compter la navigation, aujourd’hui par GPS — le système américain — et à partir de 2015, par Galileo, un sytème
européen.