Les Thermopyles - la plus célèbre bataille de l’Antiquité
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Luc Mary
Luc Mary
Les Thermopyles - la plus célèbre bataille de
Les Thermopyles - la plus célèbre bataille de
l’Antiquité
l’Antiquité
Larousse, 2011, 255 pages, 18 euros.
par Sophie De Velder
Mise en ligne : mercredi 4 janvier 2012
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Les Thermopyles - la plus célèbre bataille de l’Antiquité
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Pourquoi donc une défaite, celle de Léonidas face aux perses, qui est sans conteste la plus célèbre
défaite de l’histoire, a-t-elle été intronisée par l’auteur « plus célèbre bataille de l’Antiquité » ? La
raison est désormais évidente et révèle la disproportion des forces entre l’écrit et l’image. Si les
Thermopyles accèdent à la première place au détriment de Marathon, Salamine, Actium ou
Cannes, c’est parce que le cinéma hollywoodien l’a décidé. L’ouvrage de l’historien Luc Mary est
bien évidemment une commande commerciale de son éditeur qui cherche à profiter du succès du
peplum 300, sorti en 2007. Ce film ne s’appuie pas directement sur des sources historiques mais
sur la bande dessinée de Franck Miller et exalte l’esprit héroïque des hoplites spartiates, les 300,
dans une débauche de violence et d’effets spéciaux.
Que la collection « l’histoire comme un roman » se saisisse d’un tel thème pour rétablir la vérité
historique est a priori une bonne idée. Cette collection se veut plus vivante et donc destinée à un
public plus large que d’autres ouvrages érudits. Elle a donc logiquement en ligne de mire les
spectateurs de 300 désirant mieux connaître la bataille des Thermopyles et à travers elle l’histoire
de Sparte, des guerres médiques et de la Grèce. L’auteur s’y emploie en 5 chapitres. Le premier est
consacré à cette étrange cité qu’est Sparte qui atteint le paroxysme de sa puissance au 5ème siècle.
Alors que la Grèce demeure pour l’éternité le berceau d’Athènes, le lieu de naissance de l’esprit
rationnel qui part à la conquête du monde, Sparte apparaît comme l’envers exact d’Athènes : elle
n’est pas généraliste mais pratique au contraire la monoculture, les conquêtes de l’esprit ne sont
rien pour elle : elle a orienté toute son énergie et ses forces dans une seule œuvre, le fantassin
(hoplite).
Le 2ème chapitre traite des guerres médiques en commençant par la défaite de Darius à Marathon.
Xerxes, son fils, est bien décidé à laver cet affront et réunit une armée considérable en 480, armée
tellement terrifante pour les grecs qu’Hérodote, en pleine amplification épique, imagine la Grèce
assaillie par une marée humaine de 5 millions d’hommes ! Une fois n’est pas coutume, la Grèce va
s’unir contre l’envahisseur, enfin comme peuvent s’unir les grecs de l’époque et 31 cités vont
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former une ligue défensive contre les perses au congrès de Corinthe. Le 3ème chapitre relate la
bataille proprement dite. Tandis que les perses déjà maîtres de la Grèce du Nord avancent à vive
allure, les grecs, avec à leur tête le roi spartiate Léonidas, choisissent les Thermopyles comme
position défensive. C’est là le meilleur choix possible car il s’agit d’un étroit défilé coincé entre la
mer et la montagne, lequel verrouille l’accès à la Grèce centrale. La bataille va durer 3 jours mais
en réalité, elle va cesser d’être une bataille dès le soir du 2ème jour : les perses vont trouver le
moyen de contourner l’armée grecque et il ne s’agit plus désormais de mener un combat mais de
se sacrifier pour laisser aux grecs le temps d’organiser leur défense. Léonidas choisit de mourir
avec 1000 hommes, 1000 hommes face à 300000 et c’est cet héroïsme du sacrifice qui va traverser
les siècles.
Le 4ème chapitre relate les conséquences des Thermopyles sur la suite de la guerre : en prouvant
qu’une poignée d’hommes déterminés peuvent tenir tête à la plus grande armée du monde, la
défaite des Thermopyles porte en elle les 2 grandes victoires de la Grèce, Salamine et Platées.
Continuant sur sa lancée, Luc Mary consacre un 5ème chapitre à la rivalité entre Sparte et Athènes
et aux guerres du Péloponnèse.
La collection « l’histoire comme un roman » annonce fièrement comme cahier des charges que ses
auteurs « associent le talent du conteur à la rigueur de l’analyse sans jamais tomber dans l’histoire
romancée ».
Qu’en est-il de l’opus de Luc Mary ? Répond-il aux objectifs que s’est fixée la collection ?
L’ouvrage est relativement facile à lire et permet de rétablir la vérité historique malmenée par le
film : il explique notamment que la bataille ne s’est pas jouée à 300, et que les spartiates n’étaient
pas seuls à jouer les héros car ils étaient épaulés par les 700 soldats de Thèbes et de Thespiès. Il
montre également que le méchant du film, Ephialtès, qui a permis aux perses de prendre Léonidas
à revers n’a peut-être jamais existé. Mais le livre souffre de 2 défauts majeurs : le premier est la
maladie de la perspective dont souffrent bon nombre d’historiens : alors que le titre et la 4ème de
couverture nous promettent de nous raconter « l’aventure palpitante » de Léonidas, Luc Mary
semble emporté par sa lancée et consacre tout un chapitre aux guerres du Péloponnèse qui ont lieu
70 ans plus tard... Qu’il soit nécessaire de connaître la première guerre médique pour comprendre
la seconde, on le comprend mais que viennent faire les guerres du Péloponnèse dans l’histoire des
Thermopyles ? Le 2ème défaut est la conséquence du premier : faute de se concentrer sur la
bataille, Luc Mary occulte presque totalement ce qui fait l’intérêt des batailles, notamment pour le
public adolescent qu’il vise, à savoir l’histoire de la stratégie militaire. Comment combattaient les
hoplites grecs ? Quels étaient leurs armes ? Qu’en était-il des perses ? Que le récit soit structuré et
rigoureux soit, mais en étendant inconsidérément les limites de son sujet, l’auteur ne peut
prétendre au titre de conteur et son analyse n’échappe pas à l’ennui d’une étude à la fois sérieuse
et fastidieuse.
Sophie de Velder
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