Régie du secteur socioculturel Activité cinéma Loriol sur Drôme N°3 - MAI 2007 Scénariste et dessinateur de BD américain, Frank Miller a non seulement travaillé sur les personnages des grandes compagnies de comics mais aussi créé ses propres séries dont Sin city, 300… Cette dernière série s'inspire d'un épisode historique célèbre des guerres médiques. La culture populaire s’en est emparée à maintes reprises notamment le cinéma. En 1962, Rudolph Maté réalise La Bataille des Thermopyles (The 300 Spartans). Si l’adaptation de Zack Snyder n’est pas une première, le résultat est spectaculaire sans doute à cause de l’association de prises de vues réelles à des décors virtuels… Mais quel est au juste cet évènement qui a suscité un tel écho ? La bataille de Thermopyles : naissance d’une Nation ? La bataille de Thermopyles, perdue par les Grecs, ne pourrait être qu’un épisode des guerres qui les ont opposés aux Perses au début du V° siècle avant J.-C. (ces guerres sont connues sous le nom de guerres médiques). En fait, elle signifie bien plus… L’engagement a lieu, sur terre, aux Thermopyles - littéralement les « Portes chaudes », à cause de la présence de sources thermales - en août 480. Dans un premier temps, les troupes de Léonidas repoussent les Perses. Mais un traitre indique à l’ennemi le moyen de contourner l'armée grecque. Pour permettre le retrait en bon ordre de celle-ci, Léonidas décide de se sacrifier en tenant la position avec 1000 soldats dont 300 hoplites* Spartiates. Leur sacrifice devint l'emblème de la résistance grecque à l'envahisseur et de l'esprit de sacrifice des Spartiates. Sur un mausolée qui coiffe le sommet du Kolonós, théâtre de l’ultime combat, figure une inscription du poète Simonide de Céos (556 - 467) laquelle commémore ce haut fait d’armes : « Passant, va dire à Sparte qu'ici ses fils sont morts pour obéir à ses lois ». Organisée en cités Etats, la Grèce ne forme pas une Nation au sens moderne du terme mais les Grecs ont sans doute conscience d’appartenir à une même communauté humaine liée par l’histoire, la langue, la culture, l’économie… Pour en saisir le degré ou l’étendue, le concept d’inconscient collectif de Carl Gustav Jung est utile quoiqu’une anecdote tirée des évènements semble plus parlante. L’année suivante, en 479, peu avant la bataille de Platées, le nouveau généralissime perse tente de diviser les Grecs par d’intenses manœuvres diplomatiques auprès d'Athènes. En vain. Les Athéniens refusent de faire alliance avec le souverain perse. Inquiets les Spartiates envoient eux-aussi une ambassade à Athènes pour connaître les intentions de leurs alliés lesquels précisent que « le fait d'être Grec, de partager le même sang et la même langue, d'avoir des sanctuaires et des sacrifices communs ainsi que des mœurs semblables » leur interdit la trahison. L’alliance grecque : le congrès de Corinthe Après la révolte de l’Ionie (partie centrale de la région côtière de l’Asie mineure) contre la domi- L’hoplite est un soldat lourdement armé. Les hoplites constituent l'infanterie lourde des cités grecques antiques, formée de citoyens qui ne pouvaient subvenir à l'entretien d'un cheval, mais qui avaient les moyens de s'équiper d'une armure (casque, cuirasse, cnémides, bouclier, lance et épée ; le poids total de l'équipement avoisine les 35 kg) et de subvenir aux besoins de leur famille lorsqu'ils étaient en campagne. Les hoplites combattaient en phalange (formation en rangs serrés avançant au pas de charge), formation qui se répandit dans toute la Grèce probablement de 700 à 650 av. J.-C. NE PAS JETER SUR LA VOIE PUBLIQUE nation perse, révolte difficilement matée puisqu’il va falloir plus de six ans (499-493) aux perses pour en venir à bout, Darius Ier prépare une expédition punitive contre la Grèce continentale coupable d’avoir aidé les Grecs d’Asie mineure. Le rôle joué par Athènes et Érétrie lui montre la nécessité d'imposer son autorité sur les deux rives de la mer Égée en établissant des régimes qui lui soient favorables (les satrapies). Après une première expédition en 492 qui marque le début des guerres médiques, Darius prépare une grande offensive mais l’armée perse, pourtant supérieure en nombre, est mise en échec à Marathon (490). Les souverains perses entendent bien laver l’affront de Marathon et asseoir leur domination sur toute la région aussi préparent-ils une nouvelle expédition avec une levée en masse spectaculaire (d’aucuns évaluent les effectifs perses à 300 000 hommes sans compter la cavalerie et la flotte !). La menace incite les Grecs à se réunir en congrès à Corinthe à la fin de l'automne 481. Malgré les rivalités notamment entre Sparte et Athènes, 31 cités s'engagent par serment dans une ligue défensive contre les Perses et préparent des contingents de soldats. Le commandement des troupes est confié à deux Spartiates, le roi Léonidas Ier pour les fantassins et Eurybiade pour la flotte grecque… Xerxès, le fils de Darius, attaque en 480. Malgré le sacrifice du roi Léonidas au défilé des Thermopyles, il envahit l’Attique et brûle Athènes vidée de ses habitants qui ont fui par mer. Dans l’étranglement du détroit de Salamine, les Athéniens affrontent la flotte perse et l’emportent. Son objectif principal atteint, à savoir la destruction d’Athènes, Xerxès s’en retourne vers ses capitales de Suse et Persépolis. Il laisse en Grèce un fort contingent pour attaquer le Péloponnèse au printemps. Cette armée est défaite à Platées. La victoire grecque est parachevée par la victoire navale du cap Mycale, à l'automne 479, où les restes de la flotte perse sont anéantis. Cette victoire marque la fin de la deuxième guerre médique. Des guerres médiques à Alexandre le Grand En réalité à partir du printemps 478 les Grecs, et en particulier les Athéniens, se lancent à la conquête des différentes positions perses en Chersonèse, sur l'Hellespont et dans les îles de la mer Égée. La prise de Sestos en 478, ville d'où Xerxès Ier était parti à la conquête de la Grèce trois ans plus tôt, en est le symbole. Le triomphe grec dans ces guerres médiques est total et inaugure la période la plus illustre de la Grèce antique notamment pour Athènes. Les Athéniens vont exploiter les victoires des Grecs dans leur propagande, en faisant du combat contre les Perses un acte fondateur et fabuleux, un duel homérique dont on peut trouver le pendant dans la légende arthurienne laquelle s’est nourrie en partie de la lutte menée contre les saxons (cf. le retentissement de la victoire du mont Badon en 516 après J.-C.). La victoire dans des conditions dramatiques et difficiles – faut-il rappeler l’importance du sacrifice de Léonidas et de ses hommes - donne au Grecs, et singulièrement aux Athéniens, l'énergie pour que « le miracle grec » s'accomplisse en posant notamment les fondements de la démocratie à l'époque classique (de la chute de la tyrannie à Athènes en 510 jusqu'à la mort d'Alexandre le Grand en 323). Le génie propre d’une Nation ne saurait s’exprimer sous le joug ou la domination d’un tiers, l’indépendance a un prix. Les Grecs surent la conquérir. Le ressentiment tenace à l’encontre des Perses et l’interventionnisme de leurs souverains dans la vie politique grecque vont sans doute « motiver » l'invasion de l'empire perse par Alexandre. Mais ceci est une autre histoire… Olivier VENET, Directeur de la régie. Séances Heures Mercredi 2 mai 17h00 Samedi 5 mai 21h00 Lundi 7 mai 21h00 Tarif plein : 6 euros - Tarif réduit (lundi & mercredi) : 5 euros - Films « jeune public » : 4 euros - Abonnement de 10 places : 50 euros. Nous acceptons les chèques vacances, les chèques cinéma, les ciné chèques et la carte M’ra ! Programme disponible sur camerapress, cinefil.com & loriol.com Info. / horaires : 08 92 68 07 46 (0,34 € / mn)